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(BODLILIBR)

D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

No 34

21 Août

1882

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167. Archives de

109.

Sommaire : 165. SOCIN, Les dialectes araméens d'Ourmia à Mossoul. 166.
WARREN, Manuscrits de Térence collationnés par Bentley.
l'Orient latin, tome I. 168. PAJOL, Les guerres sous Louis XV, vol. I.
Les contes en vers d'Andrieux, p. p. RISTELHuber. 170. JANSSEN, Frédéric
171. SIMSON, Rapports de Napoléon III avec la France et l'Allemagne.

Stolberg.

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165. - Die neu-aramaeischen Dialekte von Urmia bis Mosul, Texte und Uebersetzung herausgegeben von Dr Albert SOCIN, Professor an der Universitaet Tubingen. Laupp, Tubingen, 1882, x1 et 224 p. in-4o.

M. Socin poursuit sans relâche ses travaux sur les dialectes des pays environnant Mossoul. L'année dernière, il éditait, en collaboration avec M. Prym, un volume qui nous révélait le dialecte araméen du Tour ‘Abdin '. Cette année s'annonce encore plus fructueuse; outre ce livre-ci consacré à divers dialectes araméens, il a publié, dans le premier cahier de cette année du Journal oriental allemand, une première série de textes du dialecte arabe de Mossoul et de Mardin, lesquels, avec les Proverbes arabes, doivent servir de matériaux pour des travaux ultérieurs de grammaire et de lexicographie. Il paraîtra aussi prochainement une importante collection de chants kurdes et des textes dans le dialecte turc du Kurdistan.

Malgré la généralité de son titre, le présent livre n'a pas la prétention d'être complet; cependant il forme, dans son ensemble, un recueil de première valeur pour l'étude des dialectes néo-syriaques. Le soin que M. S. a mis à rendre exactement la prononciation de ces dialectes, lui assure la reconnaissance des philologues. Il suit le système de transcription adopté précédemment pour le dialecte du Tour 'Abdin; les diverses articulations et les nuances des voyelles y sont minutieusement notées au moyen de caractères latins munis de points et d'appendices diacritiques. Il est à désirer que cette excellente méthode serve de modèle pour les travaux de ce genre.

Six dialectes sont représentés par des textes classés sous vingt-sept numéros : le dialecte d'Ourmia, nos I-XXII; le dialecte de Supurghan et le dialecte de Chosrowa, no XXIII, 1 et 2; le dialecte de Dschelu,

1. V. Revue critique, no du 15 août 1881.

2. Arabische Sprichwoerter und Redensarten. Tubingen, 1878.

Nouvelle série, XIV.

8

n° XXIV a b c; le dialecte Fellihi, nos XXV et XXVI; et le dialecte des Juifs de Zacho, no XXVII a et b.

Comme on le voit par cette classification, le dialecte d'Ourmia est de beaucoup le mieux partagé, sous le rapport du nombre des textes. Ceux-ci sont dus à la composition d'un certain Joseph Audischu', natif de Matmaryam, faubourg d'Ourmia. MM. Hoffmann et Socin, alors à Berlin, profitèrent de la présence d'Audischu dans cette ville pour les lui faire écrire et lire. C'est pendant la lecture qu'ils en fixèrent la transcription exacte au moyen de caractères latins et de signes spéciaux.

Le style d'Audischu nous était déjà connu par plusieurs morceaux publiés en 1873 par M. Merx dans sa chrestomathie néo-syriaque (Neusyrisches Lesebuch, pp. 1-28). Mais cette publication s'en tenait à l'orthographe d'Audischu qui, se servant de caractères syriaques, tantôt recherchait l'étymologie, tantôt imitait la prononciation, à moins qu'il ne se laissât aller à sa fantaisie. Son esprit peu cultivé ne lui permettait pas de suivre une orthographe régulière, comme celle que durent adopter les missionnaires protestants, qui avaient d'autres soucis que de faire de la philologie. Il est singulier qu'ils marquent d'un point inférieur le waw du suffixe de la 3e personne fém. sing. Audischu suit cette ponctuation vicieuse; heureusement, la prononciation figurée nous apprend que ce suffixe est o et se distingue du masculin ou.

