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DÉLECTATION MOROSE. Nous prions instamment le Seigneur qu'il daigne diriger luimême notre plume, afin de ne pas blesser les oreilles pieuses.

5. Des sources de l'impureté et des remèdes qu'on peut leur appliquer. Les causes de l'impureté sont infinies. Elle naît souvent des objets qui semblent avoir le moins de rapport avec elle. Les moralistes ramènent ordinairement toutes les sources d'impureté aux pensées, aux désirs, aux regards, aux paroles, aux actions. Cette division nous parait convenable; elle envisage l'impureté dans tous ses degrés. Elle remonte à la source du fleuve et le suit jusqu'à la mer corrompue où il va se jeter.

1. Des pensées comme source d'impureté et des remèdes à leur appliquer.

6. Le christianisme a pénétré toute la profondeur de la nature humaine; il a compris qu'il ne suffit point de condamner le vice et les actes contraires à la loi; qu'il faut en tarir la source pour cela il a remonté jusqu'aux pensées. La pensée est en effet le premier mobile de nos actions; c'est elle qui fait naître le désir, qui donne l'impulsion aux principes qui produisent les actes libres. Qu'est-ce qu'une action? ce n'est qu'une pensée réalisée. Les pensées ont donc une très-grande influence sur l'homme; s'il était possible de connaître celles dont une personne se nourrit habituellement, il serait facile de connaitre ses actes les plus ordinaires.

Si toutes les pensées ont une grande influence sur les déterminations de l'homme, il n'en est point qui aient une plus grande puissance que les pensées impures. Elles ont un attrait tout particulier, leur douceur est enivrante, leur voix est celle d'une sirène enchanteresse. Elles excitent des émotions suaves, font bondir le cœur, lancent le feu dans les veines, peignent les images les plus délirantes. Rien n'échappe à la pensée: ni les détours, ni les désirs, ni les mouvements du cœur, ni les impressions du corps, ni les actions les plus insensées.

De semblables pensées, lorsqu'elles sont la nourriture habituelle du cœur, sont un indice presque certain de chutes déplorables. Un ange du ciel ne pourrait résister à un semblable danger: comment l'homme, faible, débile, pourrait-il se soutenir en augmentant sa faiblesse? Il sera certainement vaincu, s'il se livre à de semblables pensées. Au point de vue rationnel, aussi bien qu'au point de vue religieux et moral, la pensée impure librement acceptée est donc une grande faute. Celui qui se nourrit d'images lascives, qui se repaît de pensées impures, est coupable d'un grand péché.

8. Je sais qu'on apporte pour excuse l'impossibilité de tarir la source des pensées impures; qu'elles s'imposent aux âmes chastes, qui les ont en horreur, et qu'étant involontaires elles ne peuvent être une faute. Il est certain que si elles sont réellement involontaires, elles n'imposent aucune responsabi

lité. Quoiqu'il nous soit impossible d'eatrer dans la conscience d'un homme pour le juger, nous croyons cependant devoir observer qu'il y a sur ce point beaucoup d'illusion. Nous allons tracer la conduite que doit tenir toute personne sincèrement amie de la la pudeur. Chacun pourra voir s'il l'a suivie, et possédera un moyen de juger ses pensées. Premier remède contre les pensées impures.

9. Le premier remède, qui est le plus important de tous, qui s'étend à toutes les verius aussi bien qu'à la pudeur, c'est de s'habituer à réfléchir sur ses pensées. L'homme qui a assez de fermeté d'âme pour repousser de son esprit toutes les pensées oiseuses, les imaginations futiles et dangereuses, s'ouvre la carrière du véritable mérite. En s'ap; liquant à la méditation des vérités sérieuses, en recherchant l'utile, même dans les récréations, les pensées s'agrandissent, les puissances de l'âme se fortifient. C'est l'habitude des réflexions utiles qui a fait les grands hommes. Si, contre notre désir, notre imagination s'échappe encore, si elle voltige sur mille objets séduisants, ayons des moments marqués pour nous interroger nous-mêmes; demandons-nous compte de nos pensées. Si notre conscience nous atteste que nous n'aurons pas lieu d'en rougir en présence de l'univers assemblé, soyons en paix; si elles ont pour objet ce qu'il sera't honteux de faire ou de regarder, repoussons-les de notre esprit. Je sais que cette tâche sera souvent difficile. Les pensées mauvaises nous poursuivent sans cesse, s'attachent à nos pas, marchent à nos côtés. Pour les repousser avec succès, il faut avoir recours au

Second remède.

