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de Dieu que de prétendre qu'il ne peut pas donner aux âmes séparées du corps la puissance d'agir? il faudra donc refuser la puissance d'agir aux anges et à tous les esprits créés. Que si on reconnaît en eux cette puissance, comme ils ne peuvent pas agir naturelleinent en plusieurs lieux à la fois, et que même surnaturellement ils ne peuvent pas agir en tous les lieux, il faut reconnaître qu'ils sont, par leur présence substantielle, dans les lieux où ils peuvent agir. Je sais que ces arguments, très-forts contre Durand, n'ont pas la même force contre ceux qui soutiennent que notre âme n'agit sur notre corps que comme cause occasionnelle. Mais ce n'est pas ici le lieu de discuter ce dernier système.

§ 2. Remarques sur ces paroles du verset 11:Adimplebis me lætitià cum vultu tuo.

Le Messie célèbre ici, par la bouche du Prophète, la joie dont la vision béatifique, qui est la félicité suprême, inonde son cœur. L'âme de Jésus-Christ en jouit dans un degré éminent; car nous savons que la vision intuitive est dans le ciel la récompense des saints; or les saints n'ont rien qui ne soit éminemment en Jésus-Christ, puisque leur bonheur est une participation du sien, et qu'il est le chef auguste duquel découlent sur les hommes les dons de la grâce et de la gloire. Donc Jésus-Christ, qui communique aux saints la vision béatifique, en jouit lui-même, et d'une manière d'autant plus excellente, que son âme est plus parfaite que la leur. C'est le raisonnement de saint Thomas (1).

Mais quand l'âme de Jésus-Christ a-t-elle commencé à jouir de la vision béatifique? Saint Thomas (2) répond que ce fut dès le premier instant de son existence; car c'est de Jésus-Christ comme homme que saint Jean a dit: Non ad mensuram dat Deus spiritum (5). Dès ce premier moment Jésus-Christ a été le chef des hommes; dès lors donc il a dû posséder ce qu'il devait un jour leur communiquer. D'ailleurs l'éminence de l'union hypostatique demandait que, dès le premier instant de cette union, l'âme de Jésus-Christ jouît de toutes les qualités surnaturelles qui lui étaient destinées, excepté celles qui se trouvaient, pour le moment, incompatibles avec la fin de l'incarnation.

Remarquez cette exception qui fut cause que les effets de la vision béatifique furent suspendus jusqu'à la résurrection, en partie quant à l'âme de JésusChrist, et en entier quant à son corps.

Ils furent suspendus en partie quant à l'âme de Jésus-Christ; car l'effet de la béatitude, c'est d'exclure toute tristesse, toute douleur; neque luctus, neque dolor erit ultra (4). Or il est évident qu'avant la résurrection, l'âme de Jésus-Christ a éprouvé la tristesse et la douleur.

Melchior Canus (5) a prétendu que Jésus-Christ, pendant le temps de sa passion, jouissait à la vérité de la vision beatifique, mais qu'il empêchait par sa puissance la joie que son âme devait naturellement en ressentir.

Suarez (6) remarque fort bien que ce théologien ne peut pas restreindre son opinion au seul temps de la passion, puisqu'il y a la même raison pour toute la vie de Jésus-Christ; quia Christi anima ferè nunquàm caruit magnâ tristitià, vel certè frequentissimè illam habuit, considerando peccata hominum, et mortem suam veluti præsentem intuendo.

Il ajoute que l'opinion de Melchior Canus est fausse

(1) S. Thom. 3. part. quest. 9, art. 2.

(2) Ibid. quæst. 34, art. 4.

(3) Joan. 3, v. 34.

(4) Apoc. 21, v. 24.

De locis, lib. 12, c. 14.

(6) Disput. 57, sect. 3.

S. S. XV.

et téméraire falsam et temerariam illam existimo, et contra omnes theologos, qui in hâc difficultate contrariam sententiam ut certam ponunt.

Il faut donc dire avec Sylvius (1) que la joie et la tristesse ne sont en contradiction, que quand elles sont de eodem objecto et sub eodem respectu; or JésusChrist se réjouissait de sa béatitude et de la rédemption des hommes, mais la considération des péchés des hommes lui faisait éprouver une grande tristesse ; de plus, il envisageait la mort et la passion avec douleur, en tant qu'elles sont des maux que la nature redoute, et il s'en réjouissait, en tant qu'elles étaient les moyens d'opérer notre rédemption.

