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des Inscriptions et Belles-Lettres. Plusieurs parties du sujet avaient déjà été traitées avant lui au point de vue juridique et l'auteur rend pleine justice aux travaux de MM. Naquet, Humbert, etc. (Bibliographie, p. XIII-XIV); mais l'étude du riche apparatus épigraphique qui s'y rapporte avait été quelque peu négligée. C'est à cette source que M. C. a surtout puisé. Parmi les vectigalia que, d'après la définition moderne, on peut considérer comme impôts indirects, il faut ranger : les portoria (douanes et péages), la vicesima hereditatium (impôt sur les successions et les legs testamentaires), la vicesima libertatis (impôt sur les affranchissements) et la centesima ou la ducentesima rerum venalium »; puis, quelques autres taxes moins importantes : l'impôt sur la vente des esclaves, certains octrois, surtout celui de la ville de Rome, l'impôt sur le sel et la quadragesima litium.

La première partie est la plus développée. Après avoir défini le sens exact du mot portorium qui correspond à la fois aux douanes, péages et octrois des temps modernes, et montré que les anciens n'y voyaient qu'une ressource fiscale et non une mesure économique, M. C. fait un historique du portorium. C'est seulement à partir de Néron qu'on peut d'une manière nette, grâce aux inscriptions, en déterminer le fonctionnement. Plus tard, avec les textes juridiques de la fin de l'empire, les difficultés d'interprétation apparaissent : qu'est-ce que l'octava? Etait-ce le taux du portorium depuis Auguste ou, comme le pensait M. Naudet, un tarif qui s'appliquait seulement aux objets du luxe? L'auteur partage l'opinion de M. Marquardt, et regarde l'octava comme le taux unique du portorium à la fin de l'empire, tandis que jusque-là il avait été, soit du quarantième, soit du cinquantième, soit du vingtième suivant les différentes provinces. Cette réforme est probablement postérieure à l'époque de Théodose.

La détermination des circonscriptions douanières est une des parties les plus neuves de l'ouvrage; l'épigraphie seule a pu fournir à M. C. les éléments de ce chapitre et deux cartes très claires servent à en rendre la lecture facile. Remarques intéressantes sur la ligne douanière de l'Illyricum (pp. 36-37): en Gaule et en Afrique, les légions étaient laissées à dessein en dehors de la ligne douanière, afin de permettre aux soldats de jouir de la franchise. Rien de pareil dans l'Illyricum, parce qu'il y avait sur les bords du Danube une organisation particulière destinée à prévenir les incursions des barbares (limes imperii). Il faut aussi citer de curieux détails sur la station de Lugdunum, probablement centre adminis tratif de la quadragesima Galliarum.

Quant au taux de l'impôt, il variait suivant les provinces: on l'ignore pour l'Illyricum (p. 46), pour l'Afrique (p. 74), car le tarif de Zraïa était spécial à cette localité, pour l'Egypte ; il était de 2 0/0 en Espagne, de 2 et demi 0/0 en Gaule, en Asie et probablement aussi en Italie; sous la République, le taux du portorium en Sicile avait été de 5 0/0.

M. C. étudie ensuite successivement le mode de perception de l'impôt

de l'époque de la République au Bas-Empire, il recherche quelles étaient les marchandises et les personnes soumises à l'impôt du portorium; quelles étaient celles qui en étaient exemptes; quelles étaient les lois qui protégeaient les publicains contre les marchands; quelles étaient celles qui protégeaient les marchands contre les publicains. Sous la République, le produit de la ferme du portorium était versé dans l'aerarium Saturni; au début de l'empire, les recettes fournies par le portorium revenaient au fisc dans les provinces procuratoriennes et sans doute dans les provinces impériales; dans les provinces sénatoriales, une partie du produit de la ferme du portorium appartenait peut-être aussi au fisc, plus tard les recettes furent partout versées dans le fisc. Deux chapitres sont enfin consacrés aux péages et aux octrois (octrois dans les provinces et octroi de Rome).

Les études sur la vicesima libertatis et la vicesima hereditatium sont faites d'après la même méthode; aucune inscription n'est omise et toutes celles qui touchent directement le sujet sont transcrites en caractères épigraphiques. Dans la dernière partie (Impôts sur les ventes et les procès, les monopoles), il faut citer surtout une discussion au sujet de l'impôt sur le sel (pp. 237-243); d'après M. Marquardt, le monopole du sel créé sous la République subsista jusqu'à la fin de l'Empire. D'après M. Cohn, ce monopole n'aurait jamais existé; M. C. combat ce que les deux assertions ont d'exagéré et arrive à cette conclusion: «< il semble que le monopole sur le sel que l'état s'était réservé en 246 ait amené en 250 la création d'un impôt indirect. Mais on ne voit pas que cet impôt ait persisté longtemps puisqu'on n'en trouve ancune trace postérieurement. Il est donc vraisemblable que, par suite de la conquête de nouvelles provinces, l'application de cette nouvelle mesure rencontra de grandes difficultés, si même elle fut jamais tentée en dehors de l'Italie et l'on est autorisé à penser que le sel resta de bonne heure libre de toute

taxe. >>>

Nous croyons que M. Cagnat a traité le sujet d'une manière aussi complète que possible et que, sur cette question, il faudra toujours recourir à son ouvrage.

