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qui est contraint par son souverain à faire quelque chose, quoique soit cette chose-là, s'il le fait, non de son bon gré, mais par obéissance aux lois de la patrie, ce qu'il fait n'est point son action, et ne lui doit point être imputé; mais est l'action du souverain, c'està dire de la souveraineté, et doit être mis sur le compte des lois, de sorte que ce n'est point lui, mais le souverain qui a renié JésusChrist. » (1)

Observez que l'auteur étend sa règle à quoi que ce soit que l'on fasse, quodcumque id sit. Dès-lors il n'y a point de crimes qui n'y trouvent leur justification. Cela, du reste, ne doit nullement étonner de la part d'un homme qui n'admet point de différence essentielle entre le vrai et le faux, le juste et l'injuste, le bien et le mal moral, et qui fait dépendre cette différence de lois purement arbitraires, de l'autorité abusive des souverains, etc. Comment d'ailleurs se feroit-on scrupule de renier le fils de Dieu, dans un système où Dieu le père est peint comme un être capricieux, méchant, qui nous contraint dans nos inclinations, dans nos penchans, afin d'avoir

(1) Leviathan, cap. 42, edit. lat. 1670.

l'occasion de nous faire du mal, et auquel les hommes ne sont obligés d'obéir qu'à raison de leur foiblesse, qui les met dans l'impuis sance de lui résister. (1) La même conséquence n'épouvante pas davantage les apologistes du philosophe de Malmesbury. Il ne faisoit, disent ils, en pratiquant de pareilles maximes, que se conformer aux préjugés reçus parmi ceux qui vivent sous un gouvernement où il y a une superstition dominante, des lois qui la soutiennent, et qui proscrivent l'usage de la raison. (2) On voit par là que la philosophie a son escobardisme aussi bien que la théologie. Ce n'est point sur de tels principes que sont formés les vrais disciples de l'évangile. JésusChrist prévoyant les violentes contradictions qu'éprouveroit dans le monde la prédication de sa doctrine, n'en exhorta que plus fortement ceux qui devoient être chargés de cette pénible mission, à s'armer de courage, à lui rendre témoignage en tous lieux, à la sceller de leur sang, lorsque le succès de leur mission Texigeroit. (3) Les apôtres, parfaitement

(1) De cive, cap. 15.

(2) Encyclopéd. Méthod., art. Hobbisme. (5) Luc x11, 4, etc.

instruits des intentions de leur divin maître, se réglèrent constamment, dans la profession publique de sa doctrine, sur cette sainte maxime, (1) et ils la prescrivirent toujours aux chrétiens de toutes les classes, pour être la règle de leur conduite, à quelques fâcheuses suites que sa pratique pût les exposer. (2) Rien donc de plus indispensablement nécessaire pour le salut, que cette profession publique, même dans les temps de persécution.

Cependant cette maxime générale souffre une modification. C'est lorsque la persécution est si rigoureuse, si générale, qu'ello iroit jusqu'à anéantir le ministère même, par la mort inévitable de tous les ministres, ou lorsque l'obstination à prêcher la vérité nuiroit au succès de la prédication dans quelques circonstances particulières. Mais dans ces circonstances même, il n'est jamais permis de la dissimuler ou de la trahir, la fuite est le seul parti à prendre, pour aller porter la connoissance chez un autre peuple, mieux disposé à la recevoir et à en profiter. (3) C'est

(1) Act. v, 29.

(2) I. Petr. 11, 14, 17. -- VI, 16.
(3) Math. x, 23.

ce que les chrétiens pratiquèrent dans la première persécution qui suivit la mort de saint Etienne. Et même, quoique les apôtres eussent en cette occasion le courage de faire face à la tempête, on ne voit pas qu'ils se soient opposés à la fuite générale, comme ils l'auroient dû faire, s'ils n'avoient pas été persuadés que cette modification étoit renfermée dans le précepte général. (1) Mais cette exception particulière ne peut servir à justifier en rien la doctrine et la conduite de notre philosophe.

XII. Il y a eu chez toutes les nations civilisées un pouvoir spirituel, distingué d'un pouvoir temporel; c'est-à-dire, que le soin de régler nos obligations envers la Divinité, a toujours été confié à d'autres qu'à ceux qui étoient chargés de régler et de faire observer nos devoirs envers nos semblables; qu'il y a eu, en un mot, un sacerdoce et un empire. Cet ordre de choses n'a pu s'établir que chez les peuples qui ont admis dans leur croyance religieuse une révélation surnaturelle; car, chez une nation de déistes, il n'y auroit qu'un seul pouvoir, parce que plus la croyance des

(1) Act. vi, L.

dogmes révélés s'affoiblit, plus le pouvoir spirituel perd de son influence.

Cependant les rapports de la puissance religieuse et de la puissance civile ont été dans tous les temps un sujet de disputes interminables. Les ultramontains ont voulu asservir l'état à l'église, et les érastiens l'église à l'état.' Les presbytériens prétendent régler l'exercice du pouvoir civil par des idées purement ecclésiastiques, et les Hobbéistes le pouvoir de l'église par des raisons d'état. Ce dernier système, destructif de la religion révélée, a plus de partisans qu'on ne croit communément, et s'établit insensiblement dans tous les états, à la faveur des idées philosophiques qui gagnent chaque jour du terrein.

Hobbes, égaré par l'esprit de système, et effrayé des maux qui résultoient de l'indépendance de l'église, par l'abus qu'en faisoient les ministres puritains qui s'étoient érigés en prédicateurs de révolte, crut y remédier, en rendant le souverain maître absolu dans l'ordre religieux, comme il l'avoit rendu despote dans l'ordre civil; il lui attribua un domaine sans bornes sur l'église réduite en servitude, et comme il avoit vu des républicains fanatiques avancer que les peuples sont les gardiens de la conscience des rois, il soutint, en

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