Quand done, dans le verset que nous expliquons, le Messie dit qu'après sa mort Dieu le remplira de joie par la vision béatifique, ce n'est pas qu'il ne jouît auparavant de cette vision délicieuse, et qu'il n'en eût de la joie; mais c'est que cette joie n'était point complète, et qu'elle ne le devint que lorsqu'après la passion, le mystère du salut étant accompli, la béatitude produisit son effet tout entier sur l'âme de Jésus-Christ, et en bannit pour jamais tout chagrin et toute douleur. Ce qui arriva précisément au moment où JésusChrist, après avoir satisfait à son Père par sa mort, descendit aux enfers.

Une autre raison de ce langage du essie, c'est que la béatitude de l'âme n'eut qu'à la résurrection son effet pour la glorification du corps de Jésus-Christ. Car, comme remarque saint Thomas (2), la gloire du corps est une émanation de la gloire de l'ame. Ce qu'il ne faut pas entendre, dit Sylvius, d'une émanation physique, puisque l'unc est spirituelle, l'autre corporelle; l'une consiste dans la vision intuitive, l'autre dans un éclat extérieur; mais d'une émanation morale fondée sur la proportion naturelle qui est entre l'âme et le corps. Il faut donc dire que dès le premier instant de la conception, la gloire était due au corps de Jésus-Christ, soit à cause de son union hypostatique avec la divinité, soit à cause de la vision beatifique dont jouissait son âme; mais le paiement de cette dette était suspendu par une disposition de la divine Providence qui lui avait donné un corps passible, et qui en donnant à son âme la béatitude, ne voulait pas que cette béatitude fût, autrement que par miracle, communicable au corps avant sa mort. Donc une fois le mystère de la passion accompli, la disposition de la divine Providence a cessé, et l'âme de Jésus-Christ a fait rejaillir sa gloire sur le corps.

Saint Thomas (3) apporte deux autres raisons pour lesquelles Jésus-Christ est ressuscité avec un corps glorieux. L'une est que par l'humilité de sa passion, il a mérité la gloire de sa résurrection. Yautre que sa résurrection devait être le modèle et le principe de celle qui est réservée aux saints, et où ils reprendront leurs corps dans un état glorieux.

Il faut remarquer que c'est surnaturellement que le corps humain devient glorieux et incorruptible; cette gloire ne change point l'essence du corps qui continue à être composé de parties, et par conséquent palpable, comme fut le corps de Jésus-Christ après sa résurrection.

Il faut remarquer encore que les corps glorieux sont spirituels, comme dit l'Apôtre (4), c'est-à-dire, soumis à l'esprit. D'où il suit que quiconque a un corps glorieux peut se rendre visible ou invisible, selon sa volonté. Et quand il se rend visible, il peut aussi, selon sa volonté, montrer ou cacher la gloire de son corps. Jésus-Christ ne jugea pas à propos de la montrer dans ses apparitions après sa résurrection.

(1) Syl. tom. 4, p. 122.

(2) S. Thom. 3 part. quæst. 45, art. 2.

(5) Ibid. quæst. 54, art. 3.

(4) Surget corpus spirituale, 1 Cor. 15, v. 44.

1. Oratio David (1). XVI.

Hebr. XVII.

2. Exaudi, Domine, justitiam meam : intende deprecationem meam.

3. Auribus percipe orationem meam, non in labiis dolosis.

4. De vultu tuo judicium meum prodeat: oculi tui videant æquitates.

5. Probâsti cor meum; et visitâsti nocte: igne me examinâsti; et non est inventa in me iniquitas.

6. Ut non loquatur os meum opera hominum : propter verba labiorum tuorum, ego custodivi vias du

ras.

7. Perfice gressus meos in semitis tuis, ut non moveantur vestigia mea.

8. Ego clamavi, quoniam exaudisti me, Deus: inclina aurem tuam mihi, et exaudi verba mea.

9. Mirifica misericordias tuas, qui salvos facis sperantes in te.

10. A resistentibus dexteræ tuæ custodi me, ut pupillam oculi.

11. Sub umbrâ alarum tuarum protege me, à facie impiorum qui me afflixerunt.

12. Inimici mei animam meam circumdederunt: adipem suum concluserunt; os eorum locutum est superbiam.

13. Projicientes me nunc circumdederunt me: oculos suos statuerunt declinare in terram.

14. Susceperunt me sicut leo paratus ad prædam; et Sicut catulus leonis habitans in abditis.

15. Exsurge, Domine, præveni eum, et supplanta eum; eripe animam meam ab impio, frameam tuam ab inimicis manûs tuæ.

16. Domine, à paucis de terrà divide eos in vità eorum; de absconditis tuis adimpletus est venter eo

rum.

