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vre siècle et enfin au vine Mailus dans Cun-mailus, Mael dans Arthmael x siècle, mel au xire dans Par-mel, en Bretagne armoricaine. Mor, grand, depuis le xiie siècle Meur, forme qu'il conserve aujourd'hui, avant le ve siècle Marus, en Gaulois Maros dans une foule de noms, remonterait à un thème Magaros identique au grec péyapo-v. L'accent étant sur ma-, la syllabe ga, qui était atone, serait tombée de bonne heure, vers le me siècle avant J.-C. En admettant, comme cela est probable, avec M. d'A. de J., que la chute du g entre deux voyelles a pu avoir lieu à l'époque préhistorique (Deo mounti et Deo mogonti), on se heurtera toujours, dans cette théorie, au fait que, dans Magalos, le g s'est conservé jusqu'au vin siècle après J.-C., et qu'il persiste régulièrement dans les dialectes britanniques jusqu'au commencement de ce siècle, tandis qu'il serait disparu dans Magaros, accentué de même façon, dès le me siècle avant J.-C. Tant que M. d'A. de J. est sur le terrain néo-celtique, son histoire des deux mots mor et mael est d'une netteté et d'une précision irréprochables : il n'en est pas de même en gaulois et en celtique préhistorique, malgré toute la science et la pénétration qu'il y déploie. Il y a là un abîme de plusieurs siècles que rien ne saurait combler. L'auteur lui-même l'a senti lorsqu'il dit, page 65: < On s'étonnera peut-être de trouver dans nos exemples autant de mots d'origine latine; les mots d'origine latine ont l'avantage d'avoir une histoire régulière, sûre, tandis qu'on peut quelquefois contester l'identité d'un mot breton et du mot gaulois qui est considéré comme sa forme ancienne. »

Le paragraphe 3, du suffixe gaulois -àco-s, est fort instructif pour. l'onomastique gauloise et gallo-romaine et même pour la géographie de la Bretagne armoricaine. Ce suffixe-a co- se présente dans la bouche des bretons émigrés sous la forme -oc dès le vie siècle; au xe, il devient cuc et -ec. C'est la forme -ec qui a persisté généralement. M. d'A. de J. montre que l'habitude gallo-romaine de former, à l'aide de ce suffixe, des noms de lieu, dérivés de noms propres d'hommes, était inconnue aux Celtes en général, et particulièrement aux Bretons émigrés en Armorique. Il est donc certain que les noms armoricains en -ac, fort rares d'ailleurs dans la zone bretonnante, et tirés de noms d'hommes, sont d'origine gallo-romaine. Nous pourrions citer une brochure assez récente, sur le groupement des populations de l'Armorique d'après les noms en -ac, à laquelle a collaboré un professeur de l'université pourvu de deux agrégations et d'un doctorat, faussée tout entière par l'ignorance de l'histoire de ce suffixe.

Le paragraphe 4 pourrait se diviser en deux parties. La première traite du dou double d barré gaulois, remplacé parfois par un dans les inscriptions. L'auteur démontre que ce d barré, qui s'est traduit au-si par ss, ne répond ni au thanglais ni au 6 grcc. Le d barré est la notation 1° du groupe at ou tt qui se produit quand une racine ou un suffixe finissant par une dentale est suivie d'un suffixe commençant

par t; 2o du groupe st, qui se produit quand une racine ou un suffixe finissant par s est suivie d'un suffixe commençant par t; 3° du groupe st initial d'une racine; 4° du groupe ts; 5o du d final d'une racine quand il est suivi d'un suffixe commençant par c.

Le d barré est double dans les deux premiers cas, simple dans les

trois autres.

Cette étude est neuve en grande partie. Le Grammatica celtica (pp. 77-78) dit que d ou dd barré a été remplacé par ss et que parfois il équivaut à ds, mais elle semble l'identifier au 0 grec et au th anglais.

