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franchy de Claude furpaffa de beaucoup toute la magnificence du Capitole. Cetronius done, fe faifant tant de belles maifons, diminua ce qu'il avoit, & perdit beaucoup de richesses. Il luy en reftoit encore neanmoins une affés bonne mefure: Mais fon fils acheva par fa folie de la perdre toute entiere, entreprenant de nouveaux bâtimens, & faifant venir avec de nouvelles dépenfes de plus beau marbre. Quelques uns qui voyent que leurs peres ont beaucoup de refpect pour le Septiéme jour de la femaine, méprifent les autres Dieux, & n'adorent que celuy du Ciel. Ils ne font pas . de difference entre la chair de porc, dont leur pere s'abftient, & celle de l'homme. Ils obfervent la Circoncifion, & ne faifant aucun cas des Loix Romaines, ils apprennent le Judaïsme, & obeïffent à tout ce que Moyfe a or donné dans fes Livres fecrets. Ils n'enseigneroient pas le chemin à ceux qui n'obfervent les mefmes ceremonies; ils ne meinent aux fontaines, que les Circoncis, quand les autres devroient perir de foif

pas

Quelle eft la caufe d'une fi grande fuperftition? L'exemple de leurs peres, qui pendant les Septiémes jours, ont esté dans une fi grande oyfiveté, qu'ils n'auroient pas voulu s'employer aux chofes les plus neceffaires à la vie.

Il eft vray que la Jeuneffe imite fans contrainte tous les autres vices, & qu'il n'y a que

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l'avarice, pour laquelle elle n'a pas un fi grand penchant. Mais comme elle a l apparence de la vertu, qu'elle en a le vifage, les habits, & les manicres, on y eft trompé Car enfin, on ne fait point de difficulté de faire paffer un. avare, pour un homme fage, qui a de la conduite, & qui veille à la confervation de fon bien, qui eft plus en feureté entre fes mains, que s'il eftoit gardé par le dragon des Hefperides, ou de Colchos.

De plus cet avare, dont je parle, est estimé du peuple, comme un homme incomparable, qui a fait luy mefme fa fortune. Car enfin, les grands patrimoines font les ouvrages de ces fortes de Vulcains, qui dans une forge toûjours brûlante ont inceffamment le marteau à la main, pour battre fur l'enclume, & qui n'épargnent point leur peine, pour fe faire des richeffes, par quelque moyenque ce foit. Ainfi lorfqu'un pere croit qu'il n'y a du bonheur au monde, que pour les avares; lorfqu'il admire la puiffance des riches; quand il ne peut croire qu'il y ayt eu jamais aucun pauvre, heureux, il exhorte fes enfans à fuivre fon exemple, & à s'attacher fortement à faire comme luy.

Il y a dans les vices, comme dans les fciences, de certains principes, par lefquels on doit commencer: D'abord il leur donne ces premieres leçons. Il leur fait apprendre cer

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Inviti

quoque avaritiam exercere iubentur. Fallis enim vitium specie virtutis & umbrâ:

Cum fit trifte habitu, vultuque & veste feverum: Nec dubie tanquam frugi laudatur avarus, Tanquam parcus homo,& rerum tutelafuarum Certa magis, quam fi fortunas fervet eafdem Hefperidum ferpens, aut Ponticus adde quod

hunc de

Quo loquor, egregium populus putat, atque verendum

Artificem, quippe his crefcunt patrimonia fabris: Sed crefcunt quocunq; modo, maiora que fiunt Incude affidua femperque ardente camino.

Er pater ergo animi felices credit avaros,

Qui miratur opes, qui nulla exempla beati
Pauperis effe putat; invenes hortatur, ut illam
Ire viam pergant, & eidem incumbere fecta.

Sunt quadam vitiorum elementa, kis protinus

illos

Imbuit, & cogit minimas edifcere fordes:
Mox acquirendi docet insatiabile votum :
Servorum ventres modico caftigat iniquo

Ipfe quoque efuriens neque enim omnia sustinet

unquam

Mucida coeruleipanis confumere frufta,
Hefternum folitus medio fervare minutal
Septembri, nec non differre in tempora cœna
Alterius, conchem aftivam cum parte lacert
Signatam, vel dimidio, putrique filaro
Filaque fectivi numerata includere porri.
Invitatus ad hac aliquis de ponte negabit.

Sed quo divitias hæc per tormenta coactas, Cum furor haud dubius, cum fit manifefta phrenefis,

Vt locuples moriaris egenti vivere fato?

Interea pleno cum turget facculus ore,

Crescit amor nummi, quantum ipsa pecunia

crefcit.

Et minus hanc optat, qui non habet, ergo paź

ratur

Altera villa tibi, cum rus non sufficit unum,
Et proferre libet fines, maiorque videtur,

taines

taines petites épargnes. Enfuite il leur montre que l'on doit avoir un defir infatiable de gagner toûjours. Il châtie le ventre de ses Efclaves par une fauffe mefure; & il accoûtume le fien à la faim. Car il n'ofe manger tous les morceaux d'un pain déja tout fec. Il s'en é pargne quelques-uns, & réferve pendant les plus grandes chaleurs quelques reftes de viande, pour en fouper le lendemain.

Il enferme jufques à des feves, & quelques fardines pourries, avec des poireaux, dont il a compté toutes les feuilles. En un mot,un miferable ne quitteroit pas le pont où il demande l'aumofne, pour venir au feftin de cet a

vare.

Mais que fervent les richeles, qu'il amasse avec tant de peine : Eft-ce pas une folic manifeste, une phrenesie évidente de vivre dans toutes les incommodités de la derniere pauvreté, pour laiffer de grandes richeffes en mou

rant?

Bien que les facs foient pleins jufques aux bords, un avare n'eft jamais content, & plus il a de bien, plus il en defire: Ceux qui n'en ont point ont moins de defirs que luy. Une feule terre ne luy fuffit pas; il faut qu'il en ait plufieurs, ou du moins qu'il augmente celle qu'il a. Si la moisson de fon voihin eft plus belle, il veut l'achepter avec les bois, qui dépendent de fa terre, & avec tous les oliviers, qui couTome II.

F

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