10. Pour préter un appui au premier remède, il est nécessaire d'en employer un secoud: il faut être constamment occupé. Malheur à ceux dont les jours se passent à rien faire! qui vivent dans une habitude de dissipation, qui ne s'occupent que de plaisirs passés, qui en recherchent sans cesse de nouveaux ! Les pensées vaines pénètrent dans leur esprit, l'occupent tout entier; elles le nourrissent de fantômes: comment les plaisirs sensuels et les appétits de la chair ne feraientils pas sentir leurs aiguillons? La passion pénètre par toutes les voies: comment les pensées seraient-elles pures?

Lorsqu'on est occupé de choses sérieuses, que l'esprit y est sincèrement appliqué, les pensées étrangères ne peuvent se montrer avec la même energie, ni avec la même insistance. C'est de là que vient cette maxime. Diabolus inveniat te semper occupatum. Dans une vie bien remplie, les pensées mauvaises trouvent peu d'espace pour se faire jour le démon est vaincu.

Il y a des moments d'un repos nécessaire. Pour les âmes livrées aux pensées mauvaises, il faut que les récréations elles-mêmes soient une occupation. Cette occupation ne sera pas fatigante, mais elle devra remplir l'esprit. L'homme de cabinet trouvera dans

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les arts d'agrément, dans l'exercice honorable de ses facultés corporelles, en cultivant des fleurs, etc., un délassement qui lui procurera de bien douces jouissances. L'homme de peine se livrera à une lecture sainte, à une conversation sage et utile: il puisera dans cet heureux repos des forces nouvelles pour continuer son travail.

Les pensées impures font souvent invasion pendant la nuit. Dans les moments d'insomnie, les âmes véritablement amies de la pudeur se rappellent les occupations du jour, se livrentà la méditation de vérités sérieuses, ou bien récitent des prières vocales: elles font ainsi une sage diversion.

Troisième remède.

11. Les pensées mauvaises résistent quelquelois à toutes les occupations. Saint Jérôine, dans la solitude de Bethléem, au milieu de ses grands travaux, était sans cesse poursuivi par le souvenir des plaisirs de Rome. Quelquefois les attaques sont violentes, attaques sont violentes, acharnées, continues; rien ne peut les repousser. Dans ces moments terribles, les âmes sincèrement amies de l'innocence sont livrées à toutes les douleurs de leur cœur et à toute l'amertume de leur âme. Les pensées les plus belles, celles de Dieu et du ciel; les inages les plus fortes, celles de la mort et de l'enfer, passent devant les yeux : c'est un combat acharné entre le bien et le mal. Ces âmes se sentent défaillir, elles vont être vaincucs aussitôt elles se jettent aux pieds du crucifix, elles l'arrosent de leurs larmes, elles le pressent sur leur cœur la bataille est gagnée, la victoire est complète, la paix est rétablie.

Que ces considérations nous apprennent non-seulement à corriger les écarts d'une imagination déréglée, mais encore à cultiver les pensées vertueuses, qui poussent l'âme dans la route du bien! Alors de belles pensées, des idées pures nous élèveront au-dessus de nous-mêmes et feront de nous tous des anges de la terre!

Il. Des désirs considérés comme source d'impureté, et des remèdes à leur appliquer.

12. Les désirs inondent l'âme de l'homme. Il ne s'élève pas plus de vagues sur la haute mner que de désirs dans notre cœur, qui est un abîme sans fond. Le désir est un degré de plus que la pensée. Celle-ci n'est qu'une image, une complaisance, sans la volonté de réaliser l'objet de la pensée. Le désir, au contraire, veut l'exécution; s'il ne la réalise pas, c'est qu'il est arrêté par quelques considérations étrangères à la vertu qu'il veut violer. Si la volonté est réputée pour le fait, le désir est donc aussi criminel que l'acte luimême. Oh! que celui qui se livre à des désirs inpurs considère les suites malheureuses du péché, qu'il mesure la profondeur de l'abîme où il voudrait se laisser entraîner! Peut-être qu'il comprendra l'énornité du vice impur, et qu'il en repoussera le désir.

