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Voire il faisait plus qu'il ne pouvait faire!
Il lui jurait mille fois son amour;
Jurer n'est rien, si l'effet n'a son tour.
En peu de tems la moitié jeune et roide
Hors des arçons mit la moitié plus froide.
Le pauvre époux, voyant qu'à tel métier
Il ne pourrait durer le mois entier,
Ayant tiré ses plus grands coups de lance,
Eut son recours à sainte remontrance.
De mari donc il devint sermonneur,
Ne prêchant plus que chasteté, qu'honneur,
Et répétant cent fois dans la journée :
<< Garder il faut la loi de l'hyménée;
« Sans son mari femme ne doit sortir : >>>
Discours moraux, bien faits pour convertir,
Si toutefois l'enfant de Cythérée
Se contentait de parole dorée :
Ce qu'il ne fait. Il est par trop dispos,
Volage, ardent, ennemi du repos,
Pour endurer que folâtre jeunesse
Languisse à l'ombre, et moisisse en paresse.

La dame un jour se plaignit un peu haut;
Dont le mari, tout tremblant et penaud,
D'un certain mal, qu'on nomme jalousie,
Sentit brouiller sa triste fantaisie;
Et, quand au vif de ce mal il fut poinct
Qui met au front cornes qu'on ne voit point,
Il empêcha sa femme de paraître
Et dans la rue, et même à sa fenêtre.

Soir et matin soigneux de l'épier,
A son œil même il n'osait se fier.
Mal est gardé ce que garde la crainte:
Le corps était au logis par contrainte;
L'esprit dehors, sans relâche tendu
Aux doux pensers du plaisir défendu.
C'est la coutume; et tout esprit s'offense
Plus aigrement de plus aigre défense.
Ainsi voit-on les villageois troublés,
Lorsqu'un torrent vient ravager leurs blés,
Ligués en vain contre sa course agile,
Dresser remparts de fagots et d'argile.
Par tant d'efforts ils ne font qu'irriter
Ce fier torrent qu'ils pensaient arrêter:
A gros bouillons son onde courroucée
S'enfle, s'étend, renverse la chaussée,
Fond sur la plaine, et va dans sa fureur
Noyer au loin l'espoir du laboureur.

Pour abréger, l'épouse jeune et belle
Trouve un amant, et jeune et beau comme elle:
Elle conclut de quitter son grison,

Et d'échapper à si rude prison.
Jour assigné: Vénus, c'était ta fête!
Tous ses habits dès le soir elle apprête,
Part le matin avec son jeune ami,

Mais sans troubler le bonhomme endormi.
A son réveil, se croyant auprès d'elle,
Il se voit seul, saute du lit, appelle
Valets, voisins; crie au meurtre, au voleur:
La foule accourt; il conte son malheur.
Mais, o dépit! la nouvelle entendue:
«Quoi! ce n'est donc qu'une femme perdue? >>>
Dit un gausseur, d'un gros rire éclatant:
<< Adieu, voisin; qu'il m'en arrive autant! >>>
A l'importune et brusque raillerie,
Il sent tourner sa douleur en furie;
Il fuit Corinthe; et, privé du bon sens,
Par les chemins il demande aux passans:
<< Savez-vous point où ma femme est allée ?
« Ma femme, hélas! ma femme on m'a volée. »
Il s'arrachait la barbe et les cheveux,
Remplissait l'air de regrets et de vœux,
Contait aux vents, au soleil, à la lune,
Aux durs rochers, sa piteuse fortune.

Menant ce deuil sept grands jours tout entiers,
Il va, revient par routes, par sentiers,
Par monts, par vaux, par lande, par bocage,
Sans avaler nourriture ou breuvage;
Et, n'ayant plus que les os et la peau,
Il semble un corps déterré du tombeau.
Le Ciel, qui voit un si cruel martyre,
Le Ciel enfin par pitié l'en retire.

Un certain jour, de douleur consumé,
Comme il menait son deuil accoutumé,
La voix lui manque; et, par miracle étrange,
Sa bouche ouverte en un long bec se change;
Il croit tirer barbe et cheveux chenus:

Barbe et cheveux plumes sont devenus;
Il tend ses bras; mais ses bras sont des ailes;
Et l'homme oiseau, sous ses formes nouvelles,
A chaque instant devenu plus léger,
Coucou parfait, commence à voltiger.
Bien ébahi de perdre sa figure,

!

:

Il va rêvant à sa mésaventure,
S'envole au bois, au bois se tient caché,
N'y trouvant pas ce qu'il a tant cherché.
Et tous les ans, quand le printems renflamme
Nos cœurs d'amour, il cherche encor sa femme,
Parle aux passans, et ne peut dire qu'Qù:
Rien que ce mot ne retint le Coucou
D'humain parler; mais sa peine il allège
Par les douceurs d'un fort beau privilège :
Se souvenant qu'on vint pondre chez lui,
Pour se venger il pond au nid d'autrui.

LE CHANT MARITIME,

HYMNE,

FAIT A L'OCCASION DU CAMP DE BOULOGNE.
28 thermidor an XII (16 août 1805).

BIENTÔT la trahison s'expie.

Pardonner aux vaincus fut le vœu des Français;
Mais les traités sont vains, et l'Insulaire impie
Fait la guerre en signant la paix.
Trop long-tems l'onde tributaire
Vit les pavillons d'Angleterre
Enchaîner ses flots irrités :

Ocean, sors de l'esclavage!
Revendiquez votre partage,
Peuples qu'elle a deshérités!

LE CHOE UR.

Tremblez, tremblez, Tyrans des ondes,
Faux amis, ennemis pervers:
Nous courons venger les deux mondes;
Victoire, et Liberté des mers!

Enfant d'une mère inhumaine,

L'Américain brisa son joug dénaturé;
Érin gémit encor; Érin maudit sa chaîne,
Et sera bientôt délivré.

Ravisseurs de l'Inde opulente,

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