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la courtine intérieure doit seule être démolie, et les fossés remplis par mesure hygiénique.

M. Courajod remet sur le bureau un exemplaire du catalogue de la collection Timbal recemment acquise par le Musée du Louvre, et depuis la veille, exposée dans les galeries. Il lit ensuite un travail sur les objets d'art recueillis par Alexandre Lenoir et dispersés un peu partout. Il signale particulièrement à l'attention un lion en marbre devant accompagner la statue de l'amiral Chabot, exposée depuis de longues années dans une cour de l'école des Beaux-Arts, et émet le vœu que cette figure vienne retrouver le monument qu'elle accompagnait primitivement.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 1er septembre 1882.

M. Lenormant présente de la part de M. Marmier, capitaine d'état-major, des vues photographiques de deux monuments importants de la Pouille, qui n'avaient encore été ni reproduits ni même décrits nulle part. Ce sont la cathédrale de Siponte et celle de Termoli. Dans la cathédrale de Siponte, construite avant la conquête du pays par les Normands, à la fin du x siècle ou au commencement du x1 siècle, l'architecture présente le plus curieux mélange des influences byzantine et arabe. La cathédrale de Termoli, au contraire, bâtie après la conquête, au commencement du XIIe siècle, offre un magnifique spécimen d'une architecture inspirée de l'art roman français. Elle rappelle surtout les édifices romans bourguignons de la région d'Autun. Ce qui donne encore à cette église un intérêt particulier, c'est qu'elle porte sur la façade une inscription qui fait connaître le nom de l'architecte, Johannes Grimaldi, et le pape sous le pontificat duquel l'édifice fut élevé, Pascal II (1099-1118). M. P.-Ch. Robert donne une seconde lecture de son mémoire sur Gondovald et le monnayage au nom de l'empereur Maurice Tibère dans la Gaule méridionale. M. Halévy lit un mémoire intitulé: l'Immortalité de l'âme chez les Sémites. L'objet de ce mémoire est d'établir, contrairement à ce qu'ont affirmé plusieurs savants, que les divers peuples sémitiques ont cru à une survivance de l'homme sous une autre forme après la mort, à une seconde existence dans un autre monde. A l'appui de son opinion, M. Halévy invoque en premier lieu des textes assyriens en caractères cunéiformes, où se trouvent de fréquentes allusions à la seconde existence et même des descriptions du pays des morts. On trouve, par exemple, dans ces textes un récit mythologique qui représente la déesse Astarté descendant aux enfers pour y chercher son amant Toumouz. Ailleurs il est question de la félicité dont jouit, dans l'éternité, un guerrier mort glorieusement sur le champ de bataille. On croyait aussi à une résurrection; certains dieux ont pour surnom: « Celui » ou « Celle qui fait revivre les morts.» Chez les Hébreux, on ne trouve pas de textes aussi explicites, mais il ne faut pas, dit M. Halévy, s'en étonner. Ce qui nous est parvenu de la littérature hébraïque ne représente pas toute la pensée de toute la nation juive, mais seulement celle du parti monotheiste, qui cherchait à substituer aux cultes multiples du vieil Israël le culte d'un dieu unique. Les livres de la Bible sont des écrits polémiques; les croyances populaires des Juifs ne sont pas celles que ces livres développent, ce sont celles qu'ils combattent. Les ombres des morts, dans l'ancienne religion polythéiste des Juifs, recevaient un culte; c'en était assez pour que les auteurs des livres saints considérassent cette idée des ombres, et des enfers, comme une préoccupation funeste, qu'il fallait chercher à éteindre et à faire tomber en oubli. De là leur silence presque absolu sur cette croyance. Ils n'ont pu pourtant en effacer toutes les traces, et M. Halévy relève et cite divers passages de l'Ancien Testament, qui mentionnent expressément, ordinairement pour les prohiber, les offrandes aux morts, la nécromancie, etc. Le plus remarquable de ces passages est le récit où l'on voit la pythonisse d'Endor évoquer l'ombre de Samuel. Les Hébreux ont cru, comme les Grecs, que l'homme ne mourait pas tout entier, qu'il subsistait de lui une ombre; comme les Grecs aussi, ils ont assigné aux ombres un séjour particulier, ils ont cru à un monde des enfers. Chez les Grecs, ce pays des morts se nommait l'hades: en hébreu, c'est le schéol. C'est à tort qu'on a prétendu que le mot schéol signitat simplement tombeau. Des expressions comme: « Il fut réuni à son peuple », qu reviennent souvent dans la Bible pour dire : « Il mourut », sont des allusions à ce séjour des ombres, où l'on croyait que le mourant allait rejoindre les siens, morts avant lui.

