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justifier les motifs qui m'ont fait embrasser sa cause. Quand je tiens ce langage, juges, je ne consulte nullement mon intérêt personnel; car j'ai eu plus d'une fois, et j'aurai souvent l'occasion de faire mon apologie: mais comme Torquatus s'est flatté que plus il ôterait de poids à mes paroles, plus il atténuerait les moyens de mon client, je me flatte à mon tour que, si je puis vous faire approuver la solidité des motifs qui m'ont porté à embrasser sa défense, il me sera facile aussi de vous convaincre de la bonté de cette cause.

II. Et d'abord, L. Torquatus, je vous demande pourquoi, me séparant de tout ce qu'il y a, dans la république, d'hommes illustres et qui tiennent parmi nous le premier rang, vous voulez interdire à moi seul le devoir et le droit de me porter défenseur? Pourquoi ce que vous ne blâmez pas dans Hortensius 5, ce grand homme, cet illustre citoyen, en faites-vous pour moi un sujet de reproche? Car, s'il est vrai que P. Sylla ait formé le projet de porter l'incendie dans notre cité, d'anéantir notre empire, de renverser Rome, dois-je en concevoir une affliction, une indignation plus profonde qu'Hortensius? Suis-je enfin obligé d'examiner plus sérieusement que lui, qui je dois, dans de pareilles causes, attaquer ou secourir, défendre ou abandonner?

Oui, sans doute, répond Torquatus, puisque c'est vous qui avez épié, découvert la conjuration. Quand Torquatus parle de la sorte, il ne songe donc pas que découvrir c'est mettre tout le monde en état de voir ce qui jusqu'alors était ignoré. S'il est vrai que j'ai découvert la conjuration, elle dès ce moment, été aussi bien connue d'Hortensius que de moi. Cependant vous voyez qu'avec toute la dignité, toute l'autorité, toute la vertu, toute la prudence qu'il

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tum, non dubitasse, quin innocentem P. Sullam defenderet: quæro, cur, qui aditus ad causam Hortensio patuerit, mihi interclusus esse debuerit. Quæro illud etiam si me, qui defendo, reprehendendum putas esse, quid tandem de his existimes summis viris et clarissimis civibus, quorum studio et dignitate celebrari hoe judicium, ornari causam, defendi hujus innocentiam vides. Non enim una est ratio defensionis ea, quæ posita est in oratione. Omnes, qui adsunt, qui laborant, qui salvum volunt, pro sua parte atque auctoritate defendunt. An vero, in quibus subselliis hæc ornamenta ac lumina reipublicæ viderem, in his me apparere nollem, quorum ego opera illum in locum atque in hanc celsissimam sedem dignitatis atque honoris, multis meis ac magnis laboribus et periculis, adscendissem? Atque, ut intelligas Torquate, quem accuses, si te id offendit, quod ego, qui hoc genere quæstionis defenderim neminem, non desim P. Sullæ recordare de ceteris, quos adesse huic vides. Intelliges, et de hoc, et de ceteris judicium meum et horum par atque unum fuisse.

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Quis nostrum adfuit Vargunteio? nemo: ne hic quidem Q. Hortensius, præsertim qui illum solus antea de ambitu defendisset. Non enim jam se ullo officio cum illo conjunctum arbitrabatur, quum ille, tanto scelere commisso, omnium officiorum societatem diremisset. Quis nostrum Serv. Sullam? [quis P.?] quis M. Læcam? quis

possède, il n'a pas hésité un moment à prendre la défense de P. Sylla, et à soutenir son innocence. Je demandé pourquoi ce qu'on a permis à Hortensius, on devrait me l'interdire? Je vous demande à vous, qui croyez devoir me blâmer de défendre Sylla, ce que vous pensez enfin de tant de personnages du premier rang, de tant d'illustres citoyens qui, par intérêt pour lui, se sont portés en foule à ce procès, auquel leur présence donne tant d'éclat, en même temps qu'elle atteste l'innocence de mon client? Non, ce n'est seulement dans un plaidoyer que repose pas la défense d'un accusé : assister à son procès, s'intéresser pour lui, demander qu'il soit absous, c'est le défendre pour sa part et de tout son pouvoir. Eh quoi! je refuserais de me montrer sur ces bancs où j'aperçois tant d'illustres citoyens qui sont l'ornement et les lumières de la république, quand c'est de ces mêmes bancs, où siègent les défenseurs, qu'à force de travaux et de périls je suis monté au faîte des honneurs, et à la place élevée où je siège aujourd'hui ?! Cessez de méconnaître, Torquatus, celui que vous accusez: si vous êtes blessé de ce que moi, qui n'ai défendu personne sur le chef dont on l'accuse, je n'abandonne point Sylla, rappelez-vous ce qu'ont fait pour les autres ceux que vous voyez l'appuyer de leur présence, et vous reconnaîtrez que, sur lui comme sur ceux-là, eux et moi nous avons toujours professé la même opinion.

