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sances, ni de vues d ensemble, s'était un peu plus enhardi à considérer dans leurs rapports généraux les grands événements de l'Europe au milieu desquels se meuvent ses personnages. Il aurait puisé dans cette étude les éléments d'une critique plus ferme de la politique qu'il expose et pour laquelle il se prononce un peu trop exclusivement. Il ne me paraît pas tenir assez de compte du rôle que jouait alors la Pologne dans l'équilibre européen et dans la politique française; il semble par moments qu'il ait sous les yeux une carte de l'Europe en 1882, au lieu d'une carte du temps de Louis XV. Il est sévère pour ce prince et pour sa politique. Il ne l'est pas trop et il fournit des raisons péremptoires de partager sur ce point ses conclusions.

A. S.

110.

L'Ecole de village pendant la Révolution, par Albert BABEAU. Paris, Didier. I vol. in-12 de x1-272 pages.

Les travaux que M. Albert Babeau a publiés jusqu'à ce jour ont une valeur et une importance telles qu'on est fâché, en voyant son nouvel ouvrage sur l'Ecole de village pendant la Révolution, de n'avoir pas entre les mains un plus gros volume. 180 pages sur un pareil sujet, c'est bien peu de chose; on voudrait espérer que M. B. reprendra son travail en vue d'une seconde édition, de manière à le compléter et à le rendre digne, par l'abondance des documents, du Village et de La ville sous l'ancien régime.

Tel qu'il est, ce petit livre est d'un très grand intérêt, et il faut le lire avec attention si l'on veut savoir ce que la Révolution française a fait pour l'instruction populaire. M. B. a poursuivi pour son propre compte, et en s'attachant à étudier plus particulièrement cette région du nordest qu'il connaît si bien, l'enquête minutieuse que le ministère de l'Instruction publique veut étendre à toute la France; il est arrivé à des conclusions que l'enquête générale modifiera peut-être : « L'œuvre de la Révolution française, en matière d'enseignement primaire, fut, comme toutes les choses humaines, un mélange de bien et de mal, et il serait aussi injuste de la blâmer sans réserve que de l'exalter sans mesure. » Les grands desseins de la Convention ont avorté, ajoute M. B., surtout à cause de l'incroyable incapacité » du Directoire. Les raisons de cet << avortement »>, M. B. les donne avec une grande franchise en disant que la Révolution française a eu le double tort de vouloir déraciner la foi religieuse à laquelle tenaient nos pères, et de prétendre substituer l'Etat à la famille et à cette autre famille que nous appelons une commune, que nos pères appelaient une paroisse. C'est, en un mot, la fureur antireligieuse des révolutionnaires, montagnards ou girondins, qui a privé les enfants, pendant plus de dix ans, du secours des maîtres d'école. Les

écoles étaient «< nombreuses dans les campagnes, » dit M. B., qui me paraît juger trop favorablement l'ancien régime en appliquant à toute la France ce qui était vrai de la seule région de l'Est. « Les cahiers du clergé, dit-il encore, sont ceux qui contenaient le plus grand nombre de vœux en faveur de l'instruction » (p. 41), et c'est en haine du clergé que la Législative et surtout la Convention ont dépeuplé les écoles. En 1795, lorsque la Convention délivrée de Robespierre eut rétabli le culte, les écoles se rouvrirent en même temps que les églises; mais l'intolérance stupide du Directoire les referma, et ainsi, pour n'avoir pas su respecter la première de toutes les libertés, la liberté de conscience, les républicains ont plongé leur patrie dans l'ignorance et rendu possible le despotisme de Napoléon.

Voilà des affirmations catégoriques, mais il faudrait les appuyer sur un très grand nombre de preuves, à la manière de M. Taine, et les documents imprimés ou manuscrits ne manquent pas. Le livre de M. B. est un résumé très habilement composé, mais ce n'est qu'un résumé, et l'on est en droit de demander bien davantage à un savant qui fait autorité comme M. Albert Babeau.

A. GAZIER.

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Gœthe-Jahrbuch, hrsg. v. Ludwig GEIGER. III Band. Frankfurt am Main, Rütten u. Loening, 1882. In-8°, vi et 468 p.

