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Page 380: « Jean d'Aubusson, chevalier, seigneur de Borne »; lisez: seigneur de la Borne. La Borne (comme de Blessac, Creuse) était une des baronnies les plus importantes du comté de la Marche.

Page 419, note 5 : « Jacques de Caulers; lisez : Canlers.

Antoine THOMAS.

THESES DE DOCTORAT ÈS LETTRES

Soutenance de M. J. Martha.

Thèse latine Quid significaverint sepulcrales Nercidum figuræ.
Thèse française: Des sacerdoces atheniens.

I

M. J. Martha a pris pour sujet de sa thèse latine : « Quid significaverint sepulcrales Nereidum figuræ. »

Un grand nombre de tombeaux grecs et latins, de lampes et de poteries funéraires qu'il a été donné à M. J. M. d'examiner pendant son séjour en Italie et en Grèce, représentent des Néréides. Il a paru intéressant à l'auteur de rechercher quelle était la signification funèbre de ces figures mythologiques.

Dans une première partie M. M. passe en revue toutes les traditions poétiques qui ont rapport aux Néréides; mais cette étude ne conduit pas au résultat désiré par l'auteur; nulle part les Néréides ne sont représentées comme des divinités malfaisantes, an contraire. Mais ce que n'expliquent pas les monuments littéraires, M. M. le croit expliqué par les légendes poétiques de la Grèce contemporaine. C'est la seconde partie de sa thèse. Il a pu recueillir sur les lieux mêmes une foule de contes populaires au sujet d'êtres merveilleux, les Anéraïdes, que la similitude de nom montre bien être les descendantes des Néréides antiques. Ce sont des femmes malveillantes et cruelles, comme on en trouve dans les mythologies germaines, scandinaves, bretonnes, écossaises, qui vivent au bord des mers et des torrents, auprès des sources, dans les rochers abrupts. Elles attirent les jeunes gens et les jeunes filles dans leur domaine, les tuent ou les entraînent sous les eaux. De même les Néréides étaient fatales à la jeunesse; les Grecs anciens racontaient d'elles les méfaits que les modernes attribuent aux Anéraïdes; ces légendes grossièrement populaires n'ont pas trouvé leur place dans les œuvres littéraires, mais nous les retrouvons sur les monuments funèbres. On peut conclure que l'habitude était de représenter des Néréides sur les tombeaux des jeunes gens enlevés prématurément par une mort mystérieuse.

M. Himly fait le plus grand éloge de cette étude brillamment écrite; il s'est plu à retrouver dans maintes pages d'une délicate élégance la discipline paternelle. Mais il regrette de n'être pas convaincu par ce petit livre tout agréable. L'explication de M. M. lui semble cherchée bien loin, et il se refuse à voir dans les représentations des Néréides autre chose que de jolis motifs de décor, qui durent maintes fois tenter les artistes chargés de décorer les tombeaux. M. Himly craint que M. M. ne donne trop raison à ces paroles de Méphistophélès dans Faust: Ce que vous appelez l'esprit des temps, c'est votre propre esprit, que vous leur prêtez.

M. Girard n'est pas plus convaincu que M. Himly, dont il soutient les conclusions

en érudit et en archéologue. M. M. n'a pas fait une œuvre scientifique, il a eu le tort de prendre trop au sérieux des textes poétiques; les poètes se sont toujours donné des droits sur la mythologie; il ne faut pas leur accorder la créance due aux mythographes. Il ne faut pas non plus, sur une simple épithète, établir tout un système, dire, par exemple, que les Néréides sont des divinités funèbres parce qu'elles ont en main des fuseaux, comme les Parques. Mais M. M. est surtout coupable d'avoir complètement identifié, d'après la seule ressemblance de leurs noms, les Néréides et les Anéraides. Les Anéraïdes sont les Nymphes antiques, cela est bien connu. Or, les poètes anciens ont toujours distingué avec soin les Nymphes des Néréides. L'argumentation de M. M. pèche par la base, et sa thèse s'écroule.

