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en a fait souvent usage avec bonheur, particulièrement dans la deuxième ode du premier livre: lam satis terris nivis atque dirae. Laborde a fait un rapprochement entre cette ode et l'hymne de la Nativité de saint Jean Baptiste, Ut queant laxis resonare fibris, qui l'a jeté dans une multitude d'erreurs, à l'égard de l'application qu'il a voulu faire du chant de l'hymne à l'ode. Et d'abord, confondant le mètre de la strophe saphique, dont l'invention est attribuée à Sapho, avec la mélodie de l'hymne, il s'est persuadé que celle-ci a été composée par cette femme célèbre, puis, qu'elle a élé recueillie par Horace, et que l'auteur de l'hymne de Saint-Jean l'a transportée dans le champ de l'Église. Si le néant de toutes ces suppositions avait besoin d'étre démontré, il suffirait de faire remarquer que le chant de l'hymne n'est plus celui des anciens temps de l'Église, et que le célèbre Guido d'Arezzo a rapporté dans sa lettre à Michel, moine de Pompose (Revue de musique, par Mr. Danjou, 1847. p. 447-448). »

Je reconnais, avec Mr. Fétis, que Laborde s'est trompé lorsqu'il a pris pour le chant primitif de l'Ut queant laxis, la mélodie suivante :

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Il faut avouer aussi que le vers saphique disparaît complétement si l'on adopte cette version musicale.

Mais faut-il, pour cela, rejeter le fond même de l'assertion du compilateur de l'Essai sur la musique ancienne et moderne? je ne le crois pas ; et, il faut en convenir, le manuscrit de Montpellier est favorable à cette assertion, quoiqu'en puisse dire Mr. Fétis.

On sait que la fête de la nativité de saint Jean Baptiste remonte aux temps apostoliques, d'après le témoignage même de saint Augustin (Origines de la liturgie catholique, par Mr. l'abbé Pascal, p. 837, Paris, gr. in-8o., 1844). Or, ne peut-on pas supposer légitimement qu'à cette époque reculée on aura pris un chant saphique pour l'adapter à un texte saphique, comme on l'avait fait pour certaines odes d'Horace dont le manuscrit de Montpellier nous donne un curieux exemple? Rien ne s'oppose à cette hypothèse, pas même le récit de Guillaume Durand, liturgiste du XIII. siècle. Suivant ce récit, Jean Diacre, historiographe de l'Église romaine et moine du Mont-Cassin, voulant un jour remplir son ministère en bénissant le cierge pascal, fut tellement enroué, que sa voix auparavant si claire, ne pouvait

plus se faire entendre. Afin donc d'obtenir la guérison de cette i composa en l'honneur de saint Jean-Baptiste l'hymne Ut quean sonare fibris. . . . Le diacre obtint ce qu'il demandait, de par les mérites de saint Jean, la parole fut restituée à Zachar (Origines de la liturgie catholique, p. 839).

Tout en admettant, dis-je, ce récit, qui fixe au VIII. siècle sition de l'Ut queant laxis, on sera toujours en droit de deman Diacre est l'auteur du chant et du texte de cette hymne, ou ser texte appliqué par lui à un chant antique: et cette dernière hyp raîtra certainement assez plausible en présence du manuscrit 423 pellier. Toute la question, désormais, sera de savoir si le chant de saint-Jean a été ajouté par un liturgiste à une ode d'Horace, le chant de l'ode d'Horace, au contraire, qui a passé dans la l l'Occident.

En attendant que des preuves positives viennent établir l'orig mélodie en litige, je vais essayer de la traduire d'après le fac sin plus haut, dont je garantis la parfaite exactitude.

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Le premier vers des autres strophes doit se traduire ainsi :

- neis qua cri

re li ga ta ful-ge

Mul - ta, Maintenant que l'on connaît le fond de la mélodie de l'ode d'H il sera facile de constater qu'elle ressemble, à très peu de choses prè chant primitif de l'hymne composée par Jean Diacre, et mise en ho par Gui d'Arezzo, au commencement du XI. siècle. Je ne mention

pas les versions qui se trouvent, 1) dans un manuscrit de Gui, que M. Fétis a copié dans son neuvième article sur les Origines du plain-chant (Revue de Danjou 1847, p. 448.); 2) dans le Speculum musicae de Jean de Muris (mss. de la Bibl. nat. anc. f. latin, No. 7207, fol. 237. r.); 3) dans la Storia della musica, t. I, du père Martini; 4) dans l'ancienne édition de La science et la pratique du plain-chant, par dom Jumilhac; 3) dans le Dictionnaire de musique de J. J. Rousseau, d'après un ancien manuscrit de l'église de Sens, etc. etc. Toutes ces versions mélodiques ne valent pas, pour l'objet de la comparaison que je veux établir ici, celle qui nous a été conservée dans le précieux manuscrit de Saint-Evroult, copie la plus parfaile que l'on connaisse, jusqu'à ce jour, des œuvres du moine d'Arezzo. (Bibl. nat. suppl. latin, No. 4017, du XII. siècle.)

Voici le chant de l'Ut queant laxis, tel qu'on le trouve p. 22. de ce manuscrit (ad finem).

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Si l'on modifie le chant qui précède par les deux variantes suivantes, empruntées à la version de Mr. Fétis:

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on aura une traduction purement mélodique très exacte de la musique de Tode d'Horace à Phyllis.

II. TRADUCTION RHYTHMÉE.

Il ne suffit pas de connaître la contexture melodique d'une pièce de chant pour s'en faire une juste idée; il faut encore lui donner l'élément de la mesure musicale, si la nature du morceau comporte cet élément.

Or, on peut affirmer ici que l'ode à Phyllis et l'Ut queant laxis exigent une mesure, un rhythme, comme toutes les chansons, toutes les hymnes et toutes les proses liturgiques du moyen-âge.

Mais sur quelle base doit étre établie cette mesure, ce rhythme? est-ce sur la rhythmique musicale? est-ce sur la rhythmique poétique?

Je réponds à cette double question: toutes les fois que chaque strophe n'est pas composée d'un maître poétique proprement dit, c'est l'accentuation latine qui règle le rhythme musical, en vertu des principes que j'ai exposés dans mon Examen critique des chants de la Sainte-Chapelle, et dans ma lettre à Mr. Lenormant sur le même sujet. Mais quand l'espèce de vers est rigoureusement observée d'après la prosodie, qu'il y a uniformité constante dans le placement des longues et des brèves, c'est le rhythme poétique qui détermine alors le rhythme musical.

Dans l'ode d'Horace et dans l'hymne Ut queant laxis, ces dernières conditions sont remplies avec une scrupuleuse exactitude. Les strophes sont composées de quatre vers réels; les trois premiers vers sont saphiques, le dernier est adonique, de cette manière :

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Ce fait étant reconnu, je n'hésite pas, et je traduis ainsi l'ode d'Horace du manuscrit de Montpellier :

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