17. Saturati sunt filiis; et dimiserunt reliquias suas parvulis suis.

18. Ego autem in justitiâ apparebo conspectui tuo; satiabor cùm apparuerit gloria tua.

PSAUME XVI.

1. Exaucez, Seigneur, ma justice: entendez ma prière.

2. Prêtez l'oreille à ma supplique; je vous la fais (sincèrement) non avec des lèvres trompeuses.

3. Que mon jugement émane de votre visage : que vos yeux voient la justice.

4. Vous avez éprouvé mon cœur, et vous l'avez visité durant la nuit vous m'avez examiné (comme l'argent dans la fournaise), et vous n'avez point trouvé d'iniquité en moi.

5. En sorte que ma bouche ne parle point conformément aux œuvres des hommes: à cause des paroles de votre bouche, je me suis tenu dans des voies difficiles.

6. Affermissez mes pas dans vos voies, afin que je ne bronche point dans mes démarches.

7. J'ai crié vers vous, parce que vous m'avez exaucé, mon Dieu; prêtez-moi l'oreille et entendez mes paroles.

8. Faites éclater vos miséricordes, ô vous qui sauvez ceux qui espèrent en vous.

9. Préservez-moi, comme la prunelle de l'œil, de la fureur de ceux qui résistent à votre bras.

9 (suite). Protégez-moi à l'ombre de vos ailes, contre les impies qui m'ont persécuté.

10. Mes ennemis ont assiégé mon âme; ils ont fermé leurs entraillles, et leur bouche a proféré des paroles d'orgueil.

11. Après m'avoir chassé, ils m'environnent présentement; ils se sont résolus à tourner leurs yeux vers la terre.

12. Ils m'ont reçu comme ferait un lion prêt à dévorer sa proie, et comme un lionceau qui habite dans des lieux cachés.

13. Levez-vous, Seigneur, prévenez cet ennemi, et renversez-le délivrez mon âme de l'impie, ôtez votre glaive aux ennemis de votre main.

14. Seigneur, séparez-les sur la terre, et tandis qu'ils vivent, du petit nombre (de vos amis): leur ventre s'est rempli de vos richesses cachées.

14 (suite). Ils ont des enfants en abondance, et ils laissent le reste de leurs possessions à leurs familles.

15. Pour moi, je paraîtrai en votre présence revêtu de justice: je serai rassasié, lorsque votre gloire se découvrira à moi.

COMMENTARIUM.

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(1) Antonomasticè hic Psalmus Oratio Davidis dicitur, quòd perfectissimæ orationis exemplar sit, ubi Propheta intensissimo animi ac voluntatis nisu orat. Iniqua de se judicia, hostiumque sævitiem queritur; quamobrem ad supremum judicem provocat, suæque testem innocentia appellat. Veteres Rabbini, teste S. Hieronymo, censuêre Davidem, cùm plus nimiò virtute sua fidere hoc Psalmo videretur, sibi ipsi relictum à Deo fuisse, ut in Bethsabee adulterium necemque Uria lapsus, animos demittere disceret. Recentiorum verò Rabbinorum sententia est scriptum fuisse à Davide Psalmum post Uriæ necem, cùm adhuc Rabbath obsidione cingeretur; Deoque tunc præsenti oratione supplicàsse, quòd metueret ne Deus crimen suum exercitus clade ulcisceretur. Quis verò compos sui credat, post atrox adeò facinus, hâc fiduciâ constantia que Deo supplicare? Theodoretus, S. Athanasius S. Basilius, optimique ex nostris interpretes aiunt exaratum esse à Davide hoc carmen, cùm Saülis iræ in Davidem acriùs sævirent. Huic nos sententiæ ac

vel justam causam erga meos adversarios, de quâ infra, vers. 5, bonam meam causam et precem exaudi, attende clamori meo.

VERS. 3.-NON IN LABIIS, ab omni dolo alienissimam orationem, non dolosam et fictam. Relativum, more Hebraico, subauditur : quæ non fictis et fallacibus labiis profertur, quam fundo seriò et ex intimo pectore, ut cor labiis respondeat, animo sincero, et citra hypocrisim.

