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bablement en Angleterre, pour les besoins de son commerce. Il ne nous paraît pas pouvoir être confondu avec le Jehan Richard qui exerçait à Tours en 1533 et en 1536 1. Jehan Fafeu n'était-il pas de la même famille que le Pierre Faifeu dont Charles de Bourdigné a écrit la Légende? Quant à Jehan Margerie, on trouve son nom sur une édition s. d. des Consuetudines totius presidatus seu Turonensis bailliviae . M. G. eût été mieux placé que personne pour compléter ce qu'on sait jusqu'ici de ces personnages et pour nous donner quelques renseignements sur les

autres.

M. Giraudet, qui se montre si affirmatif dans son attribution du livre de Florio à une officine tourangelle, ne l'est pas moins quant à deux autres volumes également douteux; nous voulons parler de l'Ordre qui a esté gardé à Tours pour appeller devant le roy... ceux des trois Estatz, 1484, in-4 goth., et du Missale Turonense, 1485, in-fol. goth. Pour le premier de ces ouvrages, il ne nous donne pas même un commencement de preuve; au contraire, il reconnaît que les caractères employés sont ceux de l'imprimeur parisien Jehan Du Pré. Il est dès lors tout naturel de penser que l'éditeur, Jehan de Rely, aura fait imprimer le livre à Paris, où il était chanoine. M. G. suppose, il est vrai, que Jehan Du Pré avait établi une succursale à Tours; il fonde cette conjecture sur ce que le missel, également imprimé avec les caractères de Du Pré, se termine par la souscription suivante : Impressum est hoc Missale Turoñ Anno dni. M cccclxxxv; mais ici encore la preuve n'est pas décisive. L'abréviation Turon se lit plus naturellement Turonense qne Turonis et, dans le doute, il nous paraît prudent de nous en tenir à la première interprétation. Nous avons peine à croire que, si Jehan Du Pré avait établi une officine à Tours, M. G., qui a dépouillé si consciencieusement les archives de Tours, ainsi que les registres capitulaires conservés à la Bibliothèque nationale, n'y eût trouvé aucune mention. Jehan Du Pré, l'imprimeur parisien, qui devint plus tard libraire de l'Université, possédait un établissement très important, si l'on en juge par le grand nombre d'ouvrages, surtout de Missels, sortis de son officine; il n'était ni un de ces typographes besoigneux, réduits à

1. Voy. Cat. Taschereau, nos 189 et 141. Cf. Clément de Ris, loc. cit. 2. Brunet, II, 392. Cf. Cat. Potier, 1872, n° 231.

3. Notons, en passant, qu'il y eut, à la fin du xve siècle, deux imprimeurs différents du nom de Jehan Du Pré. L'un, que Lottin ne cite que sous la date de 1486, exerçait à Paris dès 1481; il avait alors pour associé Didier Huym (Brunet, III, 1763). Sans énumérer ici ses productions, nous dirons qu'il imprimait encore en 1501 (Brunet, III, 1197), mais qu'il mourut peu de temps après. Nous connaissons en effet, des Horae beate Marie Virginis achevées par sa veuve, le 1er avril 1506, nou veau style. (Librairie Ellis et White, à Londres, Cat. no 47, art. 337). Le second Jehan Du Pré exerçait à Abbeville au commencement de l'année 1487 (Brunet, I, 360); il passa ensuite à Lyon, où on peut le suivre depuis la fin de cette même année (Péricaud, Bibliogr. lyonnaise du xve siècle, nouv. éd., no 32) jusqu'à la fin de l'année 1495 (ibid., no 126).

transporter leurs presses de ville en ville, ni un de ces industriels disposés à monter des ateliers loin de leur surveillance. Si M. G. a raison de considérer comme des impressions tourangelles les deux volumes dont nous venons de parler, il faut admettre qu'ils ont été exécutés par quelque imprimeur inconnu, à qui Du Pré aura fourni des caractères comme il en fournit, par exemple, à Jehan Le Bourgeois, à Rouen, en 1488 '.

