Obrázky na stránke
PDF
ePub

loppement organique de la langue que le résultat d'une convention, qui ne présente qu'une législation plus ou moins arbitraire », et de plus que « l'usage n'a pas le droit de créer et d'incorporer à la langue des formes et des locutions nouvelles qui sont indépendantes de ces lois organiques ou en contradiction avec elles ». Qu'est-ce que cela veut dire? Evidemment qu'une langue ne doit présenter que des phénomènes parfaitement organiques. Mais on sait que toutes les langues se développent en deux sens différents d'une manière organique, régulière, et d'une manière inorganique; or, d'après la théorie de M. A., tous les phénomènes inorganiques d'une langue doivent être regardés comme non avenus. Dans la pratique, il est vrai, l'auteur veut bien consentir à faire quelques concessions à l'usage établi; mais, s'il se trouve ainsi dans une contradiction heureuse avec sa théorie, ses concessions sont à leur tour contradictoires et arbitraires. Déjà, à la page 3, en parlant du verbe à la fois transitif et intransitif stecken, il constate que l'usage a commencé à introduire, à côté du prétérit faible steckte, un prét. fort stak, pour la signification intransitive (j'étais fiché). Cette forme stak doit évidemment son origine d'abord au besoin de distinguer le sens transitif du sens neutre, puis à l'influence analogique des trois verbes neutres stehen, liegen, sitzen, prét. stand, sasz, lag, dont les verbes transitifs factitifs correspondants sont stellen, legen, setzen, prét. stellte, legte, setzte; pour le sens et pour la forme, le prétérit neutre inorganique stak est à steckte ce que lag est à legte, etc. C'est ici un cas où un verbe de la conjugaison faible a passé, du moins pour le sens neutre du prétérit, à l'ancienne conjugaison forte, comme cela a eu lieu pour quelques autres verbes, surtout preisen, pries, gepriesen, au lieu des formes faibles primitives preiste, gepreist (influence analogique des verbes forts de la série ei, ie, ie: bleiben, blieb, geblieben, etc.). Le phénomène inverse, c'est-à-dire le passage de la conjug. forte à la faible, est plus fréquent, voy., par exemple, les prétérits faibles wirrte, malte, waltete, qui ont depuis longtemps remplacé les anciennes formes fortes moyen haut allem. war, muol, wielt, sans qu'il y ait eu besoin, comme pour stecken, de distinguer le sens neutre de l'actif. Il est vrai que si pour stecken les formes du présent et du participe passé (ich stecke, gesteckt) ont suffi à la langue pour les deux sens neutre et actif, celle-ci n'avait pas absolument besoin de deux formes distinctes du prétérit. On peut donc accorder à M. A. que la forme stak est superflue; mais il est curieux d'entendre les raisons qu'il en donne : «< 1o cet usage <«<est un abus, qu'on trouve chez beaucoup d'auteurs, même chez « Göthe... ; 2° il y a une grande différence entre la perte et l'invasion de « la conjug. forte; la première est un des caractères distinctifs du développement et de la formation du haut allemand moderne en regard << de l'état antérieur de la langue, et elle n'est peut-être pas encore arrê«<tée complètement; la deuxième, au contraire, ne présente que quel<«<ques rares exemples parfaitement établis (feststehende), provenant

« d'une époque antérieure sur laquelle la lumière ne s'est pas encore « faite suffisamment (nicht hinreichend aufgeklärten Zeit), par exemple «pries pour preiste, et que dans aucun cas on n'a le droit d'augmen« ter ». A la bonne heure! En théorie générale, on nous apprend « qu'on n'a pas le droit » d'admettre les formations d'un caractère inorganique: cependant le passage de la conjug. forte à la faible, quoique inorganique, est parfaitement admissible; par compensation, le passage inverse ne saurait être admis, bien que l'auteur déclare lui-même qu'il y a des exemples parfaitement établis». Pourquoi cette partialité? M. A. ne nous le confie pas.

