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340. A LA DUCHESSE DE BEAUVILLIERS.

Paroles de consolation sur la mort de son époux.

A Cambrai, 5 décembre 1714.

Je profite de cette occasion pour vous dire, madame, combien je suis occupé de vous et de toutes vos peines. Dieu veuille mettre au fond de votre cœur blessé sa consolation! La plaie est horrible, mais la main du consolateur a une vertu toute puissante. Non, il n'y a que les sens et l'imagination qui aient perdu leur objet. Celui que nous ne pouvons plus voir est plus que jamais avec nous. Nous le trouvons sans cesse dans notre centre commun. Il nous y voit, il nous y procure les vrais secours. Il y connoît mieux que nous nos infirmités, lui qui n'a plus les siennes; et il demande les remèdes nécessaires pour notre guérison. Pour moi qui étois privé de le voir depuis tant d'années, je lui parle, je lui ouvre mon cœur, je crois le trouver devant Dieu; et quoique je l'aie pleuré amèrement, je ne puis croire que je l'aie perdu. O qu'il y a de réalité dans cette société intime!

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Je vous supplie de me donner de vos nouvelles, madame, par N... que j'envoie chercher. Je suis en peine de votre santé : elle a été mise à de longues et rudes épreuves. D'ailleurs, quand le cœur est malade, tout le corps en souffre. Je crains pour vous les discussions d'affaires, et tous les objets qui réveillent votre douleur. Il faut entrer dans les desseins de Dieu, et s'aider soi-même pour se donner du soulagement. Nous retrouverons bientôt ce que nous n'avons point perdu. Nous nous en approchons tous les jours à grands pas'. Encore un peu, et il n'y aura plus de quoi pleurer. C'est nous qui mourons : ce que nous aimons vit, et ne mourra plus. Voilà ce que nous croyons; mais nous le croyons mal. Si nous le croyions bien, nous serions pour les personnes les plus chères comme Jésus-Christ vouloit que ses disciples fussent pour lui quand il montoit au ciel: Si vous m'aimiez, disoit-il 2, vous vous réjouiriez de ma gloire. Mais on se pleure en pleu

Il semble que Fénelon, en écrivant ces paroles, ait été inspiré par un pressentiment surnaturel. Trois jours après la date de cette lettre, il fut attaqué de la maladie dont il mourut le 7 janvier 1715.

"Joan., XIV, 28.

rant les personnes qu'on regrette. On peut êtreen peine pour les personnes qui ont mené une vie mondaine; mais pour un véritable ami de Dieu. qui a été fidèle et petit, on ne peut voir que son bonheur, et les graces qu'il attire sur ce qui lui reste de cher ici-bas. Laissez donc apaiser votre douleur par la main de Dieu même qui vous a frappée. Je suis sûr que notre cher N... veut votre soulagement, qu'il le demande à Dieu, et que vous entrerez dans son esprit en modérant votre tristesse.

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Il l'exhorte à être ferme dans ses résolutions.

A Cambrai, 28 décembre 1714. Voici, mon bon duc, une occasion de vous donner de mes nouvelles et de vous demander des vôtres. On m'avoit alarmé sur le mal de madame la duchesse de Chevreuse; mais on m'a bien sou lagé le cœur en m'assurant dans la suite que ce n'est rien. Et madame la duchesse de Chaulnes comment se porte-t-elle ? j'en suis en peine. Je ne le suis pas moins de vous. Ne vous fatiguez-vous plus sur vos paperasses? Faites-vous, pour l'emploi de votre temps, ce que vous savez bien que Dieu demande de vous, et que vous lui avez promis tant de fois? Ne seriez-vous pas honteux, si vous aviez manqué aussi souvent de parole an dernier de tous les hommes, que vous en avez manqué à Dieu ? Vous dites que vous l'aimez; est-c ainsi qu'on aime ses amis, qui ne sont que de viles créatures? Voudriez-vous les jouer sans cesse par des promesses sans aucun effet? Dieu demandet-il trop en demandant la bonne foi et l'exactitude à tenir parole, qu'un valet de charrue auroit raison de demander? Que ne préfère-t-on pas à Dieu! Un détail ennuyeux et plein d'épines, une occupation qui use à pure perte la santé, un emploi du temps dont on n'oseroit rendre compte, un je ne sais quoi qui rend la vie obscure et qui dé grade dans le monde, c'est ce qu'on préfère à bumiDieu. Quel affreux ensorcellement ! Priez, liez-vous pour rompre le charme; demandez à Dieu qu'il vous dégage de vos liens de goût et d'ha bitude. Tournez-vous contre vous-même; faites des efforts constants et soutenus; défiez-vous de la trahison de votre naturel, de la tyrannie de la coutume, et des beaux prétextes par lesquels ou est ingénieux à se tromper. N'écoutez rien; commencez une nouvelle vie : elle vous sera d'abord dure, mais Dieu vous y soutiendra, et vous en goûterez les fruits. Heureux l'homme qui se fie à

, et non à soi! Que ne donnerois-je point vous voir un nouvel homme! Je le demande eu en ce saint temps où il faut renaître avec 3-Christ. Vous le pouvez, vous le devez; vous épondrez au Maître. Accoutumez-vous par le eillement à dépendre de son esprit. Avec quel vous suis-je dévoué !

343. A MME

age cette dame à lui faire avec simplicité les observations qu'elle jugera convenables.

