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Sommaire : 159. Le Banquet de Xenophon, p. p. Rettig. 160. NEUMANN, His-
toire romaine de Scipion Emilien à la mort de Sylla, p. p. Gothein. KLUGE,
Dictionnaire étymologique de la langue allemande. 161. Théâtre choisi de
Rotrou, p. p. DE RONCHAUD. 163. Lettres de l'abbé Galiani, p. p. PEREY et
MAUGRAS, p. p. Asse. 164. STRACKERJAN, Le pays et les gens d'Oldenbourg; De
DALWIGK, Le théâtre d'Oldenbourg.
Société nationale des anti-
quaires de France.

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Chronique.

- Académie des Inscriptions.

159.

-

Xenophons Gastmahl. Griechisch und deutsch herausgegeben von Ferdinand RETTIG. Leipzig, W. Engelmann. 1881. Iv et 273 p. petit in-8°.

Le présent volume se compose de 93 pages d'introduction, de 100 pages de notes explicatives; le texte grec, la traduction allemande et les notes critiques occupent 80 pages. On le voit, M. Rettig a mis beaucoup du sien dans ce livre, il a tenu à commenter son auteur de toutes les façons, en le traduisant, en exposant l'ensemble de la composition, en interprétant les menus détails de style et de langue.

M. R. est de ceux dont on a dit qu'ils ne se contentent pas d'expliquer leur auteur, mais qu'ils le sucent. Des différentes parties de son travail, l'Introduction est, si je ne m'abuse, celle à laquelle l'auteur doit tenir le plus, et que le lecteur jugera la plus originale et la plus remarquable. M. R. y fait l'analyse du Banquet de Xénophon de manière à faire comprendre l'à-propos et la convenance de tous les incidents qui s'y produisent, de toutes les paroles qui y sont prononcées; il s'efforce de marquer la place et le rang que chaque détail occupe dans l'ensemble de l'ouvrage, de deviner les intentions de l'auteur, de subordonner tous les détails à une idée maîtresse, de montrer enfin que ce petit dialogue est l'œuvre d'un art consommé, aussi attachant par la variété des détails qu'admirable par l'unité de conception. On peut trouver que M. R. a parfois trop de sagacité, trop de finesse et surtout qu'il appuie un peu plus qu'il ne le faudrait : cette longue dissertation philosophique et esthétique me gâte un peu, je l'avoue, l'impression que laisse l'ouvrage d'un laisser-aller si charmant mais ceci est affaire de goût et d'appréciation personnelle; je rends, d'ailleurs, pleine justice à la pénétration de l'auteur et je crois que l'on peut adopter la plupart de ses jugements et de ses vues. Il y a cependant un point sur lequel je me sépare décidément de lui.

On se souvient d'un incident qui tient une grande place dans ce banquet les convives conviennent de s'amuser eux-mêmes par un jeu de

Nouvelle série, XIV.

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société; chacun dira quel est le bien qu'il est le plus fier de posséder. Cela se fait d'une manière piquante, paradoxale, moitié plaisante, moitié sérieuse. Socrate, qui parle en dernier lieu, se vante de posséder l'art de l'entremetteur (pactρoneía). Plus tard Socrate fait l'éloge d'Eros, le dieu qui préside en quelque sorte à la fête donnée par le riche Callias au bel Autolycos. Mais Socrate distingue deux Eros, l'un, l'amour sensuel, éhonté, il le condamne et le flétrit; il exalte, au contraire, l'amour des belles âmes, qui rend meilleur et celui qui en est l'objet et celui qui le ressent. Ce discours de Socrate remplit le chapitre vi; il l'emporte sur tous les autres, non seulement par son étendue, mais aussi par le sérieux soutenu du ton (Socrate s'accuse et s'excuse lui-même de ce sérieux au 41), et par la portée des idées. On y voit, en effet, cette épuration des égarements de la Grèce que l'on pourrait appeler amour socratique, si le grand philosophe, qui en fit une des pièces constitutives de son système, n'y avait à jamais attaché son nom. Tous les lecteurs non prévenus, si on leur demandait quel est le morceau capital du Banquet de Xénophon, désigneraient, je crois, d'un commun accord, ce grand discours de Socrate. M. R. regarde comme le morceau le plus important de tout l'ouvrage la fin du chapitre II, les lignes dans lesquelles Socrate se vante d'être un excellent entremetteur. Ce n'est pas la première fois que M. R. émet cette idée paradoxale; on la contesta comme de raison, mais il y tient et il la défend avec d'autant plus d'ardeur, qu'elle lui appartient incontestablement en propre.

Voici ses arguments : le morceau capital doit se trouver dans la partie centrale de l'ouvrage; or, ce centre, c'est le jeu de société auquel concou rent tous les convives, et le point culminant de cette joûte, ce sont les paroles prononcées par Socrate à la fin du quatrième chapitre. On voit que M. R. applique les principes de l'architecture à la structure d'un ouvrage littéraire.

