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ESTABLISHES THE CONSULATE.

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unhappy senators, in their fine classical draperies, before them, and forcing them to leap out of the windows, and scamper through the gardens in these strange habiliments! Colonel Pride's purge itself was not half so rough in its operation.

There was now an end, not only of liberty, but of republican tyranny; and the empire of the sword in the hand of one man, was substantially established. It is melancholy to think, but history shows it to be true, that the most abject servitude is usually established at the close of a long, and even generous struggle for freedom; partly, no doubt, because despotism offers an image of repose to those who are worn out with contention, but chiefly because that military force to which all parties had in their extremity appealed, naturally lends itself to the bad ambition of a fortunate commander. This it was which made the fortune of Bonaparte. His answer to all remonstrances was "Voulez-vous que je vous livre aux Jacobins ?" But his true answer was, that the army was at his devotion, and that he defied the opinion of the nation.

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He began by setting up the Consulate: But from the very first, says Madame de Staël, assumed the airs and the tone of royalty.

"Il prit les Tuileries pour sa demeure; et ce fut un coup de partie que le choix de cette habitation. On avoit vu là le roi de France; les habitudes monarchiques y étoient encore présentes à tous les yeux, et il suffisoit, pour ainsi dire, de laisser faire les murs pour tout rétablir. Vers les derniers jours du dernier siècle, je vis entrer le premier consul dans ce palais bâti par les rois; et quoique Bonaparte fût bien loin encore de la magnificence qu'il a développée depuis, l'on voyoit déjà dans tout ce qui l'entouroit un empressement de se faire courtisan à l'orientale, qui dut lui persuader que gouverner la terre étoit chose bien facile. Quand sa voiture fut arrivée dans la cour des Tuileries, ses valets ouvrirent la portière et précipitèrent le marchepied avec une violence qui sembloit dire que les choses physiques elles-mêmes étoient insolentes quand elles retardoient un instant la marche de leur maître! Lui ne regardoit ni ne remercioit personne; comme s'il avoit craint qu'on pût le croire sensible aux hommages même qu'il exigeoit. En montant l'escalier au milieu de la foule qui se pressoit pour le suivre, ses yeux ne se portoient ni sur aucun objet, ni sur aucune personne en particulier. Il y avoit quelque chose de vague et d'insouciant dans sa physionomie, et ses regards n'exprimoient

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INSOLENCE AND FALSEHOOD OF BONAPARTE.

que ce qu'il lui convient toujours de montrer,-l'indifférence pour le sort, et le dédain pour les hommes.". vol. ii. p. 258, 259.

He had some reason, indeed, to despise men, from the specimens he had mostly about him: For his adherents were chiefly deserters from the royalist or the republican party; the first willing to transfer their servility to a new dynasty, the latter to take the names and emoluments of republican offices from the hand of a plebeian usurper. For a while he thought it prudent to dissemble with each; and, with that utter contempt of truth which belonged to his scorn of mankind, held, in the same day, the most edifying discourses of citizenship and equality to one set of hearers, and of the sacred rights of sovereigns to another. He extended the same unprincipled dissimulation to the subject of religion. To the prelates with whom he arranged his celebrated Concordat, he spoke in the most serious manner of the truth and the awfulness of the Gospel; and to Cabanis and the philosophers, he said, the same evening," Savez-vous ce que c'est la Concordat? C'est la Vaccine de la Religion

dans cinquante ans il n'y aura plus en France!" He resolved, however, to profit by it while it lasted; and had the blasphemous audacity to put this, among other things, into the national catechism, approved of by the whole Gallican church:-" Qu. Que doit-on penser de ceux qui manqueroient à leur devoir envers l'Empereur Napoléon? Réponse. Qu'ils resisteroient à l'ordre établi de Dieu lui-même et se rendroient dignes de la damnation éternelle !"

With the actual tyranny of the sword began the more pitiful persecution of the slavish journals. - the wanton and merciless infliction of exile on women and men of letters and the perpetual, restless, insatiable interference in the whole life and conversation of every one of the slightest note or importance. The following passages are written, perhaps, with more bitterness than any other in the book; but they appear to us to be substantially just.

