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de tous les hommes, qu'il suppose pouvoir se tromper; l'hérétique, en s'établissant juge de tous les dogmes *, préfère son jugement au jugement de toute l'Église, qu'il suppose pouvoir errer.

Rien de plus inconstant et de plus opposé que les opinions des philosophes; rien de plus variable et de plus divers que les doctrines des hérétiques.

L'hérétique s'appuie sur l'Écriture, comme le philosophe sur la raison: mais, de même que le philosophe ne veut pas recevoir sa raison de la société, du genre humain, y croire sur son témoignage, et la soumettre à son autorité; ainsi l'hérétique ne veut pas recevoir l'Écriture des mains de l'Église, y

⭑ L'hérétique dira peut-être qu'il ne juge point les dogmes en eux-mêmes ; je le crois bien : il ne juge point les dogmes qu'il reconnoît, il ne met point en doute ce qu'il admet pendant qu'il l'admet; mais il juge si tel ou tel point de la doctrine universelle est véritablement un dogme. Le philosophe ne juge pas non plus, dans le même sens, la vérité en elle-même, mais il juge si telle ou telle notion, telle ou telle croyance, est une vérité, et ne met point en doute ce qui lui paroit vrai, pendant qu'il lui paroít vrai.

croire sur son témoignage, et en soumettre l'interprétation à son autorité.

Le philosophe cherche les preuves de sa raison dans sa raison, et l'hérétique cherche les preuves de l'Écriture dans l'Ecriture

même.

Le philosophe qui rejette l'autorité de la raison humaine ou du genre humain ne peut prouver sa propre raison; l'hérétique qui rejette l'autorité de la tradition ou de l'Église ne peut prouver l'Écriture.

La seule autorité du philosophe est sa raison: la scule autorité de l'hérétique est l'Écriture interprétée par la raison 1.

De là, deux règles corrélatives pour le philosophe et pour l'hérétique.

Première règle du philosophe : La raison ne doit croire que ce qui est clair et distinct. Première règle de l'hérétique: L'Écriture, pour obliger, doit être claire.

Ce principe de l'hérétique et les deux suivans sont donnés par Bossuet comme des conséquences nécessaires du protestantisme, ce que ni Jurieu ni aucun autre ministre ne contesta. VIe Avertiss. aux Prot. IIIe part.› n. 17 et suiv.

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Seconde règle du philosophe : Quand la raison générale des hommes, ou le sens commun, paroît attester des choses incompréhensibles, et où la raison particulière ne peut atteindre, il faut ramener la raison générale au sens dont la raison particulière peut s'accommoder, quoiqu'on semble faire violence

au sens commun.

Seconde règle de l'hérétique: Où l'Ecriture paroil enseigner des choses inintelligibles, et où la raison ne peut atteindre, il la faut ramener au sens dont la raison peu s'accommoder, quoiqu'on semble faire violence

au texle.

Enfin l'hérétique qui est conséquent finit par douter de l'Écriture; et le philosophe qui est conséquent finit par douter de la raison.

Principes, conséquences, tout est donc commun entre le philosophe et l'hérétique; jamais il n'exista d'identité plus parfaite, et leur méthode consiste à se réserver toujours le droit de nier. Montrons maintenant comment celle que nous exposons dans l'Essai s'accorde sur tous les points avec la méthode catholique.

CHAPITRE XVI.

Conformité de la méthode exposée dans l'Essai avec la méthode catholique.

Pour abréger, nous appellerons celui qui règle ses croyances et sa conduite sur les principes exposés dans l'Essai, nous l'appellerons, dis-je, simplement l'homme; et en effet, l'homme ne subsiste que dans la société et par la société universelle du genre humain et nous appellerons le catholique simplement chrétien, parce qu'en effet on n'est chrétien que dans la société et par la société universelle ou catholique des chrétiens.

L'homme croit à l'autorité infaillible du genre humain, comme le chrétien croit à l'autorité infaillible de l'Église.

L'homme reconnoît qu'il peut se tromper dans les choses mêmes qui lui paroissent les plus claires et les plus évidentes, et qu'il se trompe effectivement, si sa raison particulière

est en opposition avec la raison du genre humain. Le chrétien reconnoît qu'il peut se tromper dans les choses mêmes qui lui paroissent les plus claires et les plus évidentes et qu'il se trompe effectivement, si sa raison particulière est en opposition avec les jugemens de l'Église.

Ce que le genre humain atteste être vrai, l'homme le croit, qu'il le comprenne ou non. Ce que l'Église atteste être vrai, le chrétien le croit, qu'il le comprenne ou non.

Ce que le genre humain atteste être faux, l'homme le rejette, quand même il ne concevroit pas comment il peut être faux. Ce que l'Église atteste être faux, le chrétien le rejette, quand même il ne concevroit pas comment il peut être faux.

Il y a des vérités générales unanimement attestées dans tous les siècles que l'homme admet sur le témoignage du genre humain. Il y a des vérités générales unanimement attestées dans tous les siècles que le chrétien admet sur le témoignage de l'Église.

Il y a des vérités moins générales, des lois, des faits, que l'homme admet sur un témoignage non universel, soit quant aux temps,

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