VERS. 4.- DE VULTU TUO, à conspectu tuo, à te, sic circumloquuntur. JUDICIUM MEUM. Jus meum, justæ meæ causæ disceptatio et defensio. Meam causam æquam cedimus. Omnes hic justos malorum injuriis oppressos cernere licet. S. Augustinus, S. Hieronymus, aliique, Jesu Christi Ecclesiæque vota hic audiunt. De Judæis Christus, de ethnicorum injuriâ et hæreticorum perfidià queritur Ecclesia. Loca sunt in hoc Psalmo difficillima et obscurissima. (Calmet.)

vultu placido discepta. Me tuere à meis oppugnatoribus. Judicium pro ultione et defensione sæpiùs in hâc linguâ. A te judice jus meum, vel ultio mea exeat, me de meis hostibus ulciscere et defende. VIDEANT, faveant iis quæ æqua sunt, quæ meæ causæ et juri.

VERS. 5.-PROBASTI COR MEUM. Metaphora. Ut aurum igne perspiciunt, sic tentationibus et rebus adversis me exploràsti, et me sine fuco et simulatione deprehendisti, cognità meæ causæ bonitate. Probâsti, cordis affectus pernovisti. Provocat ad Deum. Noctis autem meminit, quia illa est commodior ad scelera agitanda et molienda, quando vacui sumus negotiis, soli, et ab hominibus semoti; q. d.: Etiam nocte periculum fecisti de meâ innocentià, quo tempore prompliores sumus ad mala. Quod alii tamen post Augustinum interpretantur de visitatione afflictionum. Nam nox earum est symbolum, quòd obscuritas omnia mala augere soleat, et tenebræ formidabiles sint. IGNE, cruce et rebus adversis, quæ piis sunt sicut auro ignis. Sensus est fideliter expressus. Ad verb.: Conflasti me, non invenisti malignitatem (pravam cogitationem, prop.) meam. Non transibit, vel, ne transeat, os meum ad opera hominum. In verbum labiorum tuorum servavi vias perruptoris. Non est in me iniquitas. Non simpliciter, sed comparatè ad adversarios, ut Saülem, Absalon, etc. Docet enim se nihil nocuisse illis, ut ab eis debeat persecutionem sustinere.

VERS. 6.-UT NON LOQUATUR. Ab operibus hominum (nomen generis ad deteriorem partem) et à viâ perversorum ego mihi tempero propter verbum tuum. Ut non loquar humana opera, carnalia, carnem sapientia, ego custodivi vias duras et perversas, ne cas facerem, id est, evitavi, cavi, ob tuorum verborum sententiam, et quia illud præcepisti. Vel, repressi vias duras et violentorum hominum. Metaphora à custodiis et præsidiis militum. Annectuntur fini superioris versus in Hebr. Non est inventa in me iniquitas, ita ut ne loquar quidem opera hominum, id est, vitia et peccata, quibus obnoxii sunt homines, id est, carnales, ut illud Pauli, 1 Cor. 3, 4: Nonne homincs estis? Ac sic connectit Euthymius: Ideò me examinâsti, ut ego ad te conversus, non humana opera, sed tua commemorem beneficia. Si in vulgatâ notatione intelligis verbum custodiendi, vias duras, vocabit arduas, difficiles et laboriosas, quales sunt virtutis, cùm vitii sint faciles, jucundæ et delicata. Hinc littera Pythagoræ, et Hebr., vias perruptoris et violenti; ut in Evang. : Regnum cælorum vim patitur, et violenti rapiunt illud. Rabbinis ferè, custodivi, id est, cavi, vias latronis, et studia ejus qui me à recto trahere conabatur.

VERS. 7.- PERFICE, sustenta, propr., tene. UT NON MOVEANTUR. Ut non excidant à tuis præceptis, ut non sequantur quæ deteriora sunt. Euthym. Gressus, metaphoricè consilia, et actiones; q. d. Ne me labi sinas.

VERS. 8.QUONIAM EXAUDISTI ME. Quoniam exaudire jam olim me es solitus. Præteritum pro præ

senti.

VERS. 9.-MIRIFICA, mirabiliter ostende, miris utere miserationibus tuis ad me eruendum. Hic opus est

eximiâ misericordia, quia periculum est maximum. VERS. 10.-DEXTERE TUA, potentiæ tuæ, id est, ab impiis. Ad verb., ab insurgentibus in dexteram tuam, id est, potentiam et robur. Masoretæ annectunt præcedentibus. UT PUPILLAM, ut rem longè charissimam. Hebr., ut nigrum puppæ oculi: Bath, filia puppa. Sic autem appellatur pupilla, quasi tenera et chara, ut filia vel puella. Custodi me tenerrimè, et maximè sollicitè.

