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de Paul ils veulent le tuer. Enfin le Seigneur reproche à la maison d'Israël de n'avoir pas profité des premiers châtiments dont il l'a frappée, et de n'être' point alors revenue à lui: Et non redistis ad me, dicit Dominus. La justice de Dieu éclata différentes fois et en différentes manières sur les Juifs incrédules, avant de faire tomber sur eux ses grands coups. Ma's ils ne surent point profiter des premiers châtiments dont Dieu les frappait et ils ne revinrent point à lui.

quòd vendiderit pro argento justum. C'est précisément aussi le crime du perfide Judas à l'égard de JésusChrist le Juste et le Saint par excellence; c'est le crime des prêtres qui acceptèrent l'offre détestable de ce perfide; c'est le crime de toute la nation qui, par une iureur aveugle, a ratifié ce pacte horrible. Le Seigneur reproche à la maison d'Israël d'avoir hai celui qui les reprenait dans les assemblées publiques, et d'avoir eu en abomination celui qui leur parlait d'une manière irréprochable: Odio habuerunt corripientem in portà, et loquentem perfectè abominati sunt. C'est le crime des scribes et des pharisiens à l'égard de Jésus-Christ; c'est le crime de la multitude des Juifs incrédules qui se sont laissé entraîner par la passion de ces hommes injustes et hypocrites, qui ne pouvaient souffrir les reproches que Jésus-Christ leur faisait. Le Seigneur reproche aux grands de la maison d'Israël, aux chefs de ce peuple, d'avoir été insensibles aux maux de leurs frères, à l'affliction de Joseph: Et nihil patiebantur super contritione Joseph. C'est le crime des princes des prêtres et des sénateurs du peuple juif, qui, loin d'être sensibles aux souffrances de Jésus-Christ mênie, qui est le vrai Joseph, lui insultaient tandis qu'il était attaché sur la croix ; c'est le crime de tous ceux qui, à leur exemple, blasphemaient contre lui et se moquaient de ses souffrances. Le Seigneur reproche encore aux chefs de la maison d'Israël de n'avoir que du mépris pour Sion, et de mettre leur confiance dans la montagne de Samarie, sur laquelle était leur ville capitale: Væ qui contemnitis Sion, et confiditis in monte Samariæ (1). C'est le crime des chefs du peuple juif qui regardaient avec mépris la nouvelle Sion, l'Église de JésusChrist, et qui mettaient toute leur confiance dans Jérusalem, qui était le centre de leur nation comme autrefois Samarie avait été le centre de la maison d'Israël. Le Seigneur reproche à toute la maison d'Israël son orgueil, et il lui déclare qu'il déteste en elle cette disposition criminelle: Detestor ego superbiam Jacob. C'était aussi la disposition du Juif incrédule, lequel se reposant sur la loi se glorifiait des faveurs de Dieu, se regardait comme le conducteur des aveugles et le docteur des ignorants, et qui, méconnaissant la justice qui vient de Dieu par la foi, s'efforçait d'établir sa propre justice. Le Seigneur reproche à la maison d'Israël d'avoir voulu fermer la bouche à ses prophètes : Et prophetis mandabatis, dicentes: Ne prophetetis. A peine les apôtres remplis de l'Esprit de Dieu commencent-ils à rendre hautement témoignage à Jésus-Christ ressuscité, qu'aussitôt les princes des prêtres et les chefs du peuple leur défendent, avec de sévères menaces, de parler à l'avenir au nom de Jésus. Ils ne peuvent soutenir le discours d'Étienne; ils le lapident. Irrités par les prédications

(1) Amos, 6, 1. La Vulgate porte Væ qui opulenti estis in Sion; et c'est aussi ce qu'exprime la leçon présente de l'hébreu. Mais on lit dans la version des Septante: Οὐαὶ τοῖς ἐξουθενοῦσι Σιών: ce qui montre qu'ils lisaient: Va qui contemnulis Sion.

