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dans son Avant-propos (p. iv), qu'il va publier « une suite de correspondances des plus curieuses et émanant de personnages des plus considérables de la fin du règne de Louis XIV. » Pour aujourd'hui, ajoute-t-il, « nous nous bornerons à présenter à nos lecteurs l'une des épistolières les plus actives certainement du xvne siècle, et en même temps l'une des moins connues nous voulons parler de la marquise d'Huxelles, mère du maréchal de ce nom 1». C'est au château de Quevillon, qui appartenait autrefois à la famille de Bernières et qui est actuellement possédé par Mme la princesse de Montholon-Sémonville 2, que M. de B. a trouvé les premiers éléments de son livre. Les archives de ce château renferment diverses lettres adressées à Mme de Bernières par ses amis et par ses amies, notamment par la marquise d'Huxelles. A ces lettres M. de B. en a réuni beaucoup d'autres, tirées de la Bibliothèque Nationale et de la bibliothèque de la ville d'Avignon. Il a pu orner presque chacune des pages de son volume de quelque document inédit, tantôt donné in-extenso, tantôt donné par extraits. On trouvera, rien que dans les deux premiers chapitres, des couplets du chevalier de Rivière, premier gentilhomme de la chambre du prince de Condé et capitaine de ses gardes (p. 10), une lettre du père Senault (de l'Oratoire), écrite d'Avignon le 13 janvier 1657 (p. 14), une lettre de condoléance de la mère Marthe de Jésus (Mlle du Vigean), du 20 septembre 1658 (p. 16), divers billets du grand Condé (pp. 20-21) et du duc d'Enghien, son fils (pp. 2224), du comte de Saint-Pol, le fils de Mme de Longueville (pp. 25-27), du prince de Conti (p. 28), du duc de La Rochefoucauld (pp. 29-32) 3, une lettre de Gourville, le secrétaire de l'auteur des Maximes (p. 33), une lettre de Bartet, le secrétaire du cabinet du roi, fameux par la bastonnade que lui fit appliquer le duc de Candalle (pp. 34-36), plusieurs lettres de Mile de Montpensier (pp. 37-41), une lettre du maréchal d'Albret (p. 41), enfin une lettre du comte de Jussac (pp. 43-45). Les autres chapitres, à l'exception du 7o, consacré aux relations de Mme d'Huxelles avec Me de Sévigné, et du 13o, où est racontée la vie du maréchal d'Huxelles, ne sont pas moins riches en lettres, billets ou pièces de vers, pour la plupart non encore publiés. Citons par exemple, et sans parler des nombreux emprunts faits à la correspondance de Mme d'Huxelles 4, les lettres

1. Bien que Mm* de Sévigné ait toujours écrit Uxelles, M. de B. a cru devoir adopter la forme Huxelles, la marquise écrivant elle-même ainsi son nom dans ses signatures.

2. C'est ce même château qui, sous le nom de la Rivière-Bourdet, a été rendu célèbre par Voltaire.

3. Notons qu'un des sept billets de La Rochefoucauld à Mme d'Huxelles avait paru déjà dans le tome III des œuvres complètes au grand écrivain (édition de M. Ad. Regnier, pp. 222-223), d'après une copie conservée à la Bibliothèque de l'Arsenal (belles-lettres françaises, no 3202, volume que la marquise d'Huxelles laissa par testament au marquis de Jarzé).

4. Voir surtout (pp.81-96) les lettres do Mme de Bernières, du 10 décembre 1703 au 15 février 1706. M. de B. dit (p. 80, note 1) combien serait désirable la publication