Avec Simon Porcellet, qui imprime, de 1491 à 1494, le Breviarium Turonense, nous marchons sur un terrain plus solide. Pour nous, comme pour M. Deschamps, Porcellet est encore le prototypographe de Tours. Jehan de Rely, chargé de la publication du Bréviaire, est devenu confesseur du roi; il est nommé doyen de Saint-Martin; c'est désormais un personnage puissant, qui peut décider un imprimeur à s'établir près de lui. S'il y avait eu à Tours une officine en pleine activité, il eût été inutile de recourir aux services du nouveau venu, qui paraît avoir été fort mal outillé, si l'on en juge par le temps qu'il mit à accomplir la tâche qui lui était confiée. M. G. a eu l'heureuse chance de découvrir dans les registres capitulaires de Saint-Martin des renseignements fort précieux sur cette publication, qui fut tellement onéreuse pour Porcellet que les chanoines durent lui accorder une indemnité supplémen taire.

M. G. fait suivre sa notice sur Porcellet, de trois chapitres consacrés à Mathieu Latheron, à Mathieu Cherchelé et à Jehan Rousset. Ces chapitres sont pleins de documents inédits d'une réelle importance. Nous n'avons rien à ajouter aux détails qui nous sont donnés sur Latheron; quant à la bibliographie de Cherchelé et de Rousset, elle pourrait être plus complète. Parmi les productions de Cherchelé, M. G. omet le Manuel royal ou Opuscules de la doctrine et condition du prince, de Jehan Brèche, achevé d'imprimer le 13 janvier 1541 (1542 n. s.), in-4 goth. de 58 ff. non chiffr. 2; il passe également sous silence la Declara ration des abuz et tromperies que font les apoticaires, par maistre Lisset Benancio, 1533, in-8 3. En ce qui concerne Jean Rousset, M. G.

Ces deux imprimeurs ont été souvent considérés comme un même personnage; on les a souvent aussi confondus avec Jehan Des Prez, imprimeur à Salins (1485). 11 y eut à Paris au commencement du xvre siècle un autre Jehan Du Pré, qui exerçait dès l'année 1507 (Brunet, III, 1197), possédait encore son officine en 1522 (Brunet, III, 450), et vivait peut-être encore en 1547 (Suppl. au Man. du Libraire, II, 44). Le nouveau Jehan Du Pré n'était sans doute pas le fils du premier; il demeurait en la rue des Porées, à l'image saint Sébastien, tandis que l'ancien imprimeur du même nom était établi rue Saint-Jacques, à l'enseigne des deux Cygnes, près de Saint-Séverin, (nous retrouvons sa veuve à la même adresse). Il est probable que le célèbre Galiot Du Pré était le fils, ou tout au moins le proche parent du premier Jehan Du Pré; en tout cas il fut, comme lui, libraire de l'Université. 1. Brunet, III, 805.

2. Biblioth. nat., Y 4508. A.-M. Brunet (I, 1216) donne à ce volume la date de 1544.

3. Biblioth. nat., T. 18. 2. Sur l'auteur, voy. Brunet, I, 768.

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eût pu se référer à un article que nous avons consacré aux Imprimeurs vendomois de M. le marquis de Rochambeau ; il y aurait trouvé l'indication de trois pièces qu'il n'a pas citées. Par contre, le bibliographe tourangeau nous donne (p. 87) un document qui mérite toute notre attention; c'est un acte du 2 juillet 1547, en vertu duquel Jean Lambert, devient acquéreur d'une partie du matériel de Rousset. Nous pouvons juger par cet acte de ce qu'était alors une petite imprimerie provinciale; nous y trouvons aussi la confirmation d'un fait qui n'était guère connu jusqu'ici que par une note peu explicite de l'imprimeur parisien Jehan Du Pré, à savoir que les figures destinées à l'ornement des livres d'heures étaient gravées sur cuivre et non sur bois. Parmi les objets cédés à Lambert figurent « cinq cens Rudimens, de Pelisson »; il s'agit probablement de l'Epitome de la grammaire latine de Jean Despautére, que Du Verdier 3 attribue à Jehan Pelisson, de Coindrrieu, principal du collège de Tournon, mais dont il n'indique pas le lieu d'impres

sion.

