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blesse de l'homme. » (Hist. de la théol.. correspondant, tom. I, p. 354 et suiv.)

A côté de saint Thomas, dans un ordre nou moins célèbre, vivait un homme fameux qui avait aussi étudié sous Alexandre de Hales, c'est le docteur séraphique, saint Bonaventure. De tous les docteurs catholiques, dit le célèbre Gerson, Bonaventure me paraît le plus propre à éclairer l'esprit et à échauffer le cœur. Ses ouvrages sont solides, pieux et dévots. On n'y trouve point de ces subtilités, de ces vaines questions de scolastique qui avaient beaucoup de cours dans son temps. Il n'y a pas une doctrine plus élevée, plus divine, plus capable de conduire à la piété. « Comme théologien philosophe, il s'attacha surtout à établir l'union de la philosophie péripatéticienne et des doctrines de l'école contemplative. Mais il subordonna complétement la philosophie à la théologie, principalement dans son livre de la Réduction de tous les arts à la théologie. Sa philosophie théologique peut être regardée comme un ensemble de connaissances humaines ramenées aux divers points de vue du mysticisme; tout y est rapporté à une illumination divine qui a quatre modes d'existence, qui sont la lumière extérieure qui éclaire les arts mécaniques; la lumière inférieure, qui produit les connaissances sensitives: la lumière intérieure, ou la connaissance philosophique qui donne la vue des vérités intelligibles; la lumière supérieure, qui vient de la grâce et de l'Ecriture sainte et manifeste ce qui est au-dessus de la raison.

Bruker envisage ainsi cette partie du traité. « On l'appelle supérieure parce qu'elle élève l'homme en lui manifestant ce qui est au-dessus de la raison. Cette lumière qui est une en tant qu'elle fait connaître le sens spirituel qui est ou allégorique, ou moral ou anagogique. Toute la doctrine de la sainte Ecriture se rapporte à ces trois points: la génération éternelle et l'incarnation du Verbe, la règle de la vie et l'union de Dieu et de l'âme; le premier est traité par les docteurs, le deuxième par les prédicateurs, le troisième par les contemplatifs. Toutes les illuminations de la science qui sont comme autant de jours pour l'âme, correspondant aux six jours de la création, ont leur soir, mais elles seront suivies du jour du repos qui n'a pas de nuit, parce qu'il est l'illumination éternelle. Et de même que toutes ces connaissances dérivent d'une même lumière, de même elles sont toutes ordonnées par rapport à la science de l'Ecriture sainte, elles sont renfermées dans cette science, elles sont perfectionnées, achevées par elle, et par elle encore elles se rapportent à l'illumination éternelle. » Le Sentiloquium et le Breviloquium, deux autres ouvrages de saint Bonaventure, contiennent un plan de théologie, une liberté de composition jusqu'alors inconnue. Il faudrait entrer dans de trop longs détails pour les exposer convenablement. Nous ne pouvons nous dispenser de remarquer que saint Bonaventure élève le mysticisme à une hauteur jusqu'alors incon

nue. Les plus beaux écrits de Platon son! loin de ceux de notre docteur, qui avait trouvé la véritable séve dans le christiauisme. Malebranche, Bossuet, Fénelon, ne s'é. lèvent pas plus haut, n'ont pas de pensées plus profondes.

Nous devons encore ajouter quelques per sonnages qui brillèrent à cette époque. Pierre d'Espagne, qui fut pape sous le nom de Jean XXI, associa l'étude de la médecine à celle de la philosophie et de la théologie. Il était partisan zélé de la mauvaise dialectique de son temps, et même il fit un traité de logique selon les principes d'Aristote. Henri de Gand (fin du xin siècle), surnommé le Docteur solennel, admettait les idées substantielles des néo-platoniciens, et ne craignait point d'attaquer Aristote et ses disciples les plus illustres. Gille ou Ægidius Calonne, qui mérita le titre de Docteur très-fondé, eut pour maître saint Thomas dans l'Université de Paris, où il enseigna lui-même les subtilités scolastiques.

