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ms., d'après lequel avait été éditée la Juntine, n'était autre que le ms. de Ravenne. La découverte n'en était pas moins intéressante : elle éclairait l'histoire d'un manuscrit important, elle donnait la solution d'un problème relatif au texte du poète. De toute manière elle faisait honneur à la sagacité du savant.

Le second service rendu par M. V., c'est d'avoir signalé le premier l'importance de l'Ambrosianus M. « Is liber, diligentissime pictus, gravissimi in constituendis poetae verbis est momenti: utpote qui genuinam Aristophanis manum sæpe servaverit solus cum Ravennate, interdum quamvis raro solus '.

L'édition des comédies d'Aristophane publiée par M. V. est purement critique; l'éditeur ne s'occupe que de constituer le texte sans chercher à l'expliquer; les notes, qui se trouvent au bas des pages, sont divisées en deux groupes, le premier est consacré aux conjectures tant du nouvel éditeur que des savants qui l'ont précédé 2, le second forme l'apparat critique. Cette dernière partie est de beaucoup la plus développée, c'est elle qui forme la valeur essentielle de l'ouvrage. Cette édition marque un progrès décisif; elle donne à la critique, pour l'étude du texte d'Aristophane, cette base qui jusqu'ici lui faisait défaut. Quand M. V. aura terminé son œuvre, nous posséderons du poète comique une édition critique telle qu'il n'y en a de semblable que pour bien peu d'auteurs.

Il suffit de jeter les yeux sur cet apparat critique, pour voir avec quelle attention, avec quel scrupule les manuscrits ont été examinés : les particularités les plus insignifiantes en apparence ont été relevées avec le soin le plus minutieux 3, je me bornerai à un seul ordre de faits. Le manuscrit de Ravenne est du xre siècle, l'accentuation y est irrégulière, mise généralement, mais assez souvent omise; que M. V. relève avec soin toutes les divergences d'accentuation, cela est nécessaire, mais est-il bien utile d'indiquer absolument tous les cas où le copiste a négligé ici un esprit, là un accent? Ainsi dans les Grenouilles : 51, ywy] éywy' et lemma scholii eywy' R. 69, κάτω ;] κατω· R κάτω. U κάτω Α κάτω ; 74, ἐστὶ] εστὶ R ἐστι V. 82, εὔκολος] εὐκολος

minio corr. ex xáto M.

la concordance que ces chiffres offraient avec la Juntina; cette concordance était telle que le doute n'était plus possible sur l'emploi de ce ms. par Junti.

1. Préface de l'édition des 'I (p. VIII); dans la préface des Bárpayot, l'auteur ajoute: Hunc codicem in Ranarum fabula certe e Ravennate non transcriptum esse docent vv. 201, 208, 274, alii, p. vi.

2. L'auteur n'a donné naturellement que les conjectures les plus dignes d'attention, 3. L'apparat critique des Grenouilles nous semble même plus développé que celui des Chevaliers.

4. On voit par cette citation que M. V. indique, à côté de la leçon qui est donnée par le texte, la leçon qui se trouve souvent dans les lemmes des scolies. C'est un soin dont il faut lui savoir gré; la leçon du lemme diffère souvent de celle du texte, nous avons là deux témoignages appartenant à la même époque, il est utile de les connaître tous deux.

