Obrázky na stránke
PDF
ePub

-

tation qui consiste on se le rappelle et l'on se souvient aussi de la phrase si claire d'Aristote sur laquelle elle repose à voir dans ces στραταγοὶ διὰ πέντε ἐτέων des magistrats annuels et rééligibles seulement pour la cinquième année à compter de celle de leur première magistrature. Le travail de M. Bormann, bien qu'il ne soit parvenu en Italie et en France que beaucoup plus tard, semble avoir été publié en Allemagne peu de temps après la lettre de M. Comparetti, la seconde note de M. Martin et notre propre article: en sorte que M. B., lorsqu'il donna son bon à tirer, n'avait évidemment pas encore connaissance de ces différents travaux. C'est ce qui explique qu'il ne se réfère, dans son mémoire, à aucune autre publication concernant ce document, qu'à l'édition princeps de MM. Lafaye et Martin. Pour ce qui est du sens de dià tévte étéwv, il s'en tient purement et simplement à une ancienne explication de M. Martin, en vertu de laquelle il y aurait eu à Tauromenium un collège de dix stratèges, nommés chacun pour cinq ans, et renouvelables annuellement par cinquième. Ainsi, pour bien fixer les idées, en l'année 60, par exemple, de l'ère de la ville, le collège des dix se serait trouvé composé comme suit : 1o deux stratèges entrés en fonctions l'an 56 et faisant leur dernière année de charge; 2o deux autres, entrés en 57 et ayant encore deux années; 3o deux, entrés en 58 et ayant encore trois années; 4o deux entrés en 59 et ayant encore devant eux quatre années; enfin, 5o, deux stratèges nouvellement élus et qui n'en étaient qu'à la première de leurs cinq années de magistrature. Il y a quelque difficulté à concilier cette manière de voir avec la teneur de l'inscription. M. B., après avoir rétabli la vraie leçon de la pierre à l'an 75, sous la magistrature éponyme de Philonidas, constate que le second stratège de cette année étant mort pendant l'exercice de sa charge (Piλotíwv Piλoνίδα... ἐτελεύτασε), il fut remplacé par un stratège suffectus Τιμῶναξ Ξένωvos (ligne 83 de la colonne de droite, p. 4 des Mélanges). De nouveau, dans la partie la plus récente de l'inscription, à la face III, on trouve trois stratèges pour une même année (éponymie d'Euclide) avec la mention que l'un d'eux, Piktoríwv 'Ayéx Expt., était de même décédé en charge. Ces deux cas de stratèges suffecti sont les seuls qu'on relève dans l'inscription. Or, avec le système des dix stratèges simultanés, M. B. sera obligé d'admettre de deux choses l'une ou que les stratèges n'étaient pas remplacés lorsqu'ils mouraient après leur première année de charge, ce qui serait au moins étonnant, ou que, passé cette première année, ils cessaient pour quatre ans d'être mortels, ce qui est encore moins croyable. Voici encore une autre objection. On apprend dans le mémoire de M. B. que l'inscription, gravée depuis la première ligne jusqu'à un endroit assez peu éloigné de la fin, dans le cours du second siècle de l'autonomie administrative de Tauromenium, présente la série des stratèges de cette cité à partir de l'année 1 de l'autonomie. Or, pour que le collège des dix stratèges existât dès cette année 1, il fallait nécessairement qu'on eût fait dix nominations, et non pas deux seulement,

cette année-là. Mais la première année des fastes ne présente que deux noms de stratèges, non plus que la seconde année, ni la troisième, ni les suivantes. On admet donc que l'année 1, Tauromenium ne posséda que deux stratèges, puis quatre l'année 2, six l'année 3, huit l'année d'après, et que, pour la première fois la cinquième année, elle eut enfin son collège de dix stratèges au complet. Nous considèrerons cette hypothèse concernant Tauromenium comme extrêmement peu probable, tant qu'on ne pourra pas citer des exemples sûrs, bien analogues, du même fait dans d'autres cités. D'ailleurs il n'est pas impossible que depuis la publication de son mémoire, et après avoir pris connaissance de la seconde interprétation de M. Martin - laquelle nous paraît, nous l'avons dit et nous y tenons, la vraie, M. B. ait accompli la même évolution que M. Martin lui-même. Aucun point de ses savantes déductions n'est mis en péril par l'adoption du système de deux stratèges seulement, annuels, et rééligibles à partir de la cinquième année de leur première élec. tion.