Dans la seconde partie, l'auteur traite des dentales spirantes en néoceltique. Il montre que ce sont des déformations du t et du d celtiques restés intacts au temps de l'empire romain. La dentale spirante provenant du t celtique précédé de c ou de r s'écrit th du 1x siècle au xin, z du xine au xvo. De même pour le t provenant du doublement d'un t originairement simple. L'autre dentale spirante, ou le qui prend la place d'un d placé entre deux voyelles, entre une liquide et une voyelle, entre une voyelle et une liquide, ou est devenu final par la chute de la dési nence primitive, date seulement du xin siècle. Ces deux dentales avaient le son du th anglais et ce son persista en léonard, en cornouaillais et en trégorrois jusqu'au xviio et au xvIII° siècle. En vannetais, la dentale spirante devient une gutturale spirante dès le xvIe siècle. En revanche, ́le vannetais a une autre dentale spirante. Les mots commençant par une dentale changent cette dentale en quand ils sont précédés de certains mots que la grammaire détermine: Ex. : me zat pour me tat, mon père. Le za le son du th doux anglais dans une grande partie de la zone vannetaise. Ces faits sont en partie nouveaux; le rôle et l'histoire des dentales spirantes, particulièrement en vannetais, n'ont jamais été exposés avec cette clarté et cette précision. L'appendice qui suit montre quel parti on peut tirer de la différence du traitement de la dentale. en vannetais pour l'explication de certains mots. M. d'A. de J. a oublié d'avertir que certaines formes corniques, comme Kerd et mordoit, appartiennent au xin siècle.

Dans le chap. 11 des lettres primitives, nous lisons que I's médial devient dans canfenn (je chantais) etj dans canjenn, et que les deux formes sont pour cansenn; mais nous croyons qu'il y a là une erreur. Il est admis aujourd'hui que le futur secondaire canfenn est de formation récente et ne contient nullement comme suffixe formatif le verbe de la racine bhû. Canfenn, en vannetais canchèn, suppose en effet une forme plus ancienne, canezen. Mais à côté de canehèn, il existe en vannetais un véritable prétérit secondaire, canezèn, qui a toujours dans ce dialecte le sens du conditionnel passé français. A ce canezenn, correspond ailleurs canjenn. La première forme, canfenn, canehèn, nous paraît correspondre à l'imparfait du subjontif latin, canerem pour canesem; la seconde au plus-que-parfait : fecissem. L's s'est maintenu, parce qu'il est pour deux ss. En gallois, on trouve les deux ss : carasswn, j'eusse aimé. Kanjenn et

kanfenn, pour le sens, se confondent aujourd'hui le vannetais seul conserve à canezènn son sens particulier.

Le chapitre i, des consonnes initiales muables, est un des plus intéressants et des plus neufs. Il touche à un fait capital dans l'histoire des dialectes bretons modernes. M. d'A. de J. distingue trois séries de mutations de consonnes initiales: dans les premières, b, c, d, g, m. p, t, gw, deviennent v, g,, c'h, v, b, d, w; dans la seconde, e devient c'h, p devient f, t devient ; dans la troisième, b devient p, d devient t, g devient c. Pour les mutations de la re série, on en connaissait la loi. Les langues néo-celtiques unissant en un seul tout phonétique certains mots étroitement unis par le sens, comme le pronom et le substantif, etc., les consonnes initiales des mots précédés d'un autre mot ainsi incorporé et terminé par une voyelle, subissent le même sort que si elles avaient été médiales et placées entre deux voyelles elles s'affaiblissent. L'explication des mutations de la deuxième série est concluante et des plus ingénieuses. M. d'A. de J. commence par prouver que c, p, t deviennent c'h, 1,1° quand ils sont précédés de r; 2o quand ils sont doubles. La première de ces lois atteint la consonne initiale du second terme des composés syntactiques ou nouveaux, quand le premier terme ou le premier mot incorporé est : 1o l'article masc. sing., ou fémin. plur.; 2o le pronom pers. de la 1 pers. du plur. ; 3° le pron. possess. de la même personne, et que, de plus, le second terme commence par c (k). Le t initial du second terme est resté intact, le pronom pers. et le pron. poss. gardant devant lui l'n primitif. Les mots commençant par p échappent à l'attraction.