Les remèdes aux désirs impurs sont ceux que nous avons assignés aux pensées : car il DICTIONN. DE THÉOLOGIE MORALE. II.

y a entre celles-ci et le désir une très-grande liaison. De la pensée au desir le pas est glissant qu'on leur applique courageusement les remèdes prescrits, et on pourra compter sur la victoire.

III. Des paroles considérées comme source d'impureté, et des remèdes à leur appliquer.

13. Les conversations peuvent être un • souverain danger, surtout entre des âmes tendres et sensibles. Lorsque la confiance mutuelle s'est établie entre deux personnes, elles s'ouvrent entièrement leur cœur, elles se communiquent toutes leurs pensées, elles se font part de leurs impressions. Ainsi une ame haletante sous le poids de la passion se dévoile à une autre, atteinte peut-être du même mal. Les charbons de feu rapprochés s'attisent, s'allument, s'enflamment. Alors il se glisse dans les veines un fluide spécial, qui porte dans l'être tout entier un charme qui émeut les plus insensibles.

Cependant la plupart des jeunes personnes font leurs délices de semblables conversations; elles ne voient rien de criminel dans leurs discours. Ames malheureuses! il n'y a rien de coupable dans vos entretiens! Ditesnous donc si vous êtes ce que vous étiez? Pourquoi êtes-vous distraites et oisives? D'où viennent ces fantômes qui vous suivent partout? Quelle est la cause de ces émotions qui vous souillent? Pourquoi les mêmes conversations vous sont-elles si chères ? Pourquoi êtes-vous rêveuses après vos entretiens? Vous nous dites que vous êtes innocentes! Vous mentez; votre conscience vous accuse: elle vous avertit que vous n'êtes pas pures.

Si ces conversations existent entre des personnes de différents sexes, le danger augmente la vertu est exposée au plus grand péril. Encore quelques jours, et les anges du ciel pleureront la chute la plus déplorable.

Le remède à ces grands maux, c'est d'abord de les prévenir. Une personne honnête no doit pas se permettre une seule parole contraire aux lois les plus sévères de la pudeur; elle n'en souffre jamais en sa présence. Il faut donc éviter avec le plus grand soin les personnes qui font de l'amour, de la galanterie, des chroniques scandaleuses, l'objet ordinaire de leurs entretiens. Lorsque le mal a pris naissance, que les conversations impures ont pris leur cours, il faut les rompre à l'instant même. Mais on est retenu par les liens de l'amitié; on ne veut pas, pour quelques discours légers, rompre avec une amie d'enfance: c'est-à-dire qu'on ne veut pas conserver l'innocence de son cœur. Celui qui sait l'estimer ce qu' lle vaut abandonnerait vingt amis pour la conserver. Il faut encore se montrer plus sé ère relativement aux entretiens entre personnes de différents sexes; ils sont interdits par la prudence et par la décence. Une personne réellement amie des bonnes mœurs ne se permet pas de longs et fréquents entretiens de cette nature;

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elle se rappelle que si un regard indiscret a suffi pour faire tomber David, de longues et inutiles conversations mettent en grand péril les âmes même sincèrement vertueuses.

Les lectures peuvent produire sur les cœurs de plus puissants effets que les conversations. Je ne croirai jamais qu'une personne puisse conserver son cœur pur, si elle fait sa lecture ordinaire de romans, où l'amour joue le rôle principal. Dans ces écrits, cette passion est représentée sous les plus riches couleurs; elle y est seule la source des beaux sentiments et du bonheur. Croil-on qu'avec le feu que la nature a mis dans les veines du lecteur, il lira sans impression ces pages brûlantes, où le cœur se livre tout enlier à l'amour, sans crainte comme sans remords? Ah! bientôt le crime ne sera plus qu'une faiblesse pardonnable, et il finira peut-être par devenir un acte de vertu aussi beau pour le lecteur que pour le héros.