"Bonaparte, lorsqu'il disposoit d'un million d'hommes armés, n'en attachoit pas moins d'importance à l'art de guider l'esprit public par

HIS PERSECUTION OF WOMEN AND AUTHORS. 95

les gazettes; il dictoit souvent lui-même des articles de journaux qu'on pouvoit reconnoître aux saccades violentes du style. On voyoit qu'il auroit voulu mettre dans ce qu'il écrivoit, des coups au lieu de mots! Il a dans tout son être un fond de vulgarité que le gigantesque de son ambition même ne sauroit toujours cacher. Ce n'est pas qu'il ne sache très-bien, un jour donné, se montrer avec beaucoup de convenance; mais il n'est à son aise que dans le mépris pour les autres, et, dès-qu'il peut y rentrer, il s'y complait. Toutefois ce n'étoit pas uniquement par goût qu'il se livroit à faire servir, dans ses notes du Moniteur, le cynisme de la révolution au maintien de sa puissance. Il ne permettoit qu'à lui d'être jacobin en France. vol. ii. p. 264.

"Je fus la première femme que Bonaparte exila; Mais bientôt après il en bannit un grand nombre, d'opinions opposées. D'où venoit ce luxe en fait de méchanceté, si ce n'est d'une sorte de haine contre tous les êtres indépendans? Et comme les femmes, d'une part, ne pouvoient servir en rien ses desseins politiques, et que, de l'autre, elles étoient moins accessibles que les hommes aux craintes et aux espérances dont le pouvoir est dispensateur, elles lui donnoient de l'humeur comme des rebelles, et il se plaisoit à leur dire des choses blessantes et vulgaires. Il haïssoit autant l'esprit de chevalerie qu'il recherchoit l'étiquette: c'étoit faire un mauvais choix parmi les anciennes mœurs. Il lui restoit aussi de ses premières habitudes pendant la révolution, une certaine antipathie jacobine contre la société brillante de Paris; sur laquelle les femmes exerçoient beaucoup d'ascendant. Il redoutoit en elles l'art de la plaisanterie, qui, l'on doit en convenir, appartient particulièrement aux Françoises. Si Bonaparte avoit voulu s'en tenir au superbe rôle de grand général et de premier magistrat de la république, il auroit plané de toute la hauteur du génie au-dessus des petits traits acérés de l'esprit de salon. Mais quand il avoit le dessein de se faire un roi parvenu, un bourgeois gentilhomme sur le trône, il s'exposoit précisément à la moquerie du bon ton, et il ne pouvoit la comprimer, comme il l'a fait, que par l'espionage et la terreur."- vol. ii. p. 306, 307.

The thin mask of the Consulate was soon thrown offand the Emperor appeared in his proper habits. The following remarks, though not all applicable to the same period, appear to us to be admirable.

"Bonaparte avoit lu l'histoire d'une manière confuse. Peu accoutumé à l'étude, il se rendoit beaucoup moins compte de ce qu'il avoit appris dans les livres, que de ce qu'il avoit recueilli par l'observation des hommes. Il n'en étoit pas moins resté dans sa téte un certain respect pour Attila et pour Charlemagne, pour les lois féodales et pour le despotisme de l'Orient, qu'il appliquoit à tort et à travers, ne se trompant jamais, toutefois, sur ce qui servoit instantanément à son pouvoir; mais du reste, citant, blâmant, louant et raisonnant comme le hasard le conduisoit. Il parloit ainsi des heures entières avec d'au tant plus d'avantage, que personne ne l'interrompoit, si ce n'est par les applaudissemens involontaires qui échappent toujours dans des occa

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sions semblables. Une chose singulière, c'est que, dans la conversation, plusieurs officiers Bonapartistes ont emprunté de leur chef cet héroïque galimatias, qui véritablement ne signifie rien qu'à la tête de huit cent mille hommes." - vol. ii. p. 332, 333.

"Il fit occuper la plupart des charges de sa maison par des Nobles de l'ancien régime; il aimoit les flatteries des courtisans d'autrefois, parce qu'ils s'entendoient mieux à cet art que les hommes nouveaux, même les plus empressés. Chaque fois qu'un gentilhomme de l'ancienne cour rappeloit l'étiquette du temps jadis, proposoit une révérence de plus, une certaine façon de frapper à la porte de quelque antichambre, une manière plus cérémonieuse de présenter une dépêche, de plier une lettre, de la terminer par telle ou telle formule, il étoit accueilli comme s'il avoit fait faire des progrès au bonheur de l'espèce humaine! Le code de l'étiquette impériale est le document le plus remarquable de la bassesse à laquelle on peut réduire l'espèce humaine." vol. ii. p. 334, 335.