VERS. 11.-ALARUM. Alæ Dei sunt potentia, miseri cordia et præsidium. Metaphora ab avibus. Sub protectionem tuam me recipe, ut gallina pullos suos.

VERS. 12. INIMICI MEI. Constructionem Hebraicam ad Græcam revocârunt; inimici mei in (sive pro) animâ circumdederunt super me. ADIPEM SUUM CONCLUSERUNT præ pinguedine corporis sensus et meatus præcluserunt, vel pinguedinem in suâ cute, intra se continuerunt, se pinguefecerunt, se ita molliter curârunt, ut maxima pinguedo in ipsorum corpore inclusa sit. Sunt voluptatibus et ventri dediti. Euth. autem, adipem intra seipsos clauserunt, ne transmitterent misericordiam. Misericordia enim à corde et visceribus dicitur descendere. Nodum in scirpo quærunt, qui vertunt cum eclipsi: Adipe suo concluserunt (corpus suum); vel mutatâ distinctione: Adipe eorum concluserunt os suum, locuti sunt cum superbiâ. Simplicitas enim fontis nostra tantùm patitur. Os EORUM. Alii jungunt cum præcedentibus, Adipe concluserunt os suum. Tam benè pasti sunt, ut ora non appareant, præ faciei pinguedine.

VERS. 13.-PROJICIENTES ME. Exponunt illud fo tis, in gressibus nostris circumdederunt me, gressibus nostris observatis obsederunt me, præcluserunt omnem viam evadendi. Machinantur meum exitium. Ad illud appellunt omnes suas cogitationes, studia et conatus. DECLINARE, deflectere ad diligenter observandos, vel etiam evertendos gressus meos; vel potiùs, ne videant meam miseriam et plagas, sicque ad miserationem commoveantur. Usurpat noster interpres hoc verbum sæpiùs activè. Statuerunt et composuerunt oculos suos, ad me in terram dejiciendum et prosternendum. Vel, oculos ita composuerunt, ut ad terram declinent, et niveant, ritu pravorum, qui aspectu solent esse illiberali, et in terram defixo; ne que volunt misereri, aut redire in gratiam; ut sit gestus hominum inhumanorum, qui nolunt ad miserum oculos convertere, ne fortè commoveantur.

VERS. 14.-SUSCEPERUNT. Etiam hic per verbum vim nominum expresserunt, et contra. Et similitudo ejus sicut leonis, qui appetit prædari. IN ABDITIS, in latibulis, ad oviculis insidiandum.

VERS. 15.-PREVENI EUM, Occupa conatus ejus, eosque impedi. SUPPLANTA. Supplantare, pede supposito in terram dejicere. Gall. faire trébucher; aliàs, decipere. Plantis pedum subjice, sterne cum, incurva et dejice. FRAMEAM TUAM. Asyntheton, (et) frameam tuam, id est, gladium, quo protegis tuos, eripe. Ille enim opprimitur, circumsidetur, arctatur ab inimicis manus tuæ, id est, ab inimicis tuæ po

tentiæ et roboris. Hebræi maluat esse hic aliquot appositiones quarum prima sit, Ab impro framed tua, ab impio, qui est tua framea, et gladius: hinc apud Isaiam, cap. 10, 29, Assyrii dicuntur virga furoris Domini, baculus ipse est. In manu eorum indignatio mea. His enim velut ultore gladio utitur ad puniendos sceleratos, vel exercendos probos. Sic et Hieronymus enarravit. Framea interpretantur in ablativo, quòd ipsorum nomina siut indeclinabilia. Sed congruit ut frameam et gladium Dei, tutelam et opem divinam vocet; vel, in ablativo: eripe me ab impio frameâ tuâ, id est, per tuam frameam, quæ tua est potentia et defensio. Sic et Symmachus è foμpalx. Deinde, Ab inimicis manis tuæ, secundam appositionem faciunt, ac legunt in ablativo, ab inimicis manu tuâ, qui tibi sunt vice manûs, et quorum operâ uteris ad castigandos alios.