Le Seigneur, annonçant ses vengeances à la maison d'Israël par la bouche d'Amos, déclare que le jour viendra où il fera coucher le soleil en plein midi, et où il couvrira la terre de ténèbres lorsqu'elle devrait être couverte de lumière: Occidere faciam solem in meridie, et tenebrescere faciam terram in die luminis (1). C'est précisément ce qui arriva à la mort de JésusChrist, lorsque la terre fut couverte de ténèbres depuis la sixième heure du jour jusqu'à la neuvième, c'est-à-dire, depuis midi jusqu'à trois heures; ce fut là le premier signe de la colère de Dieu sur les Juifs incrédules. Le Seigneur, irrité contre les enfants d'Israël, leur déclare qu'il hait et qu'il rejette leurs fêtes, et qu'il ne peut souffrir leurs assemblées : Odi et projeci festivitates vestras, et non capiam odorem cœluum vestrorum; qu'il ne recevra point leurs holocaustes ni leurs offrandes, et qu'il ne regardera pas même leurs hosties les plus grasses: Quòd si obtuleleritis mihi holocautomata et munera vestra, non suscipiam: et vota pinguium vestrorum non respiciam ; qu'il ne veut plus entendre le bruit tumultueux de leurs cantiques, et qu'il n'écoutera point les sons harmonieux de leur lyre: Aufer à me tumultum carminum tuorum, et cantica lyræ tuæ non audiam. La mort de Jésus-Christ ayant aboli les anciens sacrifices qui n'étaient destinés qu'à l'annoncer et à la représenter, ils commencèrent alors à devenir inutiles; mais dans les mains des Juifs incrédules et coupables du sang de l'Homme-Dieu, ils étaient détestables aux yeux du Seigneur. Les cantiques des hommes rebelles lui étaient odieux. Le Seigneur annonce qu'il suscitera contre la maison d'Israël une nation qui la brisera et la réduira en poudre depuis l'entrée d'Émath jusqu'au torrent du désert, c'est-à-dire, depuis une extrémité du pays jusqu'à l'autre : Ecce enim suscitabo super vos, domus Israel, dicit Dominus Deus exercituum, gentem, et conteret vos ab introitu Emath usque ad lorrentem deserti. Cette nation était celle des Assyriens qui subjugua tout le royaume des dix tribus, et qui ensuite se trouva réunie avec les Chaldéens qui achevèrent de subjuguer les deux autres tribus. De même le Seigneur a suscité contre les Juifs incrédules le peuple romain qui a subjugué et brisé toute leur nation. Le Seigneur annonce aux enfants d'Israël qu'il livrera entre les mains de leurs ennemis leurs villes avec tous ceux qui s'y trouveront: Et tradam civitatem cum habitatoribus. Le Seigneur a de même livré entre les mains des Romains les villes des Juifs

(1) Amos, 8, 9. La Vulgate porte: Occidet sol; l'bébreu porte: Et occidere facium solem.