Emmanuel FERNIQUE.

138. ́Roemisch und Romanisch, ein Beitrag zur Sprachgeschichte von Franz EYSSENHARDT. Berlin, Gebrüder Borntræger. 1882, XI-205 p. petit in-8°.

L'auteur était connu honorablement des érudits par des éditions d'auteurs latins, utiles et faites avec Fleiss. Il fait cette fois une infidélité à la philologie pure, et il publie sur un sujet prodigieusement difficile, qui eût fait reculer un linguiste moins novice, un des livres les plus mal faits qui se puissent voir.

Ce n'est pas que cet imprimé de deux cents pages soit tout à fait

vide. L'auteur publie p. 149 un sonnet italien inédit, et il examine le texte de quelques passages latins (catalogués p. 205). Il reproduit à propos de tout et de rien des échantillons de patois italiens et espagnols, qui pourraient être amusants à déchiffrer en prison ou en diligence, mais qui ne font rien à sa thèse, si l'on peut dire qu'il en ait une. Il donne un index alphabétique. Là s'arrête malheureusement la part de l'éloge.

Ce triste livre est le désordre même. Plaute est mis avant Livius Andronicus; l'origine de l'italien sei et de l'espagnol eres est examinée à propos de la chute de l's finale en latin; l'inscription des frères Minucius, qui délimitèrent le territoire de Gênes en 117 avant notre ère, sert de transition entre la mauvaise foi politique de César et la prosodie de Catulle.

L'idée directrice, que le lecteur aurait peine à découvrir tout seul, est exposée par l'auteur en ces termes (p. 199): « La façon de voir mise à l'épreuve ici part de ce point, que dans le développement de la vie des langues et des peuples il n'y a point de coupures, mais cohésion et continuité. Si le tueur de taureau nomme sa victime un toro de poca ou de mucha Romana pour dire que c'est un taureau faible ou fort, cette expression a sa racine dans le même sentiment qui, tant de siècles auparavant, faisait déclarer à Florus que personne n'est plus noble qu'un citoyen romain; et si aujourd'hui, à Rome, les mères disent à leurs enfants :

o Ddio sinnòe! oh ppòvea catúa!

au lieu de oh Dio signore! o povera creatura, elles se trouvent dans la même phase linguistique qui a fait sortir du latin area l'italien aja. » On ne pouvait être plus malheureux dans le choix des exemples, car l'étymologie du terme d'argot technique romana n'est point évidente, encore moins évidente son histoire; quant à la chute d'r entre voyelles, en patois romain contemporain, elle n'a avec la chute d'r devant i consonne ', en italien non exclusivement romain du haut moyen-âge, ni «< cohésion »> ni « continuité ».

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M. Eyssenhardt, en écrivant Romain et Roman, avait-il une connaissance sérieuse de la linguistique romane? Il suffira de citer son affirmation que les langues romanes n'ont pas même essayé (nicht einmal zu dem Versuche gekommen sind), pour distinguer les cas du substantif, de donner à l'article une forme d'accusatif autre que celle du nominatif.

Les théories philologico-linguistiques sur le latin sont-elles meilleures? Non . M. Eyssenhardt nous apprend que la versification satur

1. Issu d'e ou i devant une voyelle.

2. P. 53. L'ensemble du livre ne fait que trop voir qu'il n'y a point coquille ou lapsus.

3. Ce qui surprend le plus quand on songe que le livre est d'un philologue, ce

nienne repose sur l'accent, et que là-dessus le doute est impossible, c'est le cas de le dire, tout à fait impossible, eigentlich völlig unmöglich '. Or, en réalité, le vers saturnien est fondé sur la quantité, et l'accent y joue un rôle nul. — Plaute, arbitrairement, supprimait toutes les consonnes finales selon le besoin (p. 33 et passim). Un lecteur confiant s'imaginerait, et M. Eyssenhardt paraît persuadé, que Plaute pourrait finir un sénaire par magnům sit, illud fert ou mater te, comme il peut effectivement le finir par occidistis me. Les faits orthographiques fournis par les inscriptions sont transformés par l'auteur, sans l'ombre de réflexion et de contrôle, en faits de prononciation. Sarsine était une ville foncièrement ombrienne, point latinisée, car c'est en ombrien qu'on écrivait..... à Iguvium. Voilà pourquoi la prosodie du poète de Sarsine est calquée sur l'ombrien. L'auteur oublie d'ajouter qu'elle ne diffère pas d'un iota de la prosodie latine antérieure, celle du Tarentin Andronicus et du citoyen romain Névius. La prononciation latine tendait à supprimer le t final, car on n'écrivait plus... le d de l'ablatif. — Pour se persuader que la métrique grecque n'était pas apte à régir le latin au temps de Plaute, il faut considérer... la versification italienne de Carducci. Des façons de raisonner pareilles désarment le lecteur. Il ne se fâche plus quand il voit l'auteur affirmer (avec un étonnement judicieux, dont il est juste de lui donner acte) que le latin écrit n'a jamais été parlé, et que le latin parlé n'a jamais été écrit. Arrêtons-nous sur cette dernière proposition. Elle eût pu suffire à la rigueur pour faire juger tout le livre.

