Mêle un peu de morale à ses contes plaisans. Aux richesses d'Othon si quelqu'un porte envie, << Rat des champs, rat de ville, étaient deux vieux amis. << Dans son trou le premier invita son compère: « C'était un rat fort pauvre, à lui-même sévère, << Ménager; mais sachant, dans les occasions, << Faire un peu de dépense, et jusqu'à des façons. « Il offrit à son hôte, avec un zèle extrême, << Des restes de vieux lard, du grain, des raisins même, << Pour vaincre les dégoûts d'un ami délicat. « Ce rat de ville était le plus superbe rat. « Effleurant chaque mets, sa fierté dédaigneuse pas mieux « Que ce désert sauvage et ses hôtes affreux? « Croyez-en mes conseils, consentez à me suivre. « Les rats petits et grands doivent cesser de vivre; << Songez-y bien, mon cher, tout est né pour mourir: « Puisque la vie est courte, il faut savoir jouir. « Ce discours ébranla le pauvre solitaire: << De son réduit paisible il saute à la légère; « Et les voilà tous deux trottant à petit bruit, << Pour entrer dans la ville à l'ombre de la nuit. « La déesse, déja, d'étoiles couronnée, « Avait fait la moitié de sa course ordonnée, « Quand nos deux voyageurs entrent dans un palais « Où la pourpre et l'ivoire éclataient à grands frais. Quæ procul exstructis inerant hesterna canistris. Ille cubans gaudet mutatâ sorte, bonisque Currere per totum pavidi conclave; magisque Exanimes trepidare, simul domus alta Molossis Personuit canibus. Tum rusticus, Haud mihi vitâ Est opus hâc, ait, et valeas; me silva cavusque Tutus ab insidiis tenui solabitur ervo. « Le couple aventurier voit, dans mainte corbeille, « Les débris somptueux d'un festin de la veille. « Sur un riche tapis l'étranger est placé: « Et notre citadin, poliment empressé, << Comme un maître d'hôtel, va, vient, sert, se tourmente, << Ayant soin de goûter tous les mets qu'il présente. « Mollement étendu, le campagnard ravi « Bénit à tout moment son sort et son ami. « Mais voilà qu'à la porte un tapage effroyable << Se fait entendre. Où fuir? Le couple misérable « Quand, tout-à-coup encor, pour nouveau rabat-joie, « Adieu, compère, adieu, je n'ai plus d'appétit, SATIRE VII. LES SATURNALES. DAVE. DEPUIS assez long-temps j'écoute, et, de ma vie, HORACE. Eh! c'est Dave! DAVE. Oui, ce brave garçon, Mancipium domino, et frugi, quod sit satis; hoc est, Ut vitale putes. HORATIU S. Age, libertate Decembri (Quando ita majores voluerunt) utere; narra. DAVUS. Pars hominum vitiis gaudet constanter, et urget Propositum pars multa natat, modò recta capessens, : Interdum pravis obnoxia. Sæpè notatus Cum tribus annellis, modò lævâ Priscus inani, Jam machus Romæ, jam mallet doctus Athenis HORATIUS. Non dices hodie, quorsum hæc tam putida tendant, Furcifer? Plein de zèle, soumis, fidèle à son patron, Assez bon serviteur pour qu'on le laisse vivre. HORACE. Eh bien! d'un vain respect que ce jour te délivre; Cette fête entre nous remet l'égalité : Dissipe toute crainte, et parle en liberté. DAVE. La moitié des humains, abandonnée au vice, Il suivait du plaisir la pente enchanteresse; Plus heureux que celui qui, combattant sans cesse, HORACE. Après ce beau discours, tu me diras peut-être |