Obrázky na stránke
PDF
ePub

Nous espérons que l'auteur saura éviter dans les fascicules qui vont suivre l'inconséquence signalée, qui porte quelque préjudice à son travail. Mais, à en juger par ce fascicule, l'ouvrage de M. K. rendra de très grands services, et l'on ne saurait trop le recommander à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des mots; chaque article est traité avec une brièveté, une concision qui ne laisse pas soupçonner, au premier abord, les longues et patientes recherches auxquelles a dû se livrer M. Kluge ; mais, sous cette forme serrée, nette et qui n'est jamais obscure, chaque article renferme tout ce qu'il faut savoir et apprendra beaucoup, nonseulement aux «< laïques », mais aux chercheurs mêmes et aux Fachgenossen; l'auteur remonte aussi loin qu'on peut aller pour nous donner la forme et la signification du mot; il fait les rapprochements nécessai res avec les langues classiques et indique les liens de parenté du terme allemand avec les autres langues germaniques, les langues romanes, et, le cas échéant, avec le sanscrit et le zend, les langues celtiques ou sla ves'. Le présent fascicule s'arrête au mot elf; sept ou huit autres fascicules suffiront pour que l'ouvrage soit complet; en tout cas, la publication en son entier ne coûtera que 12 marks ou 15 francs; ce prix assez modique contribuera à répandre un ouvrage que recommande déjà la science profonde et sagace de son auteur.

J. KIRSTE.

162.- Théâtre choisi de J. de Rotrou, avec une étude par L. de RONCHAUD. Portrait gravé à l'eau-forte par Lalauze. Paris, Librairie des bibliophiles. Deux volumes in-8°, LV et 248 p., 260 p. Prix des deux volumes : 15 francs.

Cette édition du théâtre choisi de Rotrou sera favorablement accueil

1. Une revue allemande a fort bien caractérisé ce mérite de M. Kluge par les mots « élégante brièveté » (elegante Kürzej. Voici, au reste, deux articles de ce fascicule; celui qui le commence et celui qui le termine, l'art. aal et l'art. elf. — AAL, M. aus gleichbedeut. mhd. ahd. ál ì.; gemeingerm. Benennung, got. *els voraussetzend; vgl. anord. all, angls. æl, engl. eel, ndl. aal, aṣæchs. *âl. Urverwandtschaft mit dem gleichbedeutenden lat. anguilla, wozu gr. ěyxekuç gezogen wird, ist unmæ. glich, weil die Laute der german. Worte zu sehr davon abweichen; selbst aus *antgla - konnte kein ahd. al oder angls. æl hergeleitet werden. Auch giebt es keine Benennungen von Fischarten, die das germ. mit dem gr. lat. als Erbgut gemein hætte, s. FISCH.- ELF, Num. aus gleichbedeut. mhd. eilf, eilif, einlif, ahd. einlif, gemeingerm. Bezeichnung für « elf », vgl. asæchs. élleban (für én-liban), angls. andleofan, endleofan, (für ánleofan), engl. eleven, anord. ellifu, got. ainlif: zusammensetzung aus got. ains, hd. ein und dem Element - lif in zwalf, got. twalif. Von den aussergerm. Sprachen besitzt nur das Lit. eine entsprechende Bildung, vgl. lit. vënolika « elf » twilika « zwœlf »; das ƒ des deutschen Wortes ist Verschiebung aus k wie in WOLF (λúxog). Die Bedeutung des zweiten Kompositionselementes, das im Germ. und Lit. nur in den Zahlen elf und zwoelf begegnet, ist unsicher; man deutet die dem Lit. und Germ. zu Grunde liegende Zusammensetzung aus der idg. Wz. lik « übrig sein » (S. LEIHEN) oder aus der idg. Wz. lip (s. BLEIBEN) und fasst elf als « eins darüber ».