Mais c'est à la page 16 que l'auteur contredit le plus catégoriquement sa théorie générale : « Quel auteur oserait aujourd'hui changer impunément la forme de mots tels que Armbrust, Bockbier... etc., bien que l'histoire de la langue montre » que le caractère primitif de ces mots a été « tout autre », car, dit fort bien M. A. « ici l'usage général ne montre aucune hésitation». L'usage a donc, ici aussi, absolument raison contre les lois organiques de la langue. On pourrait résumer la théorie de M. A. en ces deux propositions: 1° le grammairien ne doit pas s'appuyer sur la langue usitée, mais sur la langue elle-même; 2° il y a des cas assez nombreux où le grammairien, si cela lui convient, peut prescrire formellement de se soumettre à l'usage, peu importe qu'il se trouve en contradiction formelle avec lui-même ou non. Et en partant de ce point de vue, s'écrie triomphalement M. A. (p. 5), c'est-à-dire des principes ingénieux posés par lui, « la grammaire est non seulement la servante de la langue usitée, mais aussi sa dominatrice, qui la cite devant son tribunal, pour blâmer ou louer ses procédés »! Cette phrase sublime est d'ailleurs empruntée au grammairien Heyse, qui la cite d'après Seidenstücker. M. A. a oublié de mettre les guillemets. Seulement le point de vue de feu Heyse était infiniment plus clair et plus juste que celui de M. Andresen.

Si maintenant nous passons de l'introduction au corps même de l'ouvrage, nous nous trouvons en présence des mêmes faits à côté de remarques justes et présentées d'une manière agréable et intéressante, avec des exemples bien choisis et bien groupés, on rencontre trop souvent des réflexions vagues, des discussions incomplètes ou peu approfondies, des assertions arbitraires ou absolument fausses. Prenons, par exemple, ce que dit l'auteur des participes passés des auxiliaires de mode wollen, sollen, können, etc., qui ont les deux formes wollen, sollen, etc., et gewollt, gesollt, etc. Il déclare expressément que les premières ne se confondent avec l'infinitif que pour la forme extérieure, mais que ce sont réellement les anciennes formes fortes, c'est-à-dire les participes primitifs de ces verbes. Mais il pose ensuite cette règle étrange, donnée d'ailleurs par beaucoup d'autres grammairiens, que ces participes anciens. wollen, sollen, etc., doivent être employés seulement dans les cas où ils sont accompagnés d'un infinitif; si l'infinitif manque, c'est-à-dire lors

qu'il est sous-entendu, il faut se servir des formes nouvelles gewollt, gesollt, etc.; on dira donc : er hat nicht kommen WOLLEN, SOLLEN, etc., mais si l'inf. kommen est supprimé, il faudra dire er hat nicht GEWOLLT, et non... WOLLEN. M. A., il est vrai, nous prévient que « beaucoup ne craignent pas de dire: er hat nicht WOLLEN ». Au lieu de «< ne craignent pas de dire », l'auteur aurait dû écrire « n'ont jamais dit autrement que », car beaucoup de dialectes de l'Allemagne du Sud ne possèdent même pas et n'ont jamais connu les formes faibles gewollt, etc., que l'usage a introduites déjà au moyen-âge dans une partie de l'Allemagne. Ajoutons que la règle serait arbitraire même dans le cas inverse, c'est-à-dire si les participes gewollt, etc., étaient les formes anciennes, et wollen, etc., les formes plus récentes la langue, en généralisant l'usage de ces dernières, n'aurait fait que suivre un déve loppement logique, comme cela est arrivé pour beaucoup d'autres phé nomènes. On peut même dire que lorsqu'une langue crée une nouvelle forme, elle finit généralement par abandonner la forme ancienne il y a longtemps que la langue n'emploie plus, par exemple, les anciens participes forts war, muol, etc., pour se servir exclusivement des 'formes nouvelles wirrte, mahlte, qui étaient d'abord employées parallèlement aux premières. Mais nous tenons surtout à faire ressortir une fois de plus la contradiction flagrante entre la règle donnée ici par l'auteur et le principe posé par lui plus haut (p. 4), d'après lequel « l'usage n'a pas le droit de créer et d'incorporer dans la langue » de nouvelles formes d'un caractère inorganique. Non-seulement M. A. accorde ici que l'usage a le droit d'introduire dans la langue des créations de ce genre pour les participes en question, lorsque les anciennes formes suffisaient parfaitement, mais il veut même que, dans certains cas, on soit forcé d'employer ces formes hétérodoxes.