Ce n'est pas tout: M. R. a étudié le Banquet de Platon dont il a donné une édition avec le même soin que celui de Xénophon, et il fait une comparaison approfondie, détaillée, peut-être un peu trop minutieuse, des deux ouvrages. Or il trouve que le chapitre vin de Xénophon. le discours de Socrate sur l'amour répondent à ce que dit Alcibiade dans la fin du Banquet de Platon. D'un autre côté, les paroles placées dans la bouche de Socrate au quatrième chapitre de Xénophon, trouvent leur parallèle dans le grand discours de Socrate chez Platon. Mais ce der nier discours étant évidemment le morceau capital du dialogue de Platon, il s'en suit qu'il faut en dire autant de la partie correspondante du dialogue de Xénophon. Voilà où l'amour des constructions peut conduire un bon esprit.

Pour la constitution du texte, M. R. s'est servi, comme de raison, de l'édition de K. Schenkl, (Berlin 1866) et des Xenophontische Studien du même savant (Vienne, 1876). Cependant il a de nouveau collationné lui-même le manuscrit de notre Bibliothèque nationale, 1643, qu'il es

time le meilleur de tous, quoi qu'en dise Schenkl. Quelques corrections évidentes ont été introduites dans le texte, comme au ch. vi, 2: Ἀλλ ̓ ἀρκεῖ τοῦτο (conjecture de Cobet), pour ἀλλὰ δοκεῖ τοῦτο. Malgré la judicieuse réserve que l'éditeur s'est imposée à cet égard, il est un passage dans lequel je suis tenté de défendre contre lui la leçon des manuscrits. Au commencement du ch. VIII, Socrate exalte les qualités contradictoires d'Éros, le plus ancien des dieux par l'âge et le plus jeune par la figure, καὶ μεγέθει πάντα ἐπέχοντος, ψυχῇ δ' ἀνθρώπου ίδρυμένου. C'est ainsi que M. R. écrit avec Blomfield pour coupévou, qu'il déclare inintelligible. Avais-je tort de comprendre cette leçon ? Il me semblait qu'Eros y était représenté comme un dieu qui sait proportionner sa taille à l'âme humaine, se faire petit pour y entrer. Quoiqu'il en soit, fèpupévou ne saurait, je crois, se construire avec un simple datif, sans la préposition Ev.- Voici, au contraire, un passage que je voudrais corriger. On lit vi, 9 : Τοῖς πᾶσι καλοῖς καὶ τοῖς βελτίστοις εἰκάζω αὐτόν, et on explique τοῖς mãst xaλoïç, « à ceux qui sont beaux aux yeux de tout le monde. » J'aimerais mieux τοῖς παγκάλοις.

Je soumets ces observations à M. Rettig. Son édition du Banquet faite avec un soin scrupuleux, entourée d'explications abondantes et instructives, inspirée par une vive admiration de l'auteur, se recommande à tous les amis de Xénophon.

Henri WEIL.

160.

Carl Neumann, Geschichte Roms während des Verfalles der Republik, vom Zeitalter des Scipio Aemilianus bis zu Sulla's Tode, aus seinem Nachlasse herausgegeben von Dr E. GOTHEIN. Breslau, Koebner, 1881, 8° de vi-624 p. 12

mark.

Charles Neumann'a été, pendant dix-sept ans (novembre 1863-2 juillet 1880, date de sa mort), un des savants les plus distingués, un des professeurs les plus écoutés de l'Université de Breslau. Il a peu écrit : des articles dans les recueils de Petermann (Neumann était un bon géographe), un travail sur le pays des Scythes et ses rapports avec le monde grec, dont le premier volume a paru en 1855 et qui n'a pas été continué. Neumann se donnait tout entier à l'enseignement, où il excellait; il a formé des élèves, et en particulier M. Gothein, l'éditeur de ce livre et l'auteur d'études sur l'histoire religieuse du xve siècle; il a exercé sur l'Université de Breslau une véritable influence, dont les résultats se feront longtemps sentir.

1. Voyez la longue et intéressante notice que lui a consacré M. Partsch, Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde, Berlin, t. XVII.

2. Die Hellenen im Skythenlande, Beitræge zur alten Geographie, Ethnographic, etc Vol. I, 8°, Berlin, 1855.

A côté de ses travaux géographiques, Neumann faisait des cours sur l'histoire ancienne et, en particulier, sur l'histoire romaine. Dans chaque semestre, il étudiait une période généralement très courte; par exemple, dans le semestre d'hiver 1869-1870, l'histoire de Rome depuis les Gracques jusqu'à Sylla. C'est ce dernier cours qui forme ce livre : si l'on songe aux dimensions considérables de l'ouvrage et à la correction avec laquelle il est imprimé, on reconnaîtra que Neumann fut vraiment aimé de ses élèves, on applaudira au sentiment qui a inspiré M. G. et ses collègues, on rendra pleine justice au zèle heureux qu'ils ont déployé pour honorer la mémoire de leur maître.