II

M. M. se trouvait à Athènes, lorsqu'on découvrit des inscriptions étendues, par lesquelles le peuple remercie les prêtres qui se sont bien acquittés de leurs fonctions. Ce fut pour lui une occasion d'étudier ces fonctions encore mal connues.

Le iɛpɛúg» est un magistrat chargé de veiller à l'accomplissement régulier des pratiques; rien de plus. Telle est l'idée la plus générale qui ressort du travail de M. M. et c'est sur ce point que s'est concentrée toute la discussion.

« Le prêtre, écrit l'auteur, est pour nous modernes celui qui enseigne le dogme « en même temps que celui qui accomplit les cérémonies symboliques de la reli«gion », ce double rôle ne pouvait être celui du « speúg ». Il n'y a point de dogme dans la religion hellénique; les croyances, non fixées, sont dans une mobilité, dans un progrès perpétuel; le rite seul est immuable, établi une fois et pour jamais il y a un culte à Athènes, sans une religion. Ce n'est donc point sur cette doctrine fuyante et insaisissable que pouvait s'exercer l'action du sacerdoce, mais sur les seules pratiques. Voilà en effet à quoi se borne l'autorité sacerdotale : à la direction des cérémonies, à l'introduction des offrandes et des prières auprès des dieux.

Cette opinion est juste pour le fond; mais elle nous est présentée en des formules rigoureuses; or, suivant le mot connu, la vérité est toute dans les nuances ». M. M. affirme le divorce absolu du culte et de la religion; il met en opposition avec l'étroitesse des pratiques la complète liberté des croyances. Il semble néanmoins que le sacerdoce ne fût pas un simple métier, ni le prêtre lui-même une manière d'huissier. N'est-ce point au prêtre plus qu'à tout autre qu'il appartenait d'exercer cette surveillance étroite, non sur les pratiques, mais sur les croyances, qui aboutissait à la « ypaçǹ àsebelas »? Si les croyances sont entièrement libres, comment expliquer ces condamnations pour impiété, et la plus célèbre de toutes, celle de Socrate: Dans toute religion, si large et si facile qu'elle puisse être, il y a un minimum de croyance nécessaire il faut tout au moins admettre l'existence des dieux auxquels on rend hommage. Et cela même, c'est un dogme. Ce qu'on peut seulement remarquer dans la religion hellénique, c'est l'absence de toute idée métaphysique. De trop bonne heure, la métaphysique s'était constituée, en dehors de la religion et sans elle, par un développement tout rationaliste.

:

M. M. ne s'est, du reste, nullement borné au développement d'une idée contestable. Son livre est plein de faits précis et de détails. Il sera d'autant plus utile à consulter que l'auteur s'est interdit toute vue systématique, et presque même tout aperçu d'ensemble. M. Martha adopte ici une méthode très différente de celle qu'il avait suivie dans sa thèse latine. C'est le mérite et c'est le défaut de ce travail consciencieux, qui est moins une thèse qu'un recueil de documents, terminé par un bon catalogue.

ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 17 mars 1882.

M. Schefer communique à l'Académie la copie d'une lettre qu'il a reçue de Tiflis et qui est ainsi conçue:

« Sensibles à la perte cruelle éprouvée par la famille du célèbre professeur Dulaurier, la jeunesse et les notabilités arméniennes de Tiflis vous prient de lui témoigner toute leur douleur, ainsi que leur reconnaissance pour l'intérêt que le savant professeur montra toujours à la nation arménienne. Elles viennent de faire célébrer une messe solennelle pour le repos de son âme; l'archevêque a prononcé l'oraison funèbre et rendu hommage à la mémoire du défunt.