Nous arrêterons ici nos critiques de détail, que nous pourrions multiplier à l'infini, et nous terminerons par une remarque générale. Le défaut capital du livre de M. A. est que ses recherches ne partent pas d'un point de vue général nettement défini, et qu'il se place même souvent aux points de vue les plus arbitraires et les plus opposés en traitant des questions absolument de même ordre. L'auteur paraît complètement ignorer cette vérité admise cependant depuis bien longtemps, à savoir que le rôle du grammairien ne consiste pas à faire comparaître la langue usitée devant son tribunal pour louer ou blâmer ses procédés » (p. 5), suivant ses préférences personnelles, mais qu'il doit se borner à constater que tel phénomène est organique et tel autre inorganique, et à rechercher quels sont les faits de ce dernier ordre que l'usage paraît avoir définitivement consacrés. L'histoire des langues a prouvé depuis longtemps que l'usage ne s'est jamais réglé sur les grammairiens, qu'il n'a pas tenu compte de leur blâme ou de leurs

1. Il n'y a que pour l'orthographe qu'on puisse constater dans une certaine me

louanges les langues ont toujours continué à se développer et à se transformer graduellement, indépendamment des grammairiens et malgré leurs défenses; à un moment donné, les formes et locutions formellement proscrites par eux deviennent même d'un usage tellement général qu'aucun auteur « n'oserait entreprendre impunément de les modifier », comme M. A. nous l'apprend lui-même à la page 16 de son livre.

Un dernier mot. L'ouvrage de M. Andresen est, en grande partie, le résumé de leçons professées par lui à l'Université de Bonn. Il faut espérer que des cours d'un caractère aussi peu scientifique ne sont plus que de rares exceptions dans l'enseignement supérieur de l'Allemagne.

Alfred BAUER.

102.

Hardenberg und das geheime Kabinet Friedrich Wilhelms III, von Dr Friedrich NOACK. Giessen, Ricker. 1881, 94 p. In-8°. - Prix : 2 mark.

La déclaration de guerre de 1806, qui a eu des suites si funestes pour la Prusse, a donné lieu à d'innombrables polémiques, sur lesquelles la critique n'a pas encore dit son dernier mot. L'auteur de cette étude que M. Oncken fait précéder d'une courte et intéressante préface, s'est proposé d'établir que la politique suivie en cette circonstance par FrédéricGuillaume III lui a été inspirée par des considérations d'intérêt général, et non, comme on l'a dit souvent, par un mouvement de passion contre Napoléon; elle se rattacherait moins à l'affaire du Hanovre qu'aux négociations engagées entre la France et la Russie, à propos de l'Orient; enfin le roi de Prusse n'aurait été conseillé que par ses ministres et n'aurait point fait prévaloir sur leurs avis ceux d'un cabinet secret et de conseillers occultes. Le travail de M. Noack dénote des recherches minutieuses, et doit être consulté.

A. S.

CHRONIQUE

FRANCE. Nous recevons de M. BRÉAL des tirages à part de deux articles instrés dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par l'École française de Rome: 1° L'inscription de Duenos (voir ci-dessus p. 220); 2o Inscriptions du vase Chigi (voir ci-dessus p. 280).

— M. G. d'ESPINAY, conseiller à la cour d'Angers, président de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, vient de publier une brochure intitulée : La liberté de tester et la copropriété familiale (Angers, Lachèse et Dolbeau, 1882, 50 pages In-8. Extrait des Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers).

sure l'influence des grammairiens, et encore cette influence est loin d'avoir été toujours heureuse.

