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parmi les langues de l'Est, et, comme le Mâhârâshtrî se range parmi celles de l'Ouest, on n'admettra aucun rapport entre les deux. Est-il besoin d'ajouter qu'il y a toujours quelque chose d'arbitraire, et, par conséquent, d'aléatoire dans cette sorte de calculs? M. Garrez, tout au contraire, croit devoir admettre une relation particulièrement étroite entre le Mâhârâshtrî et le Marâthî, et ses vues à cet égard, émises depuis des années, ont été généralement approuvées, à plusieurs reprises, notamment par M. Weber. Ce seul fait montre qu'il y a encore en tout ceci bien de l'incertitude et que, tout en rendant hommage au vaste savoir et à l'habileté avec lesquels M. H. a édifié cette histoire linguistique de l'Inde, il convient de tempérer çà et là, par quelque doute, la rigueur apparente de ses démonstrations.

Le volume est terminé par un index alphabét(que qui facilite les recherches. La correction typographique qui présentait ici des difficultés toutes particulières, est irréprochable. Du moins n'ai-je trouvé qu'un nombre tout à fait insignifiant de fautes ayant échappé à l'erratum; par exemple, p. 6, lig. 8, le virâma dans amrita; p. 35, lig. 4, infra, dh au lieu de gh; à la ligne suivante, samhah devrait être marqué d'un astérique; p. 126, lig. 22, il faut lire indrânî.

Cet article était à peu près achevé quand la Grammaire de M. Hoernle a été honorée du prix Volney par l'Académie des Inscriptions et BellesLettres. Après un pareil suffrage, le mien n'est plus d'aucun prix. Je n'en suis pas moins heureux de pouvoir féliciter de cette haute distinction l'auteur d'un ouvrage dont je pense tant de bien.

A. BARTH.

154. — Sedulius de Liège, par Henri PIRENNE. Bruxelles, F. Hayez, 1882. 72 p. in-8° et un fac-similé de manuscrit. Extrait des Mémoires de l'Académie royale de Belgique, collection in-8o, tome XXXIII. En appendice (p. 51-72), Sedulii carmina inedita.

Sédulius de Liège, ou plutôt Sédulius l'Irlandais, Sedulius Scottus, est un poète du xe siècle, que son nom a fait confondre parfois avec l'auteur plus célèbre et beaucoup plus ancien du Carmen Paschale. Le manuscrit unique de ses poèmes se trouve à Bruxelles: il contient près de quatre-vingt-dix pièces. Seize de ces pièces ont été publiées par M. Grosse, quarante-six par M. Ernest Dümmler, non d'un seul coup, mais en trois publications. On doit aujourd'hui à un jeune érudit belge la connaissance des morceaux qu'avaient négligés les deux éditeurs allemands. En passant, je ne puis ne pas exprimer un regret. Le contenu du manuscrit aurait pu tenir dans une plaquette, le voilà éparpillé dans cinq imprimés différents. L'étude de la littérature carolingienne était pourtant, par elle-même, assez épineuse pour que les savants ne contribuassent pas à la compliquer. Cette critique n'atteint pas M. Pirenne :

ce n'est point sa faute s'il ne lui est resté à publier qu'un quart du recueil bruxellois, et ce n'est point non plus sa faute si ce résidu n'en était pas la partie la plus intéressante.