Lors du voyage archéologique que M. B., de concert avec M. Richard Schoene, fit en Sicile (il ne dit pas en quelle année), ils prirent en commun une copie de l'inscription des stratèges de Tauromenium, et, soit par eux-mêmes, soit par l'intermédiaire d'amis (nous ne le savons pas bien au juste, mais cela importe assez peu d'ailleurs), ils s'en procurèrent plusieurs estampages. MM. Lafaye et Martin avaient procédé à leur publication en se servant d'un seul estampage, pris et rapporté par le premier, et sans le secours d'aucune copie ni reproduction quelconque autre que cet unique estampage. Quelques efforts que, dans ces conditions, aient faits les premiers éditeurs, ils n'étaient pas parvenus, on le conçoit aisément, à lire tout ce qu'a pu voir, à son tour, M. B., qui, d'abord, a pu s'aider de leur premier déchiffrement, et qui surtout, grâce à plus de prévoyance et d'expérience que M. Lafaye, avait su réunir autour de lui tout les secours possibles. Mais déjà la lecture des premiers éditeurs n'était vraiment pas mauvaise. Quoi qu'il en soit, M. B. a, sans contredit, bien mérité de la science en venant publier une édition améliorée d'un texte intéressant et difficile, et en l'ornant d'un commentaire

1. Ce raisonnement est fait par M. Martin, dans sa seconde note des Mélanges, P. 188. 2. Parmi les résultats les plus importants des lectures nouvelles de M. Bormann (outre 'Eteλebrace au lieu de ènì..., que nous avons relevé plus haut), citons: re La distinction des deux « Philistion, fils de Philistion », qui se rencontrent dans la 2o colonne, lignes 9 et 17 (années 51 et 54). Cette distinction résulte de la lecture Pictíov (et non [Þiλwvíèjzg) Piλictíovos à l'année 42 (ligne 126 de la première colonne). Dès lors, le λistíwv Pikistíovog B de l'année 54 est celui qui avait été stratège pour la première fois en 42; celui de l'année 51 est un autre personnage. Ainsi disparaît cette anomalie d'un stratège réélu dès la troisième année, contrairement à la constitution qui prescrivait d'attendre la cinquième. 2° M. B. montre que lorsqu'il y a, dans la dernière partie des fastes, trois personnages rangés

chronologique, très utile, qui manquait. Pourquoi M. B. donne-t-il, à côté de ces vraies raisons de sa réédition, la mauvaise raison que voici : « Ephemeridem hujusmodi consentaneum est ad eos homines fere non perventuram esse, a quibus velim hos titulos cognosci? S'imaginerait-il que les Mélanges de l'Ecole de Rome ne sont pas faits pour être admis dans les bibliothèques allemandes?