avec tous leurs habitants. Le Seigneur annonce qu'Israël sera emmené captif hors de son pays : Et Israel captivus migrabit de terrâ suâ. Le Juif incrédule, chassé de la terre du Seigneur qui est l'Église même de Jésus-Christ, et livré à une funeste captivité sous l'empire du démon, a été, même à la lettre, chassé de sa propre terre et livré en captivité sous la puissance des Romains. Le Seigneur annonce que sa colére poursuivra les enfants d'Israël jusque dans le lieu de leur captivité; que l'épée de l'ennemi les y tuera par son ordre, et qu'il fixera ses regards sur eux pour leur malheur et non pour leur bien: Et si abierint in captivitatem coram inimicis suis, ibi mandabo gladio, et occidet eos et ponam oculos meos super eos in malum, et non in bonum. Les Juifs incrédules emmenés en captivité n'ont-ils pas vu ainsi plusieurs fois le glaive de l'ennemi les tuer par l'ordre du Seigneur? et depuis plus de dix-sept siècles n'éprouvent-ils pas continuellement les regards du Seigneur fixés sur eux, pour leur malheur et non pour leur bien? Le Seigneur annonce aux enfants d'Israël que le temps viendra où il enverra sur la terre la faim et la soif, non la faim du pain ni la soif de l'eau, mais celle de la parole de Dieu qui ne leur fera plus entendre sa voix par la bouche d'aucun prophète : Ecce dies veniunt, dicit Dominus, et miltam famem (et sitim) in terram, non famem panis, neque sitim aquæ, sed audiendi verbum Domini (1); et qu'ils seront alors dans le mouvement et dans l'agitation depuis l'occident jusqu'à l'orient, et depuis le septentrion jusqu'au midi, cherchant partout quelque prophète de la bouche duquel ils puissent entendre la parole du Seigneur, et n'en trouvant point: Et commovebuntur à mari usque ud mare, et ab aquilone usque ad orientem; et circumbunt quærentes verbum Domini, et non invenient. Jamais cette prophétie n'a été plus exactement accomplie que sur les Juifs incrédules qui, dispersés et errants de l'orient à l'occident, et du midi au septentrion, souffrent partout cette faim et cette soif si terrible et si funeste, Dieu gardant à leur égard depuis plus de dix-sept siècles un silence profond, et ne leur envoyant aucun prophète qui leur fasse entendre sa parole qu'ils ont refusé d'entendre de la bouche du prophète que Moïse leur avait annoncé et qui leur a été envoyé en la personne de Jésus-Christ. Le Seigneur annonce que les jugements de sa justice sur la maison d'Israel seront tempérés par sa miséricorde ; qu'il ne traitera pas cette maison, tout infidèle qu'elle est, comme il traite les autres royaumes de la terre; que ses yeux sont ouverts et attentifs aux iniquités qui se commettent sur la terre et qu'il extermine les royaumes qui pèchent, mais que, quoique la maison de Jacob ait péché, cependant il ne l'exterminera pas : Ecce oculi Domini super regnum peccans, et disperdam illud à facie terræ: verùmtamen disperdens, non disperdum domum Jacob, dicit Dominus (2). Le Sei

(1) Amos, 8, 11. Les mots et sitim ne sont pas dans le texte; mais la suite les suppose.

(2) Amos, 9, 8. La Vulgate porte conteram. L'ex

gneur, irrité contre l'empire romain idolâtre, a exterminé jusqu'aux derniers restes la race de ces hommes impies qui s'étaient élevés contre lui; mais il n'a pas traité de même les Juifs incrédules; sa miséricorde les conserve pour les rappeler un jour. Le Seigneur ajoute qu'il donnera ses ordres afin que la maison d'Israël soit agitée dans toutes les nations, comme on agite le blé dans le crible sans qu'il en tombe à terre un seul grain Ecce enim mandabo ego, el concutiam in omnibus gentibus domum Israel, sicut concutitur triticum in cribro, et non cadet lapillus super terram (1). Depuis plus de dix-sept siècles le peuple juif est ainsi agité dans toutes les nations; mais Dieu veille à la conservation de ceux de qui doivent sortir les restes précieux qu'il rappellera un jour.

Le Seigneur annonce à la maison d'Israël qu'après avoir ainsi exercé sur elle sa justice tempérée par sa miséricorde, il viendra lui-même à elle, et il l'exhorte à se préparer à aller au-devant de lui: Postquàm autem hæc fecero tibi, præparare in occursum Dei tui, Israel. Une partie des Juifs est tombée dans l'aveuglement jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée : Et alors, dit l'Apôtre, tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit: Il viendra de Sion un libérateur qui bannira l'impiété de Jacob (2). Ce libérateur est Jésus-Christ, qui est Dieu lui-même, égal et consubstantiel à son Père; et toute la multitude des Juifs est invitée à aller au-devant de ce libérateur, qui est lui-même leur Dieu Præparare in occursum Dei tui, Israel. Enfin le Seigneur promet aux enfants d'Israël qu'il les fera revenir de leur captivité; qu'alors ils rebâtiront leurs villes auparavant désolées, et les habiteront; qu'ils planteront des vignes, et qu'ils en boiront le vin; qu'ils feront des jardins, et qu'ils en mangeront le fruit: Et convertam captivitatem populi mei Israel : et ædificabunt civitates desolatas, et inhabitabunt, et plantabunt vineas, et bibent vinum earum; et facient hortos, et comedent fructus eorum; qu'il les plantera et les établira alors dans leurs pays, et qu'il ne les arrachera plus de la terre qu'il leur a donnée: Et plantabo eos super humum suam, et non evellam eos ultra de terrà suâ quam dedi eis, dicit Dominus Deus (3). Ces derniers mots prouvent qu'il ne s'agit point ici du retour des enfants d'Israël dans leur pays après la captivité de Babylone; outre qu'un très-petit nombre d'Israélites des dix tribus eurent part à ce retour, leurs descendants ont été arrachés de leur pays par les Romains. Ainsi cette prophétie n'est point accomplie. Mais en vain le Juif charnel se promet-il que cette prophétie aura un jour pour lui un accomplissement