du marquis de Lassay (pp. 68-72), une lettre de Turenne (p. 75), deux lettres de Louvois (pp. 76-77), deux de l'abbé Rancé (pp. 98-102) 1, un billet de sœur Louise de la Miséricorde (p. 103), des bouts-rimés du comte de Grignan (pp. 105-106), trois lettres du premier président, Achille dé Harlay (pp. 111-113), une d'Arnauld de Pomponne (p. 114), une du cardinal de Bouillon (p. 115), plusieurs lettres de Mgr de Percin de Montgaillard, évêque de Saint-Pons (pp. 118-126), accompagnées de deux sonnets en bouts-rimés sur ce prélat « par M. Ranchin, maistre de comptes à Montpellier », deux billets de Mme de Maintenon (pp. 127129), un de la duchesse de Saint-Aignan (p. 129), divers billets du cardinal de Bouillon, du cardinal d'Estrées, du maréchal de Montrevel, du duc d'Harcourt, du duc de Boufflers (pp. 130-132), de la maréchale de Rochefort, de la comtesse de Hamilton (p. 140) 3, deux chansons du marquis. de Coulanges (pp. 160-162) et une vingtaine de lettres de ce personnage (pp. 162-250), lettres bien dignes de la réputation d'esprit de ce parent de Mme de Sévigné, et qui constituent une des plus heureuses trouvailles de M. de B., plusieurs lettres de Mme d'Huxelles à Foucquet (pp. 254-262), une importante série d'extraits des lettres jusqu'à ce jour inconnues de François de Callières, diplomate et écrivain également distingué, lettres adressées de Ryswick à Mme d'Huxelles et qui retracent toute l'histoire intime du mémorable congrès (pp. 269-272), quelques billets de la marquise à son ami le fervent collectionneur Roger de Gaignières (pp. 278301), enfin d'aimables lettres de Mme de Louvois (alors Anne de Souvré) à Mmo de Bernières (pp. 313-331).

des lettres adressées par Mme d'Huxelles au marquis de la Garde. Le Musée Calvet (Avignon) possède plus de 2,000 pages de cette gazette-correspondance (1704-1705 et 1709-1712). Les éditeurs du Journal de Dangeau en ont donné quelques extraits (lettres du 12 septembre au 31 décembre 1709). M. de B. lui-même en a donné quelques autres (Appendice, pp. 357-362). Il a, de plus, reproduit (Ibid., p. 362) une lettre à lui écrite par M. Deloye, conservateur du Musée Calvet, où l'on trouve la description du recueil en 3 volumes des lettres de la marquise d'Huxelles. L'ancien propriétaire du manuscrit en a interdit la publication, mais ne pourrait-on au moins mettre entre les mains des curieux une table analytique de ce que contiennent les trois volumes?

1. Ces deux lettres avaient été citées par M. l'abbé Dubois (Histoire de l'abbé de Rancé et de sa réforme. Paris, 1866, 2 vol. grand in-8°, t. II, p. 750).

2. M. Jules Lair n'a pas mentionné, dans son beau livre sur Louise de La Vallière, les relations de son héroïne avec Mine d'Huxelles.

3. Une lettre de la comtesse de Grignan à Mme d'Huxelles (p. 152) avait déjà été publiée, parmi les lettres de Mme de Sévigné, par M. Ad. Regnier (t. X, pp. 480-481). M. de B. la reproduit d'après le manuscrit de la Bibliothèque Nationale (F. F. 24987, f° 262).

4. M. de B. écrit Fouquet, mais il aurait dû appliquer à ce nom la règle qu'il applique au nom de Mme d'Huxelles, et adopter l'orthographe de la signature du surintendant.

5. M. de B. constate (p. 320), à propos d'un passage de la lettre du 21 septembre 1672, que les biographes de la duchesse de Mazarin ne mentionnent nulle part le << racommodage » avec son mari dont parie Mme de Louvois, laquelle est loin d'ap

Ces documents si nombreux et si divers donnent déjà beaucoup d'intérêt au livre de M. de Barthélemy. Le récit dans lequel il les encadre ajoute encore à cet intérêt. L'auteur s'est habilement servi des témoignages contemporains, surtout de ceux de Tallemant des Réaux, de BussyRabutin, de Mine de Sévigné et de Saint-Simon, pour raconter avec de grands détails la vie de Marie de Bailleul, mariée en premières noces au marquis de Nangis, en secondes noces au marquis d'Huxelles, et morte la plume à la main, comme il convenait à une aussi vaillante épistolière, le 29 avril 1712, âgée de plus de 85 ans. Elle ne fut pas toujours la vertu même, mais elle eut de brillantes qualités auxquelles son biographe rend un légitime hommage. Elle fut surtout une des femmes les plus spirituelles de son temps, comme un bon juge en matière d'esprit, La Rochefoucauld, le proclamait avec enthousiasme, et comme le répétaient à l'envi tous ceux qui connurent sa causerie ou sa correspondance. On aura beau chercher : on n'ajoutera pas grand'chose aux renseignements que M. de B. nous prodigue sur Mmo d'Huxelles'. On n'ajoutera pas grand'chose non plus à ses notices sur les amis de son héroïne. Parmi ces notices, les deux plus dignes d'attention sont celles qui concernent François de Callières et Roger de Gaignères. M. de B. fait remarquer très justement (p. 263, note 1) que l'on ne savait rien de la vie de Callières antérieurement à sa mission en Pologne, et qu'il a le premier donné à ce sujet de précises indications. Dans la notice sur Roger de Gaignères, nous apprenons (p. 277) que la marquise d'Huxelles se plut à enrichir la collection de manuscrits du célèbre curieux, et que, non contente de travailler elle-même à cet accroissement, elle y fit encore concourir la générosité de ses amis. Grâce aux révélations de M. de Barthélemy, les chercheurs au département des manuscrits salueront désor mais en Mme d'Huxelles une de leurs meilleures bienfaitrices.

