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La considération dont il était environné à Rodez, n'avait fait que s'accroître à Montpellier, où la confiance en son intégrité et en ses lumières était universelle. Plusieurs membres de la Cour le témoignèrent hautement dans le solennel hommage qu'ils rendirent à sa mémoire (1).

(1) M. Bergasse, procureur-général, félicita M. Aubaret, successeur de M. Delauro, d'être digne de recueillir « le superbe héri>> tage de sagesse, de vertu et de gloire qu'avait laissé ce magistrat >> illustre. >>

M. de Trinquelague, premier président, déplora la perte << du » précieux appui qu'avaient, dans ses lumières et dans son intégrité, >> les droits de la vérité et de la justice. »>

« O vous, dont je vais occuper et nullement remplir la place, dit >> M. Aubaret dans son discours de réception, j'ai besoin d'invoquer » votre nom pour me pénétrer de tout ce qu'exigent mes redouta»bles devoirs. Par cette seule influence, Messieurs, il me semble » déjà que je ne touche plus à la terre, que je m'élève vers le sein de » la justice éternelle, où le magistrat, objet de nos regrets, a reçú » sa récompense. Prêtres saints qui assistez à cette cérémonie, quel » est celui de vous qui a été le mystérieux dépositaire de ses vertus? >> Dites si de telles perfections peuvent être racontées au monde. » Est-ce à nous à dire la rigueur de ses austérités dans l'accomplis>> sement des devoirs que la religion impose, la paix de l'ame qui >> en est le fruit, sa candeur, son ignorance native pour tout ce qui » tient à l'intrigue, son inébranlable fidélité dans les jours de dau>> ger, suivie d'un profond mépris pour les récompenses de la terre » qu'il avait bien méritées ? Aussi ne vous étonnez pas, si, par ses >> modestes habitudes, ce vénérable magistrat est peut-être inconnu » à la plupart de ceux qui m'écoutent, comme il l'est également à >> cette foule de malheureux et de pauvres sur qui il répandit bien >> au-delà de l'entier produit de ses travaux. »

Enfin, M. Adrien de Séguret, appelé aux fonctions de substitut de M. le procureur-général, en remplacement de M. Aubaret, voulut ne pas oublier M. Dubez: « Des voix plus puissantes que la mienne, >> dit-il, ont déjà déploré la perte de ce magistrat vénérable que mes >> yeux cherchent vainement au milieu de vous: elles ont rendu un >> éclatant hommage à ses vertus, à son noble caractère, à ses longs » et honorables services ! Mais vous permettrez à l'un de ses conci» toyens, au fils d'un magistrat qui fut long-temps son ami, d'expri

M. Delauro joignait à une grande modestie un esprit pénétrant, un jugement sûr, une probité rigoureuse. Entré dans la magistrature à une époque où les passions révolutionnaires fermentaient avec violence, il donna de fréquentes preuves de courage civique, et de cette droiture qui, dans les temps difficiles, devient la plus grande gloire du magistrat.

Dans les dix-huit dernières années de sa vie, la religion vint donner un nouvel éclat à ses belles qualités. M. Delauro payant, comme tant d'autres, son tribut aux funestes erreurs du siècle, avait long-temps vécu dans l'incrédulité. Il raconte lui-même, au commencement de son livre, comment la simple réflexion opéra un changement complet dans ses idées, et le convertit à la foi. Dès ce moment, il remplit constamment ses devoirs de chrétien « avec le » zèle et la soumission du plus humble des fidèles. Sa piété, » sévère pour lui seul, n'altérait point la douceur de ses » mœurs ni de son caractère. La plus aimable confraternité » le rendait cher à ses collègues (Disc. de M. de Trinquelague, premier présid.). » Dans l'intimité, il ne craignait pas de se livrer avec abandon à une gaîté douce, et il se faisait remarquer par ses bons mots, et même par des couplets ingénieux que n'aurait pas dédaignés la muse de nos bons poètes.

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On verra, dans l'histoire de sa conversion, qu'il avait composé le fond de son livre uniquement pour un de ses parens, obstiné déiste, qui avait fini par refuser de lire. tout ouvrage favorable au Christianisme : c'était en 1823. Le succès du manuscrit sur l'esprit de ce déiste et sur celui

>> mer la douleur que lui inspira la mort d'un homme de bien, d'un » juge éclairé et consciencieux, qui l'eût accueilli avec joie, qui lui >> eût servi de guide et de modèle. Puissé-je marcher de loin sur » ses traces, et prendre une part dans l'héritage d'estime et de con>> sidération qu'il laisse après lui! »

(Extrait du Véridique, journal du département de l'Hérault, n. 136, 12 novembre, et n. 140, 21 novembre).

d'autres incrédules auxquels il fut communiqué, les éloges de quelques autres lecteurs croyans, et les instances réitérées faites à l'excessive modestie de l'auteur, le décidè rent à le publier; mais il voulut en changer le plan et en remanier toutes les parties. Un de ses amis lui persuada que les soins d'un éditeur initié aux sciences théologiques, ne seraient pas inutiles à son nouveau travail. La révision en était à peine commencée, lorsque la mort enleva le vénérable M. Dubez. Son neveu, M. Delauro, ancien député de l'Aveyron, désira qu'elle fût continuée par celui à qui l'auteur avait donné sa confiance, quoiqu'il prévît que des occupations multipliées et une santé affaiblie retarderaient beaucoup l'impression: voilà pourquoi ce livre ne paraît qu'en 1837.