A Cambrai, 30 décembre 1714. reçois, madame, diverses lettres où l'on me de se de plus en plus de vous voir au plus tôt, vrir à vous sans réserve, et de vous engager même ouverture. Je ne sais d'où me viennent

ettres. Je suppose que ces personnes, inconnues moi, sont instruites à fond des graces que vous fait. Je serois ravi d'en profiter, quoije n'aie jamais eu aucune occasion de vous

Je me recommande même de tout mon cœur s prières. Enfin je vous conjure de me faire ir en toute simplicité tout ce que vous auriez -être au cœur de me dire. Il me semble que je ecevrois avec reconnoissance et vénération. › pouvez compter sur un secret inviolable. • ce qui est de vous aller voir, je ne manquepas de le faire, si vous étiez dans mon dio; mais vous savez mieux qu'une autre les rves qui sont nécessaires dans toutes les commués. Un tel voyage surprendroit tout le pays, ›urroit même vous causer de l'embarras. Les es sont sans éclat. Je recevrai avec ingénuité, ême, je l'ose dire, avec petitesse, tout ce que : croirez être selon Dieu et venir de son esQuoique je sois en autorité pastorale, je veux pour ma personne, le dernier et le plus petit enfants de Dieu. Je suis prêt, ce me semble, à voir des avis et même des corrections de toutes onnes ames. Je ne cherche qu'à être sans juent et sans volonté propre dans les mains de lise notre sainte mère. Parlez donc en pleine rté, si Dieu vous donne quelque chose pour édification personnelle. Je voudrois être sou, comme parle l'Apôtre', à toute créature hu

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I Petr., 11, 43.

maine, pour mourir à mon amour-propre et à
mon orgueil. C'est sur les lettres de gens inconnus
que je vous parle avec tant de franchise. Vous ne me
selon la sagesse
connoissez point. Je ne devrois pas,
humaine, faire ces avances mais j'ai ouï dire que
vous cherchez Dieu. En voilà assez pour un homme
qui ne veut chercher que lui. C'est avec la plus
grande sincérité que je vous honore, madame,
et que je vous suis dévoué en notre Seigneur Jésus-
Christ.

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Fénelon, au lit de la mort, manifeste ses sentiments sur le livre des Maximes, et demande deux graces à Louis XIV.

A Cambrai. 6 janvier 1715.

Je viens de recevoir l'extrême-onction: c'est

dans cet état, mon révérend Fère, où je me prépare à aller paroître devant Dieu, que je vous supplie instamment de représenter au roi mes véritables sentiments. Je n'ai jamais eu que docilité pour l'Église, et qu'horreur des nouveautés qu'on m'aimputées. J'ai reçu la condamnation de mon livre avec la simplicité la plus absolue. Je n'ai jamais été un seul moment en ma vie sans avoir pour la Personne du roi la plus vive reconnoissance et le zèle le plus ingénu, le plus profond respect et l'attachement le plus inviolable. Je prends la liberté de demander à Sa Majesté deux graces qui ne regardent ni ma personne ni aucun des miens. La première est qu'il ait la bonté de me donner un successeur pieux, régulier, bon, et ferme contre le jansénisme, lequel est prodigieusement accrédité sur cette frontière. L'autre grace est qu'il ait la bonté d'achever avec mon successeur ce qui n'a pu être achevé avec moi pour messieurs de SaintSulpice. Je dois à Sa Majesté le secours que je recois d'eux. On ne peut rien voir de plus apostolique et de plus vénérable. Si Sa Majesté veut bien faire entendre à mon successeur qu'il vaut mieux qu'il conclue avec ces messieurs ce qui est déja si avancé, la chose sera bientôt finie. Je souhaite à Sa Majesté une longue vie, dont l'Église aussi bien que l'état ont infiniment besoin. Si je puis aller voir Dieu, je lui demanderai souvent ces graces. Vous savez, mon révérend Père, avec quelle vénération je suis, etc.

FIN DE LA CORRESPONDANCE ET DU TROISIEME ET DERNIER VOLUME.

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ir la nécessité de former des alliances, tant offen-
ves que défensives, contre une puissance étrangère
i aspire manifestement à la monarchie univer-
lle.

après la mort du duc de Bourgogne.

452

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ibid.

'rincipes fondamentaux d'un sage gouvernement. 563 Quatrième Mémoire. Education du jeune prince.

455

Troisième Mémoire. Projet de conseil de régence.

456

i philosophique sur le gouvernement civil.
face de l'auteur pour la seconde édition. 1721.

366

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P. I. Des différents systèmes de politique.

367

II. De la loi naturelle.

ibid.

III. L'homme nait sociable.

370

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IV. Les hommes naissent tous plus ou moins

inégaux.

571

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V. De la nécessité d'une autorité souveraine.
VI. De la source de l'autorité ouveraine.

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VII. De l'origine des sociétés civiles.

575

7. Au marquis de Seignelay, 7 février 1686.

ibid.

VIII. Du roi de fait et de droit.

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IX. Le droit héréditaire de terres et celui de

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couronnes sont fondés sur le même principe.

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X. La révolte n'est jamais permise.

380

11. Au duc de Chevreuse, 28 mai 1687.

ibid.

XI. Des parties de la souveraineté, de son éten-
due et de ses bornes.

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XII. Des différentes formes de gouvernement, 586
XIII. Du gouvernement de la république ro-
maine.

14. Au même, 2 juillet 1690.

473

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588

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XIV. Du gouvernement d'Angleterre, et des
différentes formes qu'il a prises.

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591

18. Au duc de Noailles, 12 octobre 1690.

ibid.

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