pression de l'hébreu signifie proprement disperdere. (1) Amos, 9, 9. Le mot triticum n'est pas dans l'hébreu; mais il est dans la Vulgate.

(2) Rom. 11, 25, 26: Cæcitas ex parte contigit in Israel, donec plenitudo gentium intraret; et sic omnis Israel salvus fieret; sicut scriptum est : Veniet ex Sion qui eripiat, el avertat impietatem à Jacob.

(3) Amos, 9, 14, 15. La Vulgate porte: Civitates desertas; l'hébreu lit: Civitates desolatas.

littéral conforme aux désirs terrestres de son cœur ; Dieu réserve à ce peuple des biens beaucoup plus excellents, dont ces avantages sensibles ne sont que le symbole. Il commencera par les délivrer de cette captivité spirituelle sous laquelle le démon les retient depuis plus de dix-sept siècles. Il les rétablira dans leur terre, en les entant de nouveau sur leur propre tige, sur l'olivier d'où ils ont été retranchés; ils y seront rétablis pour toujours. Les villes qu'ils bâtiront, les vignes qu'ils planteront, les jardins qu'ils cultiveront, seront de la même nature que ces jardins, ces vignes et ces villes dont parle l'Apôtre, lorsqu'il dit aux Corinthiens: Nous sommes les coopérateurs de Dieu; vous êtes le champ que Dieu cultive et l'édifice que Dieu bâtit. Ils bâtirent des villes semblables à celles que les apôtres ont bâties en travaillant à la propagation du royaume de Dieu. Ils planteront des vignes et formeront des jardins, en semant dans les cœurs la divine parole, qui y produira des fruits de justice et de sainteté. Ils habiteront dans ces villes par les liens de la foi, qui les attacheront à ceux qu'ils auront amenés à Jésus-Christ. Ils boiront le vin de ces vignes et ils mangeront le fruit de ces jardins, en recevant de la main de Dicu, dans l'éternité, la récompense de leurs travaux.

111. Suite des réflexions sur la prophétie d'Amos. Remarques de S. Jérôme sur la prophétie d'Amos touchant la maison de Juda, et sur celles qui concernent la maison d'Israël.

:

La conduite que Dieu a tenue sur la maison d'Israël, c'est-à-dire, sur les Juifs incrédules, est un exemple et une instruction pour la maison de Juda, c'est-àdire, pour nous-mêmes. Et c'est la réflexion de saint Jérôme sur le texte même de la prophétie d'Amos. Nous donc, dit ce père, qui voyons que Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, craignons de nous attirer le même traitement Nos ergo cernentes quia Deus naturalibus ramis non pepercit, timeamus ‹ eadem perpeti. En effet, comme nous l'avons vu, le Seigneur déclare par la bouche d'Amos qu'il n'épargnera pas même la maison de Juda; et que comme après trois et quatre crimes il fait éclater sa colère contre les nations infidèles, de même après trois et quatre crimes il fera éclater sa colère contre la maison de Juda, sans user plus longtemps d'indulgence pour elle Super tribus sceleribus Juda, et super quatuor non convertam eum. Le crime qu'il reproche à la maison de Juda, et qui attirera sur elle sa colère, c'est de rejeter sa loi et de ne point garder ses préceptes : Eò quòd abjecerit legem Domini, et mandata ejus nor custodierit; c'est de se laisser séduire par les vaines idoles, ou, à la lettre, par les mensonges par lesquels leurs pères se sont laissé entraîner: Et deceperint eos mendacia eorum (1) post quæ abierant patres eorum. Le châtiment dont il les menace, c'est d'envoyer contre cux un feu qui dévorera leurs villes, et qui consumera

(4) La Vulgate porte: Deceperunt enim eos idola sua. L'hébreu lit ; Et deceperint eos mendacia eorum.