Ouvrage présenté, de la part de l'auteur, par M. Alfred Maury: CHÈVREMONT (Alexandre), les Mouvements du sol sur les côtes occidentales de la France et particulièrement dans le golfe normanno-breton. Julien HAVET.

Le Propriétaire-Gerant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23

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Sommaire : 200. Collection de contes et de chansons populaires de la librairie Leroux: LEGRAND, Contes populaires grecs; DE PUYMAIGRE, Choix de vieux chants portugais: DozoN, Contes albanais; RIVIERE, Contes populaires de la Kabylie; LEGER, Contes populaires slaves. 201. ENGELMANN, L'Alcmène d'Euripide. 202. Arn. SCHAEFER, Sources de l'histoire grecque jusqu'à Polybe. 203. DIEZ, Vies et œuvres des troubadours, 2e édit. p. p. BARTSCH. 204. DE COSTA, Mémoires sur Verrazano. 205. Lettres de Charlotte de Kalb à Jean Paul Richter, P. p. NERRLICH. Chronique. Académie des Inscriptions.

200.

Collection de contes et de chansons populaires. Paris, Ernest Leroux, 1881-2, in-18. Prix du volume : 5 francs.

I. Recueil de contes populaires grecs traduits sur les textes originaux par Emile LEGRAND. XIX-274 P.

II. Romanceiro. Choix de vieux chants portugais traduits et annotés par le comte de PUYMAigre, lx-280 p.

III. Contes albanais recueillis et traduits par Auguste Dozon, XXVII-264 p.

IV. Recueil de contes populaires de la Kabylie du Djurdjura, recueillis et traduits par J. RIVIÈRE, VI-250 p.

V. Recueil de contes populaires slaves, traduits sur les textes originaux par Louis LEGER, xiv-266 p.

Les études de littérature populaire, presque inconnues en France, y jouissent maintenant d'une certaine faveur. Si le recueil que leur avait consacré, sous le nom de Mélusine, une initiative intelligente, mais apparemment prématurée, n'a pu prolonger son existence au-delà de sa première année, de nombreux symptômes annoncent en leur faveur un éveil de l'attention publique qui, il faut l'espérer, sera définitif. L'un de ces symptômes est la création de la collection que nous annonçons, qui a vu surgir à côté d'elle une rivale, conçue d'ailleurs sur un plan un peu différent, dont nous parlerons prochainement aux lecteurs de la Revue. Le recueil commencé l'année dernière par M. Leroux, et qui compte déjà cinq volumes, n'embrasse pas le folk-lore dans toute son étendue; il se borne aux contes et aux chansons populaires. Il n'y a rien à objecter à cette restriction; on eût même fort bien pu se borner à l'une des deux catégories, ou ouvrir pour chacune d'elles une collection séparée. Les contes dominent d'ailleurs jusqu'à présent : quatre des cinq volumes publiés leur appartiennent en propre, le sixième qui est annoncé (Contes indiens). C'est d'eux que je m'occuperai principalement aussi, indiquant seulement le recueil des romances

Nouvelle série, XIV.

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que

portugaises' traduites et annotées par M. le comte de Puymaigre; on y retrouve le bon goût littéraire et l'érudition solide de l'auteur des ouvrages que l'on connaît sur la littérature espagnole et sur les chansons populaires les lecteurs français qu'attire une poésie d'un charme pénétrant et souvent un peu étrange et qui n'ont pas à leur disposition les différents romanceiros portugais liront ce joli volume avec autant de plaisir que de profit.