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R. – 111, ἦλθες] ῆλθες R. — 117, προς] προς R. Ibid., ἀλλὰ άλλα R. N'est-il pas permis de regarder un peu comme superflu le relevé si rigoureux de fautes qui ne sont d'aucune importance pour la constitution du texte et qui s'expliquent toutes par une cause générale parfaitement connue? Nous n'avons pas cependant le courage d'en faire un reproche à M. V.; il y a dans cette édition un tel effort, une telle somme de travail qu'on ne voudrait pas croire qu'une partie de cette peine a été de la peine perdue. Il y avait, croyons-nous, un moyen bien simple d'éviter ces redites: il suffisait, à la fin de la préface, d'une note de quelques lignes, faisant connaître à la fois les deux ou trois fautes les plus fréquentes et quelques-unes des habitudes particulières à chacun des copistes. M.V. aurait gagné à cela d'alléger son bagage, ce qui n'est pas un mince avantage pour un travail de ce genre; il y aurait gagné, ce qui est plus grave, d'être plus clair. Je prends un des deux exemples. Le ms. de Ravenne présente une particularité curieuse, le mot oux est presque toujours suivi de l'apos trophe oux'. Faudra-t-il relever perpétuellement cette particularité 1? Et, si on la relève, que pensera de ce signe le lecteur qui n'est pas prévenu? Le négligera-t-il? Cherchera-t-il à lui attribuer une valeur? - Le copiste du Venetus met ordinairement le double point pour indiquer la fin d'un discours. C'est un signe particulier, qui a sa valeur propre et qui n'exclut pas une autre ponctuation, ainsi Grenouilles, 25, yó; Il y a à la fois un double point pour indiquer que le personnage a fini de parler, et un point d'interrogation, la phrase étant interrogative. Cette double ponctuation dans l'édition de M. V. est une énigme pour le lecteur 1.

Nous sommes convaincus qu'il est difficile dans une collation de pousser l'exactitude aussi loin que l'a fait M. V. dans les siennes; mais on sait combien les travaux de ce genre sont délicats; si rigoureuse, si exacte qu'on suppose une collation, il sera toujours possible d'y trouver à repren dre. J'ai pu contrôler l'exactitude de la présente édition des Grenouilles sur trois des principaux mss. d'Aristophane, le Ravennas, le Venetus et l'Urbinas 3; voici les observations que j'ai à proposer: 11, dùt' ixeτεύω et non δὴθ ̓ ἱκετεύω R. — 42, δήμητραν et non δήμητρα U. - 76, V. — dit: < post prius o in póτepov erasa est una littera U. » Un point seul a été gratté, 85, τλήμων] τλίμων U. — 103, après αρέσκει V a un point d'interrogation formé ainsi., (Il y a d'assez nombreux exemples de cette ponctuation dans le ms.) — 330, την devant ἀκόλαστον est aussi la leçon de V. 359, noλitais] Rokitns V (par abréviation de 5 au-dessus πολίταις] πολίτης du τ), πολύ R. Ce qui fait la valeur de cette édition, avons-nous dit, c'est la précision

D

ης

1. Cf. sur les divers emplois de l'apostrophe, Gardthausen, Griechische Palæographie. Leipzig, 1879, p. 272.

2. Toutes ces particularités seront peut-être signalées dans le travail que M. V. a promis sur les mss. d'Aristophane: disputatione de universa librorum Aristophaniorum ratione in aliud tempus reservata. Préface des Chevaliers, p. VI

3. Nous avons collationné de la pièce des Grenouilles les vers 1-100 et 324-370.

et la richesse de l'apparat critique; elle a un autre mérite, moins important sans doute, mais qui ne doit pas être passé sous silence. M. V. ne s'est pas contenté de nous faire connaître la leçon des manuscrits, il a aussi payé de sa personne et essayé d'améliorer lui-même le texte. Quelques-unes des conjectures qu'il propose nous paraissent acceptables, la plupart sont ingénieuses, nous en citerons quelques-unes: 207, κυκνοβατράχων au lieu de βατράχων κύκνων (Bothe avait déjà proposé βατραχοκύκνων, ce qui est plus voisin de la legon des mss.). — 405, καὶ τὸ au lieu de τόνδε τὸν. — 718, τοὺς καλοὺς καὶ τοὺς κακούς au lieu de τοὺς καλούς τε κἀγαθοὺς (Meineke avait proposé τοὺς κακούς τε κἀγαθούς). 1011, μοχθηρούς τούσδ'; R et A ont μοχθηρούς, V. μοχθηροτέρους τ', V et M μοχθηροτάτους,. — 1301, πορνῶν μελῶν au lieu de πορνιδίων. La conjecture du v. 15 est très ingénieuse :

σκεύη ποτ' εἰ φέρουσιν ἐν κωμωδία ;

