Obrázky na stránke
PDF
ePub

bras amoureux plus étroitement que le lierre n'embrasse le chêne altier : « Tant que le loup, disais-tu, sera l'effroi du troupeau; tant qu'Orion, funeste au nautonier, troublera les mers orageuses; tant que la longue chevelure d'Apollon s'agitera sous l'haleine du zéphyr, ma flamme égalera ton amour. »

O Néère! que mon courageux ressentiment va te coûter de regrets! Oui, je te le jure, si je mérite le nom d'homme, je ne souffrirai point que tu prodigues tes nuits à un rival préféré. Ma colère cherchera une amante plus digne de moi. Si une cruelle certitude succède à mes douloureux soupçons, la vue de tes charmes ne fera plus chanceler ma constante haine.

Mais qui que tu sois, heureux mortel qui maintenant t'enorgueillis de mes peines, quand tu serais riche en troupeaux, en vastes domaines; quand pour toi coulerait le Pactole; quand Pythagore renaîtrait pour t'apprendre ses merveilleux mystères; quand tu vaincrais Nirée en beauté, tu n'en pleureras pas moins son inconstance, ses nouvelles amours; et à mon tour je pourrai rire de tes larmes.

XVI.

LÉON HALEVY.

AUX ROMAINS.

Un nouvel âge est dévoré les par guerres civiles, et Rome succombe sous ses propres forces. Cette Rome que n'ont pu détruire ni les Marses, ses voisins; ni les menaçantes cohortes de l'Étrurien Porsenna; ni le courage

Horace. I.

2!

Æmula nec virtus Capuæ, nec Spartacus acer,

Novisque rebus infidelis Allobrox,
Nec fera cærulea domuit Germania pube,
Parentibusque abominatus Annibal,

Impia perdemus devoti sanguinis ætas ;
Ferisque rursus occupabitur solum.
Barbarus, heu! cineres insistet victor, et Urbem
Eques sonante verberabit ungula :
Quæque carent ventis et solibus, ossa Quirini
(Nefas videre!) dissipabit insolens.
Forte, quid expediat, communiter, aut melior pars
Malis carere quæritis laboribus.

Nulla sit hac potior sententia Phocæorum

Velut profugit exsecrata civitas,

Agros atque Lares proprios, habitandaque fana
Apris reliquit et rapacibus lupis :

Ire pedes quocumque ferent, quocumque per undas
Notus vocabit, aut protervus Africus.

Sic placet? An melius quis habet suadere? Secunda
Ratem occupare quid moramur alite?

Sed juremus in hæc : Simul imis saxa renarint
Vadis levata, ne redire sit nefas;

Neu conversa domum pigeat dare lintea, quando
Padus Matina laverit cacumina ;

In mare seu celsus procurrerit Apenninus,
Novave monstra junxerit libidine

Mirus amor, juvet ut tigres subsidere cervis,
Adulteretur et columba milvio ;

Credula nec ravos timeant armenta leones;

Ametque salsa lævis hircus æquora.

de Capoue, sa rivale; ni le bouillant Spartacus; ni l'Allobroge, ami des changemens et de la révolte; ni la fière Germanie, avec sa vaillante jeunesse aux blonds cheveux; ni cet Annibal, l'exécration des mères : nous la perdrons, nous, race impie et dévouée aux crimes; nous la perdrons, et les bêtes féroces viendront repeupler notre sol.

Un barbare vainqueur foulera nos cendres; le pas sonore de ses coursiers retentira sur nos ruines; les os de Romulus, jusqu'ici protégés contre le soleil et l'aquilon, une main sacrilège, ô profanation! les dispersera sans épouvante!

Tous peut-être, ou du moins les plus sages d'entre vous, vous cherchez à éviter cet avenir de malheurs. Écoutez l'avis le plus salutaire :

A l'exemple des Phocéens, qui s'enfuirent après avoir maudit leur cité, et abandonnèrent leurs champs, leurs dieux domestiques, leurs temples, à la fureur des sangliers et des loups dévorans, il faut fuir, aller où nous porteront nos pas, où nous pousseront à travers les ondes le Notus ou l'impétueux Africus.