Louis HAVET.

139. — Joannis Gazaei descriptio tabulae mundi et Anacreontea. Re-
censuit Eugenius ABEL. Berlin, Calvary, 1882, in-8o de 87 p.
Prix 2 m. 40.

Un helléniste hongrois, M. Eug. Abel, semble s'être imposé la tâche parfois ingrate de publier, avec un appareil critique complet, les textes poétiques de l'école de Nonnus. Nous avons déjà eu occasion d'examiner sa méthode et de louer l'extrême soin qu'il porte à ses travaux à propos de son édition de Colluthus (Rev. crit., xve année, no 29, 18 juillet 1881); depuis lors il a donné une édition des Orphei Lithica et enfin la Descriptio tabulae mundi de Jean de Gaza. A ce dernier poème, qui compte 732 vers, il a joint six petites pièces lyriques, pu

sont certaines imaginations relatives à l'histoire littéraire. Varron, dans un écrit de sa jeunesse, s'inspire de Lucrèce (p. 48). Le silence de Cicéron sur Catulle tient à sa mauvaise humeur de ce que Catulle ne supprimait jamais l's finale dans ses vers, ou du moins ne l'a supprimée qu'une fois (p. 45).

1. Trop souvent les adverbes vællig et eigentlich tiennent lieu d'arguments. Pour les poètes qui écrivaient en saturniens, la prosodie était vællig unbekannt. L'origine ombrienne de Plaute est eigentlich selbstverständlich.

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bliées déjà par Matranga et par Bergk, sous le nom d'Anacreontea. L'exppacis est éditée pour la troisième fois; donnée d'abord par Rutgersius dans ses Variae lectiones (Leyde, 1618), elle l'a été depuis par Fred. Graefe à Leipzig, en 1822, à la suite de Paul le Silentiaire. Cette édition fut faite sur la copie, collationnée pour Graete par Fr. Jacobs, de l'unique manuscrit qui nous ait conservé ce texte, et qui n'est autre que le fameux ms. parisien de l'Anthologie Palatine (Suppl. grec 384, ff. 629-639). L'édition de Graefe, très rare aujourd'hui, ne donne qu'une collation incomplète et ne fait pas entrer dans le texte toutes les bonnes leçons du ms. de Paris. M. A., en comblant ces deux lacunes, donne une édition qui, jusqu'à la découverte peu probable d'un second ms., doit être regardée comme définitive. Il a fait suivre le texte d'un index verborum très complet et par suite très utile. Il s'est plu, en outre, à noter les nombreux passages que Jean de Gaza a imités de Nonnus et à montrer à quel point l'auteur de la Descriptio parle la langue de l'auteur des Dionysiaques. On sait d'ailleurs que, pour la métrique particulièrement, Nonnus n'a pas eu d'imitateur plus strict et d'élève plus docile que Jean de Gaza. Je regrette que l'éditeur n'ait point attaché d'importance à plusieurs croix pointées qui sont en marge de la première partie du ms., et n'ait pas discuté les divisions, que le copiste a marquées en commençant certains vers en avant de la marge ordinaire. Les autres détails paléographiques sont scrupuleusement relevés.

P. DE NOLHAC.

140.

Johann Jakob Wilhelm Heinse, sein Leben und seine Werke, ein Kultur-und Literaturbild, von Johann SCHOBER. Mit Heinse's Portrait. Leipzig, W. Friedrich. 1882, 231 p. Prix 5 mark.

Nous n'avons pas besoin d'apprendre à nos lecteurs ce que fut Heinse, auquel est consacré le livre de M. Schober; nous les renvoyons à notre article sur un ouvrage de M. Pröhle, où il était question de l'auteur d'Ardinghello'. M. Sch. a divisé son livre en dix chapitres : I. Heinse dans sa patrie, ses écrits de jeunesse; II. Heinse à l'Université, ses épigrammes; III. Heinse dans le sud de l'Allemagne, sa traduction de Petrone et les Cerises (poésie imitée de Dorat); IV. Heinse chez Gleim, la << boîte >> (où Gleim et ses amis mettaient leurs vers dirigés contre les critiques de l'époque) et Laidion; V. Heinse chez Jacobi, l'Iris et les lettres sur la galerie de Düsseldorf; VI. Heinse en Italie; la traduction du Tasse et d'Arioste; VII. Heinse à Düsseldorf; son Ardinghello; VIII. Heinse à Mayence, son Hildegarde; IX. Heinse à Aschaffenbourg, son Anastasie; X. Heinse, comme homme, artiste, poète et écri vain.

M. Sch. n'apporte pas de nouveaux documents; il a eu, il est vrai, 1. Revue critique, 1878, no 3, art. 16.

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