Jérusalem mêine: Et mittam ignem in Judâ, el devo · rabit ædes Jerusalem. Et saint Jérôme, après avoir expliqué le sens littéral de ce texte, ajoute expressément Tout ce que nous avons dit de Juda et de Jérusalem se rapporte à l'Église, dans laquelle se trouvent la vraie confession du nom du Seigneur, signifiée par le nom même de Juda, qui veut dire confession, et la paix du Seigneur jointe avec la vue et la connaissance de la vérité, exprimées l'une et l'autre par le nom même de Jérusalem, qui sinifie la jouissance de la paix et la vision parfaite. Quidquid de Judà et de Jerusalem diximus, refertur ad Ecclesiam, in quâ est vera confessio, et pax Do‹ mini, et visio veritatis. Le double crime contre lequel nous devons être en garde, c'est de rejeter la loi du Seigneur en transgressant les saintes maximes de l'Évangile et de nous laisser séduire par le mensonge, en abandonnant les dogmes de notre foi pour suivre les erreurs qui y sont opposées. Déjà nous voyons combien de peuples autrefois fidèles, combien d'églises anciennes, le feu de la colère du Seigneur a désolées dans l'Asie, dans l'Afrique, et dans une partie de l'Europe même. Craignons que ce feu ne vienne jusqu'à nous, si nous l'attirons par nos péchés. Observons fidèlement la loi de Dieu, et ne nous laissons point séduire par l'erreur; c'est l'unique moyen d'éloigner de nous le feu de la justice de Dieu, ou du moins de trouver un asile sous les ailes de sa miséricorde, lorsque le feu de sa justice viendra fondre sur les prévaricateurs.

Les reproches et les menaces du Seigneur contre la maison d'Israël séparée de la maison de Juda, sont applicables, non seulement aux Juifs incrédules qui se sont séparés de l'Église de Jésus-Christ, mais à toute autre société séparée de l'Église par l'hérésie ou par le schisme. S. Jérôme applique aux hérétiques presque tout ce qu'Amos dit de la maison d'Israël. Car, comme dans Osée, dit-il, nous avons montré <que sous le nom d'Israël, de Samarie, d'Éphraïm et des enfants de Joseph, père de la tribu d'Éphraïm, de laquelle était Jéroboam, qui sépara son < peuple de la maison de David, de la ville de Jérusalem, et du temple de Dieu; comme nous avons montré que sous ces noms sont désignés les hérétiques, qui se séparent de l'Église de Jésus-Christ; de même maintenant, après Juda et Jérusalem, qui re< présentent l'Église, nous devons comprendre que le discours du Prophète touchant Israël s'adresse aux hérétiques: Nos autem qui in Osee docuimus sub nomine Israel, et Samariæ, et Ephraim, et filiorum Joseph, de quà tribu fuit Jeroboam, qui à regno David, et Jerusalem, et templo Dei, populum segre‹ gavit, hæreticos significari; etiam nunc post Judam et Jerusalem, quæ interpretatur Ecclesia, intelligamus ad hæreticos sermonem dirigi propheticum. › Sur quoi l'on peut observer qu'en effet la maison d'Israël est ici plusieurs fois nommée maison de Jacob; ce qui peut montrer que, dans le sens spirituel, ces prophéties sont particulièrement applicables à la gentilité

