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années. Or, l'Amalthée parut pour la première fois en 1560. » C'est surtout quand il s'agit de retracer l'histoire des amitiés et des amours du poète que le bibliophile J. tire très habilement parti des sonnets et des odes qui nous restent de lui. Parmi les amis de Buttet, on distingue Claude et Gaspard de Lambert, neveux de Jean François de Lambert, évêque de Nice, Jean de Piochet, François Clouet, dit Janet, peintre ordinaire du roi Charles IX, Ronsard, qui a si gracieusement salué son enthousiaste disciple dans le second livre des Amours ', Jean Dorat, Guillaume des Autels, Jacques Pelletier (du Mans), etc. Quant aux femmes aimées par Buttet, le bibliophile J. nous fait connaître en des pages charmantes (pp. 1-x) Amalthée l'insensible et Anne qui, au contraire, fut des plus sensibles. Le spirituel récit du biographe est émaillé de citations justificatives au milieu desquelles on remarque pp. VI-VIII) les sonnets où Buttet célèbre la resplendissante beauté d'Amalthée et le génie du peintre (F. Clouet) qui consacra son pinceau « à cet adorable modèle ». L'histoire des amours de Buttet reste, en bien des points, fort mystérieuse encore, mais tout ce qui pouvait en être deviné a été deviné par le bibliophile J., et je défie qui que ce soit de soulever jamais, avec plus de bonheur qu'il ne l'a fait, les voiles qui nous cachent celle qui désespéra le poète et celle qui le consola 3.

La partie bibliographique de la Notice est telle que nous devions l'attendre du savant conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal. Il a complété et rectifié tous les renseignements donnés par ses devanciers sur les œuvres imprimées ou inédites de Buttet *. Non content de les décrire en digne vétéran de la bibliographie, il a aussi appelé notre attention (p. xxxvIII) sur les œuvres du fils du poète, Marc-Antoine de Buttet, historiographe de Savoie, auteur du Cavalier de Savoye, ou réponse au soldat français (1606), du Fléau de l'aristocratie genevoise (1606), et d'un Discours (manuscrit) de l'extraction des princes de Savoye, dont il rapproche un autre manuscrit intitulé Décades savoisiennes, laissé par un cousin germain de Marc-Claude (Louis de Buttet, seigneur de Malatret), travail qui a été utilisé et loué par Sa

I.

« Amy Buttet, qui as montré la voye

« Aux tiens de suivre Apollon et son chœur, etc. »

2. Buttet, dans l'Amalthée, lui a décerné l'épithète de divin. Pelletier riposta, dans le poème de la Savoye (1572), en lui appliquant l'épithète de bien disant.

3. Le bibliophile J., qui a si fructueusement lu les œuvres de Buttet pour en extraire tout ce qui pouvait servir à la biographie du poète, a oublié de nous apprendre que ce denier fut, dans sa jeunesse, un grand chasseur, ainsi que le prouve ce tercet du sonnet XXII (t. I, p. 25):

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4. Voir surtout (pp. xxix et xxx) ses observations relatives à l'article Buttet de la Biographie universelle (rédigé par Pillet). Croirait-on que la Nouvelle Biographie générale n'a pas consacré le plus petit article à l'auteur de l'Amalthée ?

muel Guichenon en son Histoire générale de la maison de Savoye. Les notes (t. I, pp. 167-175; t. II, pp. 187-207) sont excellentes '. On lira surtout avec intérêt celles qui concernent François Clouet, Remy Belleau, Joachim du Bellay, Guillaume des Autels, Charles d'Espinay, Marguerite de France, duchesse de Savoie, la gracieuse protectrice de Buttet comme de tant d'autres poètes 2, le cardinal de Châtillon (Odet de Coligny), Pierre Paschal, François d'Eguebellette, Jean Gaspard et Claude de Lambert, Philibert Pingon, baron de Cussy, etc. De toutes les notes du bibliophile J., deux seulement réclament une remarque. La note sur Joachim du Bellay (t. I, p. 170) renferme cet éloge exagéré du chantre d'Olive: « Le plus grand poète français du xvre siècle. >> Certes, j'admire fort du Bellay, mais il me semble que Ronsard lui est supérieur de beaucoup, et c'est assez de donner à son rival la seconde place. La note (t. II, p. 198) sur le personnage auquel Buttet adresse l'Ode XV (t. II, p. 66), est insuffisante. Il aurait été facile de trouver force détails sur le « seigneur Jean Boissoné, Tolosan » dans un article de la Biographie Toulousaine 3, et mieux encore dans une thèse pour le doctorat ès-lettres soutenue en Sorbonne par M. Guibal .