M. G. complète ses notes sur les imprimeurs de Tours par des notices sur trois hommes que la Touraine revendique comme ses enfants : Nicolas Jenson, Cristophe Plantin et Guillaume Roville, Nous n'aurions jamais fini si nous voulions entrer dans l'examen détaillé de ces notices. Remarquons seulement que Jenson a été parfois revendiqué par les Danois. Sur Plantin on peut consulter avec fruit divers articles de la Bibliotheca belgica, de M. F. vander Haeghen, en attendant la publication d'Annales Plantiniennes plus complètes que celles de MM. Ruelens et De Backer. Quant à Roville, qui, d'après La Croix du Maine, était Tourangeau, M. G. s'obstine à l'appeler Rouillé. Il est certain que le titre et l'extrait du privilège de deux volumes publiés en 1550, portent Rouillé, (avec un accent aigu bien marqué) 3, mais ces deux volumes, que M. G. eût dû citer à l'appui de sa thèse, ne nous ont pas convaincu.

Guillaume était libraire et non pas imprimeur, comme le dit à tort M. G.; la forme Rouillé pour Rouille (c'est-à-dire Roville) nous paraît due à une erreur typographique. Nous avons noté un très grand nombre de volumes publiés par Roville, et nous n'avons pas rencontré une seule fois après 1550 la forme Rouillé. Mais ce qui, à notre avis,

1. Revue critique, 1881, I, 365-367.

2. Voy. Brunet, V, 1612.

3. Edition Rigoley de Juvigny, II 490.

4. Voy. Camille Nyrop, Bidrag til den danske Boghandels Historie (Kobenhavn, 1870, 2 vol. in-8), I, 31, et les divers ouvrages qui y sont cités.

5. Livre de l'estat et mutation des temps par Richard Roussat], 1550, in-8. (BiBlioth. de feu M. le baron James de Rothschild.)

La Circée de M. Giovan Baptista Gello, academic florentin; nouvellement mis en francoys pur le seigneur Du Parc, Champenois, 1550, in-8. Voy. La Croix Du Maine, I, 346.

est décisif, c'est que, sur les titres latins, Roville est appelé Rovillius et, sur les titres italiens, Rovillio, ou même Roviglio'. On aura beau faire, on ne pourra jamais rattacher ces formes au français Rouillé; aussi persisterons-nous à dire, jusqu'à nouvelles preuves contraires, Roville ou Rouville. M. G. n'est du reste pas parvenu à établir les relations de parenté qui pouvaient unir le libraire lyonnais à aucune famille tourangelle.

Le volume que nous analysons se termine par une Liste chronologi. que des imprimeurs établis à Tours depuis l'introduction de l'imprimerie à Tours jusqu'à l'année 1850. M. G. a négligé les simples libraires, ce qui est, ce nous semble une lacune regrettable; mais est-il bien sûr, par exemple, que les frères Laurent et Michel Richard aient été imprimeurs? Comme libraires, ils avaient commencé d'exercer dès les premiers jours de l'année 1542 . La liste contient les noms de simples ouvriers comme Jehan Bourreau et Jacques de La Rue; pourquoi alors n'y trouve-t-on pas le nom de Loys de Bonart, imprimeur. qui, d'après M. G. lui-même 3, figure comme témoin dans un acte de 1594?

Nous nous arrêterons ici, en félicitant M. Giraudet de ses découvertes et en l'engageant à continuer ses recherches pour nous donner un jour une grande bibliographie tourangelle.

Emile PICOT.

FRANCE.

CHRONIQUE

Mme la comtesse Gédéon de CLERMONT-TONNERRE, née Vaudreuil. a publié tout récemment à la librairie Didier la traduction du remarquable ouvrage de M. Francis PARKMAN, Les jésuites dans l'Amérique du Nord au xvi1° siècle (Didier, in-8°, 378 pp. 3 fr. 50).

La « Bibliothèque d'éducation moderne » que publient les éditeurs Charavay, s'est grossie d'un volume nouveau, les Morceaux choisis de Mirabeau, avec préface, notices et notes, par M. E. D. MILLIET. (In-8°. 208 pp. 1 fr. 50). Le volume renferme quelques gravures qui intéresseront les élèves; il comprend deux parties : les œuvres diverses et les discours politiques; il se termine par le récit des derniers moments de Mirabeau (Cabanis) et par les jugements de Thiers, Louis Blanc, Michelet, Lamartine et Victor Hugo sur le grand orateur. M. Milliet ignore peut-être qu'un Allemand, M. H. Fritsche, directeur du gymnase de Grünberg, a fait paraître en 1878, dans la collection Weidmann, un recueil à peu près semblable au sien ; mais

1. Voy. notamment Cat. Didot, 1879, nos 450 et 457.

2. C'est pour les frères Richard que Mathieu Cherchelé a imprimé le Manuc' royal de Jehan Brèche, que nous avons cité ci-dessus.

