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DISCOURS

POUR L. FLACCUS

TRADUIT PAR M. GUEROULT

COMPLÉTÉ ET ANNOTÉ

PAR M. CH. DU ROZOIR.

DISCOURS DE CICERON

Prononcés entre le plaidoyer pro Archia et l'oraison pro Flacco, et qui ne sont point parvenus jusqu'à nous.

An de R. 693. -- Cons. M. PUPIUS PISON CALPURNIANUS.
M. VALERIUS MESSALA NIGER.

Age de Cicéron. 46.

1o. Contre P. Clodius et Curion, prononcé dans le sénat le 15 mai 692. Un jeune patricien, qui se fit plus tard plébéien, pour devenir le plus séditieux des tribuns, P. Clodius, avait profané les mystères de la bonne déesse en s'introduisant, déguisé en chanteuse, dans la maison de Pompeia, femme de César, où on les célébrait. Une affaire aussi grave occupa plusieurs séances du sénat. Cicéron y parla avec beaucoup de force contre le coupable, contre Curion le fils, et contre le consul Pupius Pison, qui, dans cette circonstance, sembla favoriser les emportemens de cette jeunesse dépravée. Au reste, la seizième lettre du premier livre à Atticus pourrait servir d'argument à ce discours, ou plutôt à cette invective, dont plusieurs copies se répandirent à Rome trois ans après, pendant l'exil de notre orateur. Lui-même paraît s'en étonner et s'en plaindre dans sa correspondance avec Atticus (liv. 111, lett. 12 et 15), et il les désavoue; mais on peut contester la sincérité de ce désaveu. Il a été retrouvé quelques fragmens de ce discours.

An de R. 694.

Cons. L. AFRANIUS.

Q. CÉCILIUS Metellus Celer.

Age de Cicéron. 47.

2o. Pour Q. Metellus Scipion Nasica, accusé par M. Favonius, qui fut édile l'an 700. On ne sait sur quoi portait l'accusation; mais il y a beaucoup d'apparence que Nasica avait été le compétiteur de Favonius, et que celui-ci l'accusa de brigue. Cicéron se contente de nous apprendre qu'il jugeait cette accusation très-indécente de la part de Favonius, dont, selon lui, le plaidoyer était si plat, que l'on aurait cru qu'il avait travaillé à Rhodes, plutôt dans un moulin que dans l'école de Molon. (Lettres à Atticus, liv. 11, lett. 1.) Il ne reste absolument rien du discours de notre orateur.

An de R. 695.- Cons. C. JULius César.

M. CALPURNIUS BIBULUS.

Age de Cicéron. 48.

3o. Pour C. Antonius, ancien collègue de Cicéron dans le consulat, à qui celui-ci avait cédé le gouvernement de la Macédoine. Ses concussions avaient été si criantes, que Rome retentissait des plaintes qui revenaient chaque jour contre ce proconsul. Pompée lui-même, malgré son système de ménagemens politiques envers chacun, en avait porté des plaintes au sénat; et, quelle que fût la corruption des tribunaux, on était généralement persuadé qu'il serait enfin fait justice d'un homme qui méritait, à plus d'un titre, d'être traité avec la dernière sévérité, et que l'on regardait déjà comme condamné. Entre tous les ennemis qu'Antoine s'était faits à Rome, il n'y avait personne à qui il eût donné plus de sujets de plaintes qu'à Cicéron. Cependant, bien qu'il se fût promis de l'abandonner, et en dépit de toutes les raisons qu'il avait de le faire, notre orateur eut la faiblesse de se charger d'une aussi mauvaise cause dans les derniers mois de l'année 694, et il la plaida au commencement de l'année suivante. L'accusateur était L. ou C. Nigidius Figulus; ce tribun du peuple se montra si ardent à faire condamner C. Antonius, que dès le 10 de décembre 694, jour où il avait pris possession du tribunat, il déclara qu'il prendrait à partie ceux des juges de ce consulaire qui s'absenteraient.