Les pièces contenues dans le manuscrit sont-elles bien de Sédulius? Le manuscrit le dit: incipiunt uersus quos Sedulius Scottus uenerabili pontifici Hartgario composuit (Dümmler, Sed. Scotti carmina XL, p. 3). Le poète lui-même et l'évêque de Liège Hartgar sont nommés effectivement dans plusieurs pièces; d'autres sont adressés à des princes carolingiens du temps. Mais la pièce XIX de M. Pirenne, épitaphe du roi saxon Caedual, est très antérieure et figure déjà dans Bède. Quelques-unes sont fort impersonnelles, et il serait impossible d'en deviner l'auteur ainsi XX (subtilités sur uerum et aequum), XXII (vers sur une croix, IV (indiquant le sujet de certaines peintures), XIII (uersus in quodam picto solario scripti). Cette dernière pièce se compose de vers détachés, dont chacun résume soit un des épisodes figurés en peinture (Messiam natum pastoribus angelus inquit) soit un ensemble de deux épisodes (Ecce magi stellam uisunt; Symeon quoque Christum); leur désordre (que l'éditeur aurait dû respecter) fait voir qu'ils ont été copiés sur la peinture, non sur le brouillon du poète, que par conséquent nous pourrions avoir là, au lieu d'une composition de Sédulius, des vers transcrits par lui ou par un autre au cours d'un voyage, comme l'épitaphe de Caedual. Voilà qui rend quelque peu douteuse l'origine de toutes les pièces qui ont un caractère semblable (ainsi Dümmler XII, uersus ad Ermingardem imperatricem conscripti in serico pallio de uirtutibus Petri apostoli; XXI, de quodam altari; Pirenne IX, épitaphe de l'évêque Hildbert). Il faut y bien regarder avant de fonder une conclusion sur le témoignage du manuscrit. A ce point de vue, la dissémination des textes nuit à l'étude. La pièce XXIII de M. Pirenne indique le sujet des peintures exécutées pour l'évêque de Cologne Gonthar; il faut se reporter au recueil de M. Dümmler, pièce XXX, pour voir que Sédulius a été effectivement en relation personnelle avec cet évêque, et qu'il a pu recevoir de lui une commande poétique. On doit se métier d'autant plus de la donnée fournie par le manuscrit, qu'il s'en faut de beaucoup que tous les vers s'adressent « uenerabili pontifici Hartgario ». De plus, on trouve beaucoup trop souvent réunies des pièces disparates (ainsi les fragments incohérents de la pièce XXV Pirenne; les deux morceaux indépendants que l'éditeur laisse unis sous le numéro XXI ') ; il saute aux yeux que le collecteur de ces morceaux détachés n'en avait pas toujours une notion bien nette. Enfin la mention particulière du nom de Sédulius dans quelques titres (De paschali festiuitate Sedulius composuit, Dümmler XXVII), est faite pour inquiéter toutes les fois que ce nom manque. M. Pirenne a malheureusement négligé d'indiquer en tête

1. Aussi ne peut-on dire avec une exactitude rigoureuse combien le recueil bruxellois contient de pièces distinctes.

de chaque pièce le numéro qu'elle porte dans le sommaire général du manuscrit, donné par M. Dümmler; il faut un petit travail pour retrouver quelle pièce suit et quelle pièce précède. Il est trop enclin à corriger le texte : une première édition doit être plus conservatrice.

Un texte inédit l'emporte toujours en intérêt sur un travail moderne: c'est pourquoi j'ai mis au premier plan, dans ce compte-rendu, la pu blication qui pour M. Pirenne ne forme qu'un appendice. Le corps même de son mémoire est une étude sur Sédulius; elle s'appuie exclusivement sur les pièces publiées par MM. Grosse et Dümmler, lesquels avaient eu soin de choisir tout ce qui pouvait éclairer la biographie de leur auteur. M. Pirenne montre que les poésies de Sédulius comblent une lacune dans l'histoire de ce qu'il appelle « le 1x siècle liégeois ». Son opuscule, inspiré par des préoccupations toutes locales, a été fait pour être présenté au cours d'histoire de M. le professeur Kurth, à l'Université de Liège ». On peut lui reprocher, outre quelques gaucheries d'expression, le mélange du travail sur les sources avec le travail de seconde main ; mais il atteste un jugement sain, des connaissances solides, et des recherches méthodiques et consciencieuses.

Louis HAVET.

155. -- Les Origines de l'imprimerie à Tours (1467-1880), contenant la nomenclature des imprimeurs depuis la fin du xve siècle jusqu'en 1850; par le docteur E. GIRAUDET. Tours, imprimerie Rouillé-Ladevèze, 1881. Gr. in-8° de viij et 130 pp,, plus 1 f. de table et 1 planche gravée.

