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après, des forêts - puisqu'il est question de forêts restèrent propriétés communes.)

M. D. W. R. est bien forcé de reconnaître qu'il y eut au moyen âge des groupes de propriétaires étroitement unis; mais c'étaient, dit-il, des associations de tenanciers et de serfs (il faudrait ajouter, pour que l'observation eût toute sa portée, des associations à posteriori voulues et artificielles, non pas primitives). Etaient-ils donc serfs ou tenanciers, ces Francs de la loi salique sans le consentement desquels aucun étranger ne pouvait posséder un morceau de terre dans leur village? Ce consentement des Francs, hommies libres assurément, procède de l'antique communauté décrite par César. Ceci ne veut pas dire, bien entendu, que la propriété privée n'existât pas chez eux; mais elle y avait et elle y eut longtemps comme un arrière-goût de collectivité. Cette nécessité du consentement de tout le village à l'acquisition d'une terre par un étranger a subsisté, en divers lieux, pendant tout le moyen âge et même jusqu'aux temps modernes '. Le droit de retrait au profit des habitants du village est une suite de la même idée : il apparait chez les peuples et dans les régions les plus diverses. Le droit de succession des vicini dérive, lui aussi, du même fait primitif. Pourquoi? me dira M. Denman W. Ross. Par cette raison bien simple que, si on n'admet cette origine historique, il faut supposer ici, comme le fait implicitement M. D.W. R., une conception artificielle, une invention; or, en fait de lois, les peuples n'inventent guère, surtout les peuples primitifs, et le principe de la critique historique, en matière de lois et d'institutions, c'est d'accorder la place la plus réduite possible à l'invention, une place considérable à la transformation.

M. D. W. R., qui s'est occupé de l'édit de Chilpéric sur les successions I, 4, 5), n'a pas connu les travaux profonds de Gierke' sur cet édit et sur le droit de succession des vicini et, par conséquent, n'a pas essayé d'y répondre. J'estime qu'il en eût été empêché.

Est-il nécessaire d'ajouter qu'un homme de la valeur de M. Denman W. Ross ne saurait prendre la plume tout à fait inutilement? On trouvera dans ses Studies » plus d'une observation, plus d'une rectification utile. Malheureusement, l'idée inspiratrice est fausse. L'auteur me permettra de lui demander si le fascicule II des « Studies » a paru : nous n'avons pu nous le procurer.

Paul VIOLLET,

1. M. D. W. R. se trompe étrangement quand il écrit que ce droit cessa avec l'édit de Chilpéric (Studies, 1, 6).

2. Zeitschrift für Rechtsgeschichte, XII, 430 et suiv. Les beaux travaux de Rich. Schroder ne paraissent pas non plus être arrivés jusqu'à M. Denman W. Ross.

6.

— La Frontière d'Empire dans l'’Argonne. Enquête faite par ordre de Rodolphe de Habsbourg, à Verdun, en mai 1288. Par Julien HAVET. (Extrait de la Bibliothèque de l'École des chartes, tome XLII, année 1881, p. 383-428.) Paris, Champion, in-8°, 48 p.

En 1285, l'abbé de Beaulieu-en-Argonne, au diocèse de Verdun, s'était brouillé avec le comte de Bar, Thibaud II, qui fit occuper les possessions de l'abbaye. L'abbé eut recours à Philippe le Bel, qui, à son tour, envoya des troupes sur les terres de l'abbaye, et commença contre le comte de Bar une enquête judiciaire. Thibaud allégua l'incompétence de la justice royale, et soutint que Beaulieu-en-Argonne était situé en terre d'Empire. La cour de parlement ordonna une enquête; des commissaires royaux se rendirent à Sainte-Menehould pour s'informer auprès des habitants; les témoins, interrogés en territoire français, furent favorables aux prétentions françaises, et la cour de parlement prononça que Beaulieu-en-Argonne était en France. De son côté, le comte de Bar avait demandé l'appui du roi des Romains, Rodolphe de Habsbourg, qui envoya en 1288 à Verdun trois commissaires, chargés de faire une enquête. Naturellement ces commissaires affirmèrent le bon droit de l'Empire dans un rapport qui fut sanctionné par Rodolphe; plus tard même, les lettres royales de Rodolphe furent confirmées par Adolphe de Nassau et Albert de Habsbourg . M. Julien Havet nous donne le texte de ce rapport, d'après une copie (tome II du grand cartulaire de Bar de la Bibliothèque nationale, coll. de Lorraine, vol. 719, fos 22 à 27) ainsi que d'après le document original, conservé aux archives de Meurthe-et-Moselle, à Nancy (Layette Bar mouvant, no 15); la copie, faite avec peu de soin et fournissant un assez mauvais texte, est cependant utile pour combler les lacunes que présente aujourd'hui l'original; ajoutons que M. J. H. établit son texte suivant le procédé adopté dans la Notice de M. N. de Wailly sur les actes en langue vulgaire du XIe siècle contenus dans la collection de Lorraine et dans le Musée des archives départementales, c'est-à-dire qu'il imprime en italiques toutes les lettres, syllabes ou parties de mots qui ne sont indiquées dans le manuscrit que par une abréviation (sauf pour les passages tirés de la copie du cartulaire de Bar). M. J. H. a consacré quelques pages de son opuscule aux deux endroits, Montfaucon-d'Argonne et Beaulieu-en-Argonne, qui étaient, selon les témoins de l'enquête dirigée par les trois commissaires impériaux, deux points de l'Empire, où le roi de France exerçait un pouvoir usurpé. Il montre que Montfaucon était certainement de l'Empire, et il admet les affirmations des témoins qui déclaraient qu'aucun roi de France, avant Philippe le Hardi, n'avait exercé

