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jeune fille, & que Vulcain n'efluyoit point fes bras noircis de la fumée de fa forge, pour en boire. Dans ces premiers temps chaque Dieu difnoit chés foy ; & d'ailleurs il n'y en avoit pas une fi grande troupe, qu'aujourd'huy. Les aftres eftoient contens d'en avoir quelques-uns, & comme le nombre en eftoit petit, ils n'accabloient pas de leur foule le miferable Athlas: Perfonne n'avoit encore le trifte Empire des Abysmes. Pluton & Proferpine ne regnoient point aux enfers. Il n'y avoit ny roues, ny furies, ny rochers, ny vautour. Les ombres n'avoient point de Roys, &e. ftoient heureuses.

C'eft en ce temps-là que l'injuftice euft paru quelque chofe d'eftonnant. Ils croyoient qu'un jeune homme auroit commis le plus grand de tous les crimes, s'il n'avoit pas honoré fon ancien, quand il auroit eu chés luy plus de gland. Il n'y avoit point d'enfant, qui ne fuft obligé de ceder à celuy qui avoit de la barbe, tant l'avantage de quatre ou cinq années eftoit eftimé, le premier poil eftant auffi Venerable à l'égard de ceux qui n'en avoient point, que la vieilleffe l'eftoit aux jeunes gens.

Mais aujourd'huy, fi un ami ne dénie pas un dépoft; fi à la premiere demande, il rend le fac, & la mefme monnoye couverte de pouffiere & de rouille, c'est un prodige de fidcli

Brachia Vulcanus Lipare â nigra tabernâ. Prandebat fibi quifque Deus,nec turba Deorum Talis ut eft hodie, contentaque fidera paucis Numinibus,miferum urgebant Atlanta minori Pondere:nondum aliquis fortitus trifte profundi Imperium, aut Sicula torvus cum conjuge Plu

ton.

Nec rota, nec furia, nec faxum, aut vulturis

atri

Pœna. fed infernis hilares fine Regibus umbre.
Improbitas illo fuit admirabilis ævo.
Credebant hoc grande nefas, & morte pian-
dum

Si juvenis vetulo non affurrexerat, & fi
Barbato cuicunque puer, licet ipfe videret.
Plura domi fraga, & majoris glandis acervos.
Tam venerabile erat præcedere quatuor annis,
Primaque par adeo facræ lanugo fenecta.
Nunc fi depofitum non inficieturamicus,
Si reddat veterem cum tota arugine follem,
Prodigiofa fides, & Thufcis digna libellis,

Quaque coronat á luftrari debeat agnâ.

Egregium fanitumque virum fi cerno, bimem.

bri

Hoc monftrum puero, vel mirandis fub aratro Pifcibus inventis, & fœta comparo mula, Sollicitus, tanquam lapides effuderit imber; Examenque apium longa confederit uva Culmine delubri, tanquam in mare fluxerit am

nis

Gurgitibus miris,& lactis vortice torrens.
Intercepta decem quereris feftertia fraude
Sacrilega. quid fibis centum perdidit alter
Hoc arcana modo? majorem tertius illa
Summam, quam patula vix ceperat angulus ar-

ca?

Tam facile & pronum eft,fuperos contemnere

teftes,

Simortalis idem nemo fciat afpice quanta
Voce neget, quæ fit ficti conftantia vultus.
Per Solis radios, Tarpejaque fulm inajurat,
It Marli frameam, & Cirrhai spicula varis,

té, qui merite d'eftre mis dans le livre des merveilles par les Sacrificateurs d'Etrurie. C'est un miracle, qui merite le Sacrifice d'une Brebis couronnée de fleurs.

Lorsque je rencontre un homme fans deffaut, je ne puis pas moins furpris, que fi je voyois quelque monftre; ou fi j'entendois dire que l'on a trouvé des poiffons fous le foc des charrues, ou qu'une mule eft pleine. Je fuis auffi eftonné que s'il y avoit eu une pluye de pierre, que fi un effaim d'abbeilles s'eftoit attaché au fefte de quelque Temple en forme de raifin, ou fi quelque riviere changeoit en un inftant de couleur, & rouloit dans la mer des ondes de fang, ou de laict.

Vous vous plaignés, de ce que par une tromperie horrible on yous retient dix fefterces. Mais que dites-vous de deux cent qu'on a volés à un autre, qui comme vous les avoit commifes à la bonne foy d'un amy. Que dites-vous d'un troifiéme, qui a perdu une bien plus grande fomme, qui avoit entré avec peine dans un grand coffre. Tant il eft vray qu'il eft aylé de mépriser le témoignage des Dieux, lorfque l'on ne craint point celuy des hommes. Ecoutez, avec quelle impudence il nie voftre dépoft. Voyez quelle fauffe affeurance il fait paroiftre fur fon vifage. Il jure par les rayons du foleil, par les foudres de Jupiter, par la lance de Mars, par les fléches d'A

pollon, par le carquois & les dards de Diane, par le Trident de Neptune. Il ajoûtera encore, fi vous voulés l'entendre, la maffue d'Hercule, la pique de Minerve, & toutes les armes de l'Arfenal des Dieux. Et pour obtenir plus de creance, il dira encore, que je puiffe manger, comme un autre Thyefte, la tefte de mon fils unique dans du vin-aigre d'Egipte.

Il y en a qui font dépendre de la fortune tout cet Univers qui croyent qu'il n'y a perfonne, qui regle l'ordre,qui eft dans le monde, que les differents changemens, qui arrivent, & les revolutions du jour & de la nuit, des faifons & des années, font des effets de la difpofition naturelle des chofes; & dans ces vaines pensées, il n'y a point d'Autels, ou de Temples, qu'ils craignent de violer par leurs faux

ferments.

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Il y en a d'autres, qui craignent que la punition ne fuive leur crime. Ils croyent qu'effectivement il y a des Dieux; mais ils ne laiffent pas de commettre un parjure. Car voicy ce qu'ils penfent. Qu'lfis ordonne de moy ce qu'il luy plaira; qu'elle frappe mes yeux de fes cymbales, pourveu que le dépoft, que dénie foit à moy. Un peu de langueur, quelque abfés, une playe à la cuiffe, ne font pas de fi grandes peines, que celle de n'avoir rien. Qu'importeroit-il à Ladas, d'avoir la goûte, s'il eftoit riche, comme les gouteux, pourveu

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