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Restreint des fleurs l'abondance infertile.
En Aristarque il juge sans pitié,
Pèse les mots, et rien ne dissimule.
Il ne dit pas: Qu'importe un ridicule?
Quoi! pour des riens blesse-t-on l'amitié?
Riens sérieux! le poëme s'oublie;
Le ridicule est pour toute la vie.
Comme ces gens que la lèpre a rongés,
Comme les fous, comme les enragés,
Méchant poète, en passant dans les rues,
Est fui de loin par les hommes prudens,
Mais assailli par des bandes d'enfans.
Si l'insensé, loin des routes battues,
En oiseleur qui va cherchant des nids,
Erre au hasard, hurlant ses vers maudits,
Trouve un puits, tombe, et crie: Eh! vite, à l'aide!
Aucun ne bouge; et, si l'on intercède

En sa faveur, ne vous pressez pas tant:
Voyez, dirai-je, Empédocle en Sicile,
Qui de sang-foid saute en l'Etna brûlant,
Pour être un dieu. Ce poète indocile
Malgré vous tous veut et saura périr:
Droit de poète. Empêcher de mourir,
C'est égorger. Demain, scène nouvelle.
A tant de verve est-il donc condamné?
Est-ce un impie? Aurait-il profané
Quelque lieu saint, la cendre paternelle?

Quem verò arripuit, tenet, occiditque legendo,

Non missura cutem, nisi plena cruoris, hirudo.

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Du furibond dès qu'on entend les vers,

Sauve qui peut! l'ours a rompu ses fers.

Docte, ignorant: tout fuit; mais, si notre homme
Saisit quelqu'un, il déclame, il l'assomme,
Sans lui donner, sans prendre de repos.
Ainsi l'on voit la sangsue acharnée
Ne quitter prise, en sa rage obstinée,
Qu'ivre du sang dont elle a bu les flots.

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O DÉESSE, ô Vénus, mère de nos aïeux,
Unique volupté des mortels et des Dieux!
C'est toi, de l'univers, toi qui régis l'empire:
La matière, à ta voix, et s'anime et respire;
Des hivers par toi seule oubliant les rigueurs,
La terre, tous les ans, couvre son sein de fleurs;
Ta présence adorée écarte les nuages,
Et fait fuir à grands pas les vents et les orages;
Neptune désarmé te sourit; et les cieux
Se dorent des rayons qui partent de tes yeux.

Dans la saison des fleurs, et sitôt qu'en nos plaines
Ont soufflé des zéphyrs les fertiles haleines,
Tout le peuple des airs, plein de vie et d'amour,
S'empresse par des chants à fêter ton retour;

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Le fier taureau, pour suivre une amante chérie,
Des fleuves débordés affronte la furie;

Tes feux embrasent tout: les plaines, les déserts,
Les bois harmonieux, les fleuves et les mers.
Tout respire à la fois ta divine tendresse ;
Tout brûle; et l'univers se repeuple sans cesse.

Ah! puisque la nature est toute sous ta loi,
Puisque rien, ô Vénus, ne peut être sans toi,
Puisqu'enfin de toi seule un coup d'œil favorable
Dispense l'art de plaire et ce qui rend aimable,
Viens; de tes feux chéris viens consumer mon cœur,
Et répands sur ces vers ton charme séducteur ;
Sur ces vers, où, guidé du flambeau d'Épicure,
Je tâche de m'ouvrir le sein de la nature.
Si l'heureux Memmius te doit tout, c'est pour lui,
Déesse, pour
lui seul que je chante aujourd'hui.

En tous lieux cependant que Bellone endormie
N'élève plus sa voix, des muses ennemie.
Tu peux calmer sans doute et la terre et les mers,
Si le dieu de la Thrace, esclave dans tes fers,
Te laissant désarmer ses regards homicides,
Souvent couvre ton sein de ses baisers avides.
En ces momens, Déesse, où, l'attrait des plaisirs
Te cédant toute entière à ses fougueux désirs,
Les transports mutuels de la plus vive flamme

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