T. DE L.

paraître ici comme la femme inintelligente que certains de ses contemporains s'amusent à nous dépeindre.

1. Signalons une omission de M. de Barthélemy. Il n'a pas songé à rappeler qu'une partie de la correspondance de Me d'Huxelles, conservée à la Bibliothèque Nationale, a été publiée par M. Taschereau dans le tome VII de la Revue rétrospective. Puisque nous en sommes aux omissions, disons que M. de B. n'a pas cité, au sujet de l'évêque janséniste de Percin de Montgaillard, le Port-Royal de Sainte-Beuve (t. IV et V). Ajoutons que lui qui généralement nous fait connaître les personnages qui figurent dans les lettres qu'il cite, n'a rien mis, au bas de la page 104, sous le nom de M. de Maurier, qu'il désigne simplement comme un gentilhomme manceau. Il aurait fallu rappeler que c'était Louis Aubery, seigneur du Maurier, l'auteur des Mémoires pour servir à l'histoire de Hollande, et le fils du diplomate Benjamin Aubery.

2. On s'étonnera de ne trouver, dans les pages relatives à Roger de Gaignères, aucun renvoi au savant ouvrage de M. Léopold Delisle, le Cabinet des manuscrits, où l'on trouve tout un remarquable chapitre sur l'illustre amateur (t. I, pp. 335-356).

II.

Société de l'art français. Mémoires inédits de Charles-Nicolas Cochin sur le comte de Caylus, Bouchardon, les Slodtz, publiés d'après le manuscrit autographe avec introduction, notes et appendice, par M. Charles HENRY. Paris, Baur. 1880, grand in-8° de 193 pages.

Un graveur distingué, dont la longue carrière s'étendit sur les trois quarts du dernier siècle (1715-1790), et qui mania à la fois la plume et le burin, Charles-Nicolas Cochin, entreprit, vers la fin de ses jours, de jeter sur le papier les souvenirs de sa vie et ses jugements sur quelques artistes célèbres et sur des amateurs ou hommes en place avec qui il s'était trouvé en relation. Comme il ne se proposait pas de livrer cet écrit à la publicité, il put s'y permettre certaines indiscrétions et une entière liberté de pensées et d'appréciations qui donne du prix et du piquant à ses jugements. Il assura, autant qu'il était en lui, la conservation de ce document en le léguant, par un acte de sa dernière volonté, à la bibliothèque du roi, où il fut en effet déposé par l'exécuteur testamentaire de Cochin. On put craindre assez longtemps qu'il ne fût perdu ou tout au moins égaré dans quelque recoin de notre grand dépôt national, où son existence avait été constatée, dès l'année 1795, dans un article. du Magasin encyclopédique, qui en exagérait beaucoup l'étendue, en lui donnant cinq cents pages, au lieu de cent cinquante-six pages auxquelles il se borne en réalité. Il n'est pas hors de propos de remarquer, en passant, que cette erreur a été reproduite, comme tant d'autres, dans la Biographie universelle. MM. de Goncourt avaient constaté que les catalogues de la bibliothèque impériale ne contenaient nulle trace de ce manuscrit, et les recherches qu'avait bien voulu en faire, sur leurs indications, M. Emile Mabille, dans le fonds français, n'avaient abouti à aucun résultat. Mais un érudit déjà connu par la découverte et la mise au jour de divers documents curieux, M. Charles Henry, sous-bibliothécaire de la Sorbonne, a dû à une publication toute récente de M. Léopold Delisle d'être mis sur la bonne voie, et il s'est empressé de livrer à la publicité le curieux écrit du secrétaire perpétuel de l'académie royale de peinture et sculpture.