Quant au commentaire chronologique de M. B., nous l'aurions analysé bien volontiers, si notre article n'eût pas dû prendre alors des propositions trop considérables. Il est rédigé avec une grande clarté; le raisonnement y est précis, et il est conduit avec la rigueur dont la matière est susceptible. M. B. ne dépasse jamais ses prémisses dans la conclusion. Tout est sage, mesuré. On n'atteint pas la certitude absolue, mais on en est bien près. Les moyens dont s'est servi M. B. pour fixer la chronologie dont il s'agit, sont : la restitution des inscriptions 5641 et 5642 du Corpus inscriptionum graecarum (à l'aide de meilleures copies que celles dont avait disposé l'éditeur du Corpus, et aussi d'estampages); l'étude généalogique des familles de Tauromenium d'après toutes les inscriptions retrouvées, publiées ou inédites, de cette cité; l'identification, très probable, d'Agatharchus, fils de Menon, gymnasiarque à Tauromenium en l'année 86 des fastes de cette ville, avec un personnage du même nom, de même patrie, qui reçoit la proxénie à Delphes entre les années 168 et 157 av. J.-C. (Wescher et Foucart, Inscriptions recueillies à Delphes, p. 18, no 11: cf. p. 61, no 59. Voy. en outre A. Mommsen dans le t. XXIV du Philologus, p. 1 et suiv.); enfin, les données historiques, bien que fort incomplètes, qui nous ont été transmises par les auteurs sur l'histoire de Tauromenium. Le résultat obtenu par M. B. est le suivant: La face de gauche (ou face I) de l'inscription, et le haut de la partie gauche de la face du milieu (ou face II), gravés en une fois dans le cours du second siècle avant notre ère, présentent, année par année, à partir de la proclamation de l'autonomie de Tauromenium en l'an 263-262 av. J.-C., la série de 1or élections de stratèges consécutives. Un nombre indéterminable d'élections manquent à la suite, la pierre étant dégradée et ne permettant même plus de reconnaître jusqu'où descendait l'écriture. La série de stratèges de la troisième face commencerait à l'an 133-132 avant J.-C. (à une année près), c'est-àdire lors de la reprise, par le consul romain P. Rupilius, de Tauromenium sur les esclaves révoltés, et du rétablissement de l'ordre dans cette cité. La lacune entre la fin de la partie lisible de la première série et le commencement de la seconde série serait d'une trentaine d'années. Il y aurait eu réellement une interruption, mais durant un nombre d'années

sous un même archontat, le troisième est le secrétaire de l'année: Tp liés = Ypappateús. Ce signe, il est vrai, ne s'observe que trois fois; mais, dans les cinq autres cas de trois personnages, la dernière ligne est toujours mutilée en tête, si bien qu'on est invité à le suppléer.

moins cousidérable, dans le fonctionnement régulier de la constitution, ce qui revient à ceci : plusieurs années (mais on ne sait combien) sans stratèges.

La seconde série comprend d'abord 14 années sur la face III, puis une continuation, dont il ne reste que quelques traces sur la pierre, à gauche de la face II en bas. Il ressort de l'exposition de M. B. que les Remains, en traitant avec le tyran de Syracuse Hiéron, en 263/2, ne lui avaient pas abandonné les Tauroménitains à discrétion, mais ne l'avaient autorisé qu'à exercer une sorte de protectorat politique, plus ou moins désintéressé, sur cette ville, en réservant l'indépendance administrative de la cité. Depuis l'origine de la cité jusqu'à ce temps, les Tauroménitains étaient tombés successivement dans les mains de divers tyrans. Ce traité de 263 entre Rome et Hiéron est le point de départ de leur autonomie. On voit tout ce que M. Bormann a su tirer d'une simple liste de noms propres, à première vue aride. Ce travail, conduit de main de maître, ne contribue pas seulement à augmenter notre connaissance de l'histoire du monde grec, il est propre à être proposé aux jeunes savants comme modèle de mémoire épigraphique.

Ch. G.

3. — Edgar Quinet, his early life and writings by Richard HEATH. London, Trübner and Co. 1881, in-8°, xxш, 370 p.

Le but de ce livre est de faire connaître aux lecteurs anglais un des esprits les plus grands, les plus purs et les plus clairvoyants de notre siècle. Dès les premiers mots l'auteur révèle ainsi l'admiration profonde que lui a inspirée son héros; cette admiration ne s'est pas démentie un instant dans tout le cours de son étude, et la sympathie constante avec laquelle il a traité son sujet donne à son œuvre une unité, un entrain, qui en font le charme et en doublent l'intérêt.