T. DE L.

53.

Lessing-Forschungen, nebst Nachtrægen zu Lessings Werken, von R. A. WAGNER. Berlin, H. W. Müller. 1881, in-8°. x et 174 p. — Prix : 3 mark.

Ce livre est un recueil d'articles parus dans la Vossische Zeitung, et où l'on trouvera de nouveaux et curieux détails sur Lessing. Dans la première partie de l'ouvrage, M. Wagner cherche à prouver que Lessing est l'auteur de la traduction allemande parue en 1751 à Rostock sous le titre Des Herrn von Voltaire kleinere historische Schriften, aus dem franzæsischen übersetzt; la préface de la traduction est écrite à Berlin et signée L; on y reconnaît le style bref, nerveux, énergique de

1. En voici une qui détruit une vieille erreur (t. I, p. 175) : « On a souvent répété que le premier coche qui ait circulé dans les rues de Paris fut celui que la reine Marguerite, femme d'Henri IV, avait fait construire, et nous avons vu, en effet, dans les comptes de cette princesse, postérieurement à l'année 1600, la description minutieuse d'un coche fabriqué pour elle. Mais ce passage de l'Epithalame du duc et de la duchesse de Savoie prouve que dès 1559 les coches avaient commencé à remplacer les litières. »

2. Voir une liste d'une dizaine de ces poètes dans l'Avertissement qui précède les Lettres inédites de Marguerite de France (livraison de juillet-août 1881 de la Revue historique, p. 305, note 3).

3. Paris, 1823, in-8°, t. I, pp. 73-74.

4. De Johannis Boyssonnei vita seu de litterarum in Gallia meridiana restitutione 1864, in-8°. Il a été question ici de Jean Boissoné (compte-rendu du livre de M. Gaufrès sur Claude Baduel, n° du 27 février 1882, p. 171).

Lessing; le traducteur déclare avoir eu entre les mains un exemplaire des œuvres de Voltaire corrigé par Voltaire même; il sait de bonne source que le Siècle de Louis XIV est terminé; enfin, lorsque Lessing publia dans la Vossische Zeitung le compte-rendu de cette traduction, il se borna à reproduire la plus grande partie de cette préface, et Mylius, dans une revue, désigna comme l'auteur le « vif et spirituel Monsieur L. ». Tous ces arguments ont une grande force, et l'on peut, ce nous semble, admettre comme à peu près certain que Lessing a traduit, non-seulement les mémoires de Voltaire dans le procès Hirsch, mais aussi les petits écrits historiques » de l'écrivain français. A cette époque de sa vie, il était passionné pour l'histoire; il traduisit en partie l'Histoire romaine de Rollin et l'Histoire des Arabes de Marigny; de là, l'idée qu'il eut de recueillir quinze dissertations ou morceaux historiques de Voltaire; M. W. en reproduit trois dans la traduction allemande les Remarques sur l'histoire, le Discours sur les contradictions de ce monde, et Des mensonges imprimés. Il remarque ingénieusement que l'Histoire des croisades a pu donner à Lessing l'idée de représenter dans Nathan le Sage le sultan Saladin comme un philosophe. Dans la seconde partie de son livre, M. W. attribue à Lessing des articles parus de 1748 à 1750 dans la Berliner privilegirte Zeitung qui n'était pas encore la Vossische Zeitung et que rédigeait Mylius, ainsi que dans les Critische Nachrichten de l'année 1751. Il montre que dans les fragments Die Religion et Aus einem Gedicht über die menschliche Glückseligkeit, Lessing attaquait La Mettrie et qu'il défendit Haller contre les critiques et les moqueries de l'auteur de l'Art de jouir; il lui paraît donc fort probable que Lessing a composé le compte-rendu des Opuscula Anatomica de Haller et fait la notice nécrologique de la La Mettrie. Enfin, M. W. revendique pour Lessing le très long article entremêlé de citations étendues, sur la première partie de la biographie de Christine de Suède par Arckenholtz, et d'autres articles sur le Dictionnaire de Chaufepié, sur une traduction allemande du Guzman d'Alfarache d'Aleman, sur Euclide, sur Gottsched, sur Bodmer, sur Klopstock, ses partisans et ses adversaires. Il est évident que tous ces articles ne sont pas de Lessing; il y a à prendre et à laisser; mais, tout en engageant M. Wagner à être fort prudent et circonspect en pareille matière, tout en le priant de mettre plus souvent un point d'interrogation à côté de certaines assertions, nous souhaitons qu'il poursuive ses laborieuses recherches dans les journaux du XVIIe siècle d'où il vient de tirer avec beaucoup de finesse et de perspicacité des renseignements inattendus et intéressants sur Lessing. Son livre a paru, croyons-nous, lors du premier centenaire du grand écrivain; c'est un des plus sérieux et des plus utiles qu'on ait publiés à cette occasion.

