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« foi au témoignage de Dieu est la certitude du genre << humain '».

Comme personne n'a critiqué, que tout le monde, au contraire, a admiré les chapitres XIV et xv d'où j'ai tiré ces développemens de la doctrine de M. de la Mennais, je vous engage à les y lire vous-mêmes plus au long.

Je n'ajouterai plus qu'une remarque pour la consolation de certaines gens, qui, à ce qu'on assure, sont presque scandalisés de ce que M. de la Mennais soit le seul ou le premier qui ait découvert l'unique moyen de certitude; car je crois pouvoir les assurer qu'il n'est ni le seul ni le premier, et que long-temps avant lui un auteur bien célèbre a professé dans ses écrits et suivi dans sa conduite les mêmes principes. En effet, saint Augustin a fait un livre De l'utilité de croire, qu'il aurait pu intituler aussi bien De la nécessité de croire, dans lequel il établit les mêmes vérités et dans le même ordre que M. de la Mennais dans son deuxième volume : l'insuffisance de la raison, la nécessité de la foi, et sa certitude.

« Rien n'est plus facile, commence-t-il par dire à son ami Honoratus, non seulement de dire, mais encore de vous faire accroire qu'on a trouvé la vérité, tandis que c'est réellement une chose très difficile, comme j'espère vous le montrer par cet écrit. Vous savez, continue-t-il, que seule cause qui m'éloigna de la foi catholique, comme d'une superstition, et nous fit donner tous deux dans le parti des manichéens, c'étoient les pompeuses promesses

la

Essai, t. II, pag. 88 et 89.

et de

qu'ils nous faisoient de nous garantir de toute erreur, nous conduire à la vérité par la raison seule, sans nous imposer le joug effrayant de l'autorité. Mais, après les avoir écoutés avec beaucoup d'attention pendant neuf ans, je reconnus qu'ils étoient plus éloquens à disserter, chose facile, sur les erreurs de quelques catholiques ignorans, que capables d'établir eux-mêmes aucune vérité. Cela est si vrai que, quand, au milieu de leurs déclamations contre les catholiques, ils avançoient quelque principe de leur secte nous nous persuadions que, faute de mieux, il fallait, par nécessité, nous en tenir là 1».

Il ajoute « qu'après avoir désespéré quelquefois avec les académiciens de jamais trouver cette vérité, objet de tous ses desirs, il y avoit été ramené par la FOI, en faisant réflexion que l'intelligence de l'homme étoit trop pénétrante et trop active pour être condamnée à l'ignorer toujours; que, si elle n'y parvenoit point, c'étoit faute d'un moyen sûr, et enfin que, pour être certain, ce moyen devoit se fonder sur une autorité divine 2 ».

2

Et, pour le prouver, il suit la même marche que M. de la Mennais; il montre que les plus forts liens qui unissent les hommes entre eux, la piété filiale, la parenté, l'amitié, en un mot la société entière, se fondent sur la foi au témoignage, et que, si on ne vouloit croire que ce que la raison comprend, il n'y auroit plus de société possible 3.

1

Opera sancti Augustini, t. VIII, pag. 45, 46 et 47; edit. benedict.

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De là il conclut que la société des hommes, le genre hu main, reposant tout entier sur la foi humaine, il étoit convenable et naturel que la société des chrétiens, l'Église, reposât sur la foi divine, et finalement que la foi étoit la seule voie sûre. « Car, dit-il', quelque esprit que nous ayons, si Dieu ne nous aide, nous rampons à terre; et Dieu ne nous aidera qu'autant qu'en cherchant la vérité suprême nous ne nous isolerons point de la société des autres hommes: Cujusmodi enim libet excellant ingenia, nisi Deus adsit, humi repunt. Tunc autem adest, si societatis humanæ in Deum tendentibus cura sit. Voilà, conclut-il, le moyen le plus sûr qui puisse se trouver. Pour moi je ne puis résister à ces raisons; car comment pourrois-je dire qu'il ne faut croire que ce que l'on comprend, puisqu'il n'y auroit aucune amitié ni aucun lien de parenté, si on ne croyoit certaines choses qui ne peuvent être démontrées par la raison »?

