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Tantôt leurs pieds légers, sur de rians gazons,
Bondissent en cadence au doux bruit des chansons.
D'autres touchent la lyre ; à leur tête est Orphée,
Tel qu'il charma jadis les sommets du Riphée :
Son luth harmonieux, qu'accompagne sa voix,
Ou frémit sous l'archet, ou parle sous ses doigts:
L'œil suit les plis mouvans de sa robe flottante,
L'oreille est suspendue à sa lyre touchante,
Et, sur sept fils divins où résonnent sept tons,
Son doigt léger parcourt l'intervalle des sons.
Là brillent réunis, dans des scènes champêtres,
Les héros des Troyens, leurs princes, leurs ancêtres ;
Tous, conservant les goûts dont ils furent épris,
Dans ce séjour de paix offrent aux yeux surpris
Des ombres retraçant les scènes de la guerre :
Ici, des javelots enfoncés dans la terre;

Là, des coursiers sur l'herbe errant paisiblement,
Des armes et des chars le noble amusement,
Ont suivi ces guerriers sur cet heureux rivage,
Et de la vie encore ils embrassent l'image.
Du tranquille bonheur qui règne dans ces lieux
Une scène plus douce attire encor ses yeux.

Quique sui memores alios fecere merendo:
Omnibus his niveâ cinguntur tempora vittâ.
Quos circumfusos sic est affata Sibylla;
Musæum ante omnes, medium nam plurima turba
Hunc habet, atque humeris exstantem suspicit altis :
Dicite, felices animæ, tuque, optime vates;
Quæ regio Anchisen, quis habet locus? illius ergo
Venimus, et magnos Erebi tranavimus amnes.
Atque huic responsum paucis ita reddidit heros :
Nulli certa domus; lucis habitamus opacis,
Riparumque toros et prata recentia rivis
Incolimus: sed vos, si fert ita corde voluntas,
Hoc superate jugum ; et facili jam tramite sistam.
Dixit, et antè tulit gressum, camposque nitentes
Desuper ostentat : dehinc summa cacumina linquunt.

Plusieurs, couchés en paix sur l'épaisseur des herbes,
Où l'Éridan diviu roule ses eaux superbes,

Sous l'ombrage odorant des lauriers toujours verts,
Joignent leur douce voix au doux charme des vers.
Là, règnent les vertus; là, sont ces cœurs sublimes,
Héros de la patrie ou ses nobles victimes;
Les prêtres qui n'ont point profané les autels;
Ceux dont les chants divins instruisoient les mortels;
Ceux dont l'humanité n'a point pleuré la gloire ;
Ceux qui, par des bienfaits, vivent dans la mémoire ;
Et ceux qui, de nos arts utiles inventeurs,
Ont défriché la vie, et cultivé les mœurs.

De festons d'un blanc pur leurs têtes se couronnent;
Avec eux est Musée, en cercle ils l'environnent;
Il les domine tous d'un front majestueux.
La Sibylle l'aborde : « O chantre vertueux,
» Qui charma les humains, la terre et l'Élysée!
» De grâce, apprenez-moi, vénérable Musée,
» Où d'Anchise est fixé le paisible séjour ?
» C'est pour lui qu'exilés de l'empire du jour
» Nous avons des enfers franchi les rives sombres.

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- Nul espace marqué a'enferme ici les ombres,

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At pater Anchises penitùs convalle virenti Inclusas animas, superumque ad lumen ituras, Lustrabat studio recolens; omnemque suorum Fortè recensebat numerum, carosque nepotes, Fataque, fortunasque virûm, moresque, manusque. Isque ubi tendentem adversum per gramina vidit Enean, alacris palmas utrasque tetendit; Effusæque genis lacrymæ ; et vox excidit ore: Venisti tandem, tuaque spectata parenti Vicit iter durum pietas! datur ora tueri, Nate, tua, et notas audire et reddere voces! Sic equidem ducebam animo rebarque futurum, Tempora dinumerans; nec me mea cura fefellit. Quas ego te terras et quanta per æquora veclum Accipio! quantis jactatum, nate, periclis!

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» Dit le vieillard; le sort abandonne à leur choix >> Ces côteaux enchantés, ces ruisseaux et ces bois. » Mais suivez-moi, venez; sur ce côteau tranquille » Je conduirai vos pas; le chemin est facile. » Après avoir de loin contemplé ces beaux lieux Dont Anchise fouloit les prés délicieux, Ils descendent: Anchise, au fond de ces bocages, De ses neveux futurs contemploit les images; D'un regard paternel il fixoit tour à tour

Ce peuple de héros qui doivent naître un jour; Il remarquoit déjà les mœurs, les caractères, Les vertus, les exploits des enfans et des pères. Son fils sur les gazons vers lui marche à grands pas. Anchise plein de joie, accourt, lui tend les bras; Et, l'œil baigné de pleurs, d'une voix défaillante, «Te voilà donc ! dit-il; ta tendresse constante » A donc tout surmonté ! je puis donc, ô mon fils! » Ouïr ta douce voix, fixer tes traits chéris! » Hélas! en t'espérant dans ces belles demeures, » Mon amour mesuroit et les jours et les heures, » Il ne m'a point trompé. Mais que de maux divers, » O mon fils! t'ont suivi sar la terre et les mers!

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