L'homme véritablement sage surveille toutes ses lectures; il repousse tout écrit dont le sujet principal est l'amour; il ne se permet pas de lire ces romans licencieux, que tant de jeunes gens devorent; il repousse de sa maison ces journaux qui jettent un appât à la corruption pour attirer des lecteurs. Le roman feuilleton est une grande plaie sociale. Notre siècle passe par une bien rude epreuve Peut-on être surpris que le vice impur ait pousse des racines profondes dans notre societe, puisque la nourriture jetée tous les matins à ceux qui veulent la recueillir est remplie du poison le plus subtil? IV. Des regards considérés comme source d'impureté, et des remedes à leur appli

quer.

14. L'œil de l'homme est appelé à juste titre la porte de l'âme. C'est par lui qu'elle reçoit les plus vives impressions. Ils savaient ce que peuvent produire les regards, ces anciens peuples de l'Egypte, qui, l'œil fixé sur les objets les plus indécents, cherchaient la satisfaction de leurs sens. Qui est-ce qui n'a éprouvé ce que peuvent produire des regards imprudents? Un coup d'œil jeté sur un tableau, sur une gravure où la nature est seulement couverte d'un voile léger, laisse un libre cours à l'imagination, trouble, émeut les âmes innocentes; elles ont besoin de détourner leurs yeux. Le libertin scul éprouve du plaisir; s'il demeure froid et indifférent, il a depuis longtemps perdu la pureté de ses mœurs la satiété le rend insensible.

L'homme vertueux veille sans cesse sur ses regards; jamais son œil ne porte sur lui cette indécente curiosité, qui est le symbole d'une âme impure. Il étend à tout ce qui l'environne le soin qu'il apporte sur sa personne les tableaux de son salon sont des modèles de décence; les gravures de ses livres sont couvertes du voile de la pudeur; sa femme, ses enfants, ses domestiques, emploient dans leur tenue tout le soin et la modestie qu'il y apporte lui-même; il ne tolère aucune mode, si elle n'est conforme à la

plus sévère décence; sa société est toujours une société distinguée, autant par ses bounes mœurs que par ses bonnes manières; son salon demeure fermé à l'immodestie. S'il se rencontre avec une de ces coquettes dont la mise affectée laisse trop apercevoir l'intention, il détourne le regard, et lui donne, si la prudence le permet, un conseil commandé par la charité.

V. Des actions contraires à la pureté, et des remèdes qu'on doit leur appliquer.

15. On n'attend pas de nous que nous entrions dans le détail de toutes les actions contraires à la pudeur. La liste des impudicités est trop longue, les excès auxquels on se laisse entraîner sont trop horribles, pour que nous pénétrions dans toute la profondeur du vic. Nous nous bornerons à quelques considérations qui seront suffisantes pour exciter l'horreur que ces péchés méritent, et pour éveiller 1 conscience de tous ceux qui pourraient s'engager témérairement dans cette funeste voie. Nous parlerons d'abord de l'impureté solitaire; nous traiterous ensuite des péchés commis entre différenies personnes.

§ 1. Des impuretés solitaires.

La question que nous abordons est une des plus délicates de la théologie morale. Peindre ces artes d'impureté so itaire, qui ont une si fune te influence sur l'homme tout entier, qu'ils rendent pâle, efféminé, engourdi, lâche, paresseux, stupide et même imbécille, c'est quelquefois un danger. Il faut cependant avertir l'enfance et la jeunesse du péril qu'elles courent.

A l'âge de la puberté, tout semble entrainer les jeunes gens sur la pente fatale du vice impur; l'imagination est vive, le cœur tendre, l'âme ardente; les passions font par leur nouveauté les plus vives impressions. Tout se réunit pour inspirer au jeune homme le désir de se livrer au plaisir, de courir après la jouissance. Celui qui veut persévérer dans la vertu doit donc s'attendre à un combat acharné et de tous les instants. Ames vertueuses, ne soyez point épouvantées à la vue des combats qu'il faut livrer! Consolez-vous: Dieu ne vous défend pas d'être combattues; il vous défend de vous laisser vaincre. Il ne dépend pas de vous de ne pas avoir de passion mais avec la grâce de Dieu, il dépend de vous de régner sur elles. Si vous avez le courage des saints, si comme eux vous re courez à la pénitence et à la macération de la chair, au jeûne, à la vigilance continuelle, la victoire est à vous. Vos tentations, loin d'être pour vous une cause de punition, seront une source de gloire. Cessez de vous affliger de vos combats intérieurs, ils seront les trophées de votre triomphe.