lie du public'. Quoique l'édition complète, donnée en cinq volumes par Viollet le Duc (1820-1822), ne soit pas devenue rare et se vende encore à un prix raisonnable, les deux volumes que publie, avec son soin ordinaire, la Librairie des Bibliophiles, rendront service et à Rotrou, qui ne mérite pas de tomber entièrement dans l'oubli, et aux lettrés qui ne veulent pas affronter la grande édition de Viollet-le- Duc. L'étude de M. de Ronchaud est intéressante; on y remarque surtout les comparaisons qu'a faites le préfacier entre Rotrou, Molière et Racine. Mais peut-être M. de R. est-il trop sévère pour certaines pièces de Rotrou; si <«< bizarres » et si « compliquées » qu'elles soient, il en est, même Diane, même les Occasions perdues, dont la lecture n'est pas si « ennuyeuse >> et si « fade » que le déclare le critique. Pourquoi ne fait-il que mentionner dans une note sèche le Cosroès (p. LI)? M. de R. ne veut pas, dit-il, abuser des analyses; ne se serait-il pas fatigué à la fin de son travail, et Cosroès ne méritait-il pas autant de lignes que l'Hercule mourant? A quoi bon parler, des « fortes beautés » de cette pièce (p. 11) pour la laisser ensuite de côté? Enfin, qui nous dit, comme l'affirme hardiment M. de R. que Rotrou, s'il eût vécu jusqu'à quatre-vingts ans comme Corneille, n'eût pas eu les « retours généreux » de l'auteur de Nicomede et de Sertorius? (p. 1). Le génie du poète, écrit M. de R., a été fécond de bonne heure et s'est un peu alangui par sa facilité même; cela est bientôt dit; mais Saint-Genest, Venceslas et Cosroès, les dernières œuvres de Rotrou, sont précisément ses meilleures et prouvent que son talent dramatique croissait en vigueur avec les années. Il est regrettable que M. de R. n'ait pas connu à temps les études de M. Léonce Person; il est vrai, on ne doit pas trop lui en vouloir d'ignorer que le Saint-Genest est une imitation du Fingido Verdadero de Lope de Vega; ce fait est également ignoré de Sainte-Beuve, de M. Jarry, etc. Mais pourquoi dire (p. xxvii) que Rotrou eut trois enfants, un fils et deux filles, lorsque l'Analyse des archives communales de la ville de Dreux, publiée en 1875 par M. Lucien Merlet, archiviste du département d'Eure-et-Loir, atteste que le poète a eu, non pas trois, mais quatre enfants? Que signifie la note suivante (p. xxvi, à propos du buste de Caffieri) : « Il s'agit de peintures prêtées par la famille à l'artiste sur la demande des comédiens français et par l'intermédiaire de M. Michel de Rotrou, maire de Montreuil en 1779 »? M. R. a mal lu l'article du Dictionnaire critique de Jal; M. Michel de Rotrou, ancien maire de Montreuil, chevalier de la Légion d'honneur, est né en 1797 (de là la confusion avec 1779); il est encore vivant; il a deux fils, dont l'un a été et dont l'autre est en ce moment officier de marine; il descend en ligne

1. Elle fait partie de la collection des Petits classiques qui comprend déjà les Contes de Boufflers, les Lettres de Voiture et les Euvres choisies de Saint-Evremond; l'éditeur annonce, pour paraître bientôt, les Œuvres choisies de Fontenelle.

2. Notes critiques et biographiques sur Rotrou. Cerf. Ces Notes, qu'on ne trouvera pas dans le commerce, ont été reproduites par M. Person à la suite d'un livre qu'il vient de publier sur Venceslas.

directe de Pierre Rotrou de Saudreville, frère du poète; il est donc plus rapproché de l'auteur du Venceslas et de Saint-Genest que Mile Léontine Lelièvre-Rotrou, que M. de R. cite dans une note de la page comme la seule personne qui représente aujourd'hui la famille de Rotrou (voir Person, Notes critiques, etc). Une faute plus grave, c'est de dire (note, p. vi-vi) que le sujet du Menteur est pris de la Sospechosa Verdad de Lope de Vega; comme on peut s'en convaincre en lisant l'Examen du Menteur et la notice de l'édition Regnier, la pièce espagnole mentionnée par M. de R. est de Ruiz de Alarcon '. Néanmoins, il y a dans la notice de M. de R. de bonnes analyses accompagnées de citations heureusement choisies, et des jugements qui témoignent d'un goût sûr et fin. Quoiqu'il n'ait pu profiter du travail de M. Person, M. de R. ne croit pas aux anecdotes légendaires, comme celle des fagots où le poète jetait son argent et qui étaient, dit-il spirituellement, sa caisse d'épargne; il n'admet pas que Rotrou fut sur le point d'être arrêté pour dettes au moment de la représentation du Venceslas; il doute que Rotrou ait senti son génie, à l'âge de quinze ans, en lisant Sophocle. La préface de M. de R. est d'ailleurs écrite avec beaucoup d'agrément et de verve. Nous allions oublier de citer les pièces de Rotrou que M. de R. admet dans son édition; elles sont au nombre de six; dans le premier volume, Hercule mourant, Antigone, Le véritable Saint-Genest; dans le second, Dom Bernard de Cabrere, Venceslas et Cosroès. Six pièces, c'est peu, et l'on pourrait chicaner encore l'éditeur sur le choix qu'il a fait; on regrettera au moins de ne pas trouver dans ce recueil si élégamment édité la charmante comédie de la Sœur et ces Sosies qui ont fourni à Molière tant de détails heureux et que M. de Ronchaud regarde comme une « très bonne comédie, pleine de traits excellents » (p. xxx » 2).