Le principal intérêt de la nouvelle publication de M. S. réside donc dans sa méthode de transcription. Il aurait pu avantageusement laisser de côté la rédaction syriaque d'Audischu, qui accompagne le texte des treize premiers numéros; en la conservant, il devait, il nous semble, la corriger et la ramener à la stricte étymologie. La prononciation étant assurée par la transcription en caractères latins, la rédaction syriaque ne devait plus servir que de commentaire facilitant l'intelligence des textes; telle est, par exemple, l'excellente rédaction arabe que M. S. a jointe à son édition des dialectes arabes de Mossoul et de Mardin, mentionnés plus haut. Le respect scrupuleux de l'éditeur pour son manuscrit est très louable en ce qui concerne la transcription phonétique; c'est à la critique à rechercher si les inconséquences inhérentes à cette méthode sont dues à la mobilité du parler vulgaire ou à des lapsus très excusables de la part d'une oreille européenne, ou bien si elles trouvent leur justification dans des raisons grammaticales. Mais nous n'avions aucun intérêt à connaître l'orthographe d'Audischu et à savoir quelle valeur il donnait à telle ou telle consonne syriaque; citons, par exemple, tèt au lieu de taw dans sita « mesure » 54, 11; sâde au lieu de semkat dans sau et sawo « vieillard », 46, 5 et 12, comp. 46, 14; 'aïn explétit dans bâzûze << spoliateurs », 48, 17, dans khlimi « gros » 50, 7, et khulmánuitu « grosseur », 54, 12, comp. neu-syr. gr. p. 257, not. 1; en tête de ara «< terre », 1, 3; 54, 21, etc; sans compter les mots où il est

I. Prononciation moderne du nom nestorien 'Abdischo, autrement dit 'Ebed-Icsu.

transposé, comme marre, 12, 18, bibáya, 26, 16, marya, 40, 6, mazzeta, 49, 13, mazdiyanta, 50, 2, mazdih, 50, 15, et ceux où il fait défaut, comme towilun, 38, 13. La transcription phonétique enseigne suffisamment que ces emphatiques ont perdu de leur valeur et permutent souvent avec les consonnes simples correspondantes; l'orthographe d'Audischu ne nous apprend rien de plus, mais elle peut induire en erreur. Elle est, du reste, aussi négligée que son style boud qouirawati « tombeaux », P. 44, 21, mais plus exactement beit qoubrawáti, 46, 13; batr dimmu, 94, 21, pour bar dimmu; le lamed suivi du pronom suffixe de la 3 pers. sing. est écrit tantôt suivant l'orthographe du syriaque littéraire leh masc., lâh fém., tantôt comme le verbe substantif ilé, ilâ; dans ce dernier cas, l'écriture syriaque n'est pas toujours conforme à la prononciation; ainsi, p. 36, 3, on lit bayyêli au lieu de bayyâli; p. 40, 5, khazyawêli au lieu de khazyawâli; youme au lieu de youmâne, 46, 21. Ces observations, qu'il serait aisé de multiplier, montrent toute l'importance qu'on doit attacher à la transcription phonétique de M. Socin.

Le crochet doit être sous le h dans thilale, 35, 2, et briha, 107, 15; le second g de ligdâga 102, 6 est pour r.

