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mière de l'Evangile se répandit dans le monde, on y apperçut des changemens que la philosophie, dans son plus beau règne, n'auroit même pas pu imaginer. A mesure que la nouvelle doctrine se propagea sur la terre, on vit d'abord s'ebranler de toutes parts, puis s'écrouler entièrement, pour ne plus se relever, l'antique édifice du polytheisme. Les grands principes, dont les germes étoient auparavant saus vie dans les cœurs, se ranimèrent et devinrent populaires. Tous les doutes, dont ils étoient enveloppés, disparurent. On fut plus généralement d'accord sur leur nature, qu'on ne l'avoit jamais été. Si ces principes se sont conservés dans quelques religions ennemies, comme dans la mahométane, c'est à la connoissance de la révélation chrétienne, quoique imparfaitement connue dans ces religions, qu'il faut en rendre hommage. Et si Herbert ne se fût point livré à l'illusion de son système, il n'auroit pu s'empêcher de reconnoître, que c'est dans la même source qu'il en avoit puisé une idée plus distincte, et acquis une plus grande certitude que celle qu'en avoient les anciens philosophes, privés de ce rayon de lumière. qui l'éclairoit.

XIV. Mais ce n'est là qu'une religión par

ticulière, s'écrie Herbert avec la tourbe des Latitudinaires or la Providence ne peut être justifiée que dans le système d'une religion universelle, proposée à tout le genre humain, et proportionnée à toutes les intelligences. C'est autour de ce paradoxe que notre philosophe rode perpétuellement. Tous ses raisonnemens tendent à prouver qu'une révélation qui ne seroit pas actuellement promul guée dans l'univers entier, manqueroit du caractère essentiel qui convient à une révélation divine. Il s'applique en conséquence à représenter la religion chrétienne comme une religion particulière, peu faite pour jamais remplir le but de cette Providence universelle qui renferme tous les hommes dans son sein, qui veille au salut de tous, et qui procure à tous, sans exception, les moyens d'y parvenir.

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C'est un foible prétexte, répond Clarke, de rejeter la révélation chrétienne , parce qu'elle n'a pas été répandue également dans tous les temps et dans tous les lieux. On devroit donc aussi rejeter la religion naturelle ; car, bien loin d'avoir été universelle et généralement reconnue dans tous ses points, les déistes eux-mêmes sont obligés d'avouer que des nations entières ignorent absolument

Tome 1.

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plusieurs de ses articles les plus essentiels: encore sont-ils obligés de nous accorder que, depuis la propagation du christianisme, la morale a pris une autre force, et s'est fondée sur des règles bien plus fixes et plus saintes, et que les philosophes eux-mêmes en ont profité. (1)

Où trouvera-t-on en effet marquée, par des caractères plus sensibles que dans la révélation chrétienne, cette Providence universelle qui place tout le genre humain sous Ja direction de la suprême bonté? Là nous voyons Dieu rappeler sans cesse les hommes à ce principe de raison, à ce sentiment naturel qui leur fait distinguer le vrai du faux, le juste de l'injuste. Ce principe, ce sentiment appartiennent à la nature; mais ils s'étoient graduellement obscurcis et corrompus par le mélange des passions humaines. A mesure que ces vérités élémentaires sembloient tomber dans l'oubli, des communications particulièrés de Dieu avec les hom mes, par le ministère de quelques personnages privilégiés, leur donnoient de plus

(1) The evid. of nat. and revealed relig. Prop. 7 et 13. Trad. fr. ch. 11.

amples développemens, sous l'ancienne économie, qu'il ne faut jamais séparer de la nouvelle. Leur extinction totale fut toujours prévenue par ces communications célestes, d'une manière plus ou moins sensible, jusqu'à la venue du plus grand des prophètes, du fils même de Dieu, revêtu de la nature humaine, qui tempéroit en lui l'éclat de la majesté divine, et servoit à nous diriger, par ses exemples sensibles, dans la pratique de nos devoirs, en même temps qu'il nous en traçoit la règle avec autorité. Sa mission ne fat plus, comme celle des saints qui l'avoient précédé, concentrée chez un seul peuple. Le monde entier fut par lui appelé à la connoissance du vrai Dieu, à l'exercice du seul culte digne de lui, et à la participation des moyens nécessaires de salut. C'est ainsi qu'en détruisant le mur de séparation qui avoit jusqu'alors existé entre le Juif et le Gentil, qu'en réconciliant tous les hommes avec son père, qu'en ne formant qu'une seule famille de toutes les nations répandues sur la face de la terre, il jeta une lumière éclatante sur le chemin de la vie éternelle, et qu'il rendit par là sa religion universelle, de particulière qu'elle avoit été auparavant.

Il y a sans doute des régions où cette doc

trine céleste n'a point encore pénétré; il y en a qui, après avoir été éclairées de la lumière de l'Evangile, se sont replongées dans Jes ténèbres de l'idolâtrie; il y en a enfin, où la foi s'est altérée sur des points très-importans: mais rien ne prouve que Dieu, en vertu de sa providence universelle, fût obligé d'y faire participer tous les hommes, en même temps et dans un égal degré, de la conserver perpétuellement et sans altération, contre l'effort des passions humaines, dans les pays qui en avoient d'abord été favorisés. Ce n'est point à la créature qu'il appartient de régler la distribution et la mesure des dons et des faveurs du créateur. Dieu, dans cette économie, agit en souverain parfaitement libre et absolument indépendant. Il ne doit compte qu'à lui-même des raisons qui le déterminent. Elles sont toujours dignes de lui. Mais c'est le secret de sa sagesse, dont il ne nous est pas permis de sonder les profondeurs. Serionsnous donc en droit de méconnoître et de rejeter ses bienfaits, malgré les preuves démonstratives que nous avons de leur réalité, précisément parce qu'il nous les accorde dans un temps plutôt que dans un autre, un autre, et que nous ne pouvons expliquer la manière dont il les distribue? Autant vaudroit fermer les

yeux

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