L'ouvrage de M. Heath se compose de six livres entre lesquels se répartissent les 36 premières années de la vie de Quinet et dont les titres indiquent déjà la nature: 1o la Genèse destinée à nous faire connaître les origines et l'enfance du grand écrivain (1803-1817); 2° la Vocation, qui ne comprend que cinq ans (1817-1822), nous montre Quinet à Lyon au College Royal et lors de son premier séjour à Paris; 3o les Voyages de 1822-1830, la partie la plus agitée de la vie de Quinet, où l'auteur le suit tour à tour en Suisse, en Angleterre, à Strasbourg et à Heidelberg, en Grèce, enfin, après son retour et un court séjour à Paris et à Certines, en Italie; 4o la Poésie, livre dans lequel l'auteur étudie surtout les trois grandes épopées de Quinet, composées de 1831 à 1835: Ahasvérus, Napoléon et Prométhée; 5o le Professorat; quelques pages destinées à nous montrer Quinet dans sa nouvelle carrière, suivies d'une longue analyse

(265-387) du Génie des anciennes religions, étude magistrale par laquelle il l'inaugure. L'enseignement de Quinet commença en 1839, c'est en 1839 aussi que s'arrête la biographie de M. H., c'est-à-dire au moment où l'éminent écrivain, devenant en quelque sorte homme politique en devenant professeur, fit de sa chaire une tribune pour s'adresser à l'opinion publique; c'est donc la partie, non la moins grande, mais la moins en vue, de la vie de Quinet que M. H. a voulu seulement re

tracer.

Je passerai rapidement sur les deux premiers livres, non qu'ils soient dépourvus d'intérêt, mais parce que M. H. n'a souvent fait qu'y suivre ce que, dans l'Histoire de mes idées, Quinet avait dit de lui-même et du développement intellectuel de ses premières années. Ce guide si grave et si autorisé lui manque au moment où le jeune écrivain, à peine aux débuts de sa carrière, commence son long pèlerinage à travers le monde et va puiser dans de lointains voyages et un séjour prolongé en Grèce, en Italie, surtout en Allemagne, l'inspiration qui animera ses pages éloquentes. Né au pied du Jura, aux confins méridionaux de la Bourgogne, ce pays du grand style, ce descendant des anciens Burgondes sentait comme une secrète affinité avec l'Allemagne; personne en France ne l'a aussi mieux comprise, personne n'en a mieux jugé ou goûté les écrivains depuis Herder, dont il traduisit l'œuvre la plus importante, depuis Creuzer dont-il fut le disciple original, jusqu'à Goethe avec lequel il voulut rivaliser dans Ahasvérus et Prométhée. Pendant trois ans Quinet resta près du Rhin, soit à Strasbourg ou à Heidelberg, comme pour mieux s'initier aux secrets de la science allemande dont il devait être un des révélateurs en France. Ses Essais sur les ouvrages de Herder et sur l'Origine des Dieux montrèrent à quel point il s'en était pénétré. Merlin l'enchanteur, qui parut peu après, révéla un trait particulier de son esprit, cette tendance mystique et cet amour du merveilleux et du mystère qui se manifestent dans un si grand nombre de ses écrits. Un voyage qu'il fit alors en Grèce acheva de mûrir son talent, et l'étude sur la Grèce moderne, qui en fut le fruit, en appelant sur lui l'attention, le rendit désormais célèbre. Accueilli à son retour avec empressement par quelques-uns des hommes les plus en vue de l'époque, tels que Cousin, Benjamin Constant, Guizot, Chateaubriand, félicité publiquement par Victor Hugo, si les espérances qu'il concevait alors ne se réalisèrent pas, il entra du moins à la Revue des Deux-Mondes, dont il fut un des premiers et des plus illustres collaborateurs. C'est dans ce recueil célèbre qu'il publia son étude sur les Epopées inédites du xn° siècle, véritable révélation de notre ancienne poésie jusque-là méconnue et ignorée, que ses recherches à la « Bibliothèque royale » venaient de lui faire découvrir.

Cependant Quinet n'avait pu échapper à l'effervescence politique qui suivit la révolution de 1830; on le reconnaît à un des ouvrages qu'il écrivit au lendemain de ce grand événement, l'Allemagne et la Révolu

« PredošláPokračovať »