Nous devons aussi parler à ces âmes qui sentent l'horreur du vice, qui sont touchées des charmes de la vertu, et qui se laissent cependant subjuguer par une habitude qu'elles méprisent. Elles voudraient briser leurs chaines, se délivrer d'un honteux esclavage, leurs

efforts semblent vains; quelques jours de victoire écoulés, et ils retombent dans leurs anciennes iniquités.

O Dieu ! qu'il est difficile de vaincre des habitudes invétérées d'impureté! Dirons-nous ce que nous avons trop souvent rencontré dans la guérison de ces funestes maladies. Nous avons vu le mal résister six et huit ans à une médication très-vigoureuse. Les jeûnes les plus rigoureux, des mortifications excessives, des pénitences peut-être cruelles, demeuraient pour ainsi dire sans effet. Oh! qu'elles sont à plaindre les âmes affaiblies par les longues impuretés solitaires! Toutefois, qu'elles ne se déconcertent pas, il n'y a pas de passion invincible aux forces humaines soutenues par la grâce de Jésus-Christ. Non, jamais l'habitude la ptus invélérée et la plus puissante ne sera insurmontable que pour ces âmes qui préfèrent les honteux plaisirs à la gloire de la vertu. Pour vaincre, il suffit de le vouloir sincèrement. Pour cela il faut méditer sur les vérités les plus terribles, fuir les occasions et les lieux marqués par les plus grandes chutes; s'imposer des pénitences sevères, invoquer avec ardeur le secours du ciel; il est nécessaire de prendre la résolution de persévérer pendant toute la vie dans cette voie laborieuse, si ce combat est toujours commandé. Les saints nous ont donné sur ce point des exemples d'un courage constant et énergique. Dans un moment de tentation, saint Bernard se précipite dans un étang glacé, saint Benoît se roule sur des épines aiguës, saint Augustin lutte contre luimême pendant de longues années.

Oh! si les parents connaissaient tout le prix de l'innocence, s'ils savaient les maux effroyables qu'entraîne l'impureté, avec quels soins ils veilleraient sur leurs enfants, avec quelle tendre sollicitude ils suivraient tous leurs pas ! Comme ils examineraient dans leur vie, dans leur personne, s'il n'y a rien qui annonce l'invasion du vice impurl A la moindre apparence, qu'ils n'aient aucun repos, qu'ils ne prennent pas de sommeil avant d'avoir découvert la vérité ! Si le malheur existe, qu'ils emploient pour le guérir toutes les mesures que la prudence et un sage directeur leur conseilleront.

§ 2. Des acles d'impuretés entre différentes personnes. 16. Il y a des degrés infinis dans les péchés de cette nature. Il existe une distance immense entre les enjouements indiscrets, les liaisons et les familiarités suspectes, el ces péchés infâmes qui souillent la couche nuptiale, ou rendent l'homme semblable à la brute. Ces vices admettent des degrés de culpabilité; ces actes, quels qu'ils soient, sont irès-criminels devant Dieu. Nous n'essayerons pas de pénétrer davantage le mys ère; nous voulons seulement en rechercher les suites, et en indiquer les remèdes.

1° Suites de l'impudicité.-Ce vice malbeureux produit trois effets bien déplorables: il fait oublier tous les devoirs, il porte aux plus grands crimes, il cause le malheur de celui qui en est la victime.

Toutes les passions font plus ou moins ou blier ses devoirs ; mais il n'y en a point pour les faire fouler aux pieds comme l'impudicité Il n'y a pas d'intérêt, d'honneur, de conscience qu'elle ne soit disposée à sacrifier. Le père dominé par ce vice oublie ce qu'il doit à ses enfants. Le juge lui sacrifie les droits de la justice. L'ami lui immole les plus saints devoirs de l'amitié. Une épouse déchire le serment de fidélité qu'elle a fait aux pieds des autels. Une fille foule aux pieds l'honneur qui aurait dû diriger ses pas daus la carrière de la vertu.

