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OUVRAGES.

Un Cours de théologie scolastique et morale.

Une Théologie morale qui contient des principes tellement relâchés que plusieurs propositions ont été condamnées par le saint-siége.

Une Théologie estimée dont la morale est quelquefois trop sévère.

1° Clypeus theologiæ thomistica; 2° Manuale thomistarum; 3° Dissertationes theologica de probabilitate. La morale de Gouet est sévère.

Adversaire ardent de l'Augustinus. Sa théologie renfermait une morale trop relâchée; aussi fut-il vivement attaqué par les jansénistes.

C'est un théologien remarquable; sa morale est un peu sévère, comme celle des Oratoriens. Son Traité de l'Usure, et sa Théorie pratique du droit canon sont ses principaux ouvrages.

Synopsis theologiæ practice, ouvrage clair et précis.

Medulla theologica. Ses écrits se font remarquer par une tendre piété; aussi le mettons-nous au nombre des bons théologiens mystiques.

Parmi les ouvrages remarquables que ces théologiens ont produits, nous citons leurs traités généraux des controverses de la foi..

Un Cours de théologie.

Un grand Traité de discipline ecclésiastique, en 3 vol. in-fol.; trois tomes de Dogmes théologiques, 3 vol.; des Mémoires sur la grâce; un Traité dogmatique sur les moyens propres à maintenir l'unité dans l'Eglise; les traités de la Puissance ecclésiastique; de la Vérité et du Mensonge, du Négoce et de l'Usure, et plu›ieurs autres. On remarque une érudition prodigieuse dans tous ces écrits.

Outre ses Sermons, nous avons de lui un ouvrage où il dévoila le venin du quiétisme de Molinos.

Cet homme fameux, dont le talent d'écrire était si rare, a fait un ouvrage de théologie sous ce titre : Réflexions sur les différences de religion.

Ses œuvres théologiques ont de la valeur : on voit qu'il cherche à mitiger les doctrines de Thomassin sur la grâce efficace et la prédestination.

Sa Pratique des dispenses est encore aujourd'hui le manuel de ceux qui veulent étudier la question des dispenses.

ÉCOLES HÉRÉTIQUES.

Evêque
d'Ypres.

Abbé
de St.-Cyran.

Docteur

de Sorbonne.

Sa Théologie morale a beaucoup de mérite.

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Son livre, intitulé Augustinus, a été condamné par l'Eglise. Il est le chef de la secte fameuse des jansénistes. Etant mort avant la condamnation, on ne peut le dire hérétique.

Il a mis au jour plusieurs ouvrages sa Question royale, qui est une apologie du régicide; son Chapelet du Saint-Sacrement; sa Théologie familière; Petrus Aurelius, gros in-folio rempli d'injures contre les jésuites, n'ont qu'un seul but, propager le jansénisme.

Génie de premier ordre. Ses Pensées sur la religion sont admirables. Ses Provinciales tant vantées sont un chef-d'œuvre de style et de fine plaisanterie; c'est dommage que la calomnie et les fausses citations se cachent sous ces beaux dehors.

Il suffit de le nommer. 140 volumes ont été publiés sous son nom. Voici ceux qui peuvent être lus: 1° La Perpétuité de la foi, ouvrage admirable; 2° l'Impiété de la morale des calvinistes; 3° l'Apologie des catholiques ; 4 Histoire et Concorde évangélique.

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Docteur de Paris.

OUVRAGES.

Les ouvrages qu'il donna sous le nom de Paul Irénée et de Guillaume Wendrock sont entièrement condamnables. Il travailla de concert avec Arnauld à la Perpétuité de la foi. Ses Essais de morale, écrits avec beaucoup d'ordre, contiennent une très-haute spiritualité, quoiqu'ils soient écrits avec un peu de sécheresse. Ses Instructions sur les sacrements, sur le Symbole, sur la Prière, sur le Pater, renferment la doctrine du parti d'une manière très-mitigée. Nicole écrivit contre les protestants les Préjugés légitimes contre les calvinisles; de l'Unité de l'Eglise, contre Jurieu; Les prétendus réformés convaincus de schisme. Ces écrits sont trèsremarquables.