A. C.

54.

· Preussische Kriegslieder von einem Grenadier, von I. W. L. GLEIM. (Deutsche Literaturdenkmale des XVIII Jahrhunderts. In Neudrucken hrsg. v. Bernhard SEUFFERT.) Heilbronn, Henninger, in-8°, xxxvi et 44 p. Prix : 70 pfennige.

Ce volume est le IVe de la collection des « réimpressions d'ouvrages allemands du XVIIIe siècle », dirigée par M. Bernhard Seuffert; il est publié par M. Aug. Sauer, qui vient de faire paraître le premier volume d'une édition des œuvres complètes de Kleist. M. Sauer n'a eu besoin, pour rédiger la longue introduction qu'il a mise en tête du volume, que de reproduire, avec un peu plus de détails, les pages qu'il avait consacrées dans la préface de son Kleist à Gleim et aux Chants de guerre d'un grenadier prussien. Il est vrai, les poésies guerrières du chanoine d'Halberstadt ne peuvent être comparées aux chants d'un Körner, d'un Arndt, d'un Rückert, et de tous ceux qui furent, plus ou moins, les Tyrtées de l'armée allemande en 1813; mais, dit M. Sauer, si on les rapproche des poésies lyriques de l'année 1870, elles ne peuvent que gagner à ce rapprochement, et, quoi qu'en ait dit Ditfurth, elles ne renferment pas seulement des subtilités et des phrases emphatiques. Ne sont-elles pas, d'ailleurs, des documents historiques; et l'enthousiasme qui les anime et qu'elles excitèrent dans l'armée prussienne, la haine qu'elles respirent contre la France, l'éloge patriotique de Frédéric II, tout cela ne fait-il pas oublier quelques platitudes et ce que M. Sauer nomme le Firlefanz << qui chamarre l'inspiration de Gleim »? M. Sauer examine l'une après l'autre ces poésies de Gleim et retrace les changements que l'auteur, sur le conseil de ses amis, surtout de Kleist, d'Uz et de Lessing, fit subir au texte des Kriegslieder. Les « Chants de guerre du grenadier prussien » sont au nombre de douze : 1° au commencement de la campagne de 1756; 2o après Lowositz; 3° au commencement de la campagne de 1759; 4° avant Prague; 5o après Prague; 6o avant Kollin; 7o après Kollin; 8o avant Rossbach; 9° après Rossbach; 10° après Lissa; 11o après la reprise de Breslau; 12o le grenadier à la muse de la guerre après la victoire de Zorndorf. Naturellement, M. Sauer a reproduit la préface (Vorbericht) que Lessing avait mise aux chants de ce grenadier qu'il comparait aux bardes et aux skaldes de l'antiquité germanique. C'est dans l'édition donnée par M. Sauer qu'on devra lire désormais les Kriegslieder et il faut remercier le laborieux professeur de Lemberg d'avoir rendu inutile l'édition inexacte publiée par Körte et enfouie, pour ainsi dire, dans le IVe volume des œuvres complètes de Gleim.

FRANCE.

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CHRONIQUE

C.