M. le docteur Giraudet est déjà connu des bibliographes par une inté ressante publication relative aux imprimeurs parisiens réfugiés à Tours pendant les guerres de la Ligue '; sa nouvelle étude, qui nous révèle

1. Ainsi il eût dû laisser ceu III, 19, laeua gaudetque magistri IV, 11, enim VI, 6, Agarenos VII, 56, Bethlehem XIII, inormis et inorme, VII, 33 et XVII, 34 (cf. enorme, ou plutôt sans doute inorme, Biblioth. de l'Ec. des chartes, I, p. 528). III, 11, il faut ponctuer sine fine beata. IV, 8, la correction Maximiane pour Maxime est arbitraire; la peinture devait présenter douze personnages et non onze, et le vers faux donné par le manuscrit doit provenir de deux vers soudés en un. VII, 50, il n'est pas permis de toucher au second hémistiche, répétition du premier hémistiche du vers précédent. IX, 4, tenes et non tenet. XV, 5, il faut garder se condere (ms. secundere), sauf à corriger spelaeis ou à supposer ce mot disyllabique. XX, second titre, idem; M. Dümmler dit item, qui est plus vraisemblable. XIII, 3. la correction proposée est inconciliable avec 1-2. I, 3, Luodeuinci doit être lu

Luodeuuici.

2. P. 7 : « Malheureusement Sédulius n'est pas historien, il n'est pas même Liégeois. »

3. On supprimerait sans dommage ce qui est dit du rôle des émigrés irlandais dans l'enseignement carolingien, p. 11 et suivantes.

4. Une Association d'imprimeurs et de libraires de Paris réfugiés à Tours au XVIe siècle; Tours, 1877, gr. in-8".

bon nombre de détails inconnus sur les premiers typographes tourangeaux, ne sera pas moins bien accueillie des érudits et des curieux. Elle complète, en effet, et rectifie sur bien des points la notice tout à fait insuffisante de M. Clément de Ris '.

Les recherches de M. G. présentent, en général, un grand intérêt quand elles s'appuient sur des documents d'archives; elles sont, il est vrai, moins fécondes quand elles portent non plus sur des pièces inédites, mais sur les livres eux-mêmes. Au début de son travail, M. G. reprend une discussion déjà ancienne au sujet d'un livre considéré par divers auteurs comme le premier produit des presses de Tours. Il s'agit d'un petit roman du Florentin Francesco Florio intitulé: De Amore Camilli et Aemiliae Aretinorum. On lit à la fin de cet ouvrage : Liber expletus est Turonis. Editus in domo Guillermi, archiepiscopi Turonensis, anno Domini millesimo quadringentesimo sexagesimo septimo, pridie kalendis Januarii. M. G. n'hésite pas à voir dans cette souscription la preuve que l'imprimerie existait à Tours à la fin de l'année 1467; elle ne prouve en réalité rien de semblable. Le mot editus signifie simplement que l'ouvrage a « vu le jour », qu'il a été écrit ou, tout au moins, achevé, dans tel ou tel endroit. Le sens ne paraîtra pas douteux si l'on compare entre elles diverses souscriptions analogues. Les seuls ouvrages du mathématicien Charles de Bovelles nous en fournissent plusieurs. Ses Tractatus varii, imprimés par Henri Ir Estienne, se terminent ainsi : Editum est universum hoc volumen Ambianis in aedibus reverendi in Christo patris Francisci de Hallewin, ejusdem loci pontificis, et emissum ex officina Henrici Stephani, impensis ejusdem et Joannis Parvi, chalcotypa arte sociorum. Anno Christi Salvatoris omnium M. D. X. Primo Cal. Februarii. Parisiis 2. Des formules presque semblables se trouvent à la fin de deux autres ouvrages du même auteur: Dominica Oratio tertrinis ecclesiastice hierarchie ordinibus particulatim attributa et facili explanata commentario et Theologicarum conclusionum... Libri decem . Ces rapprochements nous paraissent suffisamment concluants : le mot editus n'a nullement le sens moderne de « édité ». On est ainsi conduit à se ranger

1. La Typographie en Touraine (1467-1830), par le comte L. Clément de Ris; Paris, L. Techener, 1878, in-8° (extr. du Bulletin du Bibliophile). 2. Renouard, Ann. des Estienne, p. 8. louse, no 93.