L'oubli des devoirs fait bientôt faire un pas nouveau, c'est celui du crime: on ne peut lire deux lignes de l'histoire sans y rencontrer un des forfaits de cette abominable passion. C'est elle qui, lançant le brandon de la discorde, a suscité ces guerres désastreuses qui ont désolé la terre; c'est elle qui, transportant le champ de bataille dans le sein des familles, a armé le frère contre sa sœur, la fille contre sa mère, le mari contre sa femme. C'est elle qui saisit la coupe empoisonnée el va au chevet du lit d'un époux lui donner, avec les caresses de l'amour, le breuvage empoisonné. C'est elle qui a jeté la honte et le déshonneur sur ces nobles familles qui avaient toujours marché dans les sentiers de l'honneur et de la vertu. Arrêtonsnous dans cette trop longue et trop malheurease lutte des crimes de l'amour impudique.

Quelle compensation l'impudicité apportet-elle à tant de honte et à tant de crimes? Les jouissances qu'elle procure rendent-elles heureux? Heureux ! l'homme peut-il l'être lorsqu'il porte sur son front le signe de l'ignominie, et que sa conscience lui reproche ses fautes? Tout le trouble, les maux qu'il a causés viennent tour à tour passer devant ses yeux. La désolation de sa famille, la perte de son honneur, la ruine de ses enfants, et pardessus tout l'image de Dieu qui se montre effrayante, armée d'un glaive de feu. Au dehors, l'objet de sa passion le tyrannise, ses froideurs le déconcertent, ses infidélités réelles ou prétendues le martyrisent ainsi l'objet qui devait adoucir ses maux devient luimême son plus grand tourment. Le public vient aussi augmenter ses peines par ses regards indiscrets, ses rires moqueurs; la société honorable le repousse de son sein, il demeure isolé. Tout cela pèse sur l'impudique comme un poids que la main la plus forte ne pourrait soulever.

O passion funeste! ennemi te plus redoutable du genre humain ! quand donc l'homme comprendra-t-il ses maux dont tu es la source? quand, averti par sa conscience, poussé par le désir de la paix, emplo.era-t-il les moyens commandés par la prudence?

§3. Des remèdes contre l'impudicité.

17. L'impudicité n'est point une de ces maladies qu'il soit permis d'abandonner à elle-même et dont on puisse espérer la guérison du temps et des circonstances: abandonné à lui-même, le mal ne fait que s'aggra

ver. Il faut dans cette médication employer de grands remèdes; tandis que les malades refuseront de les accepter, il n'y a pas de guérison à attendre.

Le premier et le plus essentiel moyen de succès, c'est de rompre toute espèce de liaison, de détruire toute relation. La plupart des coupables refusent d'accepter ce moyen. Ils se persuadent qu'en veil'ant avec plus de soin sur eux-mêmes, ils pourront renoncer au mal et revenir à une innocente amitié. C'est là une grande illusion de l'amour-propre et de la passion; cette résolution suffit peutêtre pour maintenir pendant quelques jours ou quelques semaines, dans la ligne du devoir, mais bientôt on retombe dans ses égarements. Il n'y a qu'un moyen de sécurité,

MACÉRATION.

c'est la fuite. On objecte encore la crainte du monde: il sera surpris d'une rupture, il en cherchera le motif; que dira-t-il? Si un impudique était réellement ami de son honneur et de sa réputation, je lui dirais de ne point se faire illusion; il n'a pas jusqu'alors échappé à la critique du monde. Oh! quel serait le désespoir de cette femme, si elle savait les soupçons qu'elle fait naître, je ne dirai pas parmi les personnes vertueuses qu'on pourrit soupçonner d'une délicatesse excessive; elles sont les plus indulgentes, car la vettu ne pense pas le mal; mais parmi le monde, et le monde le moins vertueux. En rompant toute liaison, on fera taire toutes les langues médisantes, et une réputation flétrie en sortira peut-être avec honneur.