1° Bible de Royaumont; Version de la sainte Bible avec commentaires. Tout le monde a cette version. Les commentaires qui la suivent sont très-remarquables, don nent une instruction solide et portent à la piété; c'est dommage que quelques passages jansénistes déparent cet écrit. Mgr. Doney, évêque, prépare une édition corrigée de cet ouvrage important.

Il succéda à Arnauld comme chef du jansénisme : son Nouveau Testament avec des réflexions morales a été condamné par la fameuse bulle Unigenitus.

Ardent janséniste.

Ses Institutions théologiques ont été condamnées à Rome comme entachées de jansénisme.

Janséniste déclaré. Nous croyons inutile de citer ses ouvrages.

Ecole politique.

Docteur
de Sorbonne.

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Ecole mystique.

La Conduite spirituelle. Dans ce livre et dans quelques autres écrits, il établit les principes d'un mysticisme qui rappelle le gnosticisme.

Le Torrent, les Cantiques, le Moyen court et facle.!!! avait dans ces écrits de grandes extravagances qui n'a teignaient point les mœurs de cette femme celebre. Voy. ci-dessus l'exposé historique de l'école mystique. Novaleurs qui n'ont pas formé école.

C'était un esprit inquiet, incapable de s'attacher à une religion; se faisant jésuite, carme, catholique, cl viniste. Ses écrits annoncent une tête extravagante: tenta de prouver que Dieu peut et veut tromper le

hommes.

Præadamitæ. Il prétendit, dans cet ouvrage, qu'il a eu des hommes avant Adam. Son livre fut brea Paris. I abjura ses erreurs à Rome aux pieds d' lexandre VII.

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Ecole philosophique.

Patriarche de
Constantinople.

Le xvi siècle vit la théologie catholique éprouver les attaques les plus redoutables. Les unes tendaient directement à ruiner tout sentiment religieux : c'est l'école philosophique. Les autres, sous le prétexte de rendre le christianisme plus acceptable, interprétaient d'une manière toute naturelle les plus grands prodiges de nos livres saints. Les auIres enfin, voulant ramener l'Eglise à son état primitif, essayaient de détruire complétement l'autorité du souverain pontife. On peut ramener à ces trois grandes erreurs toute l'activité théologique du dernier siècle. § 1er. Ecole philosophique.

La philosophie et la théologie ont été faites pour vivre en sœurs. La philosophie devrait emprunter les doctrines de la théologie, et la théologie demander des méthodes à la philosophie. Nous avons vu en effet que toutes les méthodes des écoles théologiques leur sont venues de la philosophie; mais celle-ci a voulu se rendre indépendante de celle-là: aussi est-elle tombée dans des erreurs bien déplorables, et pendant plus d'un siècle, les théologiens se sont, pour ainsi dire, exclusivement occupés de combattre le philosophisme.

Nous avons vu les efforts que fit la philosophie pour abattre l'aristotélisme. Il semb'a que ce fut seulement pour substituer une autre école à celle d'Aristote. Gassendi parut ressusciter le sensualisme épicurien. Selon lui, « les sens sont le principe de la certitude. Les sens ne nous trompent jamais; c'est le jugement de l'esprit qui se trompe sur leur témoignage. Les sens nous enseignent l'existence des corps. Sous les corps variables et corruptibles se cache la matière première incorruptible et invariable; la matière première n'est ni une ni divisible à l'infini; elle est multiple et divisée en atomes primitifs. Il y a deux principes des choses, le corporel ou le plein et le vide, sans lesquels les corps ne pourraient se mouvoir. L'idée ou l'image est une seule et même chose. It n'y a que des idées particulières; les idées générales ne sont que des distinctions ou des compositions artificielles de notre esprit. »

Les conséquences de ce système étaient beaucoup plus désastreuses que ne l'aurait voulu Gassendi. La négation de Dicu, de l'immortalité de l'âme, un scepticisme absolu, sensuivaient indubitablement.