Le Goethe Jahrbuch de 1882 a paru le jour même où Goethe mourut ily a cinquante ans, le 22 mars. Il renferme les études suivantes : I. de M. L. von Urlichs: Goethe et l'antique, un des articles les plus instructifs du volume; II. de M. Alois Brandl, l'accueil fait en Angleterre aux œuvres de la jeunesse de Goethe, étude fort intéressante: l'impression produite par la première traduction de Werther (1779), les imitations du roman (Taylor, Reynolds, Alex. Thomson, John Armstrong), les essais de Mackenzie et de Ash sur les premiers drames de Goethe, la ballade de l'Erlenkænig refaite en anglais par Lewis et par Walter Scott, la parodie de Hookham Frere et de Canning, the Rovers or the double entertainment dirigée contre les premiers drames de Goethe et de Schiller et publiée par la revue hebdomadaire l'Anti-Jacobin; la traduction de Goetz de Berlichingen par Walter Scott et l'influence de la pièce allemande sur le Lay of the last minstrel et Marmion, Byron, Shelley, l'étude du poète allemand devenant peu à peu plus sérieuse et s'étendant, avec Carlyle, à toutes les œuvres de Goethe, tels sont les événements et les personnages que nous présente M. Brandl dans son travail un peu court, mais curieux et original; III. une étude

1. Remarquons que les rubriques Abhandlungen et Forschungen ont été fondues en une seule, Abhandlungen und Forschungen.

de M. Erich Schmidt sur Faust et le xvr siècle, l'auteur cherche avec beaucoup d'esprit et de savoir ce qu'il appelle les traits de Faust, le faustischer Zug et le « titanisme » dans des personnages comme Hutten, Luther, Paracelse; il analyse le Volksbuch paru en 1587 chez Spies et dont l'idée lui semble être « l'union de la science de la Renaissance avec la beauté antique », la nouvelle édition très augmentée du livre de Spies (1590) et le Faust de Marlowe; IV. une étude de M. H. Düntzer « les vues de Goethe sur la tragédie », travail d'ensemble qu'on ne lira pas sans profit; V. une causerie ingénieuse de M. W. Scherer sur l'arrangement adopté par Goethe dans la publication de ses œuvres complètes; M. Scherer espère d'ailleurs reprendre un jour ce sujet et parler plus à fond des intentions (Haupt-und Nebenzwecke) qui guidaient l'écrivain dans la disposition de ses écrits; VI. M. Daniel Jacoby rapproche des passages de Schiller et de Goethe; rapprochements attachants, parfois subtils, et qui témoignent de lectures étendues. La deuxième partie du vol. est formée par les Nouvelles communications; ce sont des lettres de Goethe à Silvie de Ziegesar, à Leop. de Henning, à Henri Meyer, au chancelier de Müller, et la perle du volume, - des lettres échangées entre Goethe, Klinger, la princesse Galitzin, Overberg et Stolberg. La famille de Goethe a enfin ouvert ses archives, et les petits-fils du poète ont permis à M. Bratranek de publier dans le Goethe-Jahrbuch quelques-uns de ces documents attendus avec impatience et jusqu'ici jalousement dérobés à la curiosité des chercheurs. Les lettres de Goethe et de Klinger, écrites dans la dernière période de leur vie, offrent un grand intérêt ; elles nous donnent de nouvelles informations sur la jeunesse de l'auteur de Sturm und Drang qui revient volon tiers sur le passé et rappelle à Goethe, non sans mélancolie, les jours de Weimar; la belle et longue lettre du 26 mai 1814 nous apprend que le titre devenu célèbre de Sturm und Drang fut suggéré à Klinger par l'«apôtre » Kaufmann. La troisième partie, intitulée « Miscellen, Chronik, Bibliographie » comprend vingt-huit articles et articulets où nous relèverons les deux importantes notices de M. L. Geiger sur le Neveu de Rameau, traduit par Goethe, la note de M. W. Creizenach sur les deux épîtres de Goethe à Gotter, celles de M. Zart sur le nom de Mephistopheles, de M. Bucher sur le nom de Sapupi, de M. Rollett sur Goethe et la glyptique, etc. Si attrayante que soit la conjecture de M. Jacoby sur la pièce de vers Adler und Taube, nous ne pouvons croire qu'elle ne soit simplement qu'une réponse aux moqueries de Herder. La chronique et la bibliographie font, comme toujours, honneur à M. L. G. qui y a rassemblé sous une forme concise les ren

1. Le manuscrit de ces épîtres appartenait à un Francfortois qui refusait de le publier, mais le lisait volontiers à ses visiteurs; il comptait sans M. Creizenach, dont la mémoire était extraordinaire, et qui, après n'avoir entendu qu'une fois la lecture du manuscrit, le reproduisit mot pour mot et le publia dans une revue.

seignements les plus exacts et les plus complets; en outre, le jeune et savant éditeur du recueil a dressé une table des trois premiers volumes du Goethe-Jahrbuch et il annonce que chaque vol, renfermera désormais une table des matières très détaillée ainsi qu'un portrait de Goethe ou de ses amis'. Aussi, ne pouvons-nous terminer cet article sans exprimer notre vive reconnaissance à M. L. Geiger; on peut dire de lui ce que Gleim disait de Boie, le directeur de l'« Almanach des Muses de Goettingue », er macht seine Sachen vortrefflich.