Supurghan et Chosrowa, au dialecte desquels est consacré le no XXIII, sont situés le premier, au nord-est d'Ourmia; le deuxième, au nord de la même ville, dans le district de Salamâs. Ce numéro est reproduit en deux leçons, l'une pour Supurghan, l'autre pour Chosrowa; il provient de la même source que les précédents. Il est malheureusement trop court pour donner une connaissance suffisante des particularités dialectales qui distinguent ces idiomes. Au reste, Audischu paraît s'être complètement mépris en ce qui concerne le dialecte de Chosrowa qu'il assimile à tort à celui de Gawar. Les scrupules de M. S. étaient bien fondés, quand il disait dans sa préface, p. vii, que les données d'Audischu sur les dialectes de la Plaine et de la Montagne ne devaient pas être accueillies sans réserve. Un vénérable prêtre de la Mission de Paris, M. le P. Bedjan, dont la présence à Paris nous avait été signalée par M. S., a bien voulu nous donner quelques renseignements sur le dialecte de Chosrowa, son pays natal; nous les consignerons ici, à titre de contrôle : comme à Ourmia, les noms de nombre n'ont qu'une seule forme pour le masculin et le féminin; l'article indéfini « un », « une » est kha; les formes khế et kdhá d'Audischu sont d'autant plus erronées qu'il prend khe pour le féminin et kdhá pour le masculin, excepté dans khdá schinna, 121, 17, où il est féminin. Khammisch « cinq », ischit « six », 121, 15 et 16, sont également inusités; on dit, en tout cas, khammischta et ischta. Les désinences aya s'abrègent en á, comme rewa« ivrogne » au lieu de rewâya, 121, 9; bidá au lieu de bidaya « savoir », 122, 2. Le suffixe du pronom de la 3° pers. mas. sing. est ou pour les substantifs et la plupart des prépositions, on dit : idou « sa main » et non idi, 121, 14; qẩ’ou « à lui » et non qâti, 121, 21. Le mot kya, 121, 21, est une interjection qui peut s'adresser à une femme, mais non à un homme; cim « très », azizih

<«< mon ami », soyougli « mon cher », se disent à Ourmia, mais non à Chosrowa. Audischu connaissait le dialecte de Gawar, car sa famille était originaire de cet endroit; ce morceau aurait peut-être été mieux intitulé : : « Dialecte de Gawar ».

Le n° XXIV, relatif au dialecte de Dschelu dans la Montagne, se compose de trois morceaux fournis par un habitant peu lettré de ce pays à M. S., qui en fit la rencontre à Damas. Dans les dialogues, la troisième personne est employée pour la seconde; cet usage était digne d'être remarqué; on le retrouve également dans d'autres passages, voy. note 18; si on n'y prenait garde, on pourrait être tenté de prendre le suffixe ou de la 3e pers. pour celui de la seconde, oukh, en supposant la chute de la gutturale, chute qui existe effectivement dans da « une », 122, 18; 123, 2, pour khda. Cette manière de parler, constatée chez des gens grossiers, est instructive au point de vue du développement du langage. On devrait peut-être lire en la « sinon » au lieu de la, 122, 22, comp. 123, 12. Le suffixe du pronom de la 3 pers. masc. sing. est prononcé tantôt ou, tantôt i: lbiyu, 123, 1, ou lbiyi, 123, 14 « à sa maison ». Comme dans le dialecte arabe de Mossoul', on trouve une forme étendue du pronom isolé, hinnéle« il est », 123, 20, de hinnu? et ilê, ainsi que des suffixes: biyenih « en moi», 124, 19; kislenih « chez moi », 124, 20, comp. binemude « avec quoi », 124, 22, et Arab. Sprichwærter, p. ix. Comme dans ce dialecte également, le conjonctif «< que » est exprimé par le persan ta au lieu de l'araméen di ou qad: tazikh « que nous allions », 124, 3; tasqakh « que nous montions », 125, 15.

Le n° XXV est un recueil important de chants en Fellihi. On appelle ainsi à Mossoul l'araméen parlé par les chrétiens de cette contrée. Ce terme est un peu vague, car, dans un sens plus général, il désigne les chrétiens aussi bien du Kurdistan que de l'Azerbeighan. Ces Fellihis tiennent-ils leur nom des anciens Nabatéens, des Fellâhs du Bet-Arbaye et de l'Adiabène? La solution de cette question, dans un sens affirmatif, jetterait un jour nouveau sur l'origine des dialectes araméens qui ont subsisté jusqu'à ce jour.

Ce morceau et le suivant sont accompagnés de gloses arabes dans le dialecte de Mossoul, qui traduisent les passages les plus difficiles.