III. Qui de nous s'est présenté pour Vargunteius? personne, pas même Hortensius, qui pourtant l'avait seul défendu quand il fut accusé de brigue. Mais il ne se croyait plus obligé envers lui à aucune espèce de service depuis qu'un si grand attentat avait rompu entre eux tous rapports de bienveillance. Qui de nous a songé à défendre ou Servius Sylla [ou Publius], ou Marcus Léca,

Cornelium defendendum putavit? quis his horum adfuit? Nemo. Quid ita? quia ceteris in causis, etiam nocentes, viri boni, si necessarii sunt, deserendos esse non putant: in hoc crimine non solum levitatis est culpa, verum etiam quædam contagio sceleris, si defendas eum, quem obstrictum esse patriæ parricidio suspicere. Quid? Autronio nonne sodales, non collegæ sui, non veteres amici, quorum ille copia quondam abundarat, non hi omnes, qui sunt in republica principes, defuerunt? imo etiam testimonio plerique læserunt? Statuerant, tantum illud esse maleficium, quod non modo non occultari per se, etiam aperiri illustrarique deberet.

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Quamobrem quid est, quod mirere, si cum iisdem me in hac causa vides adesse, cum quibus in ceteris intelligis abfuisse? Nisi vero me unum vis ferum, præter ceteros, me asperum, me inhumanum existimari, me singulari immanitate et crudelitate præditum. Hanc mihi tu si, propter res meas gestas, imponis in omni vita mea personam, Torquate, vehementer erras me natura misericordem, patria severum ; crudelem nec patria, nec natura, esse voluit. Denique istam ipsam personam vehementem et acrem, quam mihi tempus et respublica imposuit, jam voluntas et natura ipsa detraxit : illa enim ad breve tempus severitatem postulavit; hæc in omni vita misericordiam lenitatemque desiderat.

Quare nihil est, quod ex tanto comitatu virorum am

ou Cornelius? qui s'est offert pour leur servir d'appui"? Personne. Pourquoi? C'est que si dans les autres causes les honnêtes gens ne croient pas devoir abandonner leurs amis, même lorsqu'ils sont coupables, ce serait ici nonseulement une imprudence, mais une sorte de complicité criminelle, que de prendre la défense d'un homme soupçonné d'être parricide envers la patrie. Voyez Autronius: de tous ses compagnons, de tous ses collègues (et ils étaient nombreux et tous occupaient le premier rang dans l'état), en est-il un seul qui ne l'ait abandonné? la plupart même ne l'ont-ils pas accablé par leurs dépositions? Ils étaient persuadés que son forfait était de telle nature, que non-seulement ils ne devaient pas contribuer à le tenir caché, mais qu'ils étaient même obligés de le dénoncer, de le mettre au grand jour.

Devez-vous donc vous étonner, Torquatus, que je paraisse dans cette cause avec les mêmes hommes que Vous savez avoir refusé, comme moi, de défendre tous les autres? voulez-vous que moi seul je passe pour un être dur, inaccessible à tout sentiment humain, pour un monstre de barbarie et de cruauté? Si des actes de mon consulat vous concluez que je doive remplir ce pénible rôle toute ma vie, vous vous trompez grandement, Torquatus. La nature m'a fait sensible, la patrie m'a forcé d'être sévère; mais ni la patrie ni la nature n'ont voulu que je fusse cruel. Enfin ce rôle de fermeté et de rigueur, que m'avaient imposé les circonstances et la république, mon cœur et la nature l'ont abjuré. La patrie, un moment, m'a prescrit des actes de rigueur; la nature me rappelle pour jamais à la clémence et à la douceur.

** Vous n'avez donc aucun motif de me séparer moi seul

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