Incunables de la Bibliothèque de Tou

3. Commentarioli in Dominicam Orationem Finis. Editi in edibus reverendi in Christo patris Francisci de Hallevin, pontificis Ambianensis, anno a Dominica incarnatione 1511, septima die Julii. Emissi ex officina Joannis Parvi, 8. idus Octobris anni ejusdem. In-4o.

4. Theologicarum Conclusionum... Finis. Aeditae sunt in Carolopontino vico, in aedibus... Caroli de Genlis, Noviodunensis episcopi, anno humanae salutis M. D. XIII. octava et vigesima die septembris... Impressae sunt in aedibus Ascensianis idibus Junii M. D. XV. In-fol. Panzer, Ann., 21, no 779.

à l'opinion soutenue par De Boze, il y a un siècle 1, à savoir que le volume dont il est question a été imprimé à Paris par Pierre De Keysere et Jehan Stoll, ainsi que le prouvent les caractères semblables à ceux que ces deux associés ont employés dans des éditions qui portent leurs noms. Le fait que l'impression a été exécutée à Paris permet d'expliquer sans peine que le typographe se soit trompé sur le nom de l'archevêque de Tours, qu'il appelle Guillermus au lieu de Girardus (il s'agit de Girard de Crussol). Quant à la supposition de M. G. qu'il s'agirait non pas de ce prélat, mais d'un maître-maçon appelé « Guillaume Archevesque », nous croyons inutile de la réfuter. Nous aurons plus loin à relever une erreur plus étonnante encore de la part d'un imprimeur, qui nous paraît avoir altéré le nom du libraire même pour qui il travaillait.

M. G. cite incidemment (p. 15) les noms de divers libraires de la fin du xve siècle mentionnés dans les minutes des notaires de Tours. Ces noms sont ceux de Jehan du Liège, Antoine Vérard, Jehan Richart, Charlot Robert, Jehan Le Fort, Jehan Audyau, Jehan Fafeu, Jehan Bredin, Jehan Margerie et Arnoul Rousset. M. G. ne donne malheu sement pas d'extraits, pas même les dates, des actes dans lesquels il a relevé les noms que nous venons de citer. Il remarque seulement que les deux premiers sont bien connus des bibliographes. Jehan du Liège (c'est-à-dire de Liège) est connu, en effet, pour avoir fait imprimer par Mathieu Lateron, en 1496, La Vie et les Miracles de monseigneur Saint-Martin 2; mais, quoiqu'en disent M. Clément de Ris 3 et M. le Dr G., il n'est nullement démontré qu'on doive reconnaître en lui << le chef de cette illustre famille de Marnef, vouée au culte de l'imprimerie pendant de longues années». Dès leur début dans l'imprimerie à Paris, les frères de Marnef exercèrent sous leur nom: Geofroi, de 1481 à 1526; Enguilbert Ier, de 1491 à 1535. Nous ne voyons pas qu'aucun lien ait existé entre eux et le libraire de Tours. Quant à Antoine Vérard, ce n'était pas un proche parent, sans doute, d'un imprimeur de ce nom établi à Paris dans le même temps »; c'était lui-même. Vérard, qui était à la tête de la plus importante librairie de Paris à la fin du xve siècle, entretenait des relations suivies avec la province et même avec l'étranger; rien d'étonnant à ce que son passage à Tours ait été constaté. M. G. eût pu facilement nous donner quelques renseignements sur plusieurs des autres libraires dont il a retrouvé les noms. Jehan Richard, dont Lottin fait un libraire parisien et dont il place l'exercice de 1497 à 1510, fut, en réalité, libraire à Rouen de 1490 à 15175; il dut venir à Tours, comme il vint à Paris et comme il alla pro

1. M. G. dit par inadvertance (p. 19) : il y a deux siècles.

2. Brunet, V, 1194.

3. Bull. du Bibliophile, 1877, 536.

4. Nous donnons ces dates d'après Lottin, sans avoir ici à les vérifier.

5. Voy. Frère, Des livres de liturgie des églises d'Angleterre imprimés à Rouen (Rouen, 1867, in-8°), 23.

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