La seconde règle atteint les mots commençant par c, p, t, et précédés: 1o du pron. pers. sing. de la 1or pers. ; 2° du pron. fém. sing. pers. de la 3o pers. ; 3o du pronom pers. de la 3e pers. du plur. ; 4o du nom de nombre tri, trois. Ces pronoms et ce nom de nombre, en effet, se terminaient autrefois par une voyelle longue. Or, une loi des langues celtiques est que l'on puisse remplacer une longue par une brève quand on double la consonne qui suit. La voyelle ayant été abrégée dans ces mots, la consonne initiale suivante a été redoublée et a subi les mutations atteignant le c. lep et le t doubles. Par analogie, la mutation s'est étendue considérablement plus tard. On a fini par en faire un moyen grammatical de distinguer certaines personnes et souvent les genres. M. d'A. de J. établit que les mutations de la première et de la seconde série n'ont été appliquées régulièrement qu'au xvIe siècle, que celles de la 3a série, élévation du bau p du dau t, du g au k, sont également postérieures au xvr siècle. Il eût été bon de distinguer entre la mutation écrite et la mutation parlée. La mutation parlée a dû suivre de près l'affaiblissement des consonnes médiales, dont elle est une conséquence. Les mutations de la 3e série sont probablement antérieures à l'époque où elles passent dans l'écriture; elles ont dû commencer aussitôt que les pronoms personnels ou possessifs ont formé ce que M. d'A. de J. appelle des

composés syntactiques. Aujourd'hui encore beaucoup de faits analogues ne sont pas notés dans la prononciation et existent dans l'écriture. Nous en avons fait l'expérience en notant phonétiquement des chansons vannetaises. Nous signalerons notamment le traitement du d initial, précédé d'un t final: les deux se réduisent à un t dans la prononciation. C'est ainsi qu'en écrirait aujourd'hui en vannetais, par exemple : Kerhet de houlen, allez demander, tandis que la prononciation est nettement : Kerhe toulen. On écrit encore le d final dans beaucoup de cas ou il ne se prononce pas ex. : marchad mad, bon marché on prononce marha' mat. Signalons, en passant, une erreur ou plutôt une inadvertance de M. d'Arbois de Jubainville. Nous lisons, p. 66, que le v n'est peut-être devenu gw que vers le xr° siècle. Il faut lire le x. Dans le cartulaire de Redon, on trouve régulièrement gw dès le commencement du xe siècle. En Galles, ce changement a eu lieu plus tôt.

Dans le chapitre Iv, de la chute du p indo-européen en celtique, l'auteur s'est inspiré du remarquable mémoire de M. Windisch paru dans le dernier volume des Beiträge de Kuhn; mais il a développé le sujet, principalement au point de vue chronologique. Il se fonde sur le mot 'Apxúvios, dans Aristote (Meteorologica, I, 13) contenant la préposition ar pour para, pour établir que le p initial indo-européen avait disparu en celtique dès le Ive siècle av. J.-C. Un seul exemple de ce genre ne serait guère probant, si, au siècle suivant, la chute du p n'était un fait accompli. La chute du p médial paraît aussi fort ancienne. Le changement de pt en ct semble s'être fait à une époque plus récente, au moins après le me siècle. Le changement de qu en p en gaulois n'était pas entièrement terminé en Gaule à l'époque de César, comme le prouvent les noms de Sequana et Sequani. Le groupe gaélique ne connaît pas le changement de qu en p. Tous ces faits sont exposés par M. d'A. de J. de la façon la plus claire et prouvés par des exemples bien choisis. Il conclut logiquement que le seul p d'origine celtique, en breton, représente un qu initial; le p, qui n'est pas pour qu, appartient à des mots d'origine latine ou française.