La voie du rationalisme était ouverte :

OUVRAGES.

De calviniste il se fit catholique, puis retourna à la réforme. Il n'appartenait à aucune religion. Son fameux Dictionnaire est le code des incrédules et des sceptiques.

Imbu des principes philosophiques de la réforme, if tenta de les introduire dans l'Eglise grecque; il fut condamné par quatre conciles de sa propre comniu. nion.

Chef des quakers. Ses sectateurs l'ont représenté comme un déiste. Ses écrits, qui forment deux volumes in-folio, rendent cependant hommage à l'Evangile.

bientôt dans toutes les contrées une foule

d'esprits élevés s'y précipitèrent avec une ardeur que rien ne pouvait arrêter.

L'Angleterre vit Hobbes, qui mérita par ses œuvres politiques et philosophiques d'être chassé de sa patrie. A ses yeux, il n'y a aucune différence entre le bien et le mal. Celle qui se trouve entre le vice et la vertu ne prend sa source que dans les lois humaines. L'écossais Hume (David) fut l'un des écrivains incrédules les plus dangereux. Il attaque rarement de front sous un calme et une impartialité affectée, on aperçoit en lui le dessein d'amonceler des nuages sur les premières vérités, telles que l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme, le libre arbitre. Il rencontra un rude adversaire dans Jean Leland, l'un des plus redoutables ennemis de l'incrédulité, au jugement de Laharpe. Sa Démonstration évangélique et son Exa men des écrits des déistes sont des ouvrages complets en leur genre. Locke était loin d'être un impie, puisque, dans son Christianisme raisonnable, il réfute solidement le philosophisme; on y trouve même des observations sur la convenance et la nécessité de l'autorité suprême du chef de l'Eglise, qui seules suffisent pour confondre les richéristes, les jansénistes et les fébroniens. Mais, dans son Essai concernant l'entendement humain, en voulant développer la raison humaine comme un anatomiste explique les ressorts du corps humain, il a fait presque une machine de l'être spirituel qui l'ànime. Son idée que Dieu, par sa loule-puissance, pourrait rendre la matière pensante, a paru avec raison avoir de funestes conséquences. L'impiété et l'irréligion suivirent leur chemin en Angleterre; elles trouvèrent de rudes adversaires, surtout dans la classe élevée. Addison, Jenyns, Littleton, Vest, Burnet, etc., réduisirent en poudre les machines des ennemis de la foi. Nous caractérisons dans notre tableau les principaux ouvrages de ces apologistes.

Le juif Benoit Spinosa, par l'idée qu'il donne de l'être, de la nature et de la substance, conduit directement au panthéisme; car à ses yeux, il n'y a qu'une seule substance, qui a pour attribut l'étendue et la pensée. Selon lui, les prophètes de l'Ancien Testament ne devaient leurs révélations qu'à une imagination plus forte que celle du commun des hommes. Il étend ce principe jusqu'à Moïse el Jésus-Christ lui-même, com ne si, par la force de l'imagination, il était possible de pénétrer dans l'avenir, et d'y lire nos des

tinées futures! Les absurdités du spinosisme ont été très-solidement réfutées par un grand nombre d'auteurs, parmi lesquels nous cilerons Cuper, Arcana atheismi revelata; François Lami;-Jacquelot, Traité de l'existence de Dieu :- Levassor, Traité de la véritable religion.