chrétienne désignée mystérieusement par le nom de Jacob, comme le remarque S. Jérôme dans son comin entaire sur ce prophète même, lorsqu'il dit : Tout ⚫ce que nous avons dit d'Ésau et de Jacob, rappor tons-le aux Juifs et aux Chrétiens. Car ces hommes terrestres et sanguinaires ont persécuté leur frère Jacob, qui les a supplantés et leur a enlevé leur droit d'aînesse : Quidquid de Esau et Jacob diximus, referamus ad Judæos et populum christianum. Illi enim terreni et sanguinarii persecuti sunt fratrem Jacob, qui eos supplantavit, et abstulit primogenita. › C'est en effet du sein du peuple chrétien, du sein de la gentilité chrétienne, que se sont élevés les hérétiques à qui S. Jérôme applique presque toutes les prophétics qui regardent la maison d'Israël, ainsi désignée sous le nom de maison de Jacob; et ce qu'il applique aux hérétiques est également applicable aux schismatiques, particulièrement aux Grecs, qui ont si malheureusement imité le schisme des dix tribus.

IV. Remarque sur le style d'Amos.

S. Jérôme reconnaît qu'Amos n'était point éloquent; il lui applique ce que S. Paul dit en parlant de lui-même : Je suis grossier et peu instruit pour le langage, mais il n'en est pas de même de la science. Il remarque ailleurs, que comme chacun aime à parler de son art, ainsi Amos emploie souvent des comparaisons tirées de la vie champêtre dans laquelle il avait été élevé. Plusieurs interprètes ont cru voir dans la prophétie d'Amos cette négligence, et, si on l'ose dire, cette rusticité de style que S. Jérôme y

avait remarquée. Mais comme le style même de S. Paul ne manque pas toutefois d'éloquence, de même S. Augustin, qui n'était pas moins éclairé que S. Jérôme dans l'art de bien dire, et qui n'ignorait pas le sentiment qu'on avait du style d'Amos, l'a choisi cxprès pour montrer qu'il y avait dans les Prophètes une certaine éloquence surnaturelle, conduite par l'esprit de sagesse, et si heureusement proportionnée à la nature des choses, que ceux mêmes qui accusent nos écrivains sacrés d'ignorance en matière de style, ne pourraient pas choisir des expressions plus propres, ni plus variées, ni un style plus fleuri, s'ils avaient à parler aux mêmes personnes et dans les mêmes circonstances: Isti qui prophetas nostros tanquàm ineruditos, et elocutionis ignaros, veluti docti disertique contemnunt, si aliquid eis tale, vel in tales dicendum fuisset, aliter se voluissent dicere?... Quid enim est quod isto eloquio aures sobriæ plus desiderent? Il montre au long que dans le chapitre vi d'Amos on voit la pratique des préceptes de la plus belle éloquence; non pas que la sagesse divine ait recherché servilement l'éloquence, mais parce que l'éloquence a suivi comme naturellement la sagesse divine: Non intentà in eloquentiâ sapientiâ, sed à sapientiâ non recedente eloquentiâ. Enfin, il conclut que nos écrivains canoniques ont eu, non-seulement la sagesse et les lumières, mais aussi l'éloquence même qui convenait à des personnes de leur caractère: Quapropter et eloquentes quidem, non tantùm sapientes fateamur, tali eloquentiâ, qualis personis ejusmodi congruebat.

IN AMOS

COMMENTARIUM.

(AUCTORE CALMET.)

CAPUT PRIMUM.

1. Verba Amos, qui fuit in pastoribus de Thecue, quæ vidit super Israel in diebus Oziæ regis Juda, et in diebus Jeroboam filii Joas regis Israel, ante duos annos terræ motûs.

2. Et dixit: Dominus de Sion rugiet, et de Jerusalem dabit vocem suam: et luxerunt speciosa pastorum, et exsiccatus est vertex Carmeli.

3. Ilæc dicit Dominus : Super tribus sceleribus Damasci, et super quatuor non convèrtam eum : eò quòd trituraverint in plaustris ferreis Galaad.

4. Et mittam ignem in domum Azael, et devorabit domos Benadad.

5. Et conteram vectem Damasci : et disperdam habitatorem de campo idoli, et tenentem sceptrum de domo voluptatis et transferetur populus Syriæ Cyrenen, dicit Dominus.

