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Oh! quelle sueur baigne tes matelots! quelle pàleųr livide couvre tes traits! quelles plaintes efféminées, que de prières à Jupiter qui t'abandonne, lorsque les flots d'Ionie, soulevés en mugissant par l'humide Notus, auront brisé ton navire!

Si ton corps, étendu sur le rivage, devient la pâture des oiseaux de mer ravis d'une si belle proie, oui, je le jure, j'immolerai aux tempêtes une brebis et un chevreau lascif.

XI.

A PECTIUS.

LEON HALEVY.

PECTIUS, il ne me plaît plus, comme autrefois, d'écrire des vers, depuis que l'Amour m'a frappé d'une grave blessure, l'Amour qui m'a choisi pour victime, et me force à brûler pour les jeunes filles ou pour les jeunes

garçons.

Voilà le troisième hiver depuis qu'Inachia. ne trouble plus ma raison; trois fois, depuis ce temps, décembre a dépouillé les bois de leur parure.

de

Hélas (je m'en souviens avec honte et douleur)! combien je fus la fable de la ville! que je me repens ces festins où ma langueur, et mon silence, et mes soupirs exhalés du fond de mon coeur, trahissaient le délire de mon amour!

« Contrane lucrum nil valere candidum

Pauperis ingenium ! »

Querebar, applorans tibi,

Simul calentis inverecundus Deus

«

Fervidiore mero

Arcana promorat loco.

Quod si meis inæstuat præcordiis

Libera bilis, ut hæc

Ingrata ventis dividat

Fomenta, vulnus nil malum levantia ;
Desinet imparibus

Certare summotus pudor.

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Ubi hæc severus te palam laudaveram,

Jussus abire domum,

Ferebar incerto pede

Ad non amicos heu! mihi postes, et heu!

Limina dura, quibus

Lumbos et infregi latus.

Nunc gloriantis quamlibet mulierculam

Vincere mollitia,

Amor Lycisci me tenet :

Unde expedire non amicorum queant

Libera consilia,

Nec contumeliæ graves;

Sed alius ardor, aut puellæ candidæ,

Aut teretis pueri,

Longam renodantis comam.

Je me plaignais que l'amour sincère d'un homm pauvre ne pût toucher le cœur d'une femme avide! et je pleurais dans ton sein, quand l'indiscret Bacchus, par ses libations ardentes, arrachait de mon âme tous mes

secrets.

« Ah! si un libre courroux pouvait s'allumer dans mon cœur, disais-je alors, je livrerais aux vénts ces vaines plaintes qui ne soulagent point ma cruelle blessure j'écarterais une fausse honte, et cesserais de combattre d'indignes rivaux ! »

Quand j'avais pris devant toi cette résolution si sage, tu m'ordonnais de rentrer dans ma demeure! Et je partais d'un pied incertain, et je retournais à ce seuil ennemi, à cette porte, hélas! impitoyable, où venait si souvent tomber mon corps brisé !

Maintenant c'est Lyciscus qui m'enchaîne, Lyciscus qui se glorifie de vaincre toute femme en mollesse. Libres conseils, graves reproches, rien ne pourrait me détacher de cet amour; mais peut-être une flamme nouvelle, les attraits d'une jeune fille ou d'un aimable garçon relevant en nœuds sa longue chevelure.

LÉON HALEVY.

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XII.

QUID tibi vis, mulier nigris dignissima barris?
Munera cur mihi, quidve tabell

Mittis, nec firmo juveni, neque naris obesæ?
Namque sagacius unus odoror,

Polypus an gravis hirsutis cubet hircus in alis,
Quam canis acer, ubi lateat sus.

Quis sudor vietis et quam malus undique membris
Crescit odor, quum pene soluto
Indomitam properat rabiem sedare; nec illi
Jam manet humida ereta colorque
Stercore fucatus crocodili; jamque subando
Tenta cubilia, tectaque rumpit!

Vel mea quum sævis agitat fastidia verbis !
<< Inachia langues minus ac me :
Inachiam ter nocte potes, mihi semper ad unum
Mollis opus. Pereat male, quæ te,
Lesbia, quærenti taurum, monstravit inertem :
Quum mihi Cous adesset Amyntas,
Cujus in indomito constantior inguine nervus
Quam nova collibus arbor inhæret.

Muricibus Tyriis iteratæ vellera lanæ

Cui properabantur? Tibi nempe,
Ne foret æquales inter conviva, magis quem
Diligeret mulier sua quam te.

O ego non felix, quam tu fugis, ut pavet acres
Agna lupos, capreæque leones! »

XII.

QUE veux-tu de moi, vieille mégère, digne d'avoir pour amans des éléphans noirs? Pourquoi m'envoies-tu ces présens? pourquoi ces messages d'amour? Je ne suis pas assez vigoureux pour toi, et j'ai l'odorat trop fin. Jamais chien de chasse n'a mieux senti la piste d'un sanglier que je ne découvre les mauvaises odeurs qu'exbalent les narines d'une femme ou ses aisselles velues!... Quelle sueur découle de tes chairs molles, quel triste parfum tes membres répandent, lorsque tout est prêt pour le sacrifice, et que tu te hâtes d'assouvir la rage indomptée de tes sens!... La céruse, le fard de crocodile coulent alors en ruisseaux sur ses joues; et, dans sa fureur lascive, elle fait trembler le lit et le plancher.... Avec quel emportement me reproche-t-elle souvent mes dégoûts! « Tu es moins froid, dit-elle, pour Inachia que pour moi! Pour Inachia, tes transports sont infatigables; et moi, je vois tes feux s'éteindre après une seule caresse! Maudite soit Lesbie, qui m'a donné un si faible athlète, lorsque je cherchais un taureau, lorsque je possédais Amyntas de Cos, Amyntas dont l'ardeur toujours renaissante s'attache à l'heureux objet de ses feux, comme le jeune arbre au coteau qui l'a vu naître! Ingrat! pour qui préparais-je ces riches étoffes, deux fois plongées dans la pourpre de Tyr? Pour toi seul! Je voulais qu'à table aucun de tes jeunes compagnons ne pût se vanter d'être plus chéri de sa maîtresse ! et tu me fuis, malheureuse que je suis! tu m'évites, comme l'agneau fuit le loup, comme la chèvre craint le lion! >>

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