"Quand il y avoit quatre cents personnes dans son salon, un aveugle auroit pu s'y croire seul, tant le silence qu'on observoit étoit profond! Les maréchaux de France, au milieu des fatigues de la guerre, au moment de la crise d'une bataille, entroient dans la tente de l'empereur pour lui demander ses ordres, et il ne leur étoit pas permis de s'y asseoir! Sa famille ne souffroit pas moins que les étrangers de son despotisme et de sa hauteur. Lucien a mieux aimé vivre prisonnier en Angleterre que régner sous les ordres de son frère. Louis Bonaparte, dont le caractère est généralement estimé, se vit constraint par sa probité même, à renoncer à la couronne de Hollande; et, le croiroit-on? quand il causoit avec son frère pendant deux heures têteà-téte, forcé par sa mauvaise santé de s'appuyer péniblement contre la muraille, Napoléon ne lui offroit pas une chaise! il demeuroit luimême debout, de crainte que quelqu'un n'eût l'idée de se familiariser assez avec lui, pour s'asseoir en sa présence.

"Le peur qu'il causoit dans les derniers temps étoit telle, que personne ne lui adressoit le premier la parole sur rien. Quelquefois il s'entretenoit avec la plus grande simplicité au milieu de sa cour, et dans son conseil d'état. Il souffroit la contradiction, il y encourageoit même, quand il s'agissoit de questions administratives ou judiciaires sans relation avec son pouvoir. Il falloit voir alors l'attendrissement de ceux auxquels il avoit rendu pour un moment la respiration libre; mais, quand le maître reparoissoit, on demandoit en vain aux ministres de présenter un rapport à l'empereur contre une mesure injuste. — Il aimoit moins les louanges vraies que les flatteries serviles; parce que, dans les unes, on n'auroit vu que son mérite, tandis que les autres attestoient son autorité. En général, il a préféré la puissance à la gloire; car l'action de la force lui plaisoit trop pour qu'il s'occupa de la postérité, sur laquelle on ne peut l'exercer." - vol. ii. p. 399–401.

There are some fine remarks on the baseness of those who solicited employment and favours under Bonaparte, and have since joined the party of the Ultras, and treated the whole Revolution as an atrocious rebellion-and a

HIS GIFT OF SLEEP. AND ARROGANCE.

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very clear and masterly view of the policy by which that great commander subdued the greater part of Continental Europe. But we can afford no room now for any further account of them. As a general, she says, he was prodigal of the lives of his soldiers-haughty and domineering to his officers and utterly regardless of the miseries he inflicted on the countries which were the scenes of his operations. The following anecdote is curious-and to us original.

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"On l'a vu dans la guerre d'Autriche, en 1809, quitter l'île de Lobau, quand il jugeoit la bataille perdue. Il traversa le Danube, seul avec M. de Czernitchef, l'un des intrépides aides de camp de l'empereur de Russie, et le maréchal Berthier. L'empereur leur dit assez tranquillement qu'après avoir gagné quarante batailles, il n'étoit pas extraordinaire d'en perdre une; et lorsqu'il fut arrivé de l'autre côté du fleuve, il se coucha et dormit jusqu'au lendemain matin! sans s'informer du sort de l'armée françoise, que ses généraux sauvèrent pendant son sommeil.” — vol. ii. p. 358.

Madame de Staël mentions several other instances of this faculty of sleeping in moments of great apparent anxiety. The most remarkable is, that he fell fast asleep before taking the field in 1814, while endeavouring to persuade one of his ministers that he had no chance of success in the approaching campaign, but must inevitably be ruined!

She has extracted from the Moniteur of July 1810, a very singular proof of the audacity with which he very early proclaimed his own selfish and ambitious views. It is a public letter addressed by him to his nephew, the young Duke of Berg, in which he says, in so many words, "N'oubliez jamais, que vos premiers devoirs sont envers MOI vos seconds envers la France- ceux envers les ples que je pourrois vous confier, ne viennent qu'après.' This was at least candid-and in his disdain for mankind, a sort of audacious candour was sometimes alternated with his duplicity.

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"Un principe général, quel qu'il fût, déplaisoit à Bonaparte; comme une niaiserie, ou comme un ennemi. Il n'étoit point sanguinaire, mais indifferent à la vie des hommes. Il ne la considéroit que comme un moyen d'arriver à son but, ou comme un obstacle à écarter de sa route. Il n'étoit pas même aussi colèré qu'il a souvent paru l'être il vouloit effrayer avec ses paroles, afin de s'épargner le fait par la menace. Tout étoit chez lui moyen ou but; l'involontaire ne se trouvoit nulle VOL. II.

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