A cette même époque, le besoin d'études expérimentales commença à se faire sentir. Roger Bacon, Anglais d'origine, comprit, après avoir fait ses études à Oxford et à Paris, que les catégories d'Aristote ne pouvaient donner l'explication réelle d'aucun phénomène physique, et qu'il fallait, pour procéder sûrement à la recherche de la vérité, non-seulement observer la nature, mais encore expérimenter. Il joignit la pratique à la théorie, et commença dès lors l'œuvre à laquelle François Bacon travailla si activement au commencement du xvII° siècle. Au lieu de perdre un temps précieux à de vaines disputes, comme on le faisait alors, il s'adonna tout entier à l'étude de l'astronomie, de la chimie, de l'optique, de la statique, el surtout de la physique expérimentale, où il montra la force de son génie, par les découvertes qu'il pressentit, qu'il ne craignit point de prophétiser, et qui sont aujourd'hui à peu près réalisées. Nous avons insisté sur le caractère de Bacon, parce qu'il eut de l'influence sur la méthode qui fut par la suite adoptée.

Les écoles hérétiques des vaudois et des albigeois que nous avons signalées dans le siècle précédent continuent dans celui-ci. Eiles deviennent politiques, veulent établir une espèce de théocratie dont Raymond IV, comte de Toulouse, est le chef. Elles donneul dans un mysticisme exagéré et sont condamnées dans le concile d'Albi et de Latran en 1215.

Les subtilités d'Aristote s'exerçaient sur les guerres religieuses qui désolaient alors la France. Amaury de Bène (diocèse de Char tres) enseignait à l'Université de Paris. Quelques propositions hasardées, qui ne rencontrèrent pas de contradicteurs, enbardirent le professeur. Il enseigna que la foi au salut seule nous sauve. « Tout chrétien, pour être sauvé, disait-il, doit se croire aussi ferme ment membre de Jésus-Christ qu'il est oblige de croire que Jésus-Christ est né et a opere pour lui, à sa passion et à sa mort, le mys

tère de la Rédemption. » Tous les docteurs de la faculté condamnèrent une pareille doctrine et firent confirmer leur sentence par le pape. L'école ne périt pas pour cela, elle prit au contraire une extension tellement audacieuse qu'elle devint panthéistique. Afin qu'on juge des progrès immenses de cette hérésie, nous allons rapporter, d'après M. A. Cousin de S.-D., les erreurs de l'école d'Amaury.

Erreurs sur Dieu. En Dicu il n'y a pas de trinité, parce qu'elle n'est pas compatible avec sa simplicité parfaite; car partout où il y a pluralité, il y a addition et composition, comme le prouve la comparaison d'un las de pierres. Tout est Dieu et Dieu est tout; le créateur et la créature sont un même être. Apud.Gerson. - Erreurs sur l'ame: L'entendement humain est éternel, parce qu'il n'a

point de matière par laquelle il soit en puissance avant que d'être en acte. L'âme raisonnable, lorsqu'elle se refire de l'animal, continue à être un animal. Erreurs sur lå philosophie et la théologie: On ne doit pas se contenter de l'autorité pour avoir la certitude d'une question. Les discours de la théologie sont fondés sur des fables, et on ne peut pas dire qu'on soit plus savant quand on les sait. Un philosophe ne doit pas croire à la résurrection parce qu'elle est impossible. Erreurs sur la sagesse et la morale: Un homme réglé, quant à l'intellect et à son effet, comme il peut l'être par les vertus dont parle la philosophie dans ses Ethiques, est suffisamment disposé au salut éternel. La félicité est dans cette vie et non dans l'autre on perd tout bien après la

mort.

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Franciscain.

Evêque de Paris.

8. S. François d'Assises.

1226

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Dominicaiu.

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OUVRAGES.

1° Une Encyclopédie; 2o une Réfutation des albigeois, des vaudois, des païens, e c. — Alain, professeur à l'université de Paris, passait pour si instruit qu'on disait de lu Sufficiat vobis vidisse Alanum. il était surnommé le Docteur universel.

Savant théologien qui nous a laissé une Somme.

Canoniste et interprète des Livres saints. Sa Concordance du Nouveau et de l'Ancien Testament passait pour avoir du mérite.