VERS. 16. DOMINE, A PAUCIS. Prius hoc hemistichium Masorete satis temerè obscurârunt propter duo duntaxat puncta, ut vix unus interpretum sentiat cum altero. Nam si hallekem, notâssent in piel per pathah et daghes cum Septuaginta legissentque Hallekem, divide tos, non nominaliter, Helkam, divisio, portio eorum, exclusissent infinita Rabbinorum commenta. Ergo juxta Septuaginta, atque adeò simplicem litteram. A paucis terræ hominibus, et mundanis, qui istos fulciunt et sustentant, divide cos, et separa, dùm adhuc vivant: illos terræ potentes, scilicet de vitâ tollendo, vel ab istorum partibus abalienando. Impii, ne firmentur paucorum terræ potentium præsidio, et opibus, vel sunt debiles et imbecilli, ac celeriter perreunt. Rogat igitur ut isthæc præsidia tollat; Hebr.: Ab hominibus paucis seculi, vel de seculo, id est, in mundo potentibus, vel mundo addictis. Methim non significat homines simpliciter, sed homines paucos numero, juxta Rabbinos autem, Portio illorum vita eorum (est) ut antithesis incipiat. Alii per paucos de terrâ intelligunt électos et justos, qui pauci sunt comparatione reproborum, ut Chald., qui sic vertit: Et

justorum, qui devoverunt animas suas propter te in mor tem, de terrå pars in vitå æternå. Et Euthymius: A probis qui pauci sint, distingue eos, ne cum eis conversentur. IN VITA EORUM. Aliqui jungunt cum sequentibus. ET DE ABSCONDITIS. Antithesis. Illi thesauris tuis, et opibus repleti sunt, satiati sunt, et contenti prole, et bonis, quæ ei relinquant, plura non requirunt. At ego per justitiam exspecto videre faciem tuam et satiari gloriâ tuâ. Abscondita opes et bona appellat, quæ solent abscondi. Dicuntur verò Domini, quia dantur à Domino. Ventrem verò desiderium eorum, quod explet Deus opibus quæ ab ipso proficiscuntur, et in thesauro ipsius absconduntur, ut eas promat, quibus volet et quando volet.

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VERS. 18. - EGO AUTEM. Antithesis. IN JUSTITIA per justitiam et virtutem, per justa et sancta opera. ApPAREBO, videbo faciem tuam propriè, et satiabor in evigilare similitudinem tuam (imaginem, speciem), id est, per simplicissimam nostrorum resolutionsm, cùm evigilaverit, emerserit, apparuerit pulchritudo, species, et gloria tua, quæ hodiè sopita est, et obscurata. Summa felicitas est videre faciem Dei, et satiari cœlestibus bonis. Similitudinem dixit, quia non plene comprehendetur Dei gloria, propter ejus infinitam majestatem. Usurpatur interim evigilandi verbum, ut non tantùm respiciatur ad gloriam animi, verùm etiam ad corporis resurrectionem. Alii, cùm exsurrexerit similitudo tua, id est, homo ad similitudinem tuani creatus. Metonymicè. Longiùs Chaldæus et Hieronymus resolvunt per primam personam. Cùm evigilavero in similitudine tuà, vel in gloriâ similitudinis une, id est, cùm gloriosè et tuî similis resurrexero. Erimus enim illi similes, et apparebimus etiam nos cum illo in gloria facie ad faciem. 1 Joan. 3, 2; Coloss. 3, 4; Cor. 13, 12.

NOTES DU PSAUME XVI

On lit à la tête de ce psaume: Oratio David: ce qui fait entendre le sujet que traite le Prophète. C'est une prière qu'il adresse au Seigneur dans un temps d'affliction, dans des circonstances où il avait beaucoup à souffrir de ses ennemis. On ne sait point à quels faits de la vie du saint roi ce psaume se rapporte; il suffit de savoir qu'à l'exemple du prophète tout homme persécuté et souffrant doit recourir à Dieu comme à Fauteur de toute justice, et au consolateur de tous les afiligés

VERSETS 1, 2.

Dans l'hébreu il y a Erancez la justice, entendez mon cri; et ces deux premiers versets sont réduits à un seul; ce qui ne met aucune différence dans le sens. Exaucez la justice, n'est pourtant pas tout-à-fait la même chose que: Exaucez majustice. Selon la première expression, le Prophète demande à Dieu qu'il ait égard à la justice; il invoque en général la justice divine, sans faire encore mention de la sienne; aussi, Symmaque et Théodotion ont-ils traduit: Ecoutez-moi, Dieu de toute justice. Cependant, comme on ne peut supposer qu'un suppliant impiore la justice de son juge, sans se porter lui-même exempt de crimes, David

est censé représenter aussi sa justice à Dieu, d'autant plus que sa prière est faite sincèrement, et non avec une bouche trompeuse. Les auteurs des Principes discutés traduisent : Ecoutez la justice de ma cause.