Le chapitre v, les explosives comparées à celles des langues voisines, contient des faits bien connus. On y trouvera cependant quelques observations intéressantes sur les premiers exemples de la substitution des consonnes en germanique. Signalons un fait important, à propos du groupe slavo-lettique, c'est que, à part l'annihilation de certaines gutturales, ce groupe traite absolument les explosives comme le groupe celtique. Le fait avait déjà été relevé par Zeuss dans la Grammatica celtica.

Le chapitre vi donne les suffixes bretons dans l'ordre alphabétique, en restituant, autant que possible, la forme ancienne. Ce classement est de nature à faciliter les recherches. Dans Zeuss ou trouve d'abord les suffixes contenant uniquement des voyelles, puis les suffixes à consonnes, classés d'après la dernière consonne du suffixe liquides, sifflan

tes, moyennes, ténues. M. d'A. de J. pousse le scrupule jusqu'à donner le plan suivi par Zeuss et renvoyer aux pages de la seconde édition.

La deuxième partie, de l'origine des voyelles et des consonnes du breton moderne de France (dialecte de Léon), est une mine de renseignements précieux. Il est regrettable que, pour les voyelles, M. d'A. de J. n'ait pas exposé sommairement les lois de l'infection vocalique. Elles eussent rendu facile au lecteur l'intelligence d'un grand nombre de modifications de voyelles.

Cette seconde partie est divisée en sept chapitres traitant successivement des voyelles, des diphthongues et des divers groupes de consonnes. Le chapitre vne est suivi d'une étude sur les suffixes nominaux du breton moderne de France (dialecte de Léon). Les suffixes sont rangés par ordre alphabétique. Les matériaux ont été fournis par le dictionnaire breton-français de Le Gonidec, édition de la Villemarqué. M. d'A. de J. a prudemment éliminé les termes dont M. de la Villemarqué propose l'emploi sans en avoir constaté l'usage. On pourrait peut-être trouver matière à discussion dans plus d'une des reconstitutions préhistoriques des formes modernes. M. d'A. de J. se meut, au milieu de ce monde vieux-celtique, avec une telle facilité qu'on serait tenté de lui appliquer la théorie de Platon sur la connaissance, qui ne serait qu'une réminiscence. On jurerait qu'il a parlé la langue de Vercingétorix: ne craint-il pas que parfois sa mémoire ne soit légèrement infidèle?

Souhaitons que le livre de M. d'Arbois de Jubainville devienne un manuel pour tous ceux qui s'intéressent aux choses celtiques : un pareil travail suffirait à couronner une vie de savant; il fait le plus grand honneur non-seulement à son auteur, mais à la science française.

J. LOTH.

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Fastorum civitatis Tauromenitanae reliquiae, descriptae et editae ab Eugenio BORMANN, praemissae indici lectionum academiae Marburgensis. Marburgi prostant apud N. G. Elwertum bibliopolam academicum. 1881, xxxш p. in-4°.

La Revue critique a rendu compte, le 6 juin dernier, de l'importante publication faite par MM, G. Lafaye et Albert Martin, membres de l'Ecole française de Rome, de la grande inscription, jusqu'à eux inédite, des Fastes de Tauromenium. Il parut, à peu près en même temps que cet article, dans la seconde livraison du jeune et vaillant recueil de l'Ecole française, une lettre adressée par M. le professeur D. Comparetti à M. Martin au sujet du sens qu'il convient de donner à l'expression sspatayoi dià névte étéoy. A cette lettre, M. Martin répondit, dans la même livraison, en développant l'interprétation que nous avons, de notre côté, fait connaître, en son nom, aux lecteurs de la Revue critique, interpré

1. Mélanges d'archéologie et d'histoire, fascicules III et IV. Juin 1881.

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