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II.

ROMANCE.

HIER ai vu ma douce amie,
Ai vu l'objet que veux chérir:
Sens mal d'amour; c'est pour
De mal d'amour ne veux guérir.

la vie :

Douce, naïve, et point légère,
Rosette unit pour nous charmer
A jolis traits qui savent plaire
Sensible cœur qui sait aimer.

Sa voix touchante et son œil tendre
Doucement consument les jours:
Qui l'entend veut toujours l'entendre;
Qui la voit veut la voir toujours.

Adieu donc, plaisir d'amourette!
Reste fidèle à mon lien :

Ne puis aimer rien que Rosette;

Et sans Rosette aimer n'est rien.

ÉPIGRAMMES.

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I.

Sur les trois Traductions en vers de la Jérusalem délivrée.

CLÉMENT, La Harpe et Lormian-Balour,
Vont traduisant le chantre d'Herminie.
Ainsi traduire est pure calomnie:

Leurs vers menteurs l'ont rendu sec et lourd.
Qu'eût fait Pâris entre ces trois grands hommes?
Eût-il donné la pomme à l'un des trois?
Non mais, entre eux ne pouvant faire un choix,
A tous les trois il eût jeté des pommes.

II.

SUR M SAUTREAU1.

AMI Sautreau, vos vers, votre notice,
Vos almanachs sont d'un goût excellent;

1. Éditeur et collaborateur de plusieurs almanachs poétiques, entre autres des Étrennes de Polymnie.

(Note de l'éditeur.)

Votre journal, plein d'esprit, de justice;

Et d'Aquin seul vous égale en talent.
Aucuns pourtant, gens d'une humeur caustique,
Osent se plaindre: ils disent qu'un critique
De ce qu'il sait doit parler seulement.
Concevez-vous leur maligne insolence,

Ami Sautreau? de ce qu'il sait! vraiment,
Ils voudraient donc vous réduire au silence.

III.

Sur la résurrection de l'ANNnée littérairE,

LAS! il revient mon âne littéraire!
Mon gentil âne, ami de Jean Fréron!
L'avez-vous vu l'aimable Aliboron?
-Non; mais je crois l'avoir entendu braire.

IV.

Sur l'Homme des champs, par Jacques Delille,

Ce n'est donc plus l'abbé Virgile:
C'est un abbé sec, compassé,
Pincé, passé, cassé, glacé,
Brillant, mais d'un éclat fragile.
Sous son maigre et joli pinceau
La nature est naine et coquette;

1. Auteur et journaliste peu connu.

L'habile arrangeur de palette

N'a vu, pour son petit tableau,
Les champs qu'à travers sa lorgnette,
Et par les vitres du château.

V.

Sur JACQUES le poète, et JEAN le libraire.

JACQUES le grand, l'aigle de nos poètes,
Six francs par vers vend son poëme entier :
Jean l'acheteur, nigaud de son métier,
Lui dit trop tard: Jacques, vous me surfaites.
En vous lisant on m'appelle un vrai fou,
Lorsqu'on veut même user de politesse:
Dans ces vers-là le tiers vaut six francs pièce;
Mais les deux tiers ne valent pas un sou.

VI.

LA CONFESSION DE LA HARPE.

RASSUREZ-VOUS, mon Armide est de glace,
Disait la Harpe à son cher directeur;
Clorinde est plate, Herminie est sans grâce;
Mes vers dévots ont quelque pesanteur.
Un saint ennui du plaisir prend la place:
Car ce n'est point par un orgueil d'auteur,
C'est en chrétien que je traduis le Tasse,
Pour mes péchés et pour ceux du lecteur.

VII.

SUR LA PHÈDRE DE RACINE.

Brumaire an XI.

LORSQUE Racine, à la cour d'Apollon,
Fit admirer une Phèdre divine,

Du nom de Phèdre, au bas du saint vallon,
Pradon marquait une ignoble héroïne.
Ami public, ne vous trompez au nom:
Beauté, Laideur, marquent leur origine.
Guérin peignit la Phèdre de Racine 1;
Et Duchesnois est l'œuvre de Pradon 2.

VIII.

SUR LES PRIX DÉCENNAUX.

CINQ perpétuels secrétaires
Adjugent les prix décennaux;
La gloire, objet des grands travaux,
Décerne les prix séculaires.

1. Dans son tableau exposé au Muséum, en l'an XI.

2. Mademoiselle Duchesnois, qui a joué Phèdre, est élève de M. Legouvé, auteur tragique aussi médiocre que Pradon. (Note de Chénier.)

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