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par un funefte poison.) Quel eft vostre merite? Répondés moy, vous qui eftes encore fous la conduite de Periclés?

Sans doute que l'efprit, la fageffe, la pru dence n'ont point attendu le nombre de vos années. Bien que vous ne foyés que dans la flur de la jeuneffe, vous fçavés neanmoins parler, ou vous taire fort à propos. Quand il faudra appaifer le peuple, qui s'échauffe ayfément, vous n'aurés qu'à paroiftre, & à luy commander de fe retirer. Il obeïra en vous voyant, & un figne de voftre main le remettra dans le devoir. Vous prononcerés fur tout ce qui fe prefentera. Cela n'eft point jufte, dirés vous, ou bien, c'eft une chofe déraisonnable, ou enfin, celle-cy feroit bien meilleure.

Car vous fçavés examiner les chofes, & les balancer également, pour en bien juger. Vous avés le difcernement jufte, lors-mefme que les affaires font embarraffées, & que la loy paroît oppofée à la raison, & à la Justice, enfin, il n'y a point de criminels, qui puiffent échaper à vos lumieres, & éviter leur codamnation,

Mais fi tout cela n'eft pas, c'eft en vain que vous pretendés ébloüir les yeux par l'éclat & la magnificence de vos habits. C'eft en vain que vous adouciffés le peuple par

vos careffes, pour obtenir fes fuffrages, avant que vous foyés en eftat de les meriter. En verité, c'eft une pure folie, & je ne fçay, fi tout l'hellebore des Anticyres la peut gue

rir.

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Car enfin à confiderer voftre conduite, que peut-on juger de vous; en quoy croyés -vous que confifte le vray bien? A vivre à fon ayle, à faire bonne - chere, à aymer le plaifir, à avoir un grand foin de foy-mefme. Ne vous fafchés pas fi je vous parle librement & fi je vous dis que vous eftes dans une erreur auffi grande, que cette vieille femme, que vous voyés paffer dans la ruë. Arreftés-vous un moment à luy parler, & aprés cela vous irés où il vous plaira.

Vous me parlés, comme fi vous ne me connoiffiés pas: N'eft - ce donc rien que d'eftre fils de Dinomache?

Ouy, vantés vous de voftre Nobleffe.

Que dites-vous de mon teint. N'est-il pas

beau?

Il eft vray qu'il n'y a rien de plus beau que vous Mais Baucis, qui crie dans les ruës, & qui vend fes herbes aux Esclaves, cette pauvre vieille, qui eft toute déchirée, n'a pas moins de lumiere, que vous fur le vray bonheur de la vie.

Curva fubit, vel cum fallit pede regula va

To:

Et potis es nigrum vitio prafigere theta.

Quin tu igitur fumma nequicquam pelle deco

rus

Ante diem blando caudam jactare popelle

Definis, Anticyras melior forbere meracas,

Qua tibi fumma boni est ? uneta vixisse pa

tella

Semper, & aßiduo curata cuticula fole?

Expecta: haud aliud refpondeat hac anu, I

nunc.

Dinomaches ego fum. fuffla. Sum candidu. E

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Hunc ais? hunc, Diis iratis, genioque finiStro:

Qui quandoque jugum pertufa ad compita figit,

Seriola veterem metuens deradere limum,

C'est une chose bien estrange qe personne ne pense à rentrer en foy-mefme. Non; perfonne ne fe connoift: Il arrive tous les jours que l'on voit le fac, que portent les autres fur leur dos, fans que l'on fente celuy dont on eft chargé.

Vous croyés peut. eftre vous moquer de l'avare Vectidius, qui poffede plus de terres dans le pays des Sabins, qu'un Milan n'en peut traverser en volant toute une journée. C'eft un homme, dites vous, qui n'eft pas né fous un heureux genie, & contre qui les Dieux font en colere. Car bien qu'il foit riche, il s'épargne les chofes les plus necessai

res.

Quand il faut celebrer la Fefte des Laboureurs, qui viennent expofer dans une Place publique les Inftruments de leur Agricultu re, ce n'est qu'avec peine qu'il découvre une bouteille; il tremble en ôtant la poix, dont elle est couverte depuis plufieurs annés. Il n'en donne à boire, & il ne boit luy mefme à la fanté des autres, qu'en ge, miffant. 11 fe contente d'un oignon, qu'il n'ofe peler, de peur d'y perdre quelque chofe. Ses Efclaves font trop heureux davoir un peu de bouillie, où le fon ett mêlé avec la farine. Pour luy, il ne le plaint

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