M. Henri CORDIER, professeur à l'Ecole spéciale des langues orientales vivantes, a fait tirer à part son discours d'ouverture du cours complémentaire

de géographie, d'histoire et de législation des États de l'extrême Orient. Dans ce « discours d'ouverture » prononcé le 30 novembre 1881 (Paris, Leroux. In 8o, 15 p.), M. H. C. rappelle le souvenir de Pauthier, son prédécesseur (16 janvier - 11 mars 1873) et retrace les grandes lignes du cours qu'il se propose de faire cette année sur l'histoire des relations politiques et commerciales de la Chine avec les puissances d'Occident.

- Nous avons également reçu la Leçon d'ouverture de M. Ernest LICHTENBERGER, professeur suppléant de littérature étrangère à la Sorbonne. Cette leçon d'ouverture est intitulée Le théâtre de Goethe (Cerf. In-8°, 39 p.). On y trouvera une appréciation excellente du génie dramatique de Goethe; M. L. parcourt rapidement les drames de Goethe dans l'ordre où ils se sont succédé, depuis le Caprice de l'amant jusqu'au second Faust ; il montre les influences et les théories nouvelles qui conduisirent Gothe de Tous coupables à Goetz, de Goetz à Prométhée et aux pièces satiriques, de Prométhée à Iphigénie et au Tasse, du Tasse à la Fille naturelle, à Pandore et au second Faust; après avoir ainsi analysé les drames de Goethe et en avoir marqué les différences et les contrastes, M. L. marque les principaux traits qui s'appliquent à l'ensemble de l'œuvre et les caractères les plus importants et les plus saillants qui distinguent Goethe des autres poètes dramatiques.

- M. F. Pour a publié une intéressante brochure sur La Chambre du conseil des états de Picardie pendant la Ligue (Amiens, Delattre-Lenoël, in-8°, vi et 77 pp.) Cette brochure renferme des documents inédits; elle est suivie d'un appendice qui comprend : 1o Le cahier des plaintes, doléances et supplications faites au roi Charles IX par les habitants des villes de Picardie, 1573-75; 2o Remontrances et supplications faites par les maieur échevins et habitans d'Amiens au roi Henri III, 1577.

- Le tome VIII des Souvenirs du règne de Louis XIV, par M. le comte G. J. de COSNAC (Loones. In-8°, 440 p. 7 fr. 50), termine la première série de cette publication considérable. Il contient le récit des événements compris entre les mois de juillet et de novembre de l'année 1653 (sièges de Libourne et de Bordeaux, paix du 31 juillet et négociations qui l'ont précédée). On remarquera surtout dans ce volume, outre le mémoire inédit pour les ducs de Vendôme et de Candale sur «< ce qu'ils auraient à observer lors de la réduction de la ville de Bordeaux », le chapitre qui a pour titre Conclusion de la période de la Fronde (pp. 187-238) et où M. de C. examine les ouvrages de ses devanciers. L'appendice renferme de nombreux documents inédits ainsi que des tables pour les huit volumes. Ajoutons que M. de Cosnac va très prochainement publier les Mémoires du marquis de Sourches et qu'il compte donner une nouvelle série de Souvenirs du règne de Louis XIV; seulement, dans cette seconde série, il n'abordera que par épisodes plus abrégés la suite du grand règne.

- Dans un petit livre qui a pour titre « Une famille rurale au xviie siècle, d'après un document inédit » (Libr. de la Soc. bibliogr. In-8°, 64 p. 1 franc), M. Ch. de RIBBE analyse le livre de famille d'un gentilhomine méridional, Jacques Grimoard de Beauvoir, qui habitat Barjac (Gard) et descendait de la maison d'où est sorti le pape Urbain V; il y a dans ce petit livre des citations fort attachantes.

- Le tome deuxième de la Grande bibliothèque provençale, de M. A. SAVINE, renfermera le Théâtre de Jean de Cabanes (1653-1717) publié d'après deux manuscrits, que M. S. a consultés, l'un à la Bibliothèque Méjanes à Aix, l'autre à la Bibliothèque Nationale. (6 fr. pour les souscripteurs et 8 fr. en librairie.)

- Dans une brochure sur le Capitole de Saintes (Baur. In-8°, 16 p.), M. AUDIAT prouve que ledit Capitole n'a jamais existé; dans une autre intitulée « Un oublié

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