Il est vrai qu'il dit dans le même livre : Quod intelligimus, debemus rationi; quod credimus, auctoritati : c'est-à-dire, ce que nous comprenons, nous le devons à la raison; ce que nous croyons, à l'autorité. Mais il ajoute aussitôt que celui-là même qui comprend ne laisse pas de croire, comme les bienheureux qui croient à la vérité elle-même ; tandis que ceux qui l'aiment et la cherchent ici-bas croient à l'autorité : Invenimus primum beatorum "genus ipsi veritati credere; secundum autem studiosorum amatorumque veritatis, auctoritati.

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Opera sancti Augustini, 1. vIII, pag. 60 et 61.

LETTRE

A M. LE RÉDACTEUR DU DÉFENSEUR.

MONSIEUR,

Ayant lu dans un des numéros du Défenseur que vous vouliez bien accueillir tout ce qui peut tendre à éclaircir les difficultés que l'on fait de toutes parts contre le deuxième volume de M. de la Mennais, je prends la liberté de vous envoyer aussi le résultat de mes réflexions sur cet ouvrage. Le déchaînement contre M. de la Mennais a été poussé à un tel point, que j'ai entendu dire que, si sa doctrine venoit à prévaloir, c'en étoit fait de la religion, de la société, et que le monde moral tomberoit infailliblement dans le chaos. On est allé même jusqu'à vouloir défendre la lecture de son livre aux jeunes gens. Ce qu'il y a de plus déplorable, c'est qu'on a entendu pousser ces cris, non seulement par des hommes que leur impiété bien connue trahit suffisamment, mais encore, chose éton

nante, par des hommes bien pensans, droits, et qui d'ailleurs ne manquent ni de connoissances ni d'esprit, et qui font profession de défendre la religion. C'est à ces derniers seulement qu'il faut s'adresser ; ils n'ont besoin que d'être éclairés sur le véritable sens de M. de la Mennais. Une fois

détrompés, ils reviendront facilement de leurs préventions, et finiront par rendre justice à un ouvrage dont les principes ne pourroient être universellement méconnus, sans que la religion et la société tout entière ne fussent ébranlées jusque dans leurs fondemens.

J'ai cru, monsieur, qu'une analyse courte, simple et toute nue, pour ainsi dire, du premier chapitre, seroit le moyen le plus propre pour en faciliter l'intelligence, ainsi que du reste de l'ouvrage. M. de la Mennais, dans son premier volume, a poussé les ennemis de l'autorité, quels qu'ils soient, jusqu'à l'athéisme. C'est là qu'il les saisit dans son premier chapitre du deuxième volume, et les presse avec tant de vigueur qu'il les réduit à expirer dans le vide, ou à consentir enfin à vivre de foi. La force de leurs principes les contraint à douter de tout, à douter d'eux-mêmes ; dernier excès où finit la raison humaine, comme l'a dit M. de Bonald.

Celui qui ne veut rien croire que d'après sa raison particulière, pour être conséquent, ne doit rien admettre sans une démonstration ou une preuve qui lui donne une certitude vraiment rationnelle. Or, il sera à jamais impossible à l'homme isolé, abandonné à sa raison particulière, ou à l'athée, de parvenir à cette certitude rationnelle. Il ne pourroit l'acquérir que par ses sens, le sentiment et le raisonnement. Vains efforts! Je somme d'abord l'athée de me prouver, par sa raison, qu'il existe un rapport nécessaire entre ses sensations et la réalité des objets extérieurs ; je lui demande une preuve purement rationnelle de l'existence des corps, et le voilà réduit aussitôt à l'impuissance d'articuler un seul mot; le voilà

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