1. La querelle ne fut vidée qu'en 1301, lorsque le successeur de Thibaud, Henri III, vaincu, dut traiter avec le roi de France et lui céder le Barrois mouvant ou la mouvance de tout ce qu'il possédait à l'ouest de la Meuse; il abandonna en même temps le droit de garde sur l'abbaye de Beaulieu.

d'autorité sur Montfaucon, que ce lieu n'avait pas contribué aux décimes levés exclusivement en territoire français, qu'on n'y avait pas tenu compte des sentences d'interdit prononcées sur la France. Quant à Beaulieu-en-Argonne, il est bien difficile de dire à qui ce lieu appartenait légitimement; les affirmations et arguments mis en avant pour l'attribuer à l'Empire sont intéressants, mais ne peuvent être contrôlés. Ce qui est certain, c'est, comme le démontre fort bien M. J. H., que la Biesme, ou du moins une partie du cours de cette rivière, formait au xu siècle la limite entre la France, qui en occupait la rive gauche, et l'Empire, qui en occupait la rive droite, comme elle a depuis formé la limite entre la Champagne et le Clermontois, comme elle la forme aujourd'hui entre les départements de la Marne et de la Meuse. On ne pouvait traverser la Biesme sans entrer d'un État dans l'autre; quiconque passait la rivière pour s'établir de l'autre côté perdait ses remenances; une exécution légale commencée d'un côté ne pouvait se continuer de l'autre; toutefois, il y avait des plaids internationaux, qui se tenaient entre les deux rives, sur un pont, appelé le pont Verdunois. En un mot, il y a plusieurs renseignements curieux pour l'histoire à tirer des assertions des témoins dans l'enquête de 1288. On ne peut que savoir le plus grand gré à M. Julien Havet d'avoir publié, aussi exactement qu'il l'a fait, le texte entier de l'enquête de 1288, et d'avoir traité si minutieusement, avec autant de clarté que de savoir, une question compliquée de géographie historique. Cet opuscule intéressant, où l'on trouve toutes les qualités d'un esprit solide et pénétrant, sera consulté par tous ceux qui sont curieux de connaître cette matière obscure et difficile, la délimitation exacte des limites de la France et de l'Empire au moyen âge.

C.

7. Johannes Turmair's benannt Aventinus Sämmtliche Werke. Auf Veranlassung Sr. Majestæt des Konigs von Bayern hrsg. v. d. k. Akademie der Wissenschaften. I. Band. Kleine historische u. philologische Schriften. I. u. II. Hælfte. München, Kaiser. 1880, in-8°, vin et 372 p. - Prix: 7 mark 20; · -I 1881, in-8°, LIX et 373-689 p. Prix: 7 mark 80.

Jean Turmair d'Abensberg, qui a, selon la coutume du temps, donné à son nom une forme latine (Aventinus, ou d'Abensberg), naquit le 4 juillet 1477. L'anniversaire de sa naissance a été célébré dans plusieurs endroits en 1877, et, à cette occasion, on exprima vivement le désir de posséder une édition des œuvres complètes de cet écrivain qu'on a nommé l'Hérodote bavarois. Même aujourd'hui, en effet, ses œuvres sont importantes pour l'histoire autant que par l'étude de la langue et de la littérature allemandes. Mais ou elles sont imprimées d'une façon très incorrecte, ou elles n'ont pas été publiées du tout. L'Académie des sciences de Munich jugea qu'il était de son devoir de rendre à la mé

moire d'Aventinus un juste hommage; une commission se forma pour préparer l'édition de ses œuvres; le roi de Bavière accorda une somme considérable, et Ch. de Halm entreprit la rédaction. C'est ce savant qui publie les écrits latins du rer volume.