« La rédaction du journal l'Echo. »

L'Académie procède à l'élection de deux membres ordinaires, en remplacement de M. de Longpérier et de M. Thurot. Trois scrutins successifs donnent les résultats suivants :

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M. Albert Dumont est proclamé élu à la première des deux places vacantes et M. Siméon Luce à la seconde. Ces deux élections seront soumises à l'approbation de M. le président de la République,

M. Lenormant continue la lecture de son mémoire sur les antiquités de la terre d'Otrante ou province de Lecce. Il lit et explique quelques inscriptions messapiques trouvées récemment en cette région; elles sont courtes et ne contiennent guère que des noms propres. Le pays est très pauvre en inscriptions latines. La plus curieuse a été trouvée au fondo Montagna, près de Brindisi. C'est l'épitaphe d'un évêque chrétien; le sarcophage sur lequel elle est gravée renfermait deux squelettes, l'un d'homme, l'autre de femme:

PRETIOSVSAEPESCOPVS
A ECLETIAECATOLICAESANC
TEBRVND V SINEDEPOSITVS
SEX TAFER IA QVODEST
VKALSEPTEMBRISREQVIEBIT

INSOMNOPACIS

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M. Lenormant pense que ce Pretiosus était laïque et marié lorsqu'il fut appelé à l'épiscopat, qu'il dut se séparer de sa femme pour devenir évêque, mais qu'il tint ensuite à être de nouveau uni avec elle dans la tombe. En terminant, M. Lenormant signale le nombre considérable d'œuvres d'art de l'époque byzantine, sculptu res et peintures, qui se trouvent dans la province de Lecce; la visite de cette région est, dit-il, indispensable à quiconque veut étudier l'histoire de l'art byzantin. Il y a notamment un certain nombre de peintures datées, du xr et du xe siècle. M. Clermont-Ganneau continue la lecture de son rapport sur sa mission archéologique en Palestine.

Ouvrages présentés : Benjamin Fillon;

par M. Alexandre Bertrand: Catalogue de la collection par M. Desjardins: RUELLE (C.-E.-R.), Bibliographie générale

des Gaules, 2o fascicule.

Julien HAVET.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Fuy, typ. et lith. Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23

FORCION

REVUE CRITIQUES

D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

No 14

3 Avril

1882

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Sommaire : 65. JUSTI, Dictionnaire kurde-français, grammaire kurde, Le dialecte de Yezd. — 66. Cicéron, seconde Philippique, p. p. Gantrelle. 67. Calderon, La vie est un songe et Le prince constant, p. p. KRENkel. VARIÉTÉS Privilèges accordés par Charles IX à un inventeur de la pierre philosophale et par Henri III à un inventeur du mouvement perpétuel. Chronique. Académie des Inscriptions.

65.

Dictionnaire kurde-français par M. Auguste JABA, publié par ordre de l'Académie impériale des Sciences par M. Ferdinand JUSTI. Saint-Pétersbourg, Eggers et Cie; Leipzig, Voss. — Prix : 1 rouble 85 kopeks; 6 marks 20.

– Kurdische Grammatik von Ferdinand JUSTI. Saint-Pétersbourg. 1880, 1 vol. in-4o, pp. xxxiv, 262. — Prix: 1 r. 10 k.; 3 m. 70 pf.

-

Ueber die Mundart von Yezd, von Ferdinand JUSTI (Extrait de la Zeitschrift der Deutschen Morgenlændischen Gesellschaft. 1880, pp. 327-414).

Les dialectes iraniens ont été peu étudiés jusqu'ici le kurde est le plus favorisé de tous c'est aussi le plus important, au moins par l'étendue de son aire géographique, régnant sur les deux rives du haut Tigre, dans les deux Kurdistans, turc et persan, sans compter les nombreuses colonies éparses sur toute l'étendue de l'empire.

Le premier recueil de matériaux pour l'étude du kurde a été fait par le Père Garzoni, l'un des premiers missionnaires qui aient visité le Kurdistan '; il y avait vécu plus de dix-huit ans, résidant à Amadia, et il laissa à ses successeurs le résultat de son expérience dans un livre intitulé Grammatica e Vocabulario della Lingua Kurda, Rome, 1787. La grammaire est très faible; le vocabulaire est précieux. Viennent ensuite quelques maigres recueils de mots dressés par Pallas (1786), Güldenstädt (1791), Hammer (1814), Klaproth (1808), Rich (1835). En 1853, M. Bérézine, dans ses Recherches sur les dialectes persans, étudia le kurde oriental (dialecte des colonies kurdes du Khorasan) et le kurde occidental (dialecte des environs de Mossoul, désigné sous le nom de Kurmanji): il donna une esquisse de grammaire, quelques indications phonétiques, un vocabulaire et quelques dialogues. En 1856, M. Lerch fut envoyé en mission par l'Académie de Saint-Pétersbourg pour étudier à Roslawl (gouvernement de Smolensk) des prisonniers kurdes qui se trouvaient internés là: il rapporta de là un glossaire du kurmanji et un certain nombre de textes appartenant les uns au kurmanji, les autres au dialecte zaza (aux environs de Palu et de Mousch): traductions