Le voulez-vous? Quelqu'un ouvre-t-il un avis plus sage? Que tardons-nous à nous embarquer sous de favorables auspices? Mais auparavant faisons ce serment : Quand les rochers se détacheront du fond des mers pour nager à leur surface, que le retour alors nous soit permis! que nos voiles se dirigent sans honte vers la patrie; quand l'Éridan baignera les cimes du Matinus; quand l'Apennin, aux sommets élevés, descendra vers la mer; quand de monstrueux amours uniront par de nouveaux désirs le cerf à la tigresse, la colombe au farouche milan; quand les troupeaux confians ne craindront plus le lion féroce; quand le bouc au poil luisant, se baignera joyeux, dans les flots amers!

Hæc, et quæ poterunt reditus abscindere dulces,

Eamus omnis exsecrata eivitas,

Aut pars indocili melior grege: mollis et exspes
Inominata perprimat cubilia.

Vos, quibus est virtus, muliebrem tollite luctum,
Etrusca præter et volate litora.

Nos manet Oceanus circumvagus; arva, beata
Petamus arva, divites et insulas,
Reddit ubi Cererem tellus inarata quotannis,
Et imputata floret usque vinea,
Germinat et nunquam fallentis termes olivæ,
Suamque pulla ficus ornat arborem ;
Mella cava manant ex ilice; montibus altis
Levis crepante lympha desilit pede.

Illic injussæ veniunt ad mulctra capellæ,
Refertque tenta grex amicus ubera;

Nec vespertinus circumgemit ursus ovile,
Nec intumescit alta viperis humus.

Pluraque felices mirabimur; ut neque largis
Aquosus Eurus arva radat imbribus,
Pinguia nec siccis urantur semina glebis ;
Utrumque rege temperante cœlitum.

Non huc Argoo contendit remige pinus,

Neque impudica Colchis intulit pedem ;
Non huc Sidonii torserunt cornua nautæ,
Laboriosa nec cohors Ulyssei.

Nulla nocent pecori contagia; nullius astri
Gregem æstuosa torret impotentia.

Liés par ce serment et par tous ceux qui pourront vous interdire un doux retour, partez, citoyens de Rome, partez tous, ou vous, du moins, la meilleure partie d'un indocile troupeau. Que le reste, débris sans force, sans espoir, préfère le repos dans ses foyers avilis!

Vous à qui le ciel donna le courage, écartez un deuil efféminé; volez par-delà les rives toscanes! l'Océan nous appelle sur ces ondes qui nous entourent. Gagnons ces champs, ces champs fortunés, ces îles fécondes et heureuses, où la terre sans culture, prodigue chaque année ses trésors, où fleurit éternellement la vigne sans le sccours du fer tranchant, où l'olivier ne trompe jamais l'espoir de ses bourgeons, où la vigne vermeille décore l'arbre qui l'a vu naître, où le miel coule du creux des chênes, où l'onde légère, s'élançant du haut des montagnes, bondit en bruyantes cascades.

Là, les chèvres s'offrent d'elles-mêmes à la main qui doit les traire; le troupeau soumis rapporte avec joie du pâturage ses mamelles gonflées; l'ours ne gronde point le soir autour des bergeries, et la terre n'est point soulevée par de venimeuses vipères.

Que d'autres merveilles exciteront notre admiration et notre joie! Là, nous ne verrons jamais l'Eurus inonder les champs de ses torrens dévastateurs, ni le sol aride dévorer les semences fécondes: le roi des cieux y tempère l'une et l'autre saison.

Le vaisseau de l'Argonaute n'approcha jamais de ces rives; l'impudique Médée n'y imprima point ses pas; jamais les nautoniers de Sidon ni les malheureux compagnons d'Ulysse n'y tournèrent leur proue vagabonde. La contagion cruelle ne moissonne pas le bétail; il ne succombe pas sous les feux dévorans d'un astre impitoyable.

« PredošláPokračovať »