A. CHUQUET.

VARIÉTÉS

Lettres inédites de savants français à leurs confrères ou amis d'Italie

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L'honneur qu'il a plu à Vostre Altesse Sérénissime de me faire par sa dernière du 30 septembre, et la joye que j'ay ressenti, en y apprenant qu'Elle daignoit bien vouloir jetter les yeux sur ma Bibliothèque orientale, en l'estat qu'elle est, m'ont obligé de la remettre aussi tost entre les mains de Mr le Marquis Salviati, pour lui estre envoiée par la première commodité. Comme cet ouvrage a pris sa naissance sous les auspices favorables et sous l'auguste protection de Vostre Altesse Sérénissime, j'espère qu'elle le recevra avec quelque témoignage de bonté et d'aggréement, et qu'Elle aura plus d'égard à l'empressement que j'ay eu de suivre ses ordres qu'à la qualité du présent que je lui fais, puisqu'il ne peut tirer son prix d'ailleurs que de mon obéissance. J'ay pris dans cet ouvrage la liberté de faire mention en quelques endroits de manuscrits de la Bibliothèque du cabinet de Vostre Altesse Sérénissime; mais je n'ay pas osé en donner le catalogue entier sans son congé, et je me flatte cependant de l'espérance d'en pouvoir enrichir une seconde partie de ce mesme ouvrage qui est desjà preste, si cette première paroist digne à ses yeux de paroistre au jour. Je suis cependant dans l'attente de ses com

1. Le portrait de Goethe qui figure en tête du volume, est de toute beauté ; c'est celui qui fut fait par Schwerdgeburth en 1832.

mandements, lesquels je recevray toujours avec un très profond respect, en qualité de celuy qui fera profession toute sa vie d'estre

de Vostre Altesse Sérénissime

le très humble, très obéissant et très obligé serviteur,

D'HERBELOT.

(Florence. Archives d'Etat. Correspondance de Côme III, filza 1134; ancien 133).

VII

André Dacier.- 1651-1722.

MONSEIGNEUR,

Ce n'est point un présent que j'ay l'honneur de faire à Vostre Altesse Royale, c'est une dette dont je tâche de m'aquitter. Vostre bibliothèque de St Laurent, que vos prédécesseurs, de glorieuse mémoire, et Vostre Altesse Royale ont enrichie et embellie avec tant de soin et de dépense m'a fourni un trésor que je n'aurois pas trouvé ailleurs. Mr Antonio Salvini, aussy officieux que sçavant, a eu la bonté de m'envoyer des extraits d'un des plus excellents manuscripts qui soient dans l'Europe. Comme c'est à la magnificence de Vostre Altesse Royale que je dois la perfection de cet ouvrage qui paroist aujourd'hui plus sain et plus entier qu'il n'a esté jusqu'icy— je vous supplie, Monseigneur, de permettre qu'il aille non pas orner, mais augmenter vostre fameuse bibliothèque.

En m'aquittant d'un si juste devoir, javoueray à Vostre Altesse Royale que j'ose aspirer à l'honneur de son suffrage. C'est sans doute, Monseigneur, une ambition trop déréglée et je sçay combien cella est audessus de moy; mais rien ne nourrit tant l'esprit et le courage que de se proposer de grands objets. C'est là le mien, Monseigneur, et il n'est point d'effort que je ne fasse pour l'obtenir. La renommée, qui se fait honneur de parler des grands Princes, m'a fait connoistre depuis longtemps le goust exquis et les grandes qualités de Vostre Altesse Royale, et il y a plusieurs années que j'admire sa grande sagesse. Je souhaite, Monseigneur, que vos sujets jouissent longtemps d'un si grand bien et les arts et les sciences de vostre auguste protection.

Je suis avec un très profond respect, Monseigneur,

De Vostre Altesse Royale

le très humble et très obéissant serviteur.

A Paris, le 25 d'avril 1706.

DACIER.

(Florence, Arch. Nat. Correspondance de Côme III. Filza, 1137.)

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Je me trouve extrêmement honoré de la lettre que vous m'avez fait

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