Il y a cependant un enchevêtrement de deux propositions commençant toutes deux par el (einep 13 et el 15) qui n'est pas d'un bon effet. Ce vers a été considéré comme interpolé et avec raison, à ce qu'il semble. Souhaitons en terminant que M. Velsen poursuive l'œuvre commencée il rend un service signalé à tous les amis d'Aristophane, c'est-à-dire à tous ceux qui s'occupent de l'antiquité classique. Espérons que les retards, qui nous ont fait attendre les nouveaux volumes, ne se reproduiront pas, et que les comédies, qui nous manquent encore, viendront toutes au jour chacune à son temps et à son heure. C'est ce souhait que nous avons commencé, c'est aussi par ce souhait voulons terminer ce compte-rendu.

par

que nous

Albert MARTIN.

126. — V. JAGIC. Specimina linguæ palaeslovenicæ. Un vol. in-8o de 147 p. Saint-Pétersbourg, 1882. Imprimerie de l'Académie des sciences.

Le recueil que nous offre M. Jagic est évidemment un manuel d'enseignement; l'auteur a voulu réunir dans une chrestomathie portative et peu coûteuse les textes les plus importants pour l'étude de la langue slavonne sous sa forme la plus ancienne et la plus pure. Ce petit recueil est plutôt le livre du maître que celui de l'élève; il ne donne aucun renseignement chronologique sur les textes qu'il renferme, aucun commentaire. Il se contente de signaler les variantes. Une bonne partie des morceaux est imprimée en caractères glagolitiques; c'est là une innovation utile; car les chrestomathies glagolitiques sont rares et les étudiants - je parle des étudiants russes, n'ont guère l'occasion de s'exercer à la lecture de cet alphabet difficile '. Un index slavon gréco-latin accom

1. M. Miklosich n'a pas osé imprimer en glagolitique les textes qui accompagnent sa Formenlehre. « Diese stücke, dit-il, in der urschrift abdrucken zu lassen, davon hielt mich die besorgniss zurück, sie mochten dann nicht gelesen werden. »

pagne ce recueil; l'exécution typographique en est remarquable; mais il serait à désirer qu'un nouveau tirage fût fait sur un papier plus solide, moins transparent et collé autant que possible.

L. L.

127. Fausts Leben, von Georg Rudolf WIDMANN, herausgegeben von ADELBERT VON KELLER (146ste Publication des Litterarischen Vereins in Stuttgart [Tübingen]). Tübingen. 1880, in-8°, 737 p. · Prix 20 mark 1.

Tous les admirateurs et amis de Goethe seront reconnaissants à M. Adalbert de Keller d'avoir reproduit dans une des publications du Litterarischer Verein de Stuttgart-Tubingue le remaniement que Nicolas Pfitzer fit paraître en 1674, à Nuremberg, chez Endter, du Faust de George Rod. Widmann (Das ärgerliche Leben und schreckliche Ende dess viel-berüchtigten Ertz-Schwarzkünstlers Johannis Fausti, erstlich, vor vielen Jahren, fleissig beschrieben, von G. R. Widmann, ietzo, aufs neue übersehen, und so wol mit neuen Erinnerungen, als nachdencklichen Fragen und Geschichten, der heutigen bösen Welt, zur Warnung, vermehret, nebst vorangefügtem Bericht Conradi Wolff: Platzii, weiland der heiligen Schrifft Doctorens, von der greulichen Zauberey-Sünde; und einem Anhange, von den Lapponischen Wahrsa ger-Pauken, wie auch sonst etlichen zaubrischen Geschichten). Il est certain que Goethe et le peintre Müller ont connu l'œuvre de Widmann et lui ont emprunté quelques traits. M. A. de Keller fait, à la fin du volume, de très brefs rapprochements entre le Faust de Widmann et celui de Goethe (pp. 145, 439, 606), mais sans les faire tous, parce qu'il se réserve de traiter plus amplement le sujet, et de citer ailleurs d'autres passages du Faust de Goethe qui rappellent le Faust de Widmann mot pour mot (welche wörtlich an unser Buch anklingen, p. 728). On remarquera surtout (p. 439) le passage où chaque buveur, croyant saisir le raisin, et levant son couteau, s'aperçoit soudain qu'il tient dans sa main le nez de son voisin 2. M. A. de Keller a reproduit le texte avec tout le soin et toute l'exactitude scrupuleuse qu'on lui connaît; il n'a rien changé à la ponctuation et à l'orthographe de l'édition de 1674, sauf dans quelques cas où il suffisait de faire une très légère modification pour rendre le texte plus clair. Le volume, comme toutes les publications du Litterarischer Verein, est beau et très nettement imprimé.

