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III.

CONTRE L'AIL.

A MÉCÈNE.

S'IL est un monstre qui de sa main forcenée ait étranglé son vieux père, qu'on le condamne à manger de l'ail, aliment plus funeste encore que la ciguë. O moissonneurs!... entrailles de fer! Quel poison déchire mon sein! du sang de vipère a-t-il bouilli parmi ces herbes perfides? Canidie a-t-elle apprêté cet exécrable mets?

Quand Médée, entre tous les Argonautes, distingua leur chef, et fut éprise de sa beauté, c'est de ce venin meurtrier qu'elle l'arma sans doute, pour qu'il pût soumettre au joug les taureaux indomptés; c'est encore de ce poison qu'elle souilla les dons meurtriers faits à sa rivale, avant de s'enfuir sur ses dragons ailés.

Jamais astre ne vomit sur l'aride Apulie des vapeurs aussi ardentes; et la robe, fatal présent de Déjanire, brûla de feux moins dévorans les épaules du vaillant Hercule.

Ah! si jamais, joyeux Mécène, je te vois épris d'un semblable poison, puisse ta jeune maîtresse opposer sa main à tes baisers, et se retrancher, pour te fuir, à l'extrémité de ta couche!

LÉON HALEVY.

IV.

IN MENAM, POMPEII MAGNI LIBERTUM.

LUPIS et agnis quanta sortito obtigit,
Tecum mihi discordia est,

Ibericis peruste funibus latus,

Et crura dura compede.
Licet superbus ambules pecunia,
Fortuna non mutat genus.

Videsne, Sacram metiente te viam,
Cum bis ter ulnarum toga,
Ut ora vertat huc et huc euntium
Liberrima indignatio?

Sectus flagellis hic triumviralibus,

Præconis ad fastidium,

Arat Falerni mille fundi jugera,
Et Appiam mannis terit;
Sedilibusque magnus in primis eques,

Othone contempto, sedet.

Quid attinet tot æra navium gravi
Rostrata duci pondere,

Contra latrones atque servilem manum,
Hoc, hoc tribuno militum?

IV.

CONTRE MÉNAS, AFFRANCHI DU GRAND POMPÉE.

La haine que la nature a mise entre le loup et l'agneau, je l'éprouve pour toi, Ménas, qui portes encore sur le dos la flétrissante empreinte des cordes d'Ibérie, et dont les jambes sont encore meurtries par les fers.

En vain tu te montres fier de ta richesse. La fortune ne change pas la naissance. Vois-tu, lorsque tu mesures la voie Sacrée avec ta toge longue de six aunes, comme de tous côtés éclate sur ces visages qui se détournent la libre indignation des citoyens?

Ainsi, dit-on, ce misérable, déchiré par le fouet des triumvirs, jusqu'à lasser le crieur public, ses charrues labourent mille arpens dans les champs de Falerne, ses chevaux fatiguent la voie Appienne, et, au mépris de la loi d'Othon, il siège, noble chevalier, aux premiers rangs du théâtre.

Mais à quoi sert donc d'équiper une flotte si formidable, d'armer tant de vaisseaux contre les pirates et les esclaves, lorsque Ménas, le vil Ménas, est tribun des soldats?

LEON HALEVY.

V.

IN CANIDIAM VENEFICAM.

AT (o Deorum quidquid in cœlo regit
Terras et humanum genus!)

Quid iste fert tumultus? et quid omnium
Vultus in unum me truces?

Per liberos te, si vocata partubus
Lucina veris adfuit,

Per hoc inane purpuræ decus precor,
Per improbaturum hæc Jovem,
Quid ut noverca me intueris, aut uti
Petita ferro bellua?

Ut hæc trementi questus ore, constitit
Insignibus raptis puer;

Impube corpus, quale posset impia,
Mollire Thracum pectora :
Canidia, brevibus implicata viperis

Crines et incomptum caput,

Jubet sepulcris caprificos erutas,

Jubet cupressus funebres,

Et uncta turpis ova ranæ sanguine,
Plumamque nocturnæ strigis,
, quas Iolchos atque Iberia

Herbasque, quas

Mittit venenorum ferax,

Et ossa ab ore rapta jejunæ canis,

Flammis aduri Colchicis.

At expedita Sagana, per totam domum

V.

CONTRE LA MAGICIENNE CANIDIE.

Au nom de tous les dieux qui, dans le ciel, gouvernent la terre et les hommes, que m'annonce ce tumulte? Pourquoi ces visages farouches tournés tous sur moi? Au nom de tes enfans, si jamais Lucine invoquée t'assista dans un réel enfantement; au nom de cette pourpre, vain ornement; au nom de Jupiter, que doivent outrager ces fureurs, je t'en supplie, ne me regarde plus avec les yeux d'une maràtre ou d'une bête féroce que le

fer vient de déchirer!

Dès que l'enfant eut exhalé ces plaintes de sa bouche tremblante, on lui arracha la parure de son jeune âge : ils sont nus ces membres délicats, dont la vue aurait attendri le cœur d'un Thrace barbare! Canidie alors, les cheveux en désordre et entrelacés de courtes vipères, fait brûler dans un feu magique des branches de figuier sauvage, ravies aux tombeaux, des rameaux de cyprès funèbres, des œufs teints du sang de la hideuse grenouille, les plumes de la chouette nocturne; les herbes qu'enfantent Iolchos et l'Ibérie féconde en poisons, et des os arrachés à la gueule d'une chienne affamée.

Cependant Sagana, la robe relevée, répand dans toute

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