1. Le second; le premier est le dominicain Soldini (en 1760).

Nouvelle série, XIII.

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de proverbes et de fables turques, extraits de Saadi, quelques récits, quelques chansons populaires. A ces textes vinrent s'ajouter les récits, assez modernes, publiés par Alexandre Jaba, consul de Russie à Erzeroum (Recueil de notices et récits kourdes, réunis et traduits en français; Saint-Pétersbourg, 1860). Si nous ajoutons à cela les études de M. Chodzko sur le kurde de Soleimanié (Journal Asiatique, 1857, I, 297) et la grammaire et le vocabulaire du dialecte de Hakari (dans les montagnes de ce nom, aux sources du Tigre) par le Rév. Samuel A. Rhea (Journal of the American Oriental Society, 1872, pp. 118 sq.), nous aurons à peu près l'ensemble des documents réunis jusqu'à présent sur la famille des dialectes kurdes. D'étude de philologie comparative sur le kurde, il n'existe guère qu'un article de M. Pott qui établit la parenté du kurde et du persan (Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, III, 23 sq.), et quelques pages de M. Friedrich Müller.

Les deux livres que publie M. Justi sont l'effort le plus considérable qui ait encore été fait pour ramasser et résumer l'ensemble des faits recueillis jusqu'ici. Le premier de ces livres, le Dictionnaire kurde-français, est l'œuvre de M. Jaba, l'auteur des Notices kurdes citées plus haut, que son long séjour à Erzeroum a familiarisé depuis longtemps avec le kurde; mais M. J. a eu en mains d'autres documents qu'il a fondus dans le corps de l'ouvrage : (un dictionnaire français-russe-kurde compilé par M.Jaba et qui contient des mots et des phrases qui manquaient au manuscrit du dictionnaire kurde; une riche collection de dialogues kurdes recueillis également par M. Jaba; une collection de récits et de ballades kurdes rassemblés par M. Socin, dans son voyage en Arménie; enfin, il a incorporé les mots et les formes fournis par Garzoni, par M. Chodzko, par les textes de Lerch et par le Rév. Rhea. Le lexique donne l'étymologie quand elle est connue (c'est-à-dire le mot persan auquel répond le mot kurde quand il est kurde proprement dit, et le mot persan, turc, arabe ou arménien qu'il reproduit quand il est emprunté). La publication de ce dictionnaire, qui réunit tout le matériel jusqu'à présent connu, est un service de premier ordre pour lequel il faut remer. cier la patience de l'auteur et l'abnégation de l'éditeur'.

La rédaction de la grammaire est un travail, non point plus utile et méritoire, mais certainement plus difficile. La grande difficulté vient de la variété je ne dis pas de la richesse des sources et de la forme assez incohérente sous laquelle nous sont venus les matériaux. Nous n'avons guère jusqu'ici que des bribes ou des morceaux venus indépendamment de cinq ou six dialectes et les voyageurs qui les ont recueillis ayant cha

1. Les textes n'ont pas été absolument dépouillés : signalons l'omission d'un mot bien intéressant bin « odeur », traduisant bûi (Gramm., p. 139); bîn vient comme le persan bînî « nez », de la racine vaén « voir »; cf. le persan búi dîdan « sentir », littéralement << voir une odeur »; bînî « nez », en mazendéran véni, est le zend vaenaya (Y. 9, 35; khshvaêpaya = p. shéb); cf. pehlvi venak « qui sent » Vend. 757 [142], vénák havmanît est expliqué bûi khavîtûnît, vous sentez.

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