163.

A. C.

D

L'abbé Gallani. Correspondance avec Mme d'Epinay, Mme Necker. Mme Geoffrin, Diderot, Grimm, d'Alembert. de Sartine, d'Holbach, etc. Nouvelle édition, ornée d'un portrait de Galiani, entièrement rétablie d'après les textes originaux, augmentée de tous les passages supprimés et d'un grand nombre de lettres inédites, avec une étude sur la vie et les œuvres de Galiani, par Lucien PEREY et Gaston MAUGRAS. Paris, C. Lévy, 1881, 2 vol. in-8° de LXXIV-543 p. et de 681 p. Lettres de l'abbé Galiani à Mme d'Epinay, Voltaire, Diderot, etc., etc., publiées d'après les éditions originales, augmentées des variantes, de nombreuses notes et d'un index, avec notice biographique, par Eugène Assɛ. Paris, Charpentier, 1881, 2 vol. in-18 de vi-422 p. et LXX-422 p. (La notice, brochée en tête du tome II, doit être reliée en tête du tome Ier).

La correspondance française de l'abbé Galiani a eu deux fois en ce

I. P. LI « Rotrou était à Paris, » dit M. de R., lorsque l'épidémie, dont il devait être victime, éclata à Dreux; M. Person a prouvé que Rotrou était à Dreux, lorsque se déclara la maladie.

2. On nous dit que ces deux pièces se trouveront dans l'édition que M. Félix Hémon, l'auteur de l'Eloge de Rotrou récemment couronné par l'Académie, doit bientôt publier chez Laplace et Sanchez.

siècle une fortune singulière. Révélée au public en 1818 par les éditions simultanées, et toutes deux fort médiocres, de Barbier et de Serieys, elle a sollicité, en 1881, la curiosité d'érudits qui ont travaillé à l'insu les uns des autres et dont les publications n'ont ni les mêmes qualités, ni les mêmes défauts. N'est-il pas curieux que Galiani ait attendu plus de soixante ans un honneur dont il était assurément plus digne que bien d'autres épistolaires? Les imperfections choquantes des textes de 1818 éveillaient, en 1850, la sagacité toujours aiguisée de Sainte-Beuve : « Ces deux éditions, disait-il, sont également défectueuses au point de compromettre l'agrément de la lecture. On ne saurait imaginer les inexactitudes de mots, les altérations de sens, les inepties, pour tout dire, qui se sont glissées dans le texte de l'une et de l'autre ; il serait difficile de les distinguer à cet égard ». Vers le même temps, MM. E. et J. de Goncourt réclamaient une édition plus complète et ajoutaient qu'après ce nouveau travail il y aurait « un remaniement dans l'ordre des épistolaires français et peut-être un changement de rang dans les premiers rangs . » Cet appel ne devait être entendu qu'après un nouvel intervalle de trente ans.

M. Perey et Maugras ont consacré plusieurs années à copier et à collationner, soit les lettres de l'abbé qu'ils avaient achetées en suivant assidûment les ventes, soit celles que les amateurs leur ont permis de collationner sur les autographes; M. P. a obtenu non sans peine, et grâce au concours de M. A. Geffroy, la communication de la correspondance diplomatique de Galiani avec son ministre Tanucci; les publications récentes dont l'abbé a été l'objet de la part de ses compatriotes ont été mises à profit et des documents inconnus, tels que le Journal, encore inédit, d'un voyage en Italie par Mme Necker de Saussure, ont fourni un contingent notable de faits, de traits et d'anecdotes. Le principal résultat de ces efforts est la réunion de trente lettres inédites ou non recueillies, dont treize au numismate Joseph Pellerin (les originaux forment à la Bibliothèque nationale le no 1074 des nouvelles acquisitions françaises); quatre à d'Alembert, dont trois déjà publiées par Ch. Pougens dans les Œuvres posthumes de d'Alembert (An VII, 1799, 2 vol. in-18, tome I, pp. 404-414), et qui ne méritaient pas, par ce fait, l'épithète d'inédites ; les autres ont été signalées ou communiquées par

1. Causeries du lundi, t. II, p. 440. Voir aussi une note sur Galiani à propos du choix publié en 1866 par M. Paul Ristelhuber (Causeries, tome VIII, p. 545 . Sainte-Beuve rappelle, à ce propos, que la Revue critique du 6 octobre 1865 avait dit un mot de ces Contes, lettres et pensées.