CHAPITRE PREMIER.

1. Révélations d'Amos, l'un des bergers de Thécué, touchant Israël, sous le règne d'Ozias, roi de Juda, et sous le règne de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël, deux ans avant le tremblement de terre.

2. Et il dit le Seigneur rugira du haut de Sion; il fera retentir sa voix du milieu de Jérusalem. Les pâturages les plus beaux seront désolés, et le haut du Carmel deviendra tout sec.

3. Voici ce que dit le Seigneur : Après les crimes que Damas a commis trois et quatre fois, je ne changerai point l'arrêt que j'ai prononcé contre lui; parce qu'il a fait passer des chariots armés de fer sur Galaad.

4. Et je mettrai le feu dans la maison d'Azaël, et les palais de Bénadad en seront consumés.

5. Je briserai la force de Damas; j'exterminerai du champ de l'idole ceux qui l'habitent; je chasserai celui qui a le sceptre à la main de sa maison de plaisir; et le peuple de Syrie sera transporté à Cyrène : c'est le Seigneur qui l'a dit.

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9. Hæc dicit Dominus : Super tribus sceleribus Tyri, et super quatuor non convertam euni: eò quòd concluserint captivitatem persectam in Idumæâ, et non sint recordati fœderis fratrum.

10. Et mittam ignem in murum Tyri, et devorabit ædes ejus.

11. Hæc dicit Dominus: Super tribus sceleribus Edom, et super quatuor non convertam eum : eò quòd persecutus sit in gladio fratrem suum, et violaverit misericordiam ejus, et tenuerit ultra furorem suum, et indignationem suam servaverit usque in finem.

12. Mittam ignem in Theman, et devorabit ædes Bosræ.

13. Hæc dicit Dominus: Super tribus sceleribus Ammon, et super quatuor non convertam eum : eò quòd dissecuerit prægnantes Galaad ad dilatandum terminum suum.

14. Et succendam ignem in muro Rabba, et devorabit ædes ejus in ululatu in die belli, et in turbine in die commotionis.

15. Et ibit Melchom in captivitatem ipse, et principes ejus simul, dicit Dominus.

6. Voici ce que dit le Seigneur : Après les crimes que Gaza a commis trois et quatre fois, je ne changerai point l'arrêt que j'ai prononcé contre ses habitants, parce qu'ils se sont saisis de ceux qui s'étaient réfugiés chez eux, et qu'ils les ont tous emmenés captifs dans l'Idumée, sans en excepter aucun.

7. C'est pourquoi je mettrai le feu aux murs de Gaza, et il réduira ses maisons en cendre.

8. J'exterminerai d'Azot ceux qui l'habitent, et d'Ascalon celui qui porte le sceptre; j'appesantirai eucore ma main sur Accaron, et je ferai périr le reste des Philistins: c'est le Seigneur Dieu qui l'a dit.

9. Voici ce que dit le Seigneur: Après les crimes que Tyr a commis trois et quatre fois, je ne changerai point l'arrêt que j'ai prononcé contre ses habitants, parce qu'ils ont livré tous les captifs aux Iduméens, sans se souvenir de l'alliance qu'ils avaient avec leurs frères.

10. Je mettrai le feu aux murs de Tyr, et il réduira ses maisons en cendre.

11. Voici ce que dit le Seigneur : Après les crimes qu'Edom a commis trois et quatre fois, je ne changerai point l'arrêt que j'ai prononcé contre lui; parce qu'il a persécuté son frère avec l'épée, qu'il a violé la compassion qu'il lui devait, qu'il n'a point mis de bornes à sa fureur, et qu'il a conservé jusqu'à la fin le ressentiment de sa colère.

12. Je mettrai le feu dans Théman, et il réduira en cendre les maisons de Bosra.

13. Voici ce que dit le Seigneur : Après les crimes qu'ont commis trois et quatre fois les enfants d'Ammon, je ne changerai point l'arrêt que j'ai prononcé contre eux; parce qu'ils ont fendu le ventre des femmes grosses de Galaad, pour étendre les limites de leur pays.