4°. Pour Aulus Minucius Thermus, qui fut accusé deux fois, et que Cicéron fit absoudre l'une et l'autre accusation, dont il nous laisse ignorer l'objet. Bis hoc anno, me defendente, absolutus est A. Thermus; quanta reipublicæ causa lætitia populi romani, quanta gratulatio consecuta est! (Chap. xxxix.) Cicéron nous parle ailleurs de ce Thermus, pour nous apprendre que c'était un homme de mœurs irréprochables et d'un commerce très-agréable. Il ne reste aucun fragment du discours pro A. Minucio Thermo.

5o. Plaidoyer pour L. Valerius Flaccus, dont on va lire le sommaire.

N. B. Dans ce dernier discours (ch. xx11), Cicéron parle d'une cause qu'il venait de plaider tout récemment (judicio nuper), et dont on ignore absolument l'objet.

C. D.

L. VALERIUS FLACCUS, de l'illustre maison Valeria, avait été pré

teur pendant le consulat de Cicéron, l'an de Rome 691, et reçut alors les remercîmens du sénat pour le zèle et la vigueur avec laquelle il avait arrêté les complices de Catilina. Il avait ensuite gouverné l'Asie Mineure pendant trois ans, selon Manuce, ou plutôt pendant une année, suivant des calculs beaucoup plus justes. Quoi qu'il en soit, l'an de Rome 695, sous le consulat de C. Julius César et de M. Calpurnius Bibulus, il fut accusé de concussion par D. Lélius. Hortensius et Cicéron défendirent l'accusé; il fut absous. On voit, par une lettre de celui-ci à Atticus (lív. 11, lett. 25), qu'Hortensius avait, dans son discours, élevé jusqu'aux cieux la conduite de Cicéron pendant son consulat; et notre orateur luimême ne manqua pas cette occasion de se décerner des louanges. C'est ainsi qu'il croyait réparer l'injustice de ses ennemis, qui contestaient ses services : c'était, au contraire, leur fournir des armes; car, aujourd'hui que les préventions contemporaines qu'avait à combattre Cicéron ne peuvent plus exister, rien de plus fatigant pour qui lit ses œuvres que cet encens qu'il se prodigue sans cesse à lui-même.

Tout son plaidoyer pour Flaccus est consacré à la réfutation des témoins qui chargent l'accusé. Ils étaient en grand nombre; presque tous étaient Grecs asiatiques, ou des citoyens romains établis dans ces contrées. L'orateur s'attache à faire suspecter leur mauvaise foi, à jeter du ridicule sur leur personne; à leur témoignage il oppose celui des témoins grecs européens, dont les dépositions étaient favorables à son client.

Dans l'exorde et dans la péroraison, l'orateur relève, d'un ton noble et pathétique, les grands services que Flaccus, pendant sa préture, avait rendus à la république.

On trouvera dans ce discours, qui offre des lacunes, une nouvelle page découverte par M. Mai, et que M. Le Clerc, dans son édition, a placée au chapitre 111. Ces mots cités par saint Jérôme (Comm. ad Galat., 1, 3; Epist. x, 3), ingenita levitas et erudita vanitas, que Cicéron adressait sans doute aux Grecs dont il com

battait le témoignage, appartenaient à un des endroits perdus de ce plaidoyer, que la plupart des éditeurs placent mal à propos avant le discours pro Sylla. (Voyez le sommaire de ce plaidoyer.)

Flaccus fut absous, bien que l'accusation ne fût pas sans fondement, comme Macrobe nous l'apprend. Cet auteur nous apprend encore que le succès du plaidoyer de Cicéron fut dû à quelques bons mots qu'il y plaça, mais qu'il ne reproduisit pas dans les copies qui furent publiées. Macrobe observe en outre que les juges n'eurent pas la force de condamner Flaccus dans le sein même de la ville qu'il avait préservée de l'incendie.

C. D.

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