Obrázky na stránke
PDF
ePub

Que je portai mon vol plus haut que mes aïeux:
C'est vanter mes talens qu'avouer ma naissance.
Dans la guerre et la paix j'eus des amis fameux.
Ajoute que je fus d'une santé débile,

Grison avant le temps, petit de corps, frileux,
Trop prompt à m'emporter, mais à calmer facile.
Que si quelqu'un cherchait mon âge dans mes vers,
Dis-lui que, lorsqu'on vit et Lépide et Lollie,
Partageant les faisceaux, gouverner l'Italie,
J'avais, depuis quatre ans, compté quarante hivers.

EPISTOLARUM

LIBER SECUNDUS.

EPISTOLA PRIMA.

AD AUGUSTUM.

Amplissimis eum laudibus demeretur: tum de poësi, unde coeperit, ut judicanda sit et ornanda, variè disserit.

CUM tot sustineas et tanta negotia solus;

Res Italas armis tuteris, moribus ornes,

Cæsar.

Legibus emendes: in publica commoda peccem,
Si longo sermone morer tua tempora,
Romulus et Liber pater, et cum Castore Pollux,
Post ingentia facta Deorum in templa recepti,
Dum terras hominumque colunt genus, aspera bella
Componunt, agros assignant, oppida condunt;
Ploravere suis non respondere favorem
Speratum meritis. Diram qui contudit hydram,
Notaque fatali portenta labore subegit,
Comperit invidiam supremo fine domari:
Urit enim fulgore suo qui prægravat artes
Infra se positas; exstinctus amabitur idem.

LIVRE SECOND.

ÉPITRE PREMIÈRE.

A AUGUSTE.

Cette pièce a quatre parties : partialité du public en faveur des anciens; histoire de la poésie latine; difficulté de l'art dramatique; intérét qu'ont les princes à protéger les poëtes.

O vous dont les exploits protégent l'Italie,
Vous de qui les vertus l'ont ornée et polie;
Vous qui, la réformant, l'éclairant par vos lois,
Du fardeau de l'état portez seul tout le poids;
César, ne craignez pas qu'une indiscrète muse,
Aux dépens des Romains, de vos momens abuse.

Bacchus, le grand Romule, et Pollux, et Castor,
Dans le palais des Dieux montèrent à leur mort:
Mais, parmi les humains quand leurs travaux utiles
Faisaient naître la paix, les moissons, et les villes,
Leur grand cœur affligé vit ces mortels ingrats
Oublier des bienfaits qu'ils ne méritaient pas.
Hercule, dont les Dieux fatiguèrent la vie,
Éprouva que la mort dompte seule l'envie.

On craint ceux dont la gloire efface leurs rivaux :
On les admire éteints dans la nuit des tombeaux.

Præsenti tibi maturos largimur honores,
Jurandasque tuum per numen ponimus aras
Nil oriturum aliàs, nil ortum tale fatentes.
Sed tuus hoc populus, sapiens et justus in uno,
Te nostris ducibus, te Grajis anteferendo,
Cætera nequaquam simili ratione modoque
Estimat; et, nisi quæ terris semota suisque
Temporibus defuncta videt, fastidit et odit :
Sic fautor veterum, ut tabulas peccare vetantes,
Quas bis quinque viri sanxerunt, fœdera regum
Vel Gabiis, vel cum rigidis æquata Sabinis;
Pontificum libros, annosa volumina vatum,
Dictitet Albano Musas in monte locutas.

Si, quia Græcorum sunt antiquissima quæque
Scripta vel optima, Romani pensantur eâdem
Scriptores trutinâ, non est quòd multa loquamur:
Nil intra est oleâ, nil extra est in nuce duri:
Venimus ad summum fortunæ; pingimus atque
Psallimus et luctamur Achivis doctiùs unctis.
Si meliora dies, ut vina, poëmata reddit,
Scire velim pretium chartis quotus arroget annus:
Scriptor abhinc annos centum qui decidit, inter
Perfectos veteresque referri debet, an inter
Viles atque novos? Excludat jurgia finis.

Est vetus atque probus, centum qui perficit annos.
Quid? qui deperiit minor uno mense vel anno,

Il vous fut réservé de voir Rome, plus juste,
Élever vos autels, jurer au nom d'Auguste,
Et, comptant les héros par vous seul effacés,
Défier l'avenir et les siècles passés.

Mais ce n'est que pour vous qu'elle a cette justice:
Le peuple en tout le reste écoute un vain caprice;
Et tout ce qui respire, importunant ses yeux,
N'obtient de son orgueil que dédains odieux.
De ce qui fut jadis idolâtre imbécille,

Il croit que les neuf Sœurs, désertant leur asile,
Vinrent des décemvirs dicter les saintes lois,
Les traités des Sabins avec nos premiers rois,
Et nos livres sacrés, et ces vers prophétiques
Que chantaient la Sibylle et nos auteurs antiques.
La Grèce eut, il est vrai, des chantres révérés,
Plus antiques toujours, toujours plus admirés.
Si Rome met les siens dans la même balance,
Tout est dit, et sa gloire égale sa puissance;
Les athlètes d'Athène ont ici des rivaux,

Ses peintres parmi nous briseraient leurs pinceaux.
Sa musique n'a rien que la nôtre n'efface :

L'été n'a point de feux, l'hiver n'a point de glace.
Mais aux vers, comme au vin, si le temps donne un prix,
Faisons donc une loi pour juger les écrits;
Sachons précisément quel doit être leur âge
Pour obtenir des droits à notre juste hommage.
Tel qui, depuis cent ans, a rejoint ses aïeux,
Est-il un vil moderne, un ancien fameux?

- Après un siècle entier un auteur est illustre.
-Quoi! si, pour l'achever, il lui manquait un lustre,
Un an, qu'en ferions-nous? Faudrait-il l'admirer?
A d'éternels mépris le faudrait-il livrer?
-Une année, un seul mois, font peu de différence;
Et, pour si peu de chose, un poëte, je pense,

« PredošláPokračovať »