Bayle, l'un des esprits les plus féconds du XVII siècle, s'appliqua à jeter des doutes sur toutes les vérités; il tenta même de jeter des nuages sur les principes de géométrie. La religion devint bientôt l'objet de ses plus vives attaques, surtout dans son Dictionnaire, qui fut l'arsenal où tous les incrédules allè rent puiser leurs objections. On y trouve accumulé tout ce qu'il avait pu recueillir de mauvais contre la religion. On y voit une foule d'anecdotes hasardées, de citations fausses, de jugements erronés, de sophismes évidents, d'ordures révoltantes. Ses principales erreurs ont été solidement réfutées par les auteurs de la Religion vengée, et par le Père le Fèvre, dans son Examen critique de Bayle.

L'école théologique avait vaincu ces nouveaux ennemis, lorsque l'incrédulité reparut plus dangereuse avec Voltaire. « L'école de Voltaire fut une erole de so histes et la Babel des sciences et de la raison; elle eut trois époques successives et diverses, bien distinctement marquées. Polémique et antichrétienne avec le philosophe de Ferney, dogmatique et immorale avec Diderot et Marmontel, elle tomba dans le scepticisme et l'épigramme avec d'Alembert, qui, au jugement de Mgr l'évêque de Chartres, fut l'agent le plus actif, le plus rasé, le plus infatigable de la propagande philosophi

que. »>

:

Voltaire n'a point de modèlé dans l'antiquité, comme philosophe. « Ne lui cherchez aucun trait de ressemblance avec ses devanciers pour mieux les continuer, il s'en distingue davantage. Et sur-le-champ, je saisis son plus saillant caractère, la passion. Voltaire est spirituel, sans doute; mais il est surtout passionné une passion inépuisable dans ses trésors, dans ses formes, ardente, subtile, généreuse, amère, implacable, bonne, âcre, caressante, souple, insolente, le vivifie, le pénètre, le relève et le soutient; il crie, il pleure, il rit, il s'emporte, il éclate de mille façons, il interrompt des gémissements et des indignations par un ricanement sardonique; il détruit l'effet qu'il vient de produire par un plus puissant et contraire. Ne lui résistez pas; c'est un dé

mon..... »

L'école de Voltaire ne s'attache ni au schisme ni à l'hérésie; elle attaque toutes les vérités religieuses, emploie tous les noyens pour renverser la religion et l'Eglise. Les efforts de Voltaire eussent été faibles s'ils eussent été isolés; mais il était appuyé par la foule des beaux esprits de son siècle. Des femmes légères, de graves philosophes, recevaient la mission de propager I incrédulité, el amenèrent l'école immorale de Diderot et Marmontel et le scepticisme de d'Alembert.

Un autre ennemi, peut-être plus dangereux quoique isolé, fut J.-J. Rousseau. I vanta beaucoup la vertu, aussi il sut en inspirer le sentiment. Quand il parle des devoirs de l'homme, des principes essentiels à notre bonheur, c'est avec une abondance, un charme, une force qui semblent ne pouvoir venir que du cœur. Lorsqu'il parle de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'âme, il porte une entière conviction dans les esprits. La morale de l'Evangile est admirable à ses yeux, et personne n'a mieux parlé que lui de nos divines Ecritures; mais lorsqu'il s'occupe de nos mystères, des miracles, des dogmes surnaturels, il a le talent d'amonceler des nuages tellement épais, qu'on se trouve dans la nuit la plus sombre. Aussi regardons-nous Jean-Jacques comme l'ennemi le plus dangereux de la religión.