2. L'Eclair, journal (1852) nos 6 et 7.Ces deux articles n'ont point été réimprimés. 3. La lettre du 25 septembre 1775, dont l'original appartient actuellement à M. Minoret, a été publiée aussi comme inédite dans l'Amateur d'autographes de 1865, p. 325, avec d'assez nombreuses fautes de lecture qui ont été rectifiées par MM. Perey et Maugras. La seule lettre à d'Alembert, qui fût véritablement inédite (collection Dubrunfaut), se trouve reproduite deux fois, p. XLVII de l'introduction et tome II, p. 645.

Me la comtesse d'Haussonville, M. le marquis de Flers, M. Minoret, M. le comte A. de Gobineau, M. Rieu, du British Museum, M. J. Grot, de Saint-Pétersbourg, MM. Puttick et Simpson, libraires à Londres, et M. Etienne Charavay. M. Dubrunfaut avait, en outre, permis à MM. P. et M. de conférer sur les autographes toutes les lettres de l'année 1771 qu'il avait acquises dans la vente du 2 février 1874. Enfin les éditeurs ont eut le bonheur de se procurer trois lettres adressées à Galiani par Diderot, par Grimm et par la reine Caroline (celle-ci a été retrouvée aux archives du Palais-Royal de Naples par M. A. Geffroy); ils ont, en outre, reproduit douze lettres de Mme d'Epinay à l'abbé, insérées par MM. Brunet et Parison à la fin des Mémoires mis au jour en 1818; Barbier n'en avait publié que quatre et Serieys aucune.

il

M. Asse a procédé tout autrement. Il ne semble pas s'être douté que les originaux mêmes de toute la correspondance de Galiani avec Mine d'E pinay, sans parler d'un certain nombre d'autres autographes, ont passé à diverses époques chez MM. Charavay. Après avoir comparé entre elles les éditions Barbier et Serieys, « nous arrivâmes, dit-il (Avertissement, p. ), à la conviction que si le véritable texte de Galiani n'existait pas plus dans l'une que dans l'autre prises séparément, il pouvait être établi, par leur minutieuse confrontation, et que ce qui manquait dans l'une pouvait être retrouvé dans l'autre ». De ce que Barbier reproche à Serieys d'avoir négligé parmi les suppressions nécessaires, « celles qui étaient impérieusement commandées par le bon goût et le respect pour les mœurs », M. A. conclut que le texte de Serieys est prélérable, puisque les scrupules de son concurrent sont inconciliables « avec la fidélité rigoureuse qui est le premier devoir c'est du moins ainsi qu'on le comprend aujourd'hui d'un éditeur ». M. A. va plus loin, accepte pour valable la défense de Serieys qui, soucieux de justifier l'authenticité des copies dont il s'était servi, prétendait les tenir de Mime R .., fille de Lecourt de Villière, secrétaire de Grimm; celui-ci les lui aurait confiées en quittant la France. J'ignore si cette explication parut suffisante aux lecteurs de 1818, mais puisque M. A. fait à la nouvelle édition de la Correspondance littéraire l'honneur de la citer presque à chaque page, il a certainement jeté les yeux sur le Mémoire où Grimm célèbre les bienfaits de Catherine et il y aura vu que, menacé dans sa liberté et peut-être dans sa vie, par les dénonciations de la section du Mont-Blanc, il quitta brusquement Paris en février 1793, n'emportant que les lettres de l'impératrice'. Bientôt après sa maison fut mise au pillage et sa bibliothèque transportée au dépôt littéraire de la rue Saint-Marc. Les « paperasses », selon l'expression de D. Poirier, y formaient à elles seules trente-quatre paquets et les lettres de Galiani y devaient tenir leur place. ainsi que les manuscrits et les papiers personnels de Mme d'Epinay. Or, Serieys était, à cette époque, conservateur du dépôt littéraire de la rue de

1, Cf. Corr. litt., tome 1, pp. 41-46, et tome XVI, p. 552

« PredošláPokračovať »