contre lui-même, se déchire, se détruit de ses propres mains. Notre vieil ennemi du rivage espagnol, le Cantabre, se soumet enfin et se courbe sous une tardive chaîne. Déjà le Scythe, l'arc détendu, songe à s'éloigner de nos frontières. Simple particulier, néglige un instant les intérêts de ce peuple qui te cause trop d'alarmes; saisis avec joie les plaisirs de l'heure présente, et fais trève pour un jour aux sévères travaux qui t'accablent. LEON HALEVY. IX. DIALOGUE ENTRE HORACE ET LYDIE. HORACE. TANT qu'à toi j'avais su plaire, et qu'aucun jeune amant préféré n'entourait de ses bras ton cou d'albâtre, je vivais plus heureux que le roi des Perses. LYDIE. Tant que tu n'as brûlé pour nulle autre que moi, et que Lydie ne fut point sacrifiée à Chloé, Lydie, partout célébrée, a vécu plus glorieuse qu'Ilie, mère des Romains. HORACE. Sur moi règne aujourd'hui Chloé, que la Thrace a vue naître, savante à mêler à son luth les doux accords Pro qua non metuam mori, Si parcent animæ fata superstiti. LYDIA. ME torret face mutua Pro quo bis patiar mori, HORATIUS. QUID? si prisca redit Venus, Diductosque jugo cogit aheneo; Si flava excutitur Chloe, Rejectæque patet janua Lydia? LYDIA. QUAMQUAM Sidere pulchrior Ille est, tu levior cortice et improbo Iracundior Adria, Tecum vivere amem, tecum obeam libens. X. AD LYCEN. EXTREMUM Tanaim si biberes, Lyce, de sa voix. Pour elle je ne craindrais pas de mourir, si les destins épargnaient sa précieuse vie! LYDIE. Il me brûle de feux qu'il partage, Calaïs, le fils d'Ornythius de Thurium. Pour lui je consentirais à mourir deux fois, si les destins épargnaient cet amant si chéri. HORACE. Eh quoi! si la Vénus de nos premières amours revenait, et ramenait nos cœurs désunis dans des liens indissolubles; si l'on bannissait la blonde Chloé, et que ma porte s'ouvrit pour Lydie que j'ai repoussée?... LYDIE. Quoiqu'il soit plus beau qu'un astre, mon Calaïs, et toi plus léger que le liége, plus prompt à t'irriter que les flots de l'Adriatique, vivre avec toi ferait mon bonheur, et mourir avec toi comblerait mes vœux. DU ROZOIR. X. A LYCÉ. QUAND tu boirais les ondes les plus reculées du Tanaïs, quand tu aurais pour époux un Scythe cruel, non, Lycé, tu ne me verrais point, sans en pleurer, étendu devant ton seuil inflexible, en proie aux fureurs de l'Aquilon, hôte terrible de ces climats! AUDIS que strepitu janua, quo nemus INGRATAM Veneri pone superbiam, O QUAMVIS neque te munera, nec preces, Curvat; supplicibus tuis PARCAS, nec rigida mollior æsculo, XI. AD MERCURIUM. MERCURI (nam te docilis magistro NEC loquax olim, neque grata, nunc et Dic modos, Lyde quibus obstinatas Entends-tu comme cette porte s'agite avec fracas, comme ce bois qui ombrage et embellit ta demeure, mugit sous les efforts des vents? vois-tu comme Jupiter durcit ces neiges qui se glacent sous un ciel d'azur? Quitte un orgueil dont Vénus s'irrite; crains un juste retour du sort: ton père, fils de la Toscane, n'a pu enfanter une Pénélope, rebelle aux vœux de l'amour. Oh! je t'en conjure, quoique rien ne puisse te toucher, ni les présens, ni les prières, ni la langueur de tes amans plus pàles que la violette, ni les infidélités de ton époux, épris d'une courtisane thessalienne; quoique tu sois plus dure que le chêne, plus cruelle que les serpens de l'Afrique, épargne les malheureux qui te supplient;... épargne-moi ce corps n'endurera pas toujours les injures de l'air, immobile devant ton seuil inhumain. LEON HALEVY. XI. A MERCURE. DIVIN Mercure, par qui la pierre docile apprit à se mouvoir aux chants d'Amphion, et vous, lyre sacrée, lyre aux sept cordes harmonieuses, autrefois impuissante et muette, maintenant le charme des festins et des temples des dieux, venez et apprenez-moi des chants qui captivent l'oreille de la farouche Lydé. |