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qui lui serve de base ou de sujet d'adhésion; c'est pourquoi on n'accorde au mode qu'une existence secondaire, précaire, et dépendante de la substance corrélative à laquelle on attribue le privilége d'exister par soi-même. Existit per se.

Mais avant tout, il faut prendre garde que le désir de paraître subtil ne nous fasse donner dans un écueil que n'ont pas toujours évité les métaphysiciens. Si, après avoir séparé par la pensée ce que la nature a uni par son action, nous dissertons sur nos propres abstractions, comme si elles étaient des réalités absolues, c'est leur attribuer une consistance extérieure, que l'esprit ne peut donner à ses conceptions.

1o. Aucune substance ne saurait exister sans une manière d'être quelconque.

2o. Aucune substance ne peut nous être connue qu'à la suite des manières d'être ou d'agir qui nous affectent.

3o. Toute manière d'être ou d'agir suppose nécessairement, révèle ou démontre une substance.

Voilà de vieux axiomes dont on ne connaît ni les inventeurs, ni même les premiers promulgateurs, et qui toutefois contiennent et énoncent clairement tout ce que quelques philosophes modernes ont confusément enveloppé dans les mots loi des substances, l'absolu.

Un esprit qui ne concevrait pas, ou qui révoquerait en doute les énoncés de la vieille école,

ne pourrait être ni éclairé ni convaincu, soit parce que l'école écossaise a écrit sur la loi des substances, soit par les gros volumes que l'école allemande a composés sur l'absolu.

Contentons-nous donc d'étudier les substances en y cherchant tout ce que nous pouvons trouver par l'observation et la méditation de leurs qualités ou de leurs effets sensibles.

. Il est inutile et insensé de vouloir franchir les limites que la nature a fixées à l'esprit humain, ou de vouloir changer les moyens d'instruction qu'elle nous a fournis.

Corollaire. - Puisque les substances ne peuvent être, pour nous, connues et déterminées que par leurs propriétés ou leurs effets sensibles, il s'ensuit que la distribution des substances en plusieurs classes doit être fondée sur la diversité que l'observateur découvre dans les modifications ou les opérations particulières propres et distinctives des substances.

15°. Qualités des substances. —Elles se divisent comme les modes; il y a des qualités essentielles, il y en a d'accidentelles, il y en a de génériques, il y en a de spécifiques, il y en a d'individuelles.

Les qualités essentielles des choses sont les aptitudes, les manières d'être et d'agir, qu'elles ne peuvent perdre sans cesser d'exister. Exemple : Dans l'homme, la faculté de sentir, de penser, de comparer, de juger, de choisir, etc.

Dans Dieu, l'éternité, la sagesse, la toute-puissance, etc.

Dans la matière, les dimensions de longueur, de largeur, d'épaisseur, etc.

Qualités accidentelles. On nomme ainsi les aptitudes, les manières d'être et d'agir que les substances ont dans un temps, et qu'elles n'ont pas dans un autre, ou qu'elles ont toujours, mais qu'elles pourraient perdre sans cesser d'exister. Exemple: Pour celles qui sont passagères, la blancheur d'un mur, la sérénité du temps, la santé dont nous jouissons, etc. Exemple : Pour celles qui sont permanentes, la gravité des corps, la végétation des plantes, le mouvement périodique des planètes, etc.

Qualités génériques. C'est le nom des aptitudes, des manières d'être ou d'agir qui conviennent aux choses, à la vérité, mais qui appartiennent aussi à des espèces différentes. Exemple: La faculté d'éprouver des sensations, de se mouvoir, est commune à l'homme et à la brute; la ductilité est une propriété commune à tous les maux, etc.

Par qualités spécifiques, nous entendons ces aptitudes, ces manières d'être ou d'agir qui conviennent uniquement à une espèce, et qui la distinguent de toute autre espèce. Exemple : Dans l'homme, la faculté de raisonner et d'exprimer ses pensées par la parole, etc.

Les qualités individuelles sont les aptitudes, les manières d'être ou d'agir, qui forment le signalement particulier et exclusif, ou le caractère distinctif d'un individu. Exemple: Louis xvIII est petit-fils de Louis xv, etc.

Nota. On nomme grades métaphysiques les attributs essentiels d'une chose, quand on les observe dans une espèce de gradation ascendante, en passant successivement des plus restreints aux plus universels. Exemple : Une renoncule est une fleur; elle est un végétal, elle est un corps, elle est une substance, elle est un être.

Voilà ce qui s'appelle, dans l'école, former une gradation métaphysique.

Il est bien évident que les grades métaphysiques ne sauraient avoir une existence séparée; qu'ils ne sont pas réellement distincts les uns des autres, et qu'ils ne sont que des points de vue différens et successifs, sous lesquels notre esprit peut envisager une chose.

16°. Vérité. — C'est une chose qu'il est plus aisé de sentir que de définir.

La vérité est ce qui est effectivement. Idem non potest esse, et simul non esse: voilà la première, ou plutôt l'essence et le fondement de toutes les vérités.

La vérité, comme qualité logique, consiste dans Texacte conformité des propositions avec la réalité des faits qu'elles énoncent, avec l'essence des

objets qu'elles définissent. Exemple: Carthage a été détruite par les Romains.

La vérité ne saurait être créée, mais on peut la sentir, la découvrir, et l'exprimer par des signes extérieurs dont la réunion forme le langage des hommes.

17o. Parole. C'est la manifestation faite par des sons articulés, d'une affection ou d'une idée; les signes qui se composent de sons articulés, ou qui en tiennent lieu, ont une représentation conventionnelle.

Les premières conventions se forment par la seule indication qui accompagne la prononciation du nom qu'on donne aux objets indiqués; les conventions ultérieures se forment successivement par analogie et par imitation.

La connaissance de la juste valeur des signes qui servent au commerce de la pensée forme toute la philosophie spéculative.

Connaître la valeur précise d'un signe, c'est savoir ce qu'il représente ; c'est dans ce sens qu'on peut dire avec Condillac, qu'une science bien traitée n'est qu'une langue bien faite.

18°. Certitude, évidence. -La certitude, c'est l'adhésion motivée, ferme et inébranlable de l'esprit à une proposition.

On voit bien que la certitude philosophique ne doit pas se confondre avec l'aveugle et invincible opiniâtreté des préjugés et des passions.

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