1o Lettres; 2° un traité rempli d'onction sur le mépris du monde; 3° la prose Veni, sancte Spiritus. — Inno cent III fut un grand pape et un grand écrivain. De Officiis ecclesiasticis.

1 Des Sermons; 2o des Commentaires sur l'Ecriture; 3° une Concordance morale. C'est un théologien mystique.

Summa theologiæ, dans laquelle les sacrements sont exposés d'une manière scolasti jue; c'est lui qui le premier a appliqué les mots matière et forme aux parties constitutives des sacrements.

Théologien très-mystique.

Sa Somme de théologie est le seul corps d'ouvrage qui eût encore paru en ce genre. Il a encore fait des Contmentaires sur la Bible et sur le Maître des Sentences. Il tenta de s'opposer à l'adoption de la méthode d'Aristote. Ses principaux ouvrages sont un traité des Vertus et des vices; de l'Univers; un traité de l'Ame et un de la sainte Trinité.

Un recueil immense où il est traité de la nature, de la doctrine, de la morale et de l'histoire et que l'auteur intitule le Grand Miroir.

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1° Commentaires sur le Maître des Sentences; 2o beaucoup de traités de piété. - Gerson regardait les œuvres théologiques de saint Bonaventure comme ce qui avait paru de plus parfait en ce genre jusqu'à son temps. Voy. ci-dessus.

Il fut un des hommes les plus extraordinaires de son siècle, quoique ses écrits soient bien au-dessous de ceux de saint Thomas et de saint Bonaventure. Voy. cidessus.

1° Une collection de décrét les; 2o une Somme de théologie qui fut très-consultée autrefois.

1° Une Somme de théologie; 2° un Catalogue des écri vains ecclésiastiques; 3° Quodlibeta theologica. - Henri fut nommé le Docteur solennel, expression qui le caractérise.

Son principal ouvrage est l'Opus majus, adressé à Clément IV, beaucoup plus philosophique ou scientifique que théologique.

ÉCOLE HÉRÉTIQUE.

Professeur à l'Université de Paris.

Nous avons fait connaître ses erreurs en exposant l'histoire de la théologie du xe siècle. — C'est le seul théologien hérétique de ce siècle qui mérite d'être nommé, les autres sont des hommes inconnus qui continuent les erreurs condamnées auparavant.

Il était disciple d'Amaury. Il enseignait que Dieu est la matière première. Il peut être regardé coinme le précurseur de Spinosa.

§4. Décadence de la scolastique. La plus grande puissance de ce siècle furent les écoles; et comme la théologie était la première chaire des Universités, on peut regarder ce siècle comme celui de la théologie. Non pas de cette théologie grande telle que l'avait connue et réalisée saint Thomas; mais de cette théologie subtile, amie des chicanes, qui rapetisse les questions au lieu de les élever. Mais les subtilités semblaient ajouter à la puissance des écoles. « La force que les pouvoirs politiques retiraient de leur alliance avec des corporations aussi actives et aussi influentes sur l'opinion publique, les avait déjà déterminés à s'y créer des points d'appui par la fondation de colléges nouveaux, et c'est là un trait distinctif du xiv siècle. An xur, c'était la sollicitude des papes qui veillait presque seule à la conservation et au développement des études. Grâce à eux, la science, croissant en autorité dans l'opinion, devint bientôt une puissance avec laquelle il fallut compter. C'est alors que les princes temporels commencèrent à la rechercher, l'achetèrent sou.

vent à tout prix, et plusieurs fois s'en firent une arme contre l'Eglise. Ainsi Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, fonda, en 1304, le collége de Navarre, d'où sortirent les lettrés les plus éminents de cette époque. Ainsi fut encore fondé le collège de Montaigu, où l'esprit et les dents, selon le proverbe, étaient également aigus, et où, sous l'inspiration de la famine, s'élevaient des maîtres pauvres, tous élus entre les pauvres écoliers. L'élection, du reste, était générale dans l'Université, particulièrement au sein des corporations religieuses, qui l'emporté rent toujours à cet égard sur les séculiers. Aussi les encouragements du peuple y arri vaient de préférence; et de simples particu liers se faisaient gloire d'y établir de nouvelles bourses pour les pauvres étudiants dans les quatre facultés de philosophie et de théologie, de droit et de médecine. Les plus nobles motifs présidaient aux fondations uni versitaires. En 1380, Aimery, évêque de la capitale, y fondait le collége de Daimville, « parce que, disait-il, le Christ veut que la science, répandue sur tous les climals de l'univers, soit surtout honorée sur la terre par les chrétiens, comme elle est par lui