Comme dans la Tour 'Abdin, a long oscille entre a et o, et est prononcé quelquefois au : vôla ou vála « elle était », bôtre ou bâtre « après lui », mruloh « dites lui (à elle) », reschau « sa tête (à elle) », minnau « d'elle ». Le mot kimma ou kumma « bouche », comparé avec l'arabe tumma des gloses, pp. 138, 3 et 158, 17, offre un exemple de permutation de t et k; la forme araméenne poumma est aussi usitée, 140, 21. On remarquera la double prononciation de la préposition ta « pour », sans

1. V. Zeitsch. der DMG, 1882, p. 11, 1. 8 et 11 et passim : hinu « lui », linu ■ à lui »>, etc.

emphase, 142, 17; 21, 22; 143, 2, avec emphase 130, 6; 135, 2 et 13, 140, 5 et 6, de même à Zacho, p. 160, 3 et 7. La conjonction tad « pour que » ne présente qu'une forme, 132, 10; 135, 3, 4, 14, etc.

Les noms de nombre « un » et « deux » ont un masculin et un féminin; le féminin de deux titti ou titte, 138, 4; 142, 15; 143, 4, est plus près de l'arabe tintén des gloses, 138, 4, que du néo-syriaque de la Montagne tirte, r tombant moins facilement que n.

P. 134, 2, lire menalmesa dans la glose arabe.

Le n° XXVI, qui appartient au même dialecte, est une poésie religieuse d'un nommé Toma-es-Sindschari, d'un bourg aux environs de Dehok, au nord de Mossoul. La versification diffère de celle des chants du numéro précédent : ceux-ci se composent de quatre vers heptasyllabiques rimés; celle-là est divisée en strophes de trois vers rimés, coupés par une césure. Les vers sont formés de quatre pieds dissyllabiques ou trissyllabiques distingués par l'accent tonique; la césure est après le second pied. En outre, sans doute par analogie des chants kurdes, le premier vers de chaque strophe reprend, en partie, le dernier vers de la strophe précédente, dont il forme le refrain, mais de manière que la rime change. Comme le remarque M. S., cette poésie n'est pas exempte de l'influence du syriaque littéraire; l'auteur y fait usage d'une voyelle adjuvante dans mauvidyâne confesseurs », 147, 21, comp. maudiyânouta « confession », 147, 7:

La permutation de n en l est remarquable dans takhmalta « pensée », takhmólé « penser », takhmali « ils pensent », 152, 15; 153, 19; 155, 7; 156, 1; dans les autres dialectes, le radical takhmen, d'origine arabe, demeure intact.

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La particule de comparaison « comme » présente des formes variées : le simple kh, abrégé de akh, est le plus usuel, khvadja'e comme sa douleur »>, 150, 7; khburqa « comme un éclair », 156, 7; une deuxième forme est khedegit ou khedegid, 144, 21; 155, 8 et 9, dans laquelle kh est composé avec le d conjonctif et eigit ou eigid « quand » « lorsque », 154, 16; celui-ci est lui-même formé de eiga « alors », et d « que ». Ce composé autoriserait à chercher dans le syriaque littéraire kêmat un composé de k +êmat(i). De même qu'à Ourmia on dit akh et makh, en préposant à ce dernier le mim de la préposition men, on prononce aussi dans ce dialecte-ci mukhedegid, 145, 20; 153, 1 et 2. A Zacho, on se sert, dans le même sens, de mukhwasid, 167, 6 et 21, lequel, abstraction faite du mim initial et du dâlat final, est l'ancien syriaque akhwat, le taw aspiré se prononçant s dans ce pays-là.

Une autre particule intéressante est schud qui indique le volontatif : schud emhazli « qu'il se moque », 153, 4. M. le P. Bedjan a bien voulu nous donner, à ce sujet, les renseignements suivants : à Ourmia, on emploie dans ce sens l'impératif khousch suivi du d conjonctif : khousch dâzel « qu'il aille », khousch dmâkhe « qu'il frappe »; dans la Montagne, on se sert de schoud schoud âzel « qu'il aille », schoud mấkhe

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