ACTE II. SCÈNE PREMIÈRE. SCÈNE II. NINON, HORTENSE, DORLIS, AUBERTIN. DORLIS. Eh! oui; Gourville est mort: tout le monde le dit. AUBERTIN. Eh! non; fausse nouvelle: on ne m'a rien écrit. DORLIS. Non! toujours non! quel homme avec sa négative! Ainsi, quand on est mort, il faut qu'on vous l'écrive? AUBERTIN. Non; mais des faits bien sûrs: voilà ce qu'il me faut. Vous autres batailleurs, vous prenez tout d'assaut; Nous marchons posément, nous autres gens d'affaires. Énoncez, produisez des preuves qui soient claires. DORLIS. Allons. Cela viendra; mais, sans vous gendarmer, A madame Ninon daignez vous informer. J'ai voulu tout exprès vous conduire chez elle. AUBERTIN. Qu'en pensez-vous, madame? NINON. On m'a dit la nouvelle. HORTENSE. Il est certain qu'hier le bruit en a couru. AUBERTIN. L'a-t-on rendu public? NINON. Autant que l'on a pu. AUBERTIN. Si cela se trouvait au moins dans la gazette! DORLIS. Ah! mon cousin germain. AUBERTIN. Comment démontrez-vous que du susdit cousin DORLIS. Comment? par la raison que c'est indubitable. AUBERTIN. Et que produisez-vous? DORLIS. La vérité. AUBERTIN. C'est beau. Elle est au fond d'un puits. DORLIS. Discours de buveur d'eau! Parlez d'un vin d'Aï dont la mousse odorante Eh! non. Dans tout ceci, Je vois des notions, non des preuves exactes; D'autres collatéraux... DORLIS. N'ayez nul embarras: Il n'en existe aucun. C'est-il assez? Quoi! pas encore? AUBERTIN. DORLIS. Non pas. AUBERTIN. Eh! non. De ses biens il fut maître. En faveur d'étrangers il a testé peut-être. DORLIS. Exhérédés! quel mot! les vilains procédés! Gourville! un cher cousin! fi! c'est lui faire injure; Il ne m'a jamais vu, d'accord; mais la nature... AUBERTIN. Ah! fort bien. La nature, et puis la vérité... J'ai quarante ans d'étude, et je sais mon métier. NINON. A quoi bon tous les deux vous échauffer la bile? HORTENSE. Il est vrai: vous prenez une peine inutile. NINON. Il ne faut pas, Dorlis, vous animer ainsi; |