RÉFLEXIONS.

On a observé qu'il y a ici une sorte de gradation. Seigneur, soyez touché de la justice, soyez touché de la prière qu'on vous fait, soyez touché de la prière que vous fait un homme juste.

Cette prière de David condamne, 1° l'hypocrite qui paraît prier, et qui, dans le fond de son cœur, a des motifs pervers; qui veut en imposer aux hommes par une piété fausse, tandis que son âme est criminelle. 2° l'homme attaché aux biens de la terre; il demande ces biens à Dieu, sans se mettre en peine de solliciter les grâces du salut. Dieu est trop jaloux de sa gloire et du salut des hommes, pour exaucer de telles prières; s'il les exauce, c'est dans sa colère, puisque de nouvelles prospérités attachent de plus en plus le mondain aux biens créés. 3° Celui qui prie avec tiédeur, et sans unir les sentiments de son âme aux formules de prière qu'il prononce; c'est prier avec une dévotion

trompeuse, puisque le cœur n'est point occupé de ce que la langue demande à Dieu. VERSET 3.

Les versets sont au futur dans l'hébreu, mais ce futur a la force du désir qu'exprime la Vulgate; ou plutôt ce désir, exprimé dans notre Vulgate, est du style prophétique, où les choses futures sont représentées comme actuellement existantes. Le visage de Dieu marque ici un regard favorable. Mais Dieu ne regarde favorablement que ceux qui s'appliquent à marcher dans la justice; c'est pourquoi le Prophète lui demande de regarder ce qu'il y a d'équitable dans sa cause. Il est aisé de reconnaître dans cette prière le langage qui convient proprement au Messie.

RÉFLEXIONS.

J'ai pu dire en quelques circonstances, comme le Prophète Seigneur, jugez ma cause, voyez si je suis coupable de ce qu'on m'impute; je ne veux point m'en rapporter aux hommes, parce qu'ils sont passionnés, ou qu'ils manquent de lumières. Vous seul savez si je suis tel qu'on m'a dépeint parmi mes ennemis. Encore une fois, j'ai pu faire cette prière lorsque j'ai été en butte à des calomnies évidentes; mais dans le détail de ma conduite, dans l'observation de mes devoirs à l'égard de Dieu, en un mot, en ce qui concerne l'état de mon intérieur, je n'ai, ô mon Dieu! qu'à vous dire comme votre Prophète le dit ailleurs N'entrez point en jugement avec votre serviteur, si vous me jugez selon la rigueur de votre justice, je suis perdu pour toujours; vos yeux voient l'équité, et cette équité ne se trouve point en moi.

VERSETS 4, 5.

L'hébreu porte: Vous avez éprouvé mon cœur; vous avez visité la nuit; vous m'avez examiné par le feu; vous n'avez point trouvé; j'ai pensé; ma bouche ne transgressera pas. Pour ce qui concerne les œuvres des hommes, à cause de la parole de votre bouche, j'ai observé les routes du voleur, ou, je me suis tenu en garde contre les démarches du méchant.

:

On voit que la différence vient surtout de deux mots; 1° l'hébreu dit: Vous n'avez point trouvé, j'ai pensé; et les LXX ont lu Vous n'avez point trouvé mon iniquité. Le mot hébreu qui signifie j'ai pensé, est, et celui qui signifie mon iniquité, est le même; mais les points sont différents dans ces deux cas: or les LXX, qui n'étaient pas astreints aux points, ont pris ce mot dans le second sens, et ils ont lu: Vous n'avez point trouvé mon iniquité, ou, l'iniquité n'a pas été trouvée en moi. 2° Le mot , que les hébraïsants traduisent par un voleur, effractor ( car c'est proprement ce qu'il signific), les LXX l'ont rendu par, des routes rompues (vias fracture); et ces sortes de routes sont difficiles. La différence est encore dans les points.

Mais enfin l'hébreu peut être traduit de cette manière, sans qu'on l'altère en rien: Vous m'avez éprouvé, vous m'avez visité la nuit, vous m'avez examiné par le feu; vous n'avez point trouvé de mal en moi. J'ai pensé ce que ma bouche ne transgressera pas, conformément à la pratique des hommes, ou, comme il est si ordinaire aux hommes. Et à cause des paroles de votre bouche (de vos ordres, de vos lois), j'ai pris des routes difficiles, écartées, inconnues, telles que sont celles des voleurs; mais dans d'autres desseins qu'cux. David insinuait par là qu'il s'était caché dans les déscrts pendant la persécution de Saül, selon l'ordre, ou l'inspiration qu'il en avait eue de Dieu. En comparant la Vulgate, on verra que le sens est le même, ou trèspeu différent.