2

Parmi les recueils de contes, deux surtout ont une haute valeur, celui de M. Dozon et celui de M. Rivière. Ils ont été recueillis de la bouche des Albanais et des Kabyles et sont présentés pour la première fois au public européen 3; ils enrichissent précieusement le trésor déjà si grand des matériaux de la mythographie comparée. Ceux à qui nous les devons ont de cette science une idée inégalement incomplète; M. Dozon, grâce aux travaux de Hahn, en connaît les linéaments généraux, mais il n'en possède pas avec précision la méthode rigoureuse et les résultats désormais acquis. Il faut lui savoir gré des rapprochements qu'il donne avec les contes grecs et albanais de Hahn; il a emprunté avec raison à ce savant l'observation que les contes se composent de traits qui se retrouvent isolés ou groupés de manières différentes, et, en signalant ces traits dans différents récits où ils sont épars, il facilite les recherches. Les contes ea eux-mêmes ne sont pas mauvais, ils sont généralement d'une conservation passable, d'ailleurs assez secs et sans grand charme. Ils paraissent (je suis en cela de l'avis de M. D.) être arrivés aux Chkipétars par l'intermédiaire des Slaves et des Grecs on n'y trouve de national que le nom de koutchédra et de loubie donné aux lamies, qui tiennent presque toujours dans les contes la place du drakos grec ou de notre ogre. C'est là un fait qui se retrouve chez tous les peuples: en s'appropriaat les contes merveilleux venus de l'Orient, chaque peuple européen a substi tué aux êtres surnaturels qui y figuraient ceux que lui fournissait sen propre folk-lore ii ne faut rien conclure de ces noms pour l'origine des récits; il y a, en réalité, très souvent désaccord ou au moins diversité de provenance et d'antiquité entre ces noms et les contes où ils figurent; c'est une observation qu'il importe de faire et qui suffit à dissiper bien des rapprochements établis, d'ordinaire à tort, entre la mythologie et la mythographie, qui ont beaucoup moins de points de contact qu'on ne le croit. En général, les étres qui figurent dans les

:

1. M. de P. ne veut pas faire romance du féminin, et il en donne de bonnes raisons; mais outre que le mot romance au fém. est consacré (cf. Romania, 1, 373), il faudrait pour traduire le romance des Espagnols et des Portugais dire en français

un roman.

2. Quelques-uns de ceux de M. Dozon ont été empruntés par lui à l'Abeille chkipe, journal albanais publié à Alexandrie.

3. M. Dozon avait déjà imprimé le texte albanais de ses contes dans son Manuel de la langue chkipe (Paris, Leroux, 1878).

contes ont peu d'importance mythographique; ce sont les événements qui en ont un capital, et c'est surtout sur eux qu'il faut faire porter l'effort de la critique et de la comparaison. - Il y aurait naturellement bien des remarques à faire sur les contes albanais de M. Dozon, mais il serait difficile de trouver la mesure, et des remarques détachées seraient peu utiles. Je noterai seulement que le n° XVIII, appelé assez inexactement le Pêcheur, provient de la légende d'Alexandre (voy. Romania, XI), où un œil humain remplace la feuille; le Lion aux pièces d'or (XVII) est une altération fort maladroite du conte d'origine indienne, mais déjà connu de l'antiquité, que Senecé a mis en vers sous le nom du Serpent mangeur de kaïmak; enfin le n° XXI (Tosko et Mosko) me paraît particulièrement intéressant, parce qu'il ressemble, et en certains détails de fort près, au tableau français de Barat et Haimet, auquel je ne connais pas d'autre parallèle 1.

M. Rivière, qui a recueilli les cinquante-deux contes kabyles qui forment le quatrième volume de la collection, n'a pas des idées fort nettes sur la science à laquelle il apporte une si intéressante contribution. Il dit bien qu'il a « pour objet de fournir une nouvelle matière pour l'étude comparée des croyances et des traditions populaires »; mais il ajoute qu'on lira « avec intérêt ces pages si originales, où un peuple illettré trace à notre curiosité le tableau vivant de ses qualités morales et surtout de ses vices ». D'après cette idée, il a groupé une grande partie des contes qu'il a recueillis sous différents chefs intitulés : Le vol, La vengeance et la jalousie, Le mensonge, L'hospitalité et l'assistance publique, etc., entendant que ces contes nous représentent fidèlement ces différents aspects de la vie kabyle. Mais la plupart d'entre eux, coïncidant parfois, jusque dans les détails, avec les contes d'autres peuples, ne sont visiblement pas nés chez les Kabyles et ne sauraient, par conséquent, offrir un tableau exact de leur manière de vivre. Par exemple, sur cinq contes consacrés au vol, le second, Ali g Icher, est une variante de Däumling, fort curieuse du reste, car elle nous offre l'intermédiaire entre la version européenne et un conte recueilli chez un peuple africain du Sénégal2; le 3o, Les deux frères, est une variante de l'histoire de Rhampsinite 3; le 4o, le Juif infidèle, est un récit indien qui, sous le nom du Dépositaire infidèle, se retrouve dans La Fontaine; le 4o, Ali et ou Ali, quoique plus original, n'est pas sans analogie avec des contes européens (cf. ci-dessus, texte et note); le premier seul, Thadhellala, paraît sortir de l'imagination kabyle; mais, sous la forme où il a été re