C'est une étude excellente dirigée contre les théories de M. Le Play, qui sont combattues, l'histoire à la main, avec une sage modération : l'auteur ne rejette pas en bloc toutes les vues de M. Le Play; il accepte quelques observations justes et importantes, mais il s'élève avec une grande force et un grand bon sens contre l'idéemère du système, cette liberté de tester si contraire à la tradition, liberté que, par suite d'une étrange erreur, on réclame précisément au nom de la tradition. M. G. d'Espinay voudrait, au contraire, diminuer à certains égards le droit actuel de tester etil invoque avec raison à l'appui de cette opinion le vieux droit coutumier.

- Sous le titre Le mariage de Louis d'Orléans et de Valentine Visconti, La domination française dans le Milanais de 1387 à 1450, (In-8°, 63 p. Extrait des archives des missions scientifiques et littéraires, IIIe série, tome VIII), M. Maurice FAUCON, membre de l'École française de Rome, donne l'analyse ou la transcription de pièces se rapportant toutes à la domination française dans le Milanais pendant le xve siècle et au mariage de Valentine Visconti. Ce mariage donna, comme on sait, l'Astésan à un prince français; ce qu'on sait moins, c'est que les liens devinrent si étroits entre les ducs d'Orléans et le comté d'Asti qu'en 1438 les habitants se refusèrent absolument à la translation que le duc de Milan, Philippe-Marie Visconti, voulait faire de la ville à François Sforza. En raison de la captivité de ses neveux en Angleterre, le duc de Milan était devenu protecteur et suzerain du comte d'Asti (1422); mais les Astésans entendaient rester sujets du duc d'Orléans. Pourtant ils durent accepter la suzeraineté de Sforza, mais à condition qu'il administrerait la ville et le comté pour le plus grand bien et avantage du duc d'Orléans et du comte d'Angoulême, jusqu'à la mise en liberté des deux princes ou de l'un d'eux. Charles d'Orléans, remis en liberté en 1440, reprit ses droits directs sur la ville et le comté d'Asti; il les transmit à son consin, et ce fut au nom de Charles VII et du dauphin que Raynaud de Dresnay, bailli de Sens, se fit livrer Asti en qualité de gouverneur de la ville et reçut le serment de fidélité des habitants. M. Faucon a divisé ses documents en deux groupes chronologiques; d'une part, Milan; de l'autre, Turin et Asti, en distinguant par une rubrique spéciale les pièces qui concernent le mariage de Valentine Visconti.

- L'Académie des Beaux-Arts a décerné le prix Bordin (3,000 fr.) à M. Henry JOUIN pour son étude sur la Vie et les ouvrages du sculpteur Coysevox.

ALLEMAGNE. —La librairie Calvary, à Berlin, vient de faire paraître (pars prima) une nouvelle édition d'Aristide Quintilien ept pcvots, un des textes les plus étendus et les plus importants concernant la musicologie grecque. Cette seconde récension (la première, due à Meybaum, date de 1652) est l'oeuvre de M. Albert JAHN, docteur ès philosophie honoraire à Berne, qui a consulté et mis à profit une quinzaine de nouveaux manuscrits. Cette publication comprend le texte grec et l'annotation critique; M. A. Jahn donnera ultérieurement un commentaire (pars secunda).

Depuis le 1er mars paraît à Leipzig (16, Ritterstrasse): une revue espagnole, Ja Revista germanica, revue d'art, de littérature et de sciences, dont le but est d'« établir des relations intellectuelles plus animées entre l'Allemagne et les peuples de langue espagnole »; le second fascicule publie le commencement d'une traduction espagnole des Nibelungen. L'abonnement annuel est de 12 mark (15 fr.).

-

La quatrième édition du Deutsches Warterbuch de feu Karl Weigand vient de paraître chez l'éditeur Ricker, de Giessen (deux vols. 34 mark).

BELGIQUE. — M. Paul FREDERICQ a fait tirer à part, sous forme de brochure, les articles qu'il avait publiés dans la « Revue de l'instruction publique, supérieure et moyenne » sur l'enseignement supérieur de l'histoire. On y trouvera d'intéressantes

« PredošláPokračovať »