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Ou qui voulez éteindre sa lumière,
Et replonger les siècles dans la nuit.
Jean Guttemberg n'avait en Germanie
Peint la pensée et fixé le génie;
Et toutefois l'aurore du bon sens
Déjà pointait au milieu des ténèbres;
Déjà perçait de ses rayons naissans
Un ciel chargé de nuages funèbres.
De zèle impur quand le peuple enivré
Applaudissait aux vengeances de Rome,
Et louait Dieu du supplice d'un homme,
Par gens de bien cet homme était pleuré.
Le Pogge était du pape secrétaire:
Osa pourtant le docte Florentin

Rendre justice au vertueux sectaire,
Dans une épître écrite en beau latin 1.
On y trouvait éloquence facile,
Esprit, savoir, talent et vérité,
Saine raison, touchante humanité :
Car ce n'était l'ouvrage du Concile.

Brûler son homme est un plaisir d'élus.

1. Poggio Bracciolini, né à Florence, et appelé communément le POGGE, fut secrétaire des papes Jean XXIII et Martin V. En 1416, il assista au supplice de l'infortuné Jérôme de Prague, et en écrivit l'histoire dans une lettre à Léonard Arétin, son ami intime, et secrétaire des brefs sous Innocent VII. Arétin le cynique n'a de commun avec celui-ci que son nom. (N. de l'éditeur.)

Mais en plaisir point de monotonie;
Et comme un bal réjouit encor plus,
Un bal paré suit la cérémonie.
Là Sigismond régnait avec splendeur:
Les menuets, les danses pédantesques
Faisaient briller maint grave ambassadeur;
Maint cardinal préférait les grotesques.
Beaux chevaliers, bachelettes de cour,
Ayant au bal doux rendez-vous d'amour,
Se réservaient contredanse française,
Vive polaque et sémillante anglaise,
Walse germaine, où couples amoureux,
De pas en pas accélérant la danse,
Rasent le sol et tournent en cadence,
Tels que zéphyrs voltigeant deux à deux.
Filles d'honneur effaçaient les plus belles;
Sans ornement, Cécile, au milieu d'elles,
Éclipsait tout par ses appas naissans:
Ses grands yeux noirs, tendres et languissans,
Laissaient percer douce mélancolie;

Et son chagrin la rendait plus jolie.
Elle voilait sa timide beauté,

Ainsi qu'on voit, aux apprêts d'un orage,
L'astre des nuits, de nuage en nuage,
Cacher l'éclat de son disque argenté.
Stérile effort! D'hommages poursuivie,
Elle dansait sans en avoir envie,
Tout en baissant des regards pudibonds.

L'impératrice avait les yeux très-bons, Quoique moins beaux, et vit certaine enflure: <«< Ceci, dit-elle, est un mal d'aventure. «< Eh quoi, déjà? vous n'avez que seize ans! << Trop d'embonpoint ne sied pas à votre âge: « Les médisans ne vous croiront pas sage; << Fille d'honneur doit faire peu d'enfans. << C'est un de fait: qu'il soit donc fils unique. «< Son père, au moins, est-il vrai Chevalier? <«< Est-ce un Baron? est-ce un Grand-écuyer? <<< Peut-il entrer dans l'ordre teutonique? << Serait-ce point quelque Sérénité?

« Une Excellence? ou peut-être une Altesse? (( -Nenni. - Vraiment, est-ce une Majesté?

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L'ingrat César, oubliant ma tendresse,

« M'aurait-il fait une infidélité?

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-Rassurez-vous, mon auguste maîtresse, Répond Cécile, en levant ses beaux yeux: « Ce qui m'arrive est le secret des cieux. « Il faut parler, hélas! et j'en soupire : « J'aurais bravé le charme suborneur << Des hauts Barons et du Chef de l'empire: << Car, après tout, on est fille d'honneur. « Aux vanités Cécile n'est soumise; « Mais résister aux lois de sainte église! « Il faut avoir du respect pour la foi. « Vous en avez, Madame, et plus que moi : « Vous faites honte à la pauvre Cécile;

<<< Et sans raison: Dieu me gard' du péché! <<< Pour cet enfant, qui m'est tant reproché, « C'est... c'est encor l'ouvrage du Concile. >>

De cet aveu tout fut sanctifié :
On salua la brunette chérie

Du nom sacré de nouvelle Marie.
Si l'Empereur en fut édifié,
L'Impératrice y parut trop sensible.
Le Fou prédit qu'il viendrait un garçon;
Qu'avant quinze ans le céleste poupon
Vaudrait son père, et serait infaillible.
Ce fut le terme et l'exploit triomphant
Du saint Concile. On ne se plaindrait guère
S'il n'eût jamais produit que cet enfant;
Mais, par malheur, il enfanta la guerre,
Qui déchaîna contre l'humanité
Peste et famine, effroyables compagnes.
Plus de moissons : des stériles campagnes
Crêpe sanglant couvrait la nudité;

Le glaive errait des bords de la Baltique
Au Pont-Euxin, au golfe adriatique;

Les noirs agens du pontife romain
Chantaient la messe un poignard à la main,
Comme on chantait les vêpres en Sicile;
Dans les cités, veuves de combattans,
Le sang humain coula pendant vingt ans :
C'était toujours l'ouvrage du Concile.

LE COUCOU,

CONTE RETOUCHÉ D'APRÈS PASSERAT.

MARS est passé; voici le premier jour
Du mois chéri par la mère d'Amour.
Dites, oiseaux de diverse peinture,
Sentez-vous pas rajeunir la nature?
Qu'attendez-vous? recommencez vos chants;
Réjouissez les forêts et les champs.
En récompense, ici rêvant à l'ombre,
Je chanterai quelqu'un de votre nombre,
Homme autrefois, mais oiseau devenu,
Et de Coucou portant le nom connu.

Ce Coucou fut un bourgeois de Corinthe,
Fort ombrageux et sujet à la quinte;
Puissant d'amis, de biens, d'écus comptans;
Mais de l'hiver plus près que du printems.
Il épousa bachelette élégante,

Belle, en sa fleur, fine, accorte et fringante,
Et dont l'aspect si bien sut l'enflammer
Qu'il l'aima trop, si l'on peut trop aimer.
En toute chose il voulait lui complaire;

OEuvres posthumes. II.

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