La plupart des théologiens de cette époque et ceux de notre siècle se sont, pour ainsi dire, imposé la tâche unique de réfuter l'école philosophique du xvm siècle. Gotti, Houleville, Nonolle, Gauchat, Bergier, Guener, Brenna, Valeschi, Spedialieri, Feller, de Beaumont, Le Franc de Pompignan et la plupart des évêques et archevêques ont écrit soit des ouvrages particuliers, soit des mandements contre la philosophie. Comme il n'en est aucun qui ait fait une école spéciale et qui ait assez marqué pour mériter une ap. préciation particulière, nous renvoyons au tableau général des théologiens du xviure siècle, pour faire connaître leurs écrits. Nous devons observer que l'école catholique française du XVIIIe siècle n'a pas été aussi faible que les philosophes de nos jours le prétendent. Il y avait dans leurs écrits de hauts aperçus. Ce qui manquait à la plupart de leurs écrits, c'était le style. Nous avouons que, sous ce rapport, nos apologistes furent bien audessous de leurs adversaires. Aussi les défenses de la foi n'étaient pas lues des gens du monde. Il n'y avait donc aucun contre-poison au venin dangereux qui gangrenait toute la haute société.

le

Le protestantisme eut aussi à cette époque son école philosophique, qui a causé à la religion des maux d'un autre genre. Emmanuel Kant fut le chef de cette école qui a donné lieu à une suite de systèmes. «Le philosophe de Koenigsberg, disent les auteurs des notes de l'édition Lefort, recherchant les éléments de la connaissance humaine, reconnut deux éléments de cette connaissance ou plutôt de l'expérience qui la produit, le sujet, et l'objet, mais de telle sorte que sujet recevant les impressions de l'objet, le modifie selon les formes nécessaires subsistantes en lui à priori; d'où il suit que l'esprit ne peut en aucune façon connaître l'ob jet tel qu'il est réellement, mais seulement le phénomène ou l'apparence de l'objet; car les objets ne sont perçus que par les formes subjectives que nous leur imposons. Or, les formes montrent simplement com ment nous concevons les objets, et non com ment ils sont réellement. Les choses en 80%, que Kant appelle noumènes ou êtres de raison

nous demeurent donc entièrement inconnues; ear l'expérience des sens ne nous donne que des phénomènes, c'est-à-dire des apparences, et l'intelligence ne nous donne qu'un ordre purement idéal. Par conséquent, l'âme et Dieu, qui ne peuvent êire connus par l'expérience des sens, se trouvent au rang des purs concepts de raison ou noumènes, dont nous ne pouvons nullement savoir s'ils existent véritablement et substantiellement, si même ils sont possibles. Kant les élimina donc de la science, qu'il restreignit à sa somatologie ou science des corps. Mais à quoi se réduisait après tout celle science phénoménale des corps, à s'en tenir aux principes de Kant? Il est facile de le voir, quand on se rappelle que Kant a placé le temps et l'espace parmi les formes subjectives, et que le principe même de causalité est pour lui une catégorie purement subjective, d'où il résultait que les causes de ces phénomènes, c'està-dire les corps, causes de nos sensations, étaient aussi complétement subjectives, et conséquemment qu'il n'était nullement prouvé qu'elles ont une existence hors de nous. « Ainsi, quelles qu'aient été les véritables << intentions de Kant, il nous plonge, dit « Rosmini, dans l'idéalisme le plus uni« versel, dans l'illusion subjective la plus profonde. Il nous emprisonne dans une << sphère de songes, telle qu'il ne nous est plus permis de la franchir pour arriver à « aucune réalité. C'est au point qu'il ne fait « pas seulement l'homme incertain de ce « qu'il sait; il le déclare absolument inca«pable de rien savoir. C'est alors le scepticisme perfectionné, consommé ; le scep«ticisme qui, sous ce nouveau nom de cri<< ticisme, anéantit l'humanité même, la « quelle n'existe que parce qu'elle connaît.»> « Néanmoins tout en ôtant à la raison théorétique toute possibilité de connaître l'existence de Dieu, la spiritualité et l'immortalité de l'âme, la vie à venir, en un mot, toutes les vérités métaphysiques, Kant les admettait d'ailleurs en vertu de la raison pratique comme postulats, et les tenait pour certaines, à cause des besoins pratiques, c'est à-dire parce que, dans la pratique de la vie, on ne peut s'en passer. La partie historique du christianisme ou de la révélation se Arouve placée au rang des phénomènes ; son contenu entre naturellement dans la théorie kantienne, dans la classe des noumènes, c'est-à-dire des choses qu'il est totalement impossible de connaître.