Les auteurs des Principes discutés traduisent: Vous éprouvez mon cœur, vous me chátiez pendant la nuit, vous me purifiez par le feu; vous ne trouverez plus en moi aucune trace de mon crime: ma bouche n'adresse plus ses vœux aux vains ouvrages de la main des hommes. Selon l'arrêt que vous avez prononcé, je me retire avec soumission dans les sentiers les plus difficiles.

Il est aisé de voir que cette version se rapproche fort de la Vulgate. On ne peut y trouver de différence notable que dans les vœux dont parlent ces traducteurs; mais eux seuls ont vu là des vœux faits aux idoles. L'hébreu n'énonce que de simples paroles et de sim ples œuvres des hommes.

Le P. Houbigant s'éloigne de tous les interprètes, en traduisant : Non transibit os meum ad simulationes Adam.

Le cœur de David fut mis à l'épreuve lorsque Saul fut livré entre ses mains, et qu'il épargna l'oint du Seigneur. Dieu nous visite durant la nuit, c'est-à-dire, qu'il examine ce qu'il y a de plus obscur et de plus caché au fond de notre coeur. Le Seigneur éprouve ses serviteurs par le feu des tribulations. Mais quel moyen prendre pour que l'iniquité ne se trouve point en nous ? C'est de ne point conformer ses paroles et ses actions à celles des hommes terrestres, d'avoir sans cesse et dans le cœur,et devant les yeux, les paroles sorties de la bouche du Seigneur, et de se tenir exactement resserro dans le chemin étroit, dans les voies dures et pénibles à la nature que Dieu nous a prescrites.

RÉFLEXIONS.

:

Qui de nous peut dire Seigneur, vous m'avez éprouvé, vous m'avez examiné, surtout dans les temps de l'adversité, et vous n'avez point trouvé que ma bouche ait tenu le langage des hommes, que je me sois répandu en plaintes et en murmures; vous avez trouvé, au contraire, que, conformément à vos saintes lois, je me suis tenu tranquille et soumis dans cette voie si contraire à la nature? David ne dit point ces choses par ostentation, il parle selon le témoignage de sa conscience, et c'est le Saint-Esprit qui l'inspire, tandis qu'il expose ainsi tout l'ordre de sa conduite. L'Apôtre rappelait aussi aux Corinthiens tout ce qu'il avait fait et souffert pour eux; et ce détail était nécessaire pour qu'ils sussent estimer le ministère dont il était revêtu. Mais ces saints savaient bien rentrer en eux-mêmes, et rapporter à Dieu la gloire de toutes leurs bonnes œuvres. Qui fut plus humble que David et Paul?

VERSETS 6, 7.

L'hébreu porte: Soutenez mes pas, mais c'est le même sens; car des pas ne s'affermissent que quand on est soutenu. On en a l'exemple dans les enfants qui commencent à marcher.

On pourrait traduire, selon l'hébreu : J'ai crié vers vous, parce que vous m'exaucerez; mais le sens des Septante et de la Vulgate, qui ne s'écarte point de T'hébreu (puisqu'on peut dans cette langue rendre le futur par le pretérit), a quelque chose de plus beau : J'ai crié vers vous, Seigneur, parce que vous m'avez exaucé. L'épreuve qu'avait faite le Prophète, du succès de ses prières, l'encourageait à prier de plus en plus.

RÉFLEXIONS.

Auprès des grands du monde, on n'est presque jamais en droit de demander une seconde grâce, quand on en a obtenu une première. Auprès de Dieu, c'est tout le contraire; plus on obtient, plus on doit avoir la confiance d'obtenir. C'est que les grands du monde sont bornés dans leurs facultés, et plus bornés encore dans leurs volontés. Dans Dieu, tout est également infini: le pouvoir et la bienfaisance n'ont point de bornes.

VERSETS 8, 9.

L'hébreu n'est pas différent pour le sens; il divise seulement les versets un peu différemment. Voici la traduction de ce texte : Faites connaître, d'une manière éclatante, vos miséricordes, vous qui délivrez ceux qui espèrent de ceux qui s'élèvent contre votre main. II réserve le reste pour le verset suivant. On voit done, de part et d'autre, dans l'hébreu et dans notre version, que le prophète demande à être protégé contre les méchants, contre les ennemis de Dieu.

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