3. Une Association d'imprimeurs et de libraires parisiens, p. 42.

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ce recueil ne comprend que les discours de Mirabeau (Ausgewehlte Reden Mirabeau's, trois petits volumes in-8°, chacun de 130 pages).

- La Société asiatique a célébré, le 30 juin dernier, son 60° anniversaire. M. Ernest RENAN, dans son rapport annuel, a énuméré les travaux de l'année et constaté les progrès accomplis, en France, par les études orientales. M. E. SENART a donné ensuite lecture d'un mémoire sur les origines du théâtre indien. Il s'est surtout attaché à indiquer la place que le drame occupe dans le mouvement littéraire de l'Inde, et, sans nier entièrement l'influence grecque, il a revendiqué pour le théâtre indien une part d'originalité plus grande que certains savants allemands ne paLe bureau de la Société asiatique est ainsi raissent disposés à lui reconnaître. composé Président honoraire M. Barthélemy Saint-Hilaire. Président : M. A. Regnier. Vice-présidents MM. Defrémery et Barbier de Meynard. Secrétaire : M. Ernest Renan. Secrétaire-adjoint: M. Stanislas Guyard.

- M. J. B. MISPOULET, avocat à la cour d'appel, docteur en droit, ancien élève de l'Ecole des Hautes Etudes, vient de publier le premier volume d'un ouvrage intitulé Les institutions politiques des Romains ou exposé historique des règles de la constitution de l'administration romaine depuis la fondation de Rome jusqu'au règne de Justinien. Ce premier volume (Paris, Pedone-Lauriel. In-8°, x1 et 390 p.) a pour titre La constitution et renferme quatorze chapitres; [Les origines] Institutions primitives; La constitution royale jusqu'au règne de Servius Tullius; titution servienne; - [La République] Caractère du gouvernement consulaire. De chaque magistrature en particulier; Des magistratures en général; sénat; Les comices; [Du règne d'Auguste à celui de Dioclétien] La constitution impériale; - Les anciens pouvoirs de la République, magistratures, comices, Attributions respectives des pouvoirs publics;

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La cons

Le

Des nouvelles fonctions sénat; créées sous l'empire; — [Du règne de Dioclétien à celui de Justinien] Le pouvoir Les anciens pouvoirs. Un de nos collaborateurs impérial, les fonctionnaires ; rendra plus amplement compte de ce volume.

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ouvrage

Le tome premier du grand ouvrage de M. MADVIG sur l'Etat romain, vient de paraître dans dont la Revue critique rendra compte très prochainement une traduction française due à M. Charles MOREL (L'état romain, sa constitution et son administration, par J. M. Madvig, traduit par Ch. Morel. Tome premier. Paris, F. Vieweg. In-8°, 1x et 296 p.) « C'est d'après le texte allemand, dit M. Ch. Morel dans son avant-propos, que cette traduction a été faite, mais comme ce texte est malheureusement assez fautif et diffus, j'ai eu recours à l'édition danoise, surtout pour contrôler les renvois et les citations... je crois avoir rempli scrupuleusement ma tâche en m'appliquant à rendre toujours la pensée originale avec toute l'exactitude que comporte la diversité des langues. Je me suis efforcé de couper les périodes trop longues, farcies de relatifs et de corrélatifs. Dans l'original, les renvois, les citations et souvent des explications d'une certaine étendue étaient intercalés dans le texte même, entre parenthèses, empêchant de suivre le texte général, tandis que d'autres remarques étaient placées au bas des pages. Jamais le public français n'eût admis une disposition pareille; j'ai donc dû rejeter en notes tous ces renvois et n'ai laissé, dans le texte, entre parenthèses, que les termes techniques latins et grecs et certaines définitions importantes; parfois j'ai fait passer des notes dans le texte, certaines observations qui me paraissaient pouvoir se fondre dans l'exposé général. Je me suis permis d'ajouter de mon chef, entre crochets, quelques brèves annotations destinées soit à faire mieux comprendre la pensée de l'auteur, soit à relever de légères erreurs de détail qu'il me paraissait impossible de ne pas rectifier. »> M. Henri CHEVREUL poursuit la publication de ses Pièces sur la Ligue en Bour

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