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<< veraine puissance d'un dieu se présente à << ma pensée, je suis contraint d'avouer qu'il << lui est facile, s'il le veut, de faire en sorte « que je m'abuse, même dans les choses que « je crois connoître avec une évidence très « grande...... Et certes, puisque je n'ai au<«< cune raison de croire qu'il y ait quelque « dieu qui soit trompeur, et même que je n'ai << pas encore considéré celles qui prouvent

qu'il y a un Dieu, la raison de douter qui «<< dépend seulement de cette opinion est bien « légère, et pour ainsi dire métaphysique. << Mais, afin de la pouvoir tout-à-fait ôter, je « dois examiner s'il y a un Dieu, sitôt que, <«< l'occasion s'en présentera; et si je trouve <«<< qu'il y en ait un, je dois aussi examiner « s'il peut être trompeur; car, sans la con« noissance de ces deux vérités, je ne vois « pas que je puisse jamais étre certain d'au« cune chose 1. »

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› Ibid., pag. 25-27. Descartes fait ailleurs le même aveu; il convient qu'à moins d'être assuré que Dieu existe, et qu'il ne peut vouloir nous tromper, nous ne saurions être certains de la vérité des choses que nous

Ainsi me voilà replongé dans ma première incertitude; je ne puis rien affirmer absolument, pas même ma propre existence. Quand je prononce ce jugement, «j'existe », il n'y a rien qui m'assure de sa vérité que la claire et distincte perception de ce que je dis. La vérité de mon jugement dépend donc de celle de ce principe: Tout ce que je perçois clairement et distinctement est vrai. Et la vérité de ce principe même est douteuse, jusqu'à ce que je sois certain que Dieu existe, et qu'il

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percevons le plus clairement et le plus distinctement. Voici ses paroles: « La faculté de connoître que Dieu « nous a donnée, que nous appelons lumière naturelle, n'aperçoit jamais aucun objet qui ne soit vrai en ce « qu'elle l'aperçoit, c'est-à-dire, en ce qu'elle connoît « clairement et distinctement; par ce que nous aurions sujet de croire que Dieu seroit trompeur, s'il nous l'avoit « donnée telle, , que nous prissions le faux pour le vrai, « lorsque nous en usons bien. Et cette considération « seule nous doit délivrer de ce doute hyperbolique où « nous avons été, pendant que nous ne savions pas en« core si celui qui nous a créés avoit pris plaisir à nous « faire tels, que nous fussions trompés en toutes les choses qui nous semblent très claires ». (Les Principes de la Philosophie, n. 30, pag. 24.)

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ne peut vouloir me tromper. Mais comment, selon Descartes, serai-je assuré que Dieu est ? Parce que l'idée de Dieu est la plus claire et la plus distincte de toutes celles qui sont en mon esprit. Ainsi, d'un côté, si Dieu n'est pas, mes perceptions les plus claires et les plus distinctes pourroient me tromper; et, d'un autre côté, Dieu est, parce que, s'il n'étoit pas, mes perceptions claires et distinctes me tromperoient. L'existence de Dieu prouve la vérité de mes perceptions claires et distinctes, et mes perceptions claires et distinctes prouvent l'existence de Dieu. Estce assez abuser du raisonnement? Est-ce assez avouer son impuissance? Un des plus. grands esprits qui aient paru dans le monde entreprend de s'assurer de la vérité par ses seules forces, et il ne peut pas même se prouver qu'il est. Le doute l'investit de toute part. S'il nie, s'il affirme quelque chose; que disje? s'il ouvre la bouche, s'il parle, ce n'est que par une contradiction manifeste avec ses principes. Et cependant (ô foiblesse de la raison humaine!) cette philosophie s'établira, et ce

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ne sera pas la philosophie des sceptiques, mais des croyans; et l'école en fera la base de son enseignement, et les chrétiens la défendront; ils la défendront dans le siècle du doute, même après que l'expérience leur en a montré les effets! Quelle contradiction plus étrange! Mais quoi depuis cent cinquante ans, quelques hommes disent à quelques autres hommes: Voilà la vraie doctrine, croyez-y. Et la philosophie du raisonnement se perpétue par l'autorité, malgré la raison.

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CHAPITRE IV.

Malebranche.

Descartes, en renversant la philosophie depuis long-temps enseignée dans l'école, imprima un grand mouvement aux esprits. Ils cherchèrent à s'ouvrir de nouvelles routes, et il est à remarquer que pas un seul homme véritablement supérieur n'adopta pleinement les idées que l'auteur des Méditations essaya de substituer à celles d'Aristote. Ils sentoient que son système laissoit dans la raison un vide immense, et ils tentèrent vainement de le combler, parce que, partant toujours du même principe que Descartes, et ne considérant, comme lui, que l'homme isolé, ils ne purent, malgré leurs efforts, trouver un solide fondement de certitude.

Le plus illustre de ses disciples, Malebranche, aperçut une vérité très féconde et très importante, c'est que l'intelligence humaine

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