Des hommes désintéressés et habiles, qui en ont lu les feuilles à mesure qu'elles sont sorties de la presse, se sont accordés à reconnaître que la précision du style, la solidité du raisonnement, le choix des preuves, la méthode simple et lumineuse de la discussion, le feront goûter de tous ceux qui voudront étudier les fondemens du Christianisme, ou mettre un terme à leur incertitude en matière de religion. Si l'expérience confirme leur jugement, il sera vrai de dire que le livre de M. Delauro fut un legs précieux pour les croyans et pour les incrédules.

DE M. FOULQUIEr, supérieur du petit Seminaire

DE SAINT-PIERRE, A RODEZ,

SUR LA PREMIÈRE ÉDITION DE L'OUVRAGE

DE M. DELAURO-DUBEZ,

La presse aveyronnaise vient d'offrir au public un livre qui sera pour elle un titre de gloire. C'est un précis très bien fait des preuves de la religion, dans lequel, quoique resserrées dans un cadre restreint, elles sont présentées avec une force et une lucidité vraiment remarquables. On peut dire que toutes les questions de quelque importance, qui appartiennent à la philosophie religieuse, y sont résolues et même approfondies. Dieu, l'homme, et les rapports de l'homme avec Dieu, ces trois mots résument cette partie de la science, tout à la fois la plus élevée et la plus digne des méditations du philosophie. Le nouvel ouvrage expose dans leur ensemble les hautes vérités qui y sont relatives: on peut s'en convaincre par cet aperçu du plan, qui nous a paru, dans sa simplicité, très sagement

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L'auteur établit d'abord, comme fondement de sa théorie religieuse, l'existence d'un Dieu créateur et conservateur de l'univers. Ses preuves sont l'ordre universel, le spectacle des cieux, les merveilles des infiniment petits, l'homme et les animaux, la pro`duction du moi ou principe pensant, l'existence nécessaire d'un premier être, principe et dernière raison de toute existence.

Abaissant ensuite ses regards sur l'homme, il démontre qu'il est immatériel, libre et immortel dans ce qu'il a de plus noble. Après avoir ainsi étudié les deux termes du culte religieux, Dieu qui en est l'objet, et l'ame humaine qui en est le siége, il prouve successivement que Dieu exige de nous un culte et des hommages;

Qu'il a pu révéler le christianisme, comme expression des hommages qu'il exige de nous (et ici se présente un magnifique éloge de son divin fondateur, des dogmes et de la morale de l'Évangile, de

l'heureuse influence qu'il a exercée sur l'homme et sur le monde, sur la vie privée et sur la vie sociale);

Que Dieu a révélé le christianisme, et manifesté la vérité de cette révélation par des faits incontestables, par des prophéties qui ont annoncé la venue de Jésus-Christ et l'état du peuple juif après sa venue, faits divins qui ont précédé sa mission; par les miracles et par la doctrine surhumaine de Jésus-Christ, faits divins qui ont accompagné cette mission; par le miracle de sa résurrection, par ceux des apôtres et de leurs disciples, par la conversion miraculeuse de saint Paul, par l'établissement miraculeux de la religion, par la constance et la mort merveilleuse des martyrs, par la perpétuité miraculeuse de l'Église : faits divins qui ont suivi cette mission : Enfin que Dieu a confié le dépôt de cette révélation à une autorité infaillible.

La conclusion est remarquable. « Il est démontré, par des faits >> incontestables, , que Dieu est donc tout homme raisonnable doit >> être théiste.

» Il est démontré, par des faits incontestables, que Dieu a révélé >> le christianisme; donc tout théiste doit être chrétien.

» Il est démontré, par des faits incontestables, que Dieu a confié >> le dépôt des vérités saintes à une autorité vivante et infaillible, et >> que cette autorité existe dans l'Église catholique et dans elle seule; » donc tout chrétien doit être catholique. »

Quant au style et à la manière de l'auteur, ils sont, comme il convient aux ouvrages de ce genre, éminemment philosophiques. Ce qui les caractérise, c'est une clarté parfaite et un enchaînement merveilleux dans les idées ; une méthode rigoureuse dans l'ensemble et dans les détails; une dialectique serrée, vive, pressante, irrésistible. En abordant une question, M. Dubez prouve par la manière dont il la présente dès le principe, qu'il en a sondé toutes les profondeurs, qu'il l'a suivie dans toutes ses branches. Il va, pour ainsi dire, au devant de tous les subterfuges de l'esprit d'erreur et de sophisme; il n'ignore aucune des vaines difficultés que la demi-science du dix-huitième siècle s'était plu à amasser comme d'épais nuages autour de la vérité, et il les dissipe par un rayon du jour. Sa preuve, exposée avec précision, mais claire, lumineuse, complète, ne laisse rien à désirer, et satisfait pleinement l'intelligence.

Et ce qui, sous sa plume, achève d'assurer le triomphe de la vérité, c'est qu'à la rectitude de l'esprit, à la profondeur et à la justesse du raisonnement, à la science qui subjugue et captive, il joint cette

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