1. On peut trouver quelques ressemblances, mais assez vagues, entre ce récit et le n' I, 4 des Contes kabyles dont il est parlé ci-après.

2. Voy. le conte teumé que j'ai reproduit dans Le petit Poucet et la grande Ourse, (Paris, 1875), à l'Appendice.

3. J'ai fait, il y a longtemps, un travail étendu sur cette histoire, et j'espère, après l'avoir remanié, le publier prochainement.

cueilli, il est déplorablement incohérent. M. Rivière va certainement trop loin en disant que « beaucoup [des contes kabyles] sont aborigènes »; il ajoute d'ailleurs : « Une étude comparative nous permettrait de retrouver le fond d'un grand nombre d'autres dans le recueil des Mille et une nuits ou dans celui (?) des contes indiens ». Quant à la <«< forme nouvelle » qu'auraient revêtue ces contes empruntés, il ne faut pas non plus en exagérer l'importance, ni surtout l'originalité. Les contes qui forment le patrimoine commun de tant de peuples se sont assurément modifiés dans leurs pérégrinations, mais les raisons de ces changements doivent être cherchées presque toujours dans leur propre évolution, si l'on peut ainsi dire, et non dans l'influence des milieux où ils ont pénétré. Un conte à l'origine est un, logique et complet; en se transmettant de bouche en bouche, il a perdu certaines parties, altéré certains traits; souvent alors les conteurs ont comblé les lacunes, rétabli la suite du récit, inventé des motifs nouveaux à des épisodes qui n'en avaient plus; mais tout ce travail est déterminé par l'état dans lequel ils avaient reçu le conte, et rarement il a été bien actif et bien personnel. Les différences de mœurs entre les peuples qui ont accueilli successivement les contes ont agi surtout négativement, c'est-à-dire qu'on a supprimé les traits qu'on ne comprenait pas; rarement on les a remplacés par des traits correspondants dans les mœurs nationales. Les contes des Kabyles confirment d'ordinaire ces observations générales : les contes que nous connaissons d'ailleurs se retrouvent chez eux mutilés, incomplets, décousus, mais non transformés et réellement assimilés. Au reste, il faut toujours considérer la forme des contes, dans les recueils du genre de celui de M. Rivière, comme fortuite et individuelle; les mêmes récits, si un autre conteur les avait faits au collecteur, seraient souvent meilleurs, plus complets, plus suivis (ou, au contraire, plus imparfaits). Ceux-ci ne sont pas, en général, remarquables comme forme, et souvent ils sont à peu près inintelligibles; M. Rivière, et je l'en félicite, n'a pas voulu les améliorer; il les a traduits avec une fidélité scrupuleuse qui donne une valeur tout à fait scientifique à son recueil; ajoutons qu'il a le mérite de nous offrir les premiers échantillons connus jusqu'ici de la littérature populaire kabyle. Au reste, si les contes qu'il nous donne n'ont pas l'intérêt suivi et le charme de narration qu'on trouve dans beaucoup de contes européens, ils sont cependant bien supérieurs à la plupart des contes recueillis chez les peuples moins civilisés de l'Afrique et plusieurs se lisent avec un vrai plaisir et offrent même des traits de naïveté

1. Cela est pourtant arrivé; il y en a un exemple fort intéressant dans l'histoire du conte de Rhampsinite; mais, si je ne me trompe, on reconnaît là la main d'un

lettré.

2. Comme je l'ai déjà indiqué, les contes kabyles forment parfois la transition entre les premiers et les seconds; ils confirment l'hypothèse d'après laquelle ces contes recueillis chez les peuples divers de l'Afrique leur sont venus en bonne partie, sans doute assez récemment, par les musulmans.

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