Le premier et le principal chapitre des Souvenirs de Charles-Nicolas Cochin est consacré au comte de Caylus. L'artiste écrivain a surtout eu en vue de faire connaître les travers du grand seigneur, ami passionné des arts, mais à qui l'on a reproché, non sans raison, le despotisme qu'il exerçait sur les artistes. Le principal grief que Cochin invoque contre Caylus, c'est son inimitié contre le sculpteur René-Michel Slodtz, qu'il aurait persécuté sourdement partout où il put le rencontrer. René-Michel Slodtz et deux de ses frères, sculpteurs comme lui, ont fourni à Cochin le sujet de deux autres chapitres de ses mémoires. Enfin, un dernier chapitre, et non le moins intéressant, est consacré au fameux Bouchardon.

Les divers chapitres de cet opuscule sont suivis, sous le titre de remarques, de notes parfois plus intéressantes que le texte. Dans une

d'elles, consacrée à un ami du comte de Caylus, M. de Bombarde, on trouve des détails piquants sur la préparation de l'édition in-folio des Fables de La Fontaine, ornée des figures d'Oudry (pag. 72, suiv.). Ce qui, dans cette belle édition, concernait la partie typographique était débattu dans des conférences tenues entre M. de Montenault, l'éditeur ostensible; le lieutenant de police Berryer, grand bibliophile, comme on le sait; Malesherbes, directeur de la librairie et M. de Bombarde. <Encore que j'aye eu, dit Cochin, quelques occasions en ma vie de voir de près combien les gens en place sont au-dessous de ce que le public en pense, il est certain que je n'ai jamais vu tenir tant de propos sé«rieux sur rien. M. de Malesherbes étoit un étourdi, le meilleur garçon < possible, mais si distrait qu'à chaque instant il avoit perdu le fil de ce <qu'on venoit de dire. M. Berrier mettoit de la dignité mêlée de quelque quolibet à tout ce qui se disoit. M. de Bombarde gobe mouche étoit < successivement de tous les avis. Il étoit plaisant d'entendre les longues dissertations qu'on faisoit, pour savoir si l'on mettroit des lettres gri. «ses, si la première lettre seroit une fois et demie ou deux fois la hauteur des autres. Le bon, c'est qu'après plusieurs conférences où ces messieurs n'avoient pu se décider, nous restâmes et nous nous rendîmes, en toute politesse, les maîtres de l'édition et nous fîmes sagement, < car cela n'auroit jamais fini. En effet, le moindre des imprimeurs en <sçavoit plus qu'eux. »

On trouve dans les notes de l'article consacré à Bouchardon (pag. 108 et suiv.) des renseignements curieux sur les ateliers et les logements qui furent accordés dans le Louvre, sous Louis XV, à des artistes plus ou moins célèbres. On y trouve aussi quelques lignes assez intéressantes sur l'archéologue et bibliophile Gros de Boze. « M. Gros de Boze, dit Cochin, (p. 107), dont le nom mérite de passer à la postérité à cause de quelques éloges d'académiciens très bien faits, était cependant un homme très lourd, très pédant et fort ennuyeux par la lenteur de ses propos et l'affectation avec laquelle il s'écoutait parler. D'ailleurs, si plein d'estime pour soi-même qu'il en était insolent; une de ses phrases favorites à ceux qu'il regardait comme ses inférieurs ( et c'était presque tout le monde) étoit avec votre petite permission. » Ce que Cochin dit, en dernier lieu, du ton et des manières de M. de Boze, n'est guère d'accord, sauf en ce qui concerne sa lenteur et sa circonspection, avec l'idée que nous en donne un très bon juge, qui a passé près de ce savant les sept dernières années de sa vie et qui fut son collaborateur de tous les instants. On pourrait supposer que dans ce qu'il dit de de Boze, Cochin s'est laissé influencer, peut-être sans bien s'en rendre compte, par le por

1. Voyez le Journal des savants, n° de septembre 1876, p. 577.

2. Voyez les Mémoires sur la vie... de J.-J. Barthélemy écrits par lui-même, en tête du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce. Paris, Didot jeune, an vie (1799), in-8", tome Ier, pag. xxii et suiv.

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