couronnée et glorifiée dans le ciel. » Enfin, les hauts personnages de la noblesse voyaient à leur tour, dans la propagation des lettres, Du l'accomplissement d'un devoir, ou un moyen de popularité et d'ambition; de sorte qu'attiré par l'esprit du siècle, ému par un souffle de la science, le flot de la démocratie allait et venait partout, montant peu à peu jusqu'au niveau des classes supérieures; tandis que, par les ordres mendiants, il débordait sur toute l'Europe, également craint et respecté du clergé séculier, des nobles et des rois.

«Tels étaient l'importance de l'élément démocratique et son accroissement par la science et les lettres, qui n'est pas une des moindres ressemblances du XIVe siècle avec notre époque. Pour vérifier cette similitude, il n'y a, du reste, qu'à l'étudier dans les priviléges particuliers de l'Université. C'est là qu'on croit retrouver l'ébauche même de ce que la nation devint cinq siècles plus tard. Ouverte à tous et ambitionnée surtout des plébéiens depuis la grande émancipation des bourgeoisies rurales et urbaines, cette corporation offrait une sorte de fusion générale, où toutes les classes de la société apportaient Jeur physionomie, leurs intérêts, leurs passions, et prenaient en influence une part proportionnée à leur mérite ou à leur activité.

« Jamais donc, si ce n'est de nos jours, le travail de l'intelligence ne se fit une aussi large place dans la société, et n'y introduisit plus facilement ceux qu'il avait rachetés de la servitude de la glèbe ou relevés d'une condition inférieure. Déjà, sans doute, dans les siècles précédents, on avait appris la valeur qu'il pouvait donner à l'homme, et tout le monde savait que le fils d'un charpentier avait pris le nom de Grégoire VII; mais ce qu'il ignorait encore, c'était jusqu'à quel point ce travail intellectuel serait mis à la portée des classes inférieures, et rendu accessible aux enfants du peuple. Allez et enseignez toutes les nations, avait dit le Christ. Et toutes les corporations ecclésiastiques avaient nécessairement compris et pratiqué celte pensée d'enseignement général. Mais les corporations formant l'Université de Paris, sous le patronage du saint-siége, avaient devancé toutes les autres dans cet accrois sement et cette diffusion des lumières chrétiennes. (Voy. M. Thomassy, Vie de Gerson.) Pour bien saisir l'action de l'enseignement théologique dans le xiv siècle, il est nécessaire de connaître l'esprit qui domina alors dans les écoles, les méthodes employées et les écarts où se laissèrent entraîner certains esprits.

Le péripatétisme enraciné dans les écoles compta, pour ainsi dire, autant de zélateurs que de maîtres durant ce siècle. Jean Duns Scot, surnommé le Docteur très-subtil, prétendit perfectionner la théologie de l'époque en mettant plus de précision dans l'examen des questions qui préoccupaient les esprits. Nous devons nous arrêter un peu sur ce docteur, et montrer l'espèce d'anta

DICTIONN. DE THE LOGIE MORALE. II.

