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Prædonesque lupis; fallaces vulpibus addit:

Atque ubi per varios annos, per

mille figuras

Egit, Lethæo purgatos flumine, tandem

Rursus ad humanæ revocat primordia formæ ' :

si elle avoit esté vaillante, ils la logeoient au corps d'un lion; si voluptueuse, en celuy d'un pourceau; si lasche, en celuy d'un cerf ou d'un lievre; si malicieuse, en celuy d'un regnard; ainsi du reste, iusques à ce que, purifiee par ce chastiement, elle reprenoit le corps de quelque aultre homme :

Ipse ego, nam memini, Troiani tempore belli,
Panthoïdes Euphorbus eram1.

Quant à ce cousinage là, d'entre nous et les bestes, ie n'en foys pas grand recepte: ny de ce aussi que plusieurs nations, et notamment des plus anciennes et plus nobles, ont non seulement receu des bestes à leur societé et compaignie, mais leur ont donné un reng bien loing au dessus d'eulx, les estimant tantost familieres et favories de leurs dieux, et les ayant en respect et reverence plus qu'humaine; et d'aultres ne recognoissant aultre

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Il emprisonne les ames dans le corps des animaux : le cruel habite au sein d'un ours; le ravisseur, dans les flancs d'un loup; le renard est le cachot du fourbe.... Soumises, pendant un long cercle d'années, à mille diverses métamorphoses, les ames sont enfin purifiées dans le fleuve de l'Oubli, et Dieu les rend à leur forme première. CLAUDIEN, in Rufin., II, 482-491.

'Moi-même (il m'en souvient encore), au temps de la guerre de Troie, j'étois Euphorbe, fils de Panthée. - C'est Pythagore qui

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parle ainsi de lui-même, dans OVIDE, Métam., XV, 160.

Dieu ny aultre divinité qu'elles. Belluæ a barbaris propter beneficium consecrata:

pas

Crocodilon adorat

Pars hæc; illa pavet saturam serpentibus ibin:

Effigies sacri hic nitet aurea cercopitheci;

....

hic piscem fluminis, illic

Oppida tota canem venerantur 2.

Et l'interpretation mesme que Plutarque3 donne à cette erreur, qui est trez bien prinse, leur est encores honorable car il dict que ce n'estoit le chat ou le boeuf (pour exemple) que les Aegyptiens adoroient; mais qu'ils adoroient en ces bestes là quelque image des facultez divines: en cette cy, la patience et l'utilité; en cette là, la vivacité, ou, comme nos voisins les Bourguignons, avecques toute l'Allemaigne, l'impatience de se veoir enfermez; par où ils representoient la Liberté, qu'ils aimoient et adoroient au delà de toute aultre faculté divine; et ainsi des aultres. Mais quand ie rencontre, parmy les opinions plus moderees, les discours qui essayent à montrer la prochaine ressemblance de nous aux animaulx, et combien ils ont de part à nos plus grands privi

Les barbares ont divinisé les bêtes, parcequ'ils en recevoient du bien. Cic., de Nat. deor., I, 36.

Les uns adorent le crocodile; les autres regardent avec une frayeur religieuse un ibis engraissé de serpents: ici, sur les autels, brille la statue d'or d'un singe à longue queue; là on adore un poisson du Nil; et des villes entières se prosternent devant un chien. JUVÉN., XV, 2-7.

3 Dans son Traité d'Isis et d'Osiris, c. 39. C.

leges, et avecques combien de vraysemblance on nous les apparic, certes, i'en rabats beaucoup de nostre presumption, et me demets volontiers de cette royauté imaginaire qu'on nous donne sur les aultres creatures.

Quand tout cela en seroit à dire, si y a il un certain respect qui nous attache, et un general debvoir d'humanité, non aux bestes seulement qui ont vie et sentiment, mais aux arbres mesmes et aux plantes. Nous debvons la iustice aux hommes, et la grace et la benignité aux aultres creatures qui en peuvent estre capables: il y a quelque commerce entre elles et nous, et quelque obligation mutuelle. Ie ne crains point à dire la tendresse de ma nature, si puerile, que ie ne puis pas bien refuser à mon chien la feste qu'il m'offre hors de saison, ou qu'il me demande. Les Turcs ont des aulmosnes et des hospitaulx pour les bestes. Les Romains avoient un soing publicque de la nourriture des oyes', par la vigilance desquelles leur Capitole avoit esté sauvé. Les Atheniens ordonnerent que les mules et mulets qui avoient servy au bastiment du temple appellé Hecatompedon, feussent libres, et qu'on les laissast paistre par tout sans empeschement 2. Les Agrigentins avoient en usage commun d'enterrer serieusement les bestes qu'ils avoient eu cheres,

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Cic., pro Rosc. Am., c. 20; TITE Live, V, 47; Pline, X, 22. J. V. L.

2

PLUTARQUE, Vie de Caton le censeur, c. 3. C.

comme les chevaulx de quelque rare merite, les chiens et les oyseaux utiles, ou mesme qui avoient servi de passetemps à leurs enfants: et la magnificence, qui leur estoit ordinaire en toutes aultres choses, paroissoit aussi singulierement à la sump'tuosité et nombre des monuments eslevez à cette fin, qui ont duré en parade plusieurs siecles depuis'. Les Aegyptiens enterroient les loups, les ours, les crocodiles, les chiens et les chats, en lieux sacrez, embasmoient leurs corps, et portoient le dueil à leur trespas. Cimon feit une sepulture honorable aux iuments avec lesquelles il avoit gaigné par trois fois le prix de la course aux jeux olympiques 3. L'ancien Xanthippus feit enterrer son chien sur un chef4, en la coste de la mer qui en a depuis retenu le nom 5. Et Plutarque faisoit, dict il 6, conscience de vendre et envoyer à la boucherie, pour un legier proufit, un bœuf qui l'avoit long temps servy.

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3

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ID., VI, 103; ÉLIEN, Hist. des anim., XII, 40. J. V. L.
Sur un cap ou promontoire. C.

Cynosséma. PLUTARQUE, Vie de Caton le censeur, c. 3. C. 6 Ibid. C.

FIN DU TOME SECOND.

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