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30LLECTION DES MEILLEURS AUTEURS ANCIENS ET MODERNES

DISCOURS

DE LA MÉTHODE

POUR BIEN CONDUIRE SA RAISON

ET CHERCHER LA VÉRITÉ DANS LES SCIENCES

PAR

RENÉ DESCARTES

1896-1857

PARIS

LIBRAIRIE DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE

RUE DE RICHELIEU, 8, PRÈS LE THÉATRE-FRANÇAIS
Ci-devant, rue de Valois, 2.

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HARVARD COLLEGE LIBRARY

FROM THE LIBRARY OF

JOHN GRAHAM BROOKS
APRIL 25, 1939

René Descartes du Perron, fils d'un conseiller au Parlement de Rennes, naquita La Haye, petite ville de Touraine (aujourd'hui département d'Indre-etLoire), le 31 mars 1896. Il fit ses études au collège des Jésuites de La Flèche, et s'y distingua par de précoces dispositions pour la philosophie et les mathématiques. En 1617, après une jeunesse assez agitée, il céda aux sollicitations paternelles, prit le parti des armes, ser vit pendant quatre ans dans l'armée de Maurice de Nassan et dans celle du duc de Bavière, un des chefs du parti catholique dans la guerre de Trente ans. It parcourut ensuite l'Allemagne, la Suède, le Dane mark, la Hollande, la Suisse. l'Italie, revint à Rome et de là à Paris (1626). Il assista ensuite, en 1628, an siége de La Rochelle. Il avait, à travers les hasards d'une existence mouvementée et aventureuse, conservé la vive attraction de son enfance pour les étu des philosophiques, et, dans ses rares loisirs, il avait jeté les fondements de son immortel Discours de la Méthode, publié pour la première fois à Leyde en 1637. Toutefois, il avait promptement renoncé à la carrière des armes et s'était retiré en 1629 dans une profonde retraite, d'abord à Egmont, puis dans d'au tres villes de la Hollande, où il passa vingt-cinq ans, occupé de la pénible et glorieuse recherche des raisons des principaux phénomènes de la nature et l'étude des connaissances humaines. Il publia ensuite son livre des Méditations (1641), qui ne tarda pas à faire de lui l'oracle de la philosophie. Il avait travaillé à un traité de la lumière, d'après le système de Copernic, sur le mouvement de la terre; mais il l'abandonna lorsqu'il apprit la condamnation de Galilée, non pas par conviction d'une erreur, mais par un motif de prudence. Son orthodoxie n'était pourtant rien moins que positive. car, à l'époque de la traus lation de ses restes à Paris, dans l'église Sainte-Geneviève-du-Mont (1666), le P. Lallemand dut renoncer, par ordre supérieur, à prononcer son oraison funebre. Le Discours de la Méthode, publié avec la Géométrie, la Dioptrique et les Métrores, avait attiré à son auteur les persécutions des théologiens catholiques et protes tants, et ce ne furent pas ces derniers qui furent le moins acharnés et les moins intolérants; le livre dé noncé par le jésuite Bourdin, l'ergoteur Schoockius, les ministres Voétius, Revius et Triglandius, qui allérent

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jusqu'à l'accusation d'athéisme, faillit être brûlé par la main du bourreau; mais Descartes, las de ces luttes qui prenaient sans profit le meilleur de son temps, et qui avait résisté aux avances de Louis XIII et du cardinal de Richelieu, préféra se rendre aux instances de la reine Christine de Suède, et alla, en 1649, se fixer à Stockholm, où il fut reçu avec de grandes marques d'honneur; la reine voulut prendre de lui des leçons de philosophie; il se rendait tous les jours, à cing heures du matin, à la cour, et dissertait sur la philosophie en préseuce d'un auditoire d'élite. Ces leçons, données dans de pareilles conditions, furent fatales au philosophe : il prit un jour un refroidissement suivi d'une flèvre chaude qui accélérérent sa mort. Il succomba le 11 février 1650, dans sa cinquantequatrième année.

En rééditant l'ouvrage, devenu classique, qui fait époque dans le développement de la raison humaine, nous avons à regretter que l'espace nous manque pour apprécier comme il le mérite le père de la philosophie française; disons seulement qu'il contraignit ses contemporains à secouer le joug de la métaphysique péripatéticienne; qu'il lui fallut, à la fois, du courage et du génie pour enseigner aux hommes les moyens pratiques de parvenir à la découverte de la vérité. On apprend de l'auteur des Passions de l'ame, à douter, c'est-à-dire à se détacher des sens, à se défier des idées préconçues, à suspendre son jugement, à n'admettre que ce qui porte le caractère de l'évidence par une chaîne ininterrompue de conséquences basées sur l'art du raisonnement, le talent d'analyser les idées, d'en créer de nouvelles. La postérité a fait table rase de quelques-uns des systèmes de Descartes, par exemple l'hypothèse des tourbillons et ses idées sur l'àme des bêtes, mais elle a gardé sa reconnaissance et son admiration à l'homme qui lui a appris à exprimer sa pensée dans un langage clair et énergique; au philo sophe qui, comme le dit ingénieusement le P. Guénard, dans son Eloge de Descartes, enfermé dans le laby. rinthe avec tous les autres philosophes, se fit lui-mème des ailes et s'envola, frayant ainsi une route nouvelle à la raison captive. C'est à cette salutaire audace que nous devons, et les trois grands hommes qui ont profité des travaux du précurseur : Bacon, Leibnitz et Newton, et les penseurs qui ont, au dernier siècle, jeté les fondements de la société moderne. N. D.

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