14. Je mettrai le feu aux murs de Rabba, qui, étant allumé par un tourbillon de vent, en consumera toutes les maisons dans l'horreur du combat, parmi les cris des ennemis et l'épouvante de ses habitants.

15. Et Melchom sera emmené captif, lui et ses princes, c'est le Seigneur qui l'a dit.

COMMENTARIUM.

VERS. 1.-VERBA AMOS, QUI fuit in pastORIBUS DE THECUE. Quis fuerit Amos, et quæ ejus patria, in præfatione quæsitum est. Textus Septuaginta valdè discrepat ab Hebræo hujus versiculi: Verba, vel sermones Amos, qui facti sunt in Accarim de Thecue; quos vidi pro Jerusalem. Theodoretus legit: Sermones Amos, qui facti sunt in Cariathiarim de Thecue pro Jerusalem. Editio Complutensis : Sermones Amos, qui facti sunt in Acarpi de Thecue : Variantia hæc prava legendi textâs ratio peperit (1). Aquila : Qui erat in pascuis. Symmachus et quinta editio: Qui erat è numero pastorum Thecua. Theodotion retinendam censuit Hebræam vocem Nokedim, quæ pastorem significat, ad verbum, pungentem, vel hominem gregibus divitem, cui sunt greges plurimi, pecudum mercatorem. Chaldæus vertit: Amos, qui erat Dominus pecorum de Thecua. Eâdem significatione Mesa rex Moab appellatus est Noked, vel pastor, 4 Reg. 3, 4; et Cicero de rege Dejotaro ait : Ut non solum tetrarcha nobilis, sed diligentissimus agricola et pecuarius haberetur. Pastoritiam profiteri câ ætate illiberale non habebatur, præsertim inter Palæstinos, et in eâ potissimùm regionis illius parte, ubi sita erat Thecue, cujus ager nonnisi pascuis aptus erat,

(1) Legunt Nocarim, pro Nokedim. Posterior hæc vox optime significare potest hominem, qui ficus silvestres pungit, ut maturescant. Vide Amos 7, 14.

teste S. Hieronymo, qui locorum illorum naturam, tanquàm incola, nôrat (1).

In diebus Oziæ regis Juda, et in diebus JerobOAM FILII JOAS... ANTE DUOS ANNOS TERRÆMOTUS. Consule Præfationem. Utriusque hujus principis, Oziæ nempe

(1) VERBA AMOS. Inscriptio hæc et aliarum prophetiarum facta est non à prophetis, sed à senatu magno, qui prophetarum scripta colligebat, et prænotabat tempora. Ostendit hoc mentio terræmotûs.

IN PASTORIBUS. Tale illud Hesiodi de se:

Quà se Helicon subigit pascentem molliter agnos.
DE THECUE. Qui tractus sex millibus à Bethleemo
absitus, continuus est cum maximo deserto quod
Arabiam transit, ut notat hìc Hieronymus.

In diebus Osiæ REGIS JUDA. Qui Azarias scribitur in
Regum libris.

ET IN DIEBUS JEROBOAM, FILII JOAS REGIS ISRAEL, illius Jeroboami, cujus tempore et Osees vaticinatus fuit; et cujus historia 2 Regum 14, 23.

hoc

ANTE DUOS ANNOS TERRÆMOTUS. Eum terræmotum et Hebræi scriptores, et ter Hieronymus, id est, loco, ad 6 Isaix, et ad 4 Zachariæ, ait evenisse eo ipso tempore quo rex Osias, ob attentata munera sacerdotalia leprâ percussus est. Accedit Josephi auctoritas, Antiq. 9, 11: Interea ingens motus terram concussit, et scisso templo splendida lux solis emicuit, et in regis faciem incidit, ita ut statim eum invaderet lepra. Ante urbem verò ad eum locum qui Rima montis dicitur fracta est pars dimidia, quæ ad Occidentem erat, et volula per stadia quatuor ad orientalem montis partem constitit, ita ut et viæ obstruerentur et horti regis. (Grotius.)

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