La

gonisme qui exista entre son école et celle de saint Thomas. Duns Scot avait un esprit très-subtil. Il était loin d'être aussi élevé que celui de saint Thomas, mais il le surpassait par la force de la dialectique. Appliquant toutes les subtilités de l'école à l'examen des questions théologiques, il était difficile qu'il se trouvât entièrement uni de pensées avec le Docteur angélique. La rivalité d'ordre, autant que son caractère, le poussa à embrasser en matière d'opinions celles qui sont opposées à l'opinion du saint docteur. Car, comme l'observe M. Cousin, « la question des ordres est une question importante au moyen âge, beaucoup plus importante que celle des na'ionalités; car où domine l'unité de l'Eglise, les ind vidualités nationales, sans s'effacer entièrement, s'affaiblissent. grande affaire est donc celle des ordres; une fois qu'un ordre a admis une doctrine, ou du moins une tendance quelconque, il la garde longtemps, et l'histoire des ordres religieux et savants du moyen âge ne renferme pas moins que l'histoire de l'esprit humain à cette époque.» (Hist. de la phil. au XVIIe siècle.) Duns Sco: fut le théologien franciscain qui pré endit mettre son ordre à la hauteur des dominicains. Sa méthode fut différente de celle de saint Thomas. Celui-ci procède a priori, celui-là a posteriori. Scot se sépara du Docteur angélique sur la plupart des questions débattues dans les écoles. Sur les universaux, saint Thomas distinguait la matière et la forme. La matière, unie à la forme, n'avait de réalité que dans l'individu. La forme générale, v. g., l'humanité n'a, selon lui, d'existence que dans l'intelligence ou a parte intellectus. Scot s'éleva jusqu'au platonisme, et reconnut aux universaux une existence réelle hors de l'intelligence humaine. Il donnait à la liberté humaine une si grande force, que ses adversaires l'accusèrent de pélagianisme. Il fut le précurseur des molinistes, qui ne firent que développer son opinion. Relativement à l'incarnation, Scot la regardait comme une suite nécessaire des attributs de Dieu, nécessité que ne reconnaissaient point les thomistes. Scot regardait donc l'incarnation comme une perfection de la création; on voit qu'il s'élève tout à coup à l'optimisme; quelques-uns même ont cru trouver dans sa doctrine le germe de l'école du progrès humanitaire. Les thomistes et les scotistes étaient aussi divi-és sur la manière dont les sacrements produisent la grâce dans ceux qui les reçoivent, et surtout sur l'immaculée conception de la sainte Vierge. Les dominicains la rejetaient, les franciscains la défendaient avec une extrême vivacité. Ceux-ci l'ont emporté; car, aujourd'hui, il n'y a plus de théologien qui conteste l'immaculée conception. Nous espérons qu'il ne tardera pas à être défini que cette vérité est de foi. Ce fut plutôt par la méthode que par le fond de l'enseignement que Scot eut de l'influence sur les écoles. Sous prétexte de jeter plus de lumières sur les questions, il multiplia à l'infini les divisions et les subdivisions qui

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semblaient réduire les plus belles et les plus grandes idées en une multitude de grains de poussière impalpable. Ces subtilités obscurcirent complétement les notions philosophiques et théologiques, et firent tomber l'aristotélisme dans un grand discrédit. Scot fut l'une des grandes causes de la décadence de la scolastique.

il, il se tourn ra d'un côté plutôt que de l'autre; donc il a le franc arbitre.

Le Docteur authentique, Grégoire de Ri mini, fut aussi un nominaliste renommé. Il se distingua par quelques œuvres de théo logie, que nous indiquons dans notre ta bleau.

L'un des hommes les plus actifs de celle époque fut le fameux Raymond Lulle, surnommé le Docteur éclairé. Il écrivit sur lootes les sciences; prétendit réformer les méthodes. Son art combinatoire n'est que la méthode dialectique poussée à ses dernières conséquences. Il voulait réduire tout l'enseignement théologique et scientifique aux proportions de la géométrie. Il prétendait que celui qui possédait bien sa méthode était capable de disputer de omni re scibili el de quibusdam aliis. Il se présenta au concile de Vienne, pour y demander de rendre sa méthode obligatoire dans toutes les écoles. Voici un abrégé de cette méthode, tel que nous l'a donné M. A. Cousin de S. D., dans son Essai de théologie scolastique: « La dialectique, dit Raymond exposant la définition de sa méthode sous ce nom, est une science générale pour toutes les sciences; puis, en