Elle fut dont bien vaine l'espérance de ceux qui, lorsque la philosophie allemande remplaça dans le monde celle du xvIII siècle, crurent que le christianisme aurait une al liée dans la métaphysique nouvelle. Le spiritualisme de Kant aboutissait au même résultat que le sensualisme de Voltaire; la philosophie se bornait à changer les armes émoussées du dernier siècle, et à porter la querelle sur un autre terrain.

<< Cela parut d'une manière manifeste dans le livre de Kant, intitulé De la religion dans les limites de la raison, lequel sert encore de fond

à presque toutes les innovations de nos jours. Il est tristement curieux de voir dans cet ouvrage Kant s'appuyer du même Bolingbroke qui avait déjà fourni tant de traits à Voltaire. Que sont les saintes Ecritures pour le philosophe de Koenigsberg? une suite d'allégories morales, une sorte de commentaire populaire de la loi du devoir. Jésus-Christ luimême n'est plus qu'an idéal qui plane solitairement dans la conscience de l'humanité. D'ailleurs la résurrection étant retranchée de ce prétendu christianisme, il ne restait à vrai dire qu'un évangile de la raison pure, un Jésus abstrait sans la crèche et le sépul

cre.

a Depuis l'apparition de cet ouvrage, il ne fut plus permis de se tromper sur l'espèce d'alliance de la philosophie nouvelle avec la foi évangélique. Dans ce traité de paix, la critique, le raisonnement, ou plutôt le scepticisme se couronnaient eux-mêmes s'ils laissaient subsister la religion; c'est comme une province conquise dont ils marquaient à leur gré les limites, comme le disait assez clairement le titre de l'ouvrage de Kant.

« Le criticisme devait aller plus loin encore. Il était facile de prévoir que tous les esprits ne s'accommoderaient pas des postulats postiches de Kant. Une fois l'impulsion donnée, il n'était plus possible de s'arrêter sur ce penchant rapide.

« Un esprit hardi, Fichte, parut et se présenta pour tirer toutes les conséquences du système de son maître, et pour lui donner ainsi son parfait développement. Le moi phé noménal de Kant devint, dans la doctrine de Fichte, le moi absolu, hors duquel il n'y a aucune réalité, même phénoménique ou apparente. En vertu de sa propre activité, le moi se pose lui-même, ce qui revient à dire qu'il se crée; puis, dans cette même activité, en se repliant par un acte identique sur lui-même, il trouve une limite, un nonmoi par lequel il a conscience de lui; mais ce non-moi n'existe pas avant le moi, ni indépendamment du moi. C'est l'activité même du moi qui le pose et le crée, pour ainsi dire, de sorte que l'existence de toutes les choses concevables dérive de l'activité primitive du moi. Or, parmi ces choses, il faut ranger Dieu même, Dieu qui appartient au non-moi. De là cet acte de délire de Fichte, qui promit un jour à ses auditeurs que, pour la prochaine leçon, il serait prêt à créer Dieu: dernière expression de l'orgueil d'une créature intelligente, formule la plus abrégée de la malice de l'ange réprouvé, si la légèreté de l'âge et l'irréflexion du jeune homme qui l'a proférée ne méritaient pas plus de pitié que d'indignation. Dans cet égoïsme métaphysique, que devenaient les rapports réels de l'homme avec Dieu? Qu'étaient la réalité et l'objectivité du christianisme? Il est inutile de le faire remarquer.

« Nous ne dirons rien des systèmes qui se sentent plus ou moins du panthéisme, comme ceux de Schelling, de Bouterwech, de Kong

et autres.

« En combinant d'une façon bizarre l'ob

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