Que M. G. nous permette cependant de croire et de dire, en toute franchise, que la science gagnera moins à la publication de ce livre que la mémoire de Neumann. Certes, les mérites de Neumann, comme historien, sont incontestables. La langue qu'il écrit est parfaite de netteté; les faits sont bien enchaînés et bien racontés; nous avons un tableau aussi complet que possible de l'histoire romaine pendant sa période la plus confuse; les causes de la chute de la république, dont l'étude forme le premier chapitre, sont exposées avec clarté, méthode et jugement. Je ne craindrais pas de comparer ce récit, pour sa richesse et son exactitude, à celui de Lenain de Tillemont, et c'est le plus grand éloge qu'on saurait faire à un historien. Eh bien! malgré tout, il ne semble pas que ce livre puisse être de quelque utilité vraiment scientifique, par la seule raison que les renvois aux textes manquent partout à peu près complètement. On ne saurait, sans doute, en vouloir trop aux éditeurs d'avoir négligé de les chercher et de les indiquer eux-mêmes; ils ont renoncé à une besogne aussi fastidieuse que longue, qui aurait demandé des années et n'aurait pu être faite que par un homme profondément versé dans l'histoire romaine. Cette besogne indispensable n'ayant pas été faite, nous n'avons qu'un répertoire immense, sans indication de sources; nous sommes en présence d'une mine très précieuse, privés des moyens de l'exploiter.

Neumann écrivait ses leçons avec un soin extrème, en arrêtait la forme dans les moindres détails. On le voit bien à la lecture de son livre; il est difficile de songer que ces pages n'étaient point destinées à l'impression. Or, devant ses auditeurs, Neumann négligeait complètement ce qu'il avait écrit. Les cas étaient extrêmement rares, dit son biographe, où, ayant à citer quelques textes, il montait en chaire et consultait ses notes. Le plus souvent, il se promenait devant les bancs de ses élèves, conversant avec eux et répondant à leurs objections. Il en résulte que cet intérêt, cette vie que Neumann mettait dans ses conférences, font presque toujours défaut à ce livre. Le récit se poursuit d'une façon lente et monotone rien ne réveille l'attention, ne repose l'esprit fatigué. On chercherait en vain quelque citation un peu étendue, quelque chose qui parlerait un peu à l'imagination. Les réflexions sont extrêmement rares, et c'est encore ce qu'il y a de plus fâcheux, car Neumann était un esprit

très clair, très judicieux. Ses considérations sur la portée de la réforme de Sylla, sur les différents « facteurs » de la révolution le montrent suffisamment et font regretter que les idées générales tiennent si peu de place dans son ouvrage. Encore une fois, cela se comprend, cela tient aux vices de la publication même : ce qui nous manque, c'est précisément ce qu'il y avait de meilleur dans les leçons de Neumann, ce qui aurait été pour nous de la plus grande utilité et ce qu'il était impossible de faire entrer dans ce livre.

Néanmoins l'ouvrage ne peut pas être complètement inutile, surtout à ceux qui voudront approfondir cette période de l'histoire romaine. La lecture en sera toujours une excellente préparation, très complète et très solide, de toute étude sérieuse et scientifique, mais ce ne sera jamais qu'une préparation. Malgré les imperfections et les lacunes de ce livre, il faut remercier M. Gothein de ne pas avoir reculé devant la publication.

Camille JULLIAN.

161.-F. KLUGE. Etymologisches Wœrterbuch der deutschen Sprache. Fasc. I Strasbourg, Trübner, 1882. 64 pages in-4o (sur deux colonnes). De aal à elf. Prix du fascicule i mark 50.

:

M. F. Kluge, déjà connu par quelques travaux estimés sur l'histoire des langues germaniques, s'est proposé de publier un « dictionnaire étymologique de la langue allemande » dont le premier fascicule vient de paraître. Cette œuvre s'adresse tant au public, qui n'a pas l'occasion de se mettre au courant des découvertes des savants, qu'aux savants euxmêmes, et c'est pour cela que nous nous permettons tout d'abord l'observation suivante. M. K. n'est pas toujours conséquent dans la supposition des << racines » ; ainsi balance-t-il pour braten (rôtir) entre bhrêdh et bhrét, pour bringen (apporter) entre bhrengh et bhrenk, pour Bühel (colline) entre bhug et bhuk. Il pense pour le mot Dieb (voleur) à une racine finissant par la ténue, ce qui ne l'empêche pas de regarder « dhubh » comme forme primitive du gothique dumbs (sot, sourd, muet), et il s'avise même de séparer Bug (courbure) de biegen (courber) en faisant de l'un le représentant d'un prototype « bhấgh », de l'autre d'une racine « bhuk ». Nous avons examiné ailleurs les hypothèses relatives à la forme des racines indo-européennes, d'où sont venues les racines germaniques commençant et finissant par une moyenne, il n'y a donc pas lieu ici d'y revenir; nous nous contenterons de proposer une étymologie et une seule. Ne pourrait-on admettre une racine dhup (slav. dûpli, creux) pour expliquer la moyenne finale de dumb-? Cf. pour la relation des acceptions de ces mots l'allem. taube Nuss, noix creuse.

1. D. Verschlusslaute i. Indogerm., Graz, 1881.)

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