Nous avons vu que Duns fut le chef des scolistes qui embrassèrent, sur les universaux, l'opinion du réalisme. La grande question des universaux, qui divisait depuis si longtemps les docteurs, sembla prendre alors une nouvelle vie. Les scolistes défendirent vigoureusement le réalisme. Le plus illustre de leurs champions fut inconte-tablement François de Maironis, dit le Docteur illuminé. Il soulint le premier l'acte singnlier appelé sorbonique, dans lequel celui qui soutient était obligé de répondre à toutes les questions qu'on lui faisait depuis six heures du matin jusqu'à six heures du soir. Le nominalisme fut défendu par Guillaume Occam, le Docteur singulier et invincible, l'un des plus fameux docteurs du temps. Son nominalisme n'était pas exempt de reproche. Il se jeta dans le parti de Louis de Bavière contre Jean XXII. Il fut excommunié pour cela. Il écrivit au roi : « Seigneur, prêtez-trant en matière, il divise la nouvelle méthode moi votre épée pour me défendre, et ma plume sera toujours prête à vous soutenir. » Occam fut accusé d'avoir enseigné, avec Césène, que Jésus-Christ ni ses apôtres n'avaient rien possédé, ni en commun ni en particulier, assertion évidemment fausse; car, quoiqu'ils ne fussent pas riches et qu'ils possédassent très-peu de chose, le peu qu'ils avaient leur appartenait. De là vint la fameuse question appelée le pain des cordeliers. On discutait sur la nature du droit qu'ils avaient sur les choses qui se consomment par l'usage, telles que le pain et le vin. Etait-ce un droit de propriété, ou un simple usage sans aucune propriété ? Quelques religieux, amis d'un complet renoncement, voulaient pousser jusque-là leur abnégation. Nicolas III semblait les avoir favorisés, on déclarant que les mendiants n'auraient que l'usufruit des biens qui leur seraient donnés, et que la propriété appartiendrait à l'Eglise romaine. Comme on le voit, les religieux remuaient de leur temps les questions qui agitent aujourd'hui les masses. Jean XXII comprit le danger de ces controverses, et il rapporta le décret de Nicolas III.

Les nominalistes complèrent aussi dans leur rang Jean Buridan, célèbre par ses recherches sur le libre arbitre. Voici un de ses arguments qui fit du bruit dans son temps. I supposait l'un de ces animaux, également pressé de la faim et de la soif, entre une mesure d'avoine et un seau d'eau faisant une égale impression sur ses organes. Que fera cet animal? se demandait-il.— Si on lui répondait : Il demeurera immobile. Donc, concluait-il, il mourra de faim et de soif entre l'eau et l'avoine. Si on lui répliquait: Cet ane, monsieur, ne sera pas assez ane pour se laisser mourir.-Donc, concluait

en treize parties. La première y est intitulée: de l'alphabet; l'auteur y choisit neuf lettres: B, C, D, E, F, G, H, J, K, et sous elles il dispose six ordres de choses en neuf espèces, c'est le rerum monuplacium où se trouvent les attributs et les sujets. Le premier chapitre a pour but de faire comprendre la règle de la moralité et de l'instrumentalité. La seconde partie est celle des quatre figures, dont la première s'appelle A, parce que celle lettre y est inscrite au centre. Elle se compose de quatre cercles concentriques divises chacun en neuf cellules, par autant de rayons où se trouvent les attr.buts. Cette figure seri à faire comprendre comment ces attributs peuvent devenir sujets et être attribués l'un à l'autre.

« La deuxième figure s'appelle T; elle se compose de trois triangles équilatéraux, dans les neuf angles desquels sont écrits les neul attributs relatifs. Cette figure fait comprendre comment, par l'angle de la différence, le sensuel diffère du non sensuel, comme une pierre diffère d'un arbre, etc.

« La troisième se compose de deux natures; elle a pour but de rendre tous les attributs non-seulement absolus, mais encore relatifs, et d'en faire des sujets.

« La quatrième figure se compose de trois cercles; elle a le même but que la prece dente.

« La troisième partie est celle des définitions, et la quatrième celle des questions.

« La cinquième partie est intitulée : Table Elle contient 1,680 fois un rang de quatre lettres et sert à résoudre les questions.

« La sixième partie, un peu simplifiée, a le même but.

« La septième sert à démasquer les sophismes.

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