M

Depuis la révolte de notre premier père contre le souverain maître de l'univers, la chair s'est constamment révoltée contre l'es

prit. Le christianisme a établi pour principe que l'esprit doit dominer la chair. Mais pour la dominer il faut la combattre. Or, un moyen assuré de remporter la victoire, c'est de mortifier la chair. La macération de la chair est donc une conséquence du christianisme. Il faut cependant que la macération soit renfermée dans de justes bornes; si elle portait une atteinte considérable à la santé ou à la vie, la loi morale la condamnerait, loin de la regarder comme une perfection. Nous ne faisons qu'indiquer ici des principes qui sont amplement développés au mot SATISFACTION.

MAGIE.

Art d'opérer des choses surprenantes el merveilleuses, soit par le secours de la natare, soit par le secours de l'art, soit par le secours du diable; de là vient la distinction de magie naturelle, magie artificielle, et magie noire ou diabolique. Du premier genre pourrait être la guérison de l'aveugle Tobie, par le moyen du cœur, du fiel et du foie d'un poisson qui était sorti du Tigre pour dévorer son fils; mais c'est plutôt un miracle de la puissance de Dieu. Du second genre sont les oiseaux d'or de l'empereur Léon, qui chantaient; les oiseaux d'argent de Boëce, qui chantaient et volaient, etc. Enfin, du troisième genre sont les évocations des esprits, et autres prodiges de cette espèce, qui ne peuvent se faire sans l'entremise du diable; et ce n'est que de ce dernier genre que nous parlons ici.

Nous n'ignorons pas que certains philosophes prétendent que cette magie noire est un rt absolument chimérique; que les contes

de sorciers et ceux de fées sont au mème rang; que tous les prodiges des magiciens n'ont été opérés que par des moyens physiques ignorés de la multitude; mais nous croyons qu'il y a, sur cet article comme sur plusieurs autres, un milieu à tenir entre

l'incrédulité excessive et la trop grande crédulité. Il est vrai, et nous avouons que, dans des siècles d'ignorance et de barbarie, on a beaucoup exagéré et multiplié les merveilles opérées par les magiciens; qu'on a regardé

bien des effets naturels comme des œuvres de la magie; et qu'on a souvent donné le nom de magiciens à des gens qui n'étaient qu'habiles et industrieux; mais, après avoir bien pesé les autorités de part et d'autre, on est forcé de convenir que, non-seulement il peut y avoir, mais qu'il y a eu des gens quí, par des moyens criminels, ont opéré des choses au-dessus des forces de l'art et de la nature. Le seul témoignage de l'Ecriture pourrait nous suffire pour le prouver. Elle appelle les magiciens de Pharaon malfaisants, malefici, et dit que ce fut par des enchantements égyptiens qu'ils changèrent leurs baguettes en serpents, et l'eau du fleuve en sang. Ce qu'on lit au xxvin chap. du premier livre des Rois est curieux et décisif. Il s'agit d'une évocation ; et c'est particu lièrement sur ce point que les philo-ophes dont nous parlous sont incrédules. « Saul, près de livrer bataille aux Philistins, consulte le Seigneur sur l'événement, et n'en reçoit point de réponse. Désespéré de ce silence, il dit à ses gens: Cherchez-moi une devineresse; je l'irai consulter, et je saurai, par son moyen, ce que le Seigneur s'obstine à me cacher. Ses gens lui dirent: Il y a une devineresse dans Endor. Sul se déguise; et, accompagné seulement de deux hommes, il va trouver la devineresse, et lui dit : Einployez pour moi les secrets de votre arl, et faites-moi venir celui que je vous nommerai. Vous savez, lui répondit la devineresse, que Saül a banni d'Israël tous les magiciens el devins pourquoi me tendez-vous des piéges, afin que la loi me fasse mourir ? Saul iui jura par le Seigneur qu'elle ne courrait aucun risque. Alors elle lui demand. : Qui ferai-je venir?... Saül répondit, Samoel: La devineresse n'eut pas plutôt vu Samuel, qu'elle s'écria en se tournant vers le roi : Vous m'avez trompée; vous êtes Saul. Ne craiguez rien, lui dit le roi, et dites-woi

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