Ces écrits latins sont les Annales Schirenses, la Narratiuncula de Bathavina urbe, le Chronicon Ranshofense, les Rudimenta grammaticæ latina, les Musica rudimenta, diverses præfationes, une panegyrica oratio à Charles-Quint (discours prononcé en 1532 à la diète de Ratisbonne par un garçon de onze ans en présence de Charles Quint et de son frère Ferdinand), un certain nombre de Carmina, qu'Aventinus, sans posséder le moindre talent poétique, composa pour obéir à la mode. On voit par là combien l'activité d'Aventinus était multiple. Mais on ne peut juger de son grand mérite et de sa valeur d'historien d'après ces petites histoires locales, si intéressantes qu'elles soient. Même les ouvrages historiques qu'il a écrits en allemand et que M. Franz Muncker publie dans le er volume, ne montrent pas Aventinus sous son côté le plus brillant. Ce sont une Chronique du couvent d'Alten Oting, une première esquisse de la Chronique de Bavière, un court extrait de cet ouvrage, un écrit sur l'Origine de la ville de Ratisbonne, une Chronique de l'Origine et des actions des anciens Allemands. Un autre écrit qui a en même temps une tendance politique, est intitulé « Des causes de la guerre contre les Turcs »; on y trouve joint dans quelques manuscrits, sous forme d'appendice, un opuscule sur la manière de faire la guerre chez les Romains '. C'est dans cet écrit que les sentiments qui animaient Aventinus et qui l'ont fait historien, se marquent de la façon la plus vive et la plus frappante : patriotisme, enthousiasme pour un gouvernement juste et éclairé, haine des abus de la hiérarchie et de la corruption des moeurs, tout cela mêlé au pessimisme qui lui était naturel.

Il est regrettable que l'on n'ait conservé que quelques fragments de la correspondance d'Aventinus. Nous ne trouvons dans le volume dont nous rendons compte que vingt lettres du célèbre historien, parmi lesquelles neuf inconnues jusqu'ici, dont quatre adressées à Beatus Rhenanus et tirées des archives de Schlettstadt. Heureusement on a conservé, au moins dans une copie, des notes autobiographiques d'Aventinus. Elles ont été jointes à la présente édition.

Une courte biographie d'Aventinus due à M. W. Vogt forme la fin du er volume. Ce n'était pas un travail facile de rétablir le texte des petits écrits historiques d'Aventinus, quoique Wiedemann ait déjà, dans son ouvrage paru en 1857, donné de nombreuses indications sur les manuscrits. Mais, quand il s'agit d'un personnage aussi important

1. M. de Druffel a publié sur ces deux écrits un travail qui aurait mérité d'être plus remarqué (Sitzungsberichte der k. bairischen Akademie der Wissenschaften 1879, pp. 337-364).

qu'Aventinus, les recherches de détail, même les plus pénibles, apportent avec elles leur récompense; tout ce premier volume en est la preuve. Espérons que les volumes suivants offriront un intérêt plus grand encore; elles renfermeront les Annales Bojorum et leur remaniement en allemand, la Bairische Chronik, l'ouvrage capital du sincère historien qui dut éprouver de son vivant de nombreux déboires, mais à qui la postérité promet de rendre pleine justice '.

Alfred STERN.

8.- Graf F. A. von NOER. Kaiser Akbar. Ein Versuch über die Geschichte Indiens im sechzehnten Jahrhundert. 1ste Lieferung. Leiden, E. J. Brill, 1880, XXIII-216 p. in-8°.

C'est un magnifique sujet qu'a choisi là M. de Noer. L'Asie n'offre pas un second exemple de cette succession de père en fils de trois grands et bons souverains, Baber, Humayun et Akbar, la seule dans toute l'histoire qui ait rappelé à M. Renan celle des Antonins. Jamais, avant la domination anglaise, l'Inde n'avait vu mettre autant d'humanité dans la conquête, autant d'ordre, de justice et de douceur dans l'administration. Aucune autre époque n'y a laissé d'elle autant de documents de premier ordre, rôles et papiers d'état, autobiographies de souverains, mémoires de généraux et de ministres, la plupart d'une autorité incomparable et dont quelques-uns sont des chefs-d'ouvre littéraires. Même dans l'histoire de notre Occident, y a-t-il beaucoup d'époques sur lesquelles nous ayons des jours plus vifs, que sur celle qui commence avec ces étonnants mémoires de Baber, la plus franche et la plus sincère de toutes les autobiographies, et qui se termine avec ces Instituts d'Akbar rédigés par Abul Fazl, son grand, sage et honnête ministre? D'autre part, ces documents sont foncièrement orientaux: c'est dire qu'ils of frent des matériaux historiques plutôt que ce que nous appelons de l'histoire et, encore, des matériaux qui, pour être ajustés à notre point de vue, demandent à être maniés d'une main experte. Et, comme ce travail n'a été abordé jusqu'ici que par le côté de l'érudition critique ou d'une façon toute générale, dans des ouvrages embrassant de longues périodes, le sujet, tel que l'a conçu M. de N., est en réalité neuf et comme vierge. Est-il besoin d'ajouter qu'il est difficile? Le xvi siècle, dans l'Inde,

1. Nous avons reçu, il y a quelques jours, la continuation des œuvres de Jean Aventinus, c'est-à-dire le second volume, première moitié, Annales ducum Boiariae livres 1-3, publiés soigneusement par Sigmund Riezler.

2. Les qualités de la race n'ont pas complètement disparu chez leurs successeurs. Jehanghir ne fut pas un homme ordinaire, et, à ne compter que l'énergie et l'habileté, Aurangzeb fut un grand prince. Mais la tête chez l'un était trop faible pour résister aux séductions du trône, et l'autre n'eut rien de la générosité ni de la largeur d'esprit de ses grands ancêtres.

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