A. C.

1. Tout exemplaire des publications du Litterarischer Verein de Stuttgart coûte, pris isolément, 20 mark; mais, en s'abonnant pour un an, également à 20 mark. on reçoit un exemplaire de toutes les publications du Verein parues dans l'année de l'abonnement. Rappelons encore que le siège de l'administration du Verein est à Tübingen, et non à Stuttgart.

2. Voir la scène de la cave d'Auerbach; cp. aussi, p. 145, le passage où l'esprit se déclare le fidèle serviteur de Faust.

128.

Notes critiques et blographiques sur Rotrou, par M. Léonce PERSON. Paris, Cerf. 1882, in-8°.

Voici une intéressante brochure, qui, dans les quarante-quatre pages dont elle se compose, contient plus de faits curieux qu'on n'en trouve quelquefois dans de gros volumes.

Fort économe de phrases inutiles, l'auteur de ce travail, au lieu de répéter pour la centième fois ce que tout le monde sait, précise les points incertains et réunit quelques documents nouveaux.

D'ordinaire on fixe la naissance de Rotrou au 21 août 1609 et sa mort au 28 juin 1650. Ces dates ne sont point rigoureusement exactes; ce sont celles du baptême du poète et de son inhumation. Comme il mourut de la peste, son enterrement a dû suivre sa mort de très près, mais, quant au baptême, il est bien probable qu'il est postérieur de plusieurs jours à la naissance.

M. Léonce Person écarte avec une vigilance fort judicieuse tout document qui n'est pas d'une authenticité incontestable. Il en est du reste plusieurs, de fabrication récente, dont la fausseté n'était pas fort difficile à établir.

Tel est, entre autres, un prétendu autographe adressé, dit-on, par Rotrou à son frère, et où se trouve ce beau passage si connu : « Les cloches sonnent pour la vingt-deuxième personne qui est morte aujourd'hui. Ce sera pour moi quand il plaira à Dieu. » Le faussaire a évidemment copié cette lettre dans un Dictionnaire historique publié en 1822, mais ce texte est lui-même supposé à l'exception de ce que nous venons d'en citer. Ce court fragment, qui seul paraît incontestablement de Rotrou, se lit, dès 1728, dans une notice des plus exactes, insérée dans les Singularités historiques de D. Liron, et rédigée à l'aide de renseignements fournis par Pierre de Rotrou de Saudreville, frère du poète. Ce morceau y est rapporté comme extrait d'une lettre de Rotrou adressée par lui, non à ce frère, comme on l'a prétendu depuis, mais à Mme de Clermont d'Antraigue, qui lui avait proposé de venir, pendant l'épidémie, habiter son château situé à une lieue de Dreux.

Du reste, les documents apocryphes relatifs à Rotrou que M. P. a signalés ne sont pas les seuls. On a, par exemple, beaucoup parlé, il y a quelques années, d'une fausse lettre de Corneille à ce poète. L'hospitalité fastueuse qu'elle a reçue bien mal à propos dans les vitrines du British Museum lui avait valu une grande notoriété, et même, auprès de quelques personnes, une autorité des moins justifiées. Corneille y manifeste la crainte que l'Académie « se laisse influencer » par le cardinal de Richelieu. Ce néologisme aurait dû suffire pour découvrir la fraude, mais, comme elle n'est pas encore évidente pour tous, M. P. aurait dû la signaler.

Rotrou n'est pas un créateur